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dimanche 31 décembre 2023

 La dernière séance












Agatha Christie, 

Ed Le masque, 18/102023, 400 pages


Merveilleuse Agatha Christie capable de prendre l’âme du lecteur avec ce recueil de nouvelles toutes plus captivantes les unes que les autres. Je n’ai pas lu, loin de là, toute son œuvre, mais j’essaie tout de même de trouver des points communs avec les romans de notre spécialiste du crime. Le principal point commun qui s’applique à ces romans, c’est un suspense bien calculé et un effroi suggéré alors que l’action en elle-même n’est pas aussi effrayante que lorsqu’on est confronté à un thriller, non, c’est plutôt une peur subtile qui s’infiltre dans l’esprit du lecteur, aboutissement d’un maniement génial de la langue, de mots consciencieusement chois, d’information savamment dosée. Mais Agatha Christie ne se contente pas d’insinuer des embryons de peur dans nos esprits, elle s’attache à façonner le décor approprié, me camper des personnages avec le tempérament qui convient et de mettre en relation ces personnalités diverses.

Ce livre est toutefois original car il s’agit d’un recueil de nouvelles. Elles sont toutes aussi délicieuses à lire les unes que les autres. Alors que la romancière peut parfois mettre du temps à installer les personnages, les événements et à faire progresser les enquêtes, elle n’a d’autre choix que de planter de suite un développement rapide, question de longueur de chaque histoire.

Les histoires sont vraiment passionnantes, parfois purement fantastiques comme la première, histoire d’une grande médium placée face à un danger imminent, ou la suivante, un homme victime d’une apparition au cours de laquelle il assiste à un crime, d’autres sont plus ancrées dans le réel : l’histoire d’une famille vivant au milieu de nulle part dans une maison où l’on ressent un danger que l’on n’explique pas, mystère percé par l’un des personnages, départ qui semble fantastique mais qui trouve son explication toute rationnelle. Une nouvelle raconte un de ces histoires de malédiction après le pillage d’une tombe de pharaon, on y retrouvera avec plaisir notre Hercule Poirot, enquêteur efficace et fin observateur qui utilise son sens logique pour percer d’épais mystères, on le côtoiera dans d'autres nouvelles également, quand il ne laissera pas la place à la délicieuse Miss Marple.

Pour chaque nouvelle, on pourra qualifier le dénouement de fin ouverte qui pourra laisser libre cours à l’imagination du lecteur.

Une très belle découverte !

dimanche 17 décembre 2023

 

Patient












Grand Corps Malade

Ed Point, 21 mai 2014


Je ne connaissais pas vraiment Grand Corps Malade, bien que j’apprécie particulièrement sa voix grave et ses textes. Et l’occasion de faire plus ample connaissance avec ce personnage hors du commun s'est présentée alors que je furetais sur Babélio. J’ai donc décidé d’entreprendre la lecture de son témoignage. Patient en est le titre, et patient, il a su l’être. Ce récit de sa vie en rééducation après avoir séjourné un certain temps en réanimation montre son courage, sa volonté et un optimisme rare pour qui a lu des romans ou des témoignages de personnes devenues tétraplégiques, un récit qui sort vraiment de l’ordinaire, œuvre d’une personne gravement handicapée qui arrive à faire sourire, ce n’est pas banal.

Personnage très communiquant, servant au lecteur de nombreuses anecdote tantôt tristes, tantôt comiques, il décrit la vie du centre avec ses employés, son personnel qualifié, les amis qu’il s’y fait, les galères, les réussites, le deuil qu’il a dû faire de sa vie d’avant et de ses projets de sportif de haut niveau.

Je ressens beaucoup d’admiration pour cet artiste qui a su s’adapter pour surmonter cette épreuve qui aurait pu le transformer en légume et c’est avec un regard nouveau que j’aborde son œuvre.

 Au bonheur des dames - Roman graphique











A Maupré

Ed Casterman, 3/06/2020, 136 pages


Après avoir passé d’excellents moments de lecture du roman D’Emile Zola, l’histoire étant fraîche dans ma mémoire, j’ai ressenti l’envie de lire la bande dessinée. Toute heureuse de retrouver Denise, j’ai vite déchanté face à ces personnages aux physiques ingrats, résultat de dessins hideux qui déforment les visages, font des poches sous les yeux, et transforment certains personnages en caricature vivante. Je me suis demandé pourquoi l’oncle Baudu est représenté avec ce nez rouge qui lui donne un faciès d’alcoolique, ce qui n’est pas le cas dans le roman.

J’ai tout de même poursuivi, je n’allais pas m’arrêter aux dessins, et j’ai pu constater que certains dialogues, s’ils sont bien fidèles au texte, ne sont pas attribués aux bons personnages : au tout début, Octave Mouret explique comment il compte mettre la femme au centre de son commerce, il l’explique à Bourdoncle, le deuxième dans la hiérarchie du personnel, or dans le roman, c’est au baron Hartmann qu’il s’adresse, mais admettons que pour le besoin de la bande dessinée, on change l’interlocuteur, c’est sans doute possible pour certaines scènes, toutefois la déclaration de jalousie d’Henriette, maîtresse de Mouret n’a aucune raison d’être en plein commerce, au milieu des clientes, cette scène est maladroitement introduite dans la bande dessinée, il s'agit en fait d'un événement majeur dans le roman. c’est vraiment dommage ! 

J’aurai également envie de commenter la promenade en campagne de Denise et son amie Pauline. Dans la bande dessinée, c’est juste une belle promenade, dans le roman, elles décident de partir parce qu’une journée de congé est prévue pour les employées et Denise n’y est pas invitée, une scène qui permettait de juger de l’ambiance de ce milieu de travail. 

Le dernier point que je ne peux m’empêcher de commenter, c’est la soi-disant initiative de l'oncle Baudu qui s’amuse à faire varier le prix de la soie, histoire d’entrer en concurrence avec le grand magasin, mais ce n’est pas lui qui prend cette initiative dans le roman, mais un  autre personnage qui a été renvoyé du bonheur des dames et qui n’apparaît pas dans la bande dessinée. Cette surenchère destinée à mettre en évidence la toute-puissante du grand magasin apparaît bien "édulcorée" et sans effet sur le lecteur. On admettra que quelques scènes varient mais dans le cas présent, c’est trop, peut-être n’aurais-je pas dû m’attendre à un récit fidèle à l’œuvre de l’écrivain.

Par ailleurs, nul besoin des scènes quasi pornographiques entre Mouret et Henriette qui n’ont aucune esthétique et qui n’ajoutent que vulgarité à ce roman grandiose et qui n'existent pas dans le roman.

Je suis vraiment déçue de cette lecture, peut-être ne l’aurais-je pas ressenti de la même façon si j’avais attendu plus longtemps pour lire cette bande dessinée.














 


mercredi 6 décembre 2023

 

Bonjour Tristesse











Françoise Sagan

Ed Pocket, 06/05/2009, 160 pages


Ce roman, je l’avais lu une première fois alors que j’étais au collège. Et j’ai choisi de le relire et de le redécouvrir car il ne m’en restait aucun souvenir. Dès le début, je me suis demandé le pourquoi de ce titre, « Bonjour tristesse », un titre qui m'a paru bien paradoxal au début, quand on prend connaissance de l’histoire de Cécile, jeune femme de 17 ans, qui découvre l’amour, cet amour qui constitue la trame de ce récit, amour, l’amour qui devient un jeu, un jeu dangereux… Une histoire simple et complexe à la fois, une histoire dans laquelle s’entremêlent des vies, des personnages intéressants, certains bien campés et présents, à la personnalité affirmée comme Anne, future belle mère de notre jeune étudiante ou Cécile, notre héroïne, d’autres qui se laissent porter, qui glissent sur le fil d’une vie facile comme Cyril, amant de Cécile ou comme son père.

Vacances heureuses, été chaud comme l’aiment les adolescents, ouverture à la vie, drame, tout y est, on ne s’y ennuie pas ! J’essaie de me rappeler comment j’ai accueilli un tel roman lorsque j’étais collégienne, possible que je me sois identifiée à l’héroïne, aujourd’hui je le vois certainement d’une autre manière, et je ne peux m’empêcher d’avoir envie de le transposer à l’époque actuelle. Il fit scandale dans les années 50, il n’y a plus aucune raison aujourd’hui de s’offusquer des mœurs des personnages, les temps ont changé et si j’ai commencé à le lire avec mes yeux des années 2000, je l’ai vite replacé dans son époque.

Ce roman, il possède un quelque chose que je ne saurais expliquer, il génère une étincelle qui met le feu à mon âme de lecteur, j’ai vraiment ressenti une sorte d’attirance pour chacun des personnages, je suis enchantée de l’avoir redécouvert. Il n’a peut-être pas bien vieilli, question d’époque, mais le génie d’une Françoise Sagan toute jeune lorsque son roman fut publié demeure.

Un bon classique à connaître !

samedi 2 décembre 2023

 Dernier gueuleton avant la fin du monde














Jonas Jonasson

Ed Presse de la Cité, 5/11/2023, 510 pages


De l’humour, rien que de l’humour, toujours de l’humour, c’est le mot qui me vient à l’esprit lorsque je parle de ce roman. Jonas Jonasson, cette fois, exploite la bêtise de Johan, un individu apparemment "pas allumé à tous les étages" bien que fort sympathique et capable de génie dans sa pratique culinaire. Et il nous en sert, des plats en toutes circonstances. Il faut dire que notre héros voyage en camping-car en compagnie de Pétra douée en physique et qui prévoit la fin du monde pour dix jours après leur rencontre. 

Dix jours, c’est bien peu pour soigner ses blessures d’enfance, car, tel est le désir de la jeune femme pour elle-même et pour Johan, aussi, le camping-car ne tardera pas à accueillir d’autres compagnons…

Un périple dont les chemins sont jalonnés de bons mots, de situations comiques et d’humour parfois noir. On sourit en se faisant le témoin de Johan, individu doux comme un agneau et si naïf, on poursuit la lecture pour savoir comment arrivera cette fin du monde promise d’après les calculs de Pétra, on côtoiera de grands hommes, on se délectera des plats mitonnés par Johan et servis en pleine pagaille, ce qui ne manque ni de charme, ni d’humour.

Cette aventure m’aurait fait vraiment rire si je n’avais pas lu le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire et les autres romans de l’auteur, mais la trame étant assez similaire au premier roman, la routine s’est installée, certains passages sont longs et fournissent une impression de déjà lu.

J’ai toutefois passé un bon moment de lecture détente, fort bienvenue après une journée de labeur.  Je ne le regrette pas.

jeudi 16 novembre 2023

 

Au Bonheur des Dames












Emile Zola

Ed Livre de poche, 1/07/1997, 542 pages


Roman écrit à partir de l’actualité de l’époque, roman historique pour les lecteurs d’aujourd’hui, ce récit mérite vraiment que l’on s’y intéresse. L’action se déroule durant la troisième république sous la présidence de Jules Grévy, il est publié en 1883, ce qui en fait un récit documentaire abordant divers sujets tels que la société parisienne, l’argent, la richesse, la précarité, les avancées du commerce.

Octave Mouret, fils de Marthe Rougon et François Mouret (voir la conquête de Plassans), homme d’action, organisateur de génie et, dirait on de nos jours, prompt à se lancer dans des concepts innovants, dirige fermement le « Bonheur des Dames » grand magasin situé dans le quartier de l’opéra ou évolue une population aisée. Le commerce prospère, attire des foules toujours plus importantes, crée de l’emploi, et favorise l’essor économique.

On réalise alors la richesse du sujet exploité par Emile Zola qui passe en revue les différentes couches de la société parisienne : depuis les vendeurs et les vendeuses, exploités, privés d’une certaine liberté, victimes des abus de pouvoir des supérieurs dans cette micro société que représente le Bonheur des Dames, victime des jalousies, de la méchanceté des pairs, en situation précaire car on ne sait pas si on sera autorisé à revenir le lendemain, exploités. Pour dénoncer les travers de ce peuple, l’écrivain donne vie à Denise Baudu : jeune orpheline qui arrive à Paris avec les deux frères dont elle a désormais la charge. Elle arrive chez son oncle, propriétaire d’un petit commerce de textile : « le vieil Elbeuf ». Elle est engagée au Bonheur des Dames et deviendra celle par qui on prend connaissance de l’ensemble des employés, de la hiérarchie existante, des habitudes, d’un règlement qui montre bien peu de respect pour la personne et sa vie privée.

Pour pointer du doigt la bonne société parisienne aisée, Zola introduit la maîtresse d’Octave Mouret, Henriette Desforges, ainsi que les couples qu’elle fréquente, un groupe qui semble très bien représenter les nantis, tout en exposant des phénomènes produits par l’étalage des biens : le vol, les dépenses compulsives, les astuces d’acheteuses…

Mais l’écrivain ne se contente pas de décrire voire de dénoncer, il expose quelques techniques de vente et montre comment le puissant Octave Mouret s’y prend pour exploiter ses clients et créer les besoins chez les femmes. C’est là l’aspect du roman que j’ai vraiment préféré en constatant que les techniques pour forcer la vente sont similaires aux techniques actuelles : flatter le client, changer les rayons de place, promettre des économies à qui se livre aux achats intéressants, faire du client le roi du lieu, proposer des ventes exceptionnelles pour grossir le chiffre d’affaire.

Fort de son succès, le Bonheur des Dames, tout comme le font nos grandes surfaces aujourd’hui, tue le petit commerce, et c’est avec angoisse que l’on verra péricliter le petit commerce… Zola décrira d’ailleurs le commerce comme une machine inhumaine qui n’est pas sans rappeler la mine et le puits de Germinal sorte de monstre assoiffé qui absorbe clients, vendeurs et toute personne qui viennent s’y perdre.

Le personnage de Denise est central : elle met en évidence la méchanceté, l’égoïsme, la cupidité, les mœurs légère de la société. Sa personnalité bien affirmée, ses principes, son travail consciencieux, son ambition en font un personnage qui se détache de l’ensemble et contraste avec l’ensemble du personnel.

Si j’ai trouvé certains chapitres un peu longs, particulièrement les ventes exceptionnelles où se rue la foule des acheteurs, j’ai beaucoup apprécié la richesse de ce roman bien documenté par son auteur qui n’a pas hésité à passer des journées au bon Marché, l’un des plus anciens magasins de Paris.

Belle promenade également dans le quartier de l’opéra, dans ses rues et ses passages couverts.

jeudi 9 novembre 2023

 Le grand livre du yoga pour les enfants








Shabana R Vinay

Ed Mango, 20/04/2018, 66 pages


Je recherchais un support pour faire du yoga à l’école, j'en ai trouvé plusieurs, mais aucun ne me satisfaisait pleinement... et ma quête a enfin abouti : Je suis tombée sur une pépite ! Un livre intelligemment conçu, agréable à utiliser, une mine pour tout adulte désireux de faire du yoga en classe, en famille ou en centre de loisirs.

L’autrice, Shobana Vinay, a été initiée au yoga par un maître alors qu’elle était enfant. Elle a pratiqué le yoga pendant de nombreuses années et a suivi plusieurs formations qualifiantes.  Elle explique les bienfaits du yoga en début d’ouvrage, et le bénéfice de chaque posture proposée.

Chaque page de ce bel ouvrage grand format en carton robuste est divisée en cinq volets mobiles qui en font un livre modulable. Chaque volet propose une partie de séance : échauffement, respiration, méditation, postures d’équilibre et détente. Au lecteur de choisir les différentes postures pour bâtir sa séance. Les exercices sont accompagnés de courtes consignes et une représentation sous forme de dessins très clairs. 

Un livre donc qui offre des combinaisons multiples et qui permet de varier les séances à l’infini. L’avant dernière page fournit des conseils pour utiliser ce support.

Je suis vraiment enchanté d’avoir découvert cet ouvrage.

jeudi 2 novembre 2023

 Calendrier de l'avent père Castor











Ed Flammarion Jeunesse


Je suis super contente, parce que j’ai trouvé, pour cette année, un nouveau calendrier de l’avent tout à fait adapté à mes élèves. Grand album robuste, il contient des petites poches de carton. Dans chacune de ces cases, un conte du père castor, un conte pour chaque jour de l’avent.

Je n’ai pas pu m’empêcher de regarder les trois premiers jours : et d’après ce que j’ai découvert, on y trouve des contes classiques à lire et à relire, mais aussi les belles petites histoires du père Castor. C’est un vrai plaisir de découvrir ce qui se cache dans une case. J’ai vraiment l’impression de retrouver la magie de Noël !

Je me suis arrêtée au troisième mini album pour avoir le bonheur de découvrir le reste avec les enfants. Et je pourrai le faire découvrir à nouveau l’année prochaine.

J’ai vraiment hâte de l’exposer et de lire ces histoires !

mardi 31 octobre 2023

 L'iris blanc













Fabcaro et Didier Conrad, d'après Uderzo et Goscinny

Ed Hachette, 26/10/2023, 48 pages.

Jules César ne sait plus que faire ! Les légionnaires baissent les bras, on ne compte plus les mutineries et autres désertions ! Mais c’est sans compter sur Vicévertus, médecin chef des armées romaines, spécialiste de la communication, qui permet de parvenir à remotiver le camp de Babaorum après une hypothétique mais inévitable défaite du dernier village rebelle… Vous le connaissez, ce village peuplé de valeureux guerriers ripailleurs, bagarreurs qui n’ont peur que d’une chose… Notre médecin romain va les transformer en bisounours… Et on est à deux doigts de le voir devenir un village ou règne l’amour, la compassion grâce au sérieux « travail sur soi » enseigné par Vicévertus. Le scénario n’a rien d’extraordinaire, il n'est pas sans rappeler d’autres scénarios bien connus : le domaine des Dieux, le devin, Obélix et compagnie, toutefois les auteurs se sont appliqués à mettre la vie en Gaule au goût du jour, avec son CGV, ses charinettes, ses techniques de communication bien connues aujourd’hui du grand public, ses chansons à la mode, euuuhh … gauloise, revisitées par notre fidèle barde et qui m’ont fait plus que sourire…

Comique également le changement dans les rapports entre personnages, Obélix aborde les sangliers à sa façon, on se bat, oui, mais poliment, on se dit des gentillesses, on achète même les poissons d’ordralphabétix, c’est dire !

Question jeux de mots, on est servi, il serait même bon de lire au moins deux fois le volume pour ne rien manquer. J’ai très envie de citer certains dialogues, mais je m’abstiens pour permettre à chacun de les découvrir ! On y retrouve le style de Fabcaro pour notre plus grand plaisir !

Un volet très « feel good » parmi les meilleurs « post Goscinny et Uderzo ».


jeudi 26 octobre 2023

 Il était deux fois
















Franck Thilliez

Ed Fleuve noir, 4/06/2020, 528 pages


J’ai attaqué ce roman avec grand enthousiasme. Le départ prometteur semblait bien appartenir au registre fantastique avec l’histoire d’un gendarme venu se renseigner, suite à la disparition de sa fille, sur les allées et venues des clients de l’hôtel de Sagas, village perdu quelque part en Haute Savoie, qui s’installe pour la nuit et se réveille dans une chambre différente de celle dans laquelle il s’était couché, ne reconnaissant ni ses affaires, ni sa propre personne… Mais cet aspect fantastique combiné avec des chutes d’étourneaux par centaines dans la région, n’était sans doute que le fruit de mon imagination. Qu’importe ! On est tout de même mêlé à une enquête complexe : un gendarme, Gabriel, qui a perdu la mémoire, un autre gendarme peu enclin au départ à se pencher sur le problème de Gabriel, un individu qui semble bien vouloir ronronner à la gendarmerie. Mais un corps inconnu est retrouvé, celui d’une jeune femme… Et l’enquête reprend, un peu lourdement au départ, dans un récit un peu long, mais on imagine bien que c’est pour traduire les hésitations, les difficultés qui la font patauger… Puis l’action commence, dans le troisième tiers … et on ne lâche plus le livre qu’à regret. La complexité de l’enquête réside dans le fait que les indices sont difficiles à décrypter, que les liens entre les personnages restent très longtemps un mystère, que beaucoup de non-dit de la part de témoins potentiels subsiste dans la première moitié du roman.

Question meurtre, on est servi, question horreur, c’est du cent pour cent thriller made in Thilliez et on y adhère, bien que l’on trouve le mobile des crimes plutôt capillotracté. Certaines scènes peuvent blesser la sensibilité des lecteurs, personnellement, je les ai trouvées fascinantes. Toutefois, sauf erreur de ma part, Thilliez ne cite pas ses sources comme le fait Beuglet ou Norek, c’est dommage car je continue à me demander si ce qu’il décrit est issu de faits réels ou si elles sont le fruit de l’imagination de l’écrivain.

Cette trilogie dont je n’ai pas encore lu le troisième volet fait désormais partie des classiques du genre, à lire absolument !

mercredi 11 octobre 2023

 

Jean-Luc et Jean-Claude












Laurence Potte-Bonneville

Ed Verdier, 25 août 2022, 160 pages


Le roman s’ouvre sur une étrange scène, un prologue qui place le lecteur en contact avec de mystérieux acteurs : une créature sauvage, un humain inerte, les deux en contact involontaire sous l’eau, sorte de mise en bouche qui précise un contexte très flou que l’on reliera ou pas avec le reste de l’œuvre, quelques points communs avec un événement futur pouvant se dégager.

Puis on entre dans le récit, on fait connaissance de Yolande Baudier, qui habite à proximité du café où commence l’histoire, retraitée qui observe et constate l’arrivé d’un personnage qui entre au café.

Si le début peut paraître confus en raison de l’emploi de la troisième personne du singulier pour présenter ce premier acteur et décrire le comportement des personnages principaux, Jean-Luc et Jean-Claude, la situation s’éclaircit rapidement, même si les propos des deux amis installés au bar sont quelques peu incohérents, ce qui permet de les cerner.

Jean-Luc et Jean-Claude sont deux individus inséparables. Jean-Luc semble veiller tant bien que mal sur son ami Jean-Claude, diabétique. Les deux viennent d’un foyer, sont sous tutelle et curatelle, sont encadrés par un éducateur et connus de Jacqueline, la propriétaire du café qui connaît les interdits et s’impose pour les empêcher de transgresser.

Le contexte le permettant, les deux amis se retrouvent en voiture avec Florent, ce jeune homme qui consommait à leur côté chez Jacqueline, et se retrouvent dans une situation proche d’une aventure que l’on pourrait qualifier d’extraordinaire étant donné le peu de repères de nos héros qui se mettent en danger : les deux reçoivent un traitement médicamenteux indispensable à leur santé physique ou mentale.

Un beau roman sur le handicap, la fragilité de certains êtres qui ne peuvent s’aventurer dans des lieux inconnus sans subir de graves perturbations, un roman sur la détresse des personnes en situation de précarité. Si l’on s’attache rapidement à Jean-Claude et son ami parce qu’on imagine fort bien leur situation et les dangers qui les guettent, on a parfois du mal à cerner florent, intermédiaire en difficulté lui aussi, mais qui reste un personnage secondaire.

L’autrice nous offre également une agréable promenade en baie de somme, avec quelques repères sur sa faune, sa flore, ses dangers, un milieu sauvage qui ajoute une certaine ambiance au roman.

La fin brise hélas la routine du récit, la sortie scolaire et ses ados difficiles à gérer, scène avec des dialogues qui m’ont sortie du confort relatif dans lequel je m’étais installée semble plaquée n’aide pas à comprendre la situation de Jean-Claude. Comment est-il arrivé à là ? je n’en dirai pas plus pour éviter de divulgâcher.

Deuxième bémol : le prologue : s’il y a une similitude entre la scène de départ et la fin, on notera une incohérence entre la situation initiale et la situation finale.

Un roman court, qui laisse en tête une ambiance générée par ce périple en baie de somme, et le souvenir de deux êtres fragiles et attachants.

 

 

 

lundi 2 octobre 2023

 

Chocolaté












Samy Manga

Ed Ecosociété, 22/03/2023, 136 pages


En refermant ce livre, je me sens encore plus amère que le chocolat que je consommais sans me poser de questions, à part peut-être quelque interrogation sur le goût généré par la teneur en cacao des carreaux absorbés goulûment. C’est bon en cas de déprime dit-on ! Considération d’occidental gâtée, c’est l’idée qui me vient à l’esprit, et je me demande vraiment qui doit être déprimé dans cette histoire, certainement pas les Européens qui vivent dans l’opulence, mais plutôt les planteurs de cacaoyers exploités, abusés, décimés par les traitements dangereux qu’on leur impose, maintenus dans la pauvreté à coup de sermon de prêtres blancs qui leur promettent une place de choix dans l’au-delà, usés après leur courte vie de labeur.  

Un sentiment de honte, voilà ce que je ressens à la lecture de ce roman marquant qui raconte l’histoire d’Abéna, élevé sur l’exploitation de son grand-père et participant activement jusqu’à son adolescence à la production des précieuses fèves, l’or vert qui leur permet de vivre bien pauvrement, pour satisfaire les caprices des occidentaux.

Désormais, prélever un carreau dans une tablette ne pourra plus pour moi, être un acte anodin car si on peut s’en douter vaguement, parce que cela se produit bien loin, la consommation du chocolat vendu par des empires qui s’enrichissent toujours plus est à l’origine de la déforestation, de la fin de la biodiversité, de la mort d’individus quasi esclaves, du travail d’enfants victimes de la gourmandise des pays riches, d’enfant qui n’ont trop souvent même pas vu ne serait- qu’une barre de chocolat, leur vie se réduisant aux semences, à l’irrigation, et ne voyant que des cabosses et des fèves de cacao. Triste réalité.

Je me console en me disant que le commerce équitable se développe dans ce domaine, j’ai eu la chance de visiter l’été dernier, une fabrique de chocolat équitable qui travaille avec deux plantations de Sao Tomé, le maître chocolatier se rendant régulièrement sur les exploitations, et garantissant des conditions de travail et des salaires décents à ses cultivateurs, tout en assurant la scolarisation des enfants. Ce chocolatier a choisi d’abandonner son commerce avec le Ghana pour cause de déforestation. J’ajouterai que ce chocolat ne contient ni lécithine de soja, ni huile de palme. C’est rassurant.

Ce beau roman, œuvre d’un auteur camerounais engagé, connu pour ses écrits poétiques et qui termine son récit par un magnifique poème, est de ces écrits qui font avancer, qui parviennent à faire réfléchir et évoluer. Un roman qui devrait être lu par le plus grand nombre.

mercredi 27 septembre 2023

 

Les tourmentés












Lucas Belvaux

Ed Alma, 19/08/2022, 345 pages



Désolée mais je n’ai pas apprécié ce roman. Si j’ai ressenti un début prometteur, j’ai vite déchanté, moi qui pensais me régaler d’un récit à couper le souffle, sorte de thriller, version téléréalité, ce qui à mon sens donnait le ton dès le départ, il n’en fut rien ! J’ai bien conscience que le problème vient de mon comportement de lectrice : j’ai besoin de serrer les dents, de m’engloutir dans le roman, de me pâmer avec les rebondissements, j'ai également besoin d'une action, même modérée… Et j’ai dû me plonger dans le mental de personnages avec leur personnalité, les connaissances qu’ils ont de la situation de Skender, notre héros, tantôt victime, tantôt battant, me confronter à une femme qui décide de tuer par caprice, par vengeance… contre qui ? Une Manon, ex épouse du héros, qui a bien des difficultés à se rendre compte de la situation du père de ses enfants, et pour cause. Jeu entre les personnages, complicités, règlement de compte, triste psychologie d’un ex légionnaire qui n’a plus rien à perdre… 

J’ai trouvé tout cela long, très long, mais comme je n’aime pas abandonner les livres, je suis tout de même parvenue à la fin, une fin sans relief, peut-être apaisante.

Ne passez pas votre chemin pour autant, cela n’est que mon ressenti !

lundi 11 septembre 2023

 À 1000 Miles de la liberté

L'INGÉNIEUSE ÉVASION DU PLUS CÉLÈBRE COUPLE DE L'AMÉRIQUE













Ellen et William Craft

Ed Payot, 5/10/2022, 144 pages


Ce livre raconte l’extraordinaire histoire d’Ellen et William Craft, esclaves dans l’Etat de Géorgie, et qui préparent leur évasion. Leur seul désir est de se rendre dans les Etats libres et abolitionnistes d’Amérique. Ce texte, dont le narrateur n’est autre que William Craft, sera publié par Ellen en 1860.

Si le début du récit, bien avant l’évasion, peut paraître long, il précise clairement le contexte de cette évasion, les risques encourus par les deux fugitifs, le danger d’une telle expédition. Mais William parvient à persuader sa femme de se lancer dans cette aventure. Déguisée en homme, elle devient un gentleman accompagné par son esclave. Chemin dangereux, les esclavagistes étant à l’affut de marchandise humaine à racheter, écueils sur cette route de la liberté, les esclaves ne pouvant se mouvoir si facilement, le couple trouvera finalement des aides précieuses qui les mèneront en Angleterre.

On sent de suite le climat tendu aux Etats-Unis, la guerre de sécession se rapproche, les tensions entre abolitionnistes et esclavagistes sont clairement ressenties.

Des romans sur cette question, j’en ai lu quelques-uns, mais jamais un ouvrage concernant les lois régissant l’esclavage ne m’a paru si complet. En un peu plus d’une centaine de pages, on y apprend les règles concernant les esclaves, entière propriété des maîtres, plus mal traités que les animaux, et beaucoup moins considérés, on y prend connaissance des lois et décrets de la cour suprême américaine, des lois révoltantes, on y côtoie de belles personnes, on constate également que les révérents pasteurs n’œuvrent pas que pour le bien de l’humanité tout entière puisque qu’ils défendent les droits des riches propriétaires esclavagistes.

Plus qu’un roman, on se retrouve face à un témoignage qui se transforme en un documentaire édifiant sur cette période d’avant-guerre pour les Etats-Unis, période bien noire de son histoire et dont elle ne sortira que difficilement.

Le courage et la volonté d’Ellen et William Craft doivent être portés à la connaissance de la majorité des lecteurs. C’est là le respect que nous leur devons après cette vie mouvementée et ce chemin semé d’embûches parcouru avec une foi à soulever des montagnes.

mercredi 6 septembre 2023

 Maîtres du jeu













Karine Giebel

Ed Pocket, 12/09/2013, 128 pages


Certains auteurs, opérant comme par magie, parviendront toujours à me surprendre, parmi eux, Karine Giebel et ses romans, avec les tempêtes qu’ils provoquent dans mon esprit et je mets d’ailleurs plusieurs jours à lâcher même lorsque le dénouement est venu et que le livre est refermé. Ce recueil de deux nouvelles, je me suis dit que ça ne pourrait pas m’empêcher de dormir, erreur !

Dans la première nouvelle, l’autrice imagine le crime parfait, sujet qui me laisse toujours pensive car la littérature abonde de crimes parfaits dont l’auteur est trahi pas un détail insignifiant, Columbo lui-même affirme que le crime parfait n’existe pas. Notre romancière est pourtant parvenue à imaginer ce crime parfait qui ne peut faire condamner le meurtrier. Quel génie ! Et comme d’habitude, elle réserve la plus belle surprise pour la fin.

Dans la deuxième nouvelle, le récit est plus difficile à supporter, on voit venir l’horreur, on est témoin directe des événements. On se retrouve donc enfermé dans un bâtiment qui abrite des enfants handicapés venus en classe de découverte avec leur éducatrice, et … Un sérial killer, un vrai !!! il s’agit donc d’une prise d’otages. Bien sûr, on a vraiment envie de savoir comment tout cela va se terminer… Et, là c’est mon avis, les dernières lignes sont volontairement ambigües, il suffit d’un mot pour que la fin varie. C’est peut-être de l’imagination de ma part, si d’autres ont ressenti cette fin de la même façon, je veux bien en discuter sur ma messagerie (pour ne pas spoiler).

Donc frisson garanti, très bon cru Karine Giebel !

dimanche 3 septembre 2023

 

Panorama












Lilia Hassaine

Ed Gallimard, 17/08/2023, 240 pages


Celui dont la maison est de verre doit se garder de jeter des pierres aux autres.” C’est ce qu’affirme Courteline et c’est la désormais la loi adoptée par  la majorité de cette société française de 2049 qui a aboli les institutions pour parvenir à la démocratie au sens littéral du terme puisque l’on aura plus recours à des représentants, mais que c’est bien la société qui se fera juge de toute infraction au code de civilité, chaque individu sera témoin de la vie des autres puisque chacun devra s’établir dans une maison de verre et pourra surveiller les actions d’autrui. Le grand maître sera le dossier de la transparence, lisible par tous, qui indiquera les faits et gestes des citoyens.

Une telle société est-elle possible ? Si chacun peut trouver des éléments de réponse, je trouve regrettable que ce roman ne se consacre pas totalement à cette réflexion. Bien sûr, on s’apercevra que la transparence peut certainement limiter les méfaits, mais pas les éradiquer, pour preuve, ce double crime perpétré un assassin qui ne devrait pas recevoir ce qualificatif et qui s’expose à un jugement exempt de toute impartialité puisque la loi écrite et ratifiée n’existe plus et qu’elle est remplacée par le jugement populaire.

C’est la raison pour laquelle je me sens mitigée : on se retrouve face à une dystopie qui un peu plus creusée, pouvait aboutir à un descriptif beaucoup plus détaillé de cette nouvelle société, mais l’autrice a préféré parachuter quelques faits montrant les travers de ce monde transparent : personnes qui vivent comme dans une télé-réalité, dictature des réseaux sociaux et perte de l’intimité des individus. Il y avait de quoi bâtir un roman entièrement basé sur ces faits et dénicher tous les travers d’un tel fonctionnement, avec des personnages refusant cette transparence et agissant activement comme le fait George Orwell dans son roman 1984, et il y en a dans le roman, mais montre-t-ils vraiment une résistance active ?

Le choix de Lilia Hassaine porte sur une enquête menée par le personnage principal, Hélène qui semble avoir des difficultés pour affirmer sa personnalité, peut-être parce qu’elle subit le regard de l’autre, parce que la transparence transforme les individus en esclaves de cette société désormais aux aguets des moindres faits et geste de l’autre, parce que la communication n’est plus vraie… Parce qu’officiellement Hélène accepte ce fonctionnement. Toutefois, il faut lire entre les lignes, elle expose sa vie, se raconte, donne peu son avis et reste souvent dans le descriptif, mais est-elle si transparente ?

Je sens à l’écriture de cette chronique qu’il ne faut pas nécessairement tenir compte de mon avis parce que personnellement, j’aime les thrillers et l’action, les récits au rythme soutenu, les rebondissements multiples, les scènes effroyables qui font que le roman vous capte.

Ce n’est pas le cas dans ce roman qui cependant, si on aime les récits qui véhiculent un sujet épineux transmis par la mémoire du personnage principal sous forme d’exposé en laissant le lecteur être le seul juge avoir eu connaissance des aspects de cette société, on peut vraiment apprécier cette dystopie.

J’ai tout de même passé un bon moment de lecture, particulièrement dans la deuxième partie, dans laquelle, après une sorte d’enlisement de l’enquête, des éléments viennent s’ajouter pour aboutir au dénouement.

mercredi 30 août 2023

 La papeterie Tsubaki













Ogawa Ito

Ed Picquier, 3/06/21, 402 pages


Le titre de ce roman m’a interpellée parce que les papeteries, comme les librairies ont toujours exercé une certaine attraction sur ma personne. J’ai donc décidé de m’investir dans cette lecture. Je pensais tout de même entrer dans un roman qui renfermerait une certaine action, et c’est le cas, toutefois ce n’est pas ce que j’attendais, je pensais plutôt à une intrigue qui me mènerait jusqu’au bout du récit, il n’en fut rien. Mais aucune importance, car l’action, elle est disséminée dans tout le roman, elle émane d’Hatoko notre héroïne, écrivain public que l’on vient voir quand on veut offrir ses vœux, se marier, faire passer un message important, et même envoyer une lettre de rupture. L’autrice raconte toute la petite vie de cette jeune femme disciplinée, consciencieuse, qui vit dans l’ombre de l’aînée, cette grand-mère défunte qui l’a élevée, formée à son métier et pour laquelle elle se montre respectueuse tout en livrant un ressenti mitigé en se rappelant l’extrême sévérité de cette aïeule, son exigence quant à la calligraphie, son attitude autoritaire face à une enfant qui n’a pas connu ses parents. Hatoko, la douceur incarnée exprime tout de même une certaine amertume.

Ce roman, c’est aussi l’histoire d’un quartier de Kamakura où les voisins ont créé des liens rassurants et où règne une paix reposante, c’est une belle promenade dans le Japon et sa culture, avec quelques-unes de ses habitudes alimentaires, un pique-nique au milieu des cerisiers en fleurs, ses temples, ses fêtes, ses saisons…

C’est aussi l’histoire d’une papeterie où il fait bon s’arrêter pour prendre le thé, sentir les odeurs d’encre, de papier, acheter des crayons et discuter. On y apprend tout le cérémonial à respecter quand on est écrivain public et que l’on rédige des lettres et que l’on envoie du courrier : choix du papier, qui déterminera celui du crayon ou de la plume, choix du timbre en fonction de l’objet de la missive et de son destinataire, formules diverses, calligraphie...

Les relations d’Hatoko avec les personnes qui passent dans la papeterie sont très intéressantes à observer, Hatoko, souveraine dans son commerce et clairvoyante, saura adapter son comportement et ses réponses en fonction de son interlocuteur, pour nous faire découvrir toutes ses facettes.

Un roman très lent, très zen qui fait du bien et qui fournit une paix intérieure.

La fin est très belle, je n’en dirai pas plus. J’ai commencé ce roman, hésitante et mitigée, je le termine charmée et convaincue qu’il s’agit d’un très bon roman.

dimanche 27 août 2023

 Petit traité sur l'immensité du monde













Sylvain Tesson

Ed Pocket, 7/04/2005, 192 pages


Sylvain tesson, dans ce très bel exposé emprunt de sincérité, nous livre la philosophie de sa vie. Par les innombrables voyages au cours desquels il se fait l’égal de la nature, refusant tout moyen de transport moderne, tolérant tout de même le vélo, il nous montre comment il lui devient possible d’agir sur le temps et d’entrer en communion avec la nature. Il justifie son besoin de voyager par cette énergie qui l’habite, qui le brûle, qui l’amène à partir. il explique clairement les conditions de vie du vagabond moderne.

Par cet écrit, il nous livre sa vision de la vie, ses choix, ses envies, il communique son besoin de solitude, son désir de terminer sa vie en solitaire, sa soif des grands espaces, son profond respect pour la nature, les expériences qui justifient ses choix, véritable démonstration accompagnée d’exemples et d’anecdotes qui aident à comprendre le personnage.

Si, certains passages tels que les mentions d’auteurs qui ont pu guider son écrit et quelques passages répétitifs, ou encore quelques lignes durant lesquelles Sylvain Tesson s’envole dans une prose philosophico littéraire difficile à assimiler parfois, d’autres chapitres sont passionnants : j’ai beaucoup aimé son exposé sur sa condition d’alpiniste incorrigible qui l’a amené à escalader églises et cathédrales, tours et bâtiments, j’ai parcouru avec grand intérêt le chapitre consacré aux bivouacs et aux activités auxquelles il se livre durant ses périples.

Je n’ai pu m’empêcher d’imaginer le vagabond qui pense en marchant, et je suis persuadée que ce livre, il était bien inscrit dans son esprit, bien avant d’être couché sur le papier.

Cet écrit court mais profond et édifiant qui permet de cerner le personnage, je ne l’oublierai pas. Il m’a vraiment donné envie de poursuivre la lecture des aventures d’un homme à la personnalité hors du commun.