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mardi 27 août 2019

Vindicta



Cédric Sire
Ed Métropolis


Afin de vous aider à entrevoir la teneur de ce roman, je vais vous expliquer dans quel état d’esprit je me suis retrouvée à chaque fois que j’ai ouvert ce livre et durant un bon nombre de pages pas très relaxantes. Je dois d’abord vous expliquer que, fréquemment, lorsque je lis, j’ai une fâcheuse tendance à piquer du nez. Hors de question avec le thriller que nous a concocté l’auteur, yeux grands ouverts, dents serrées, perles de sueur sur le front, forte agitation intérieure propre à vous priver de sommeil pour le reste de la nuit.


Dans l’histoire, deux héros, un bon et un méchant. Le méchant c’est un genre de super héros élastique, super héros côté obscur je m’entends ! Elastique donc, qui a dû être un chat dans une vie antérieure parce prompt à jouer avec ses proies, capable de se déplacer sans bruit, de se fondre dans le décor, de se tapir pour mieux bondir par surprise. Aucune chance d’échapper à sa vindicte si on est visé. Aucune chance de s'en sortir si on se fait alpaguer. Individu de terrain, intelligent et compétent dans son domaine.



C’est dans ce contexte que se démène notre deuxième héros, un flic mis au placard qui se débat et déploie de l’énergie, qui brave les interdits pour tenter de rétablir la sécurité, se débattant au sein d’une police divisée en services qui passent leur temps en réunion, se renvoyant le bébé, composée d’individus se tirant dans les pattes, mais ça énerve !!!



Je suis donc passablement mitigée : des thrillers, j’en ai quand même lu quelques-uns, certains biens gratinés, mais là, je trouve que Cédric Sire puisque tel est son nom désormais, pousse un peu loin la violence, décrivant avec force détail les tortures subies par les victimes, à vous mettre mal à l’aise. S’il y a subtilité, ce n’est pas dans la description, ni dans la façon de tourmenter du psychopathe c'est  on nage dans l’hémoglobine et la cervelle, et que l'on ressent fortement la souffrance morale comme physique des suppliciés !


Je me suis demandé, aux deux tiers du livre si je refermais… et puis non, happée que j’étais par l’histoire et dominée par l’envie d’en connaître la fin, une fin pas plus reposante que le reste, une sorte de bouquet final qui vous amène à abandonner toute idée de zénitude après une telle lecture. Âmes sensibles, s'abstenir !

 

Le roman est malgré tout très bien pensé et structuré, un page-turner qui se lit facilement du fait de ses chapitres brefs et d'un récit constitué de phrases courtes.




dimanche 25 août 2019


Si c'est un homme


Primo Levi
Ed pocket, Robert Laffont


C’est avec beaucoup d’appréhension que j’ai abordé ce témoignage devenu un  classique. Sensible à la question de la Shoah, j’estimais de mon devoir de le lire. Le début est certes difficile, Primo Levi arrive dans un milieu qui lui est étranger, espère encore que son ressenti aura un effet sur les individus qui l’accueillent, que dis-je, qui l’accueillent : non ! qui le réceptionnent comme un colis, le démunissent des quelques biens qu’il possède, le privent de toute pudeur, le parquent, refusent d’écouter sa faim, sa soif, sa douleur morale. 


Mais passé ces premiers chapitres insupportables qui confirment et rappellent combien les actions de ces soldats du troisième Reich sont à vomir, Primo Lévi se livre à une analyse de la vie du déporté toute en délicatesse, sans verser dans le pathos et susciter le voyeurisme du lecteur.  

Il se place à la fois en victime et en témoin, fait très peu allusion aux actions concrètes des SS, des kapos, ces personnes susceptibles d’apporter souffrance, peine, mort à quiconque ne respecterait pas les règles et braverait les nombreux interdits. 

On dirait qu’il gomme le sinistre décor pour ne laisser apparaître que ce qui, à ses yeux fut essentiel : la course à la survie, les combines pour se nourrir, s’habiller, lutter contre le froid, et garder sa dignité, insistant bien sur ce dernier point en démontrant que ceux qui avaient plus de chances de s’en sortir étaient les prisonniers qui, de par leur tempérament, parvenaient à prendre soin de leur personne, faire preuve de caractère sous peine de déshumanisation totale.

 Si l’auteur est parvenu à éviter d’immerger le lecteur dans cet enfer en apportant subtilement des informations implicites, cela ne m’a aucunement empêchée de retenir ma respiration en lisant certains chapitres sur le dispensaire, les sélections, les privations endurées par les prisonniers, il ne s’agit pas la d’un simple roman, les faits rapportés sont vrais, c’est bien difficile à imaginer et à croire !


Ce témoignage est ce que j’ai lu de plus complet sur l’univers concentrationnaire. Puisse cet écrit se transmettre de génération en génération, afin de perpétuer le devoir de mémoire.


vendredi 23 août 2019


La Marie en plastique


Prud'homme et Rabaté
Ed futuropolis



L’héroïne de cette bande dessinée est une vierge en plastique ! Géniaaaal ! Une vierge en plastique rapportée de Lourdes par la grand-mère. Avec option « yeux qui pleurent des larmes de sang ». Mais on a envie d’y croire au miracle ! Sauf peut-être le père Garnier qui se réfugie dans son atelier et étanche régulièrement sa soif. 


L’occasion pour l’auteur de proposer une bonne petite analyse de notre société ! Entre les enfants qui désormais voient des miracles partout, les footeux qui viennent se recueillir devant la madone en polymère, les personnages qui essaient de raisonner mais trouvent plus judicieux de se taire, ceux qui n’ont franchement pas inventé le fil à couper le beurre, les crédules, les incrédules, les badauds qui déposent des offrandes fleuries au pied de la maison, le Vatican qui se déplace pour analyses on s’amuse follement ! Et qu'on y croie ou pas, la vierge génère  des comportements chez tout le monde ! 


Mais la Marie ne fait apparemment pas que des miracles, on le découvrira en constatant ce qui arriva au grand-père, bien fâcheux, bien désopilant, le pauvre !


Peut-être est-ce là une lacune à combler de toute urgence : je ne connaissais pas Rabaté, et en plus je n’ai attaqué la Marie en plastique qu’au deuxième tome, ignorant l’existence du premier.
Je vais donc mettre toute mon énergie à dégoter les autres productions de cet auteur.

jeudi 22 août 2019


J'veux pas y aller


Yvan Pommaux
Ed Bayard Jeunesse


Hé oui ! les meilleures choses ont une fin, et nos jeunes amis vont devoir recommencer à user leurs fonds de culottes sur les bancs de l’école.

 

Cet album sort de ma « pal jeunesse » à point nommé : il nous raconte l’histoire de Pablo le rebelle, qui ne veut pas aller à l’école. Il est malade et va se coucher… Maman vient lui proposer des histoires, mais ce jeune homme est bien décidé à bougonner alors maman lui propose l’histoire d’Atalante qui promet d’épouser celui qui le battra à la course… Mais Pablo grommelle de plus belle, "de toute façon, les filles, ça ne gagne jamais à la course…" et Pablo passe sa nuit au pays des rêves, dans la jungle où les animaux lui soufflent qu’il ne sert à rien de résister, avec Atalante qui a ramassé les pommes d’or pendant la course et a perdu…


Le jour de la rentrée arrive, il rencontre une fillette … elle s’appelle Atalante…

 

Un album sympathique aux illustrations légèrement vieillottes, riches, colorées et pleines de charme pour montrer aux enfants que l’école a aussi de bons côtés !


mercredi 21 août 2019


Mon chien qui pue

Christine Roussey
Ed La Martinière


Une histoire propre à faire rouler les enfants par terre de rire, car le registre de langue employé par l’auteur pour conter,  n’est pas à proprement parler du langage soutenu, en revanche, elle a su sélectionner les mots qui plaisent et déclenchent l’hilarité. Quoi de mieux pour que les galopins se rendent compte qu’un livre, ça peut être extrêmement divertissant !


Divers champs lexicaux à étudier dans ce livret : champs lexical de « sentir ; exhaler, empester »…  mais en un peu moins … enfin un peu plus… enfin vous voyez ce que je veux dire…


Quant aux odeurs, elle proviennent de divers éléments dont dame nature nous combla en ses moments de grande générosité… Les gribouillis présents dans les illustrations s'offrent à nos yeux pour tenter d'illustrer les fragrances que nous apporte généreusement le personnage quasi-principal.


Notre héroïne, heureuse maîtresse de l’individu poilu qui nous régale, ne manque pas d’idées non plus pour faire en sorte que son compagnon cesse de "se faire remarquer"… mais voilà, privé de cette facette peu ragoutante, le toutou n’est plus lui-même… 


Il faudra certainement y voir la tolérance, on a tous des défauts et des qualités, il faut prendre le temps comme il vient et les gens comme ils sont, n’est-ce pas ?



Parci et Parla


Claude Ponti
Ed Ecole des loisirs


Parci et Parla se réveillent dans leur chambre, vite, ils s’habillent, ils prennent leur petit déjeuner et s’appliquent pour faire le ménage (ils ont du mérite car la maison est pleine de bestioles, objets et autre Blaises qui viennent se mettre dans leurs pieds ! Le lave-vaisselle et la machine à laver ne sont pas très coopérants non plus !


Puis ils partent gambader : un cube énorme tombe du ciel bientôt accompagné d’autres cubes, il les mettent en ordre pour voir se former un château dont ils franchissent la porte : l’autre côté n’est que jeux et rencontres : ils se dépêchent de monter sur les champignons avant qu’ils ne s’envolent, ils croisent le petit chaperon rouge, aussi aveugle que le loup, forcément, cet idiot de Tonnenplon s’est assis sur le livre impossible à ouvrir, ils sont dans le noir depuis mille ans ! Puis ils vont croiser bien d’autres personnages : Mireille et Piqueille, le Guérisson, Blaise, le poussin masqué avec ses frères qui m’ont fait découvrir des pages secrètes dans le livre, mais chuuuut ! Parci et Parla ne savent pas que ces pages existent ! Pas le droit de le leur dire ! 


Que de belle chose à raconter à Papa et Maman.



Un Claude Ponti en pleine forme, vous l’aurez deviné, un album délicieusement long à lire, non, ce n’est pas une question de texte, on s’attarde plutôt à regarder les images regorgeant de créatures et objets animés de toutes sortes. Il doit bien s’amuser Monsieur Ponti quand il crée de telles histoires. Il devrait revisiter Alice au pays des Merveilles, ça déchirerait !

En tout cas je me suis encore follement amusée dans cet album !

lundi 19 août 2019


Louis XIV



JD Morvan - Frédérique Voulyzé
Rénato Guedes (illustrateur)
Hervé Drévillon, historien


Je continue ma série de la collection « Ils ont fait l’histoire » en approfondissant mes connaissances sur Louis, XIVème du nom, baptisé à sa naissance Louis-Dieudonné qui connut un départ difficile dans la vie, départ, qui, on le comprendra, induira son autoritarisme et sa manière propre d’imposer une monarchie absolue.

 

La bande dessinée ne traite pas de l’ensemble de la vie du monarque, mais des points essentiels de son règne et nous présente d’abord un roi perturbé dès son plus jeune âge par la fronde, cette rébellion des trois ordres qui se soulevèrent dans un pays asphyxié par les impôts, et qui obligea la Reine-Mère, alors régente, a emmener sa famille se réfugier à St Germain. L’auteur montre bien à quel point cette fronde détermina l’avenir du royaume.



Roi perturbé, puis roi décidé à asseoir son autorité, prompt à manipuler Colbert et Louvois qui succédèrent à Mazarin, ministre du roi et à Fouquet, remercié et emprisonné par quelque habile manigance.


Un monarque absolu donc, qui ne pouvait tolérer qu’une information lui échappe, qui fit précipiter des artistes le contrariant dans le marasme, Molière pourrait en témoigner.


Un Roi guerrier qui étendit son royaume en Espagne, en   Hollande par des guerres qui coutèrent cher en vies humaines et pesèrent sur les comptes de l’Etat, Louis XIV ne lésinant ni sur le matériel, ni sur la présence humaine et fit construire par Vauban un réseau de places fortes visibles encore aujourd’hui et classées au patrimoine de l’humanité.


Un roi dépensier qui ne regardant pas au coût fit prolonger le pavillon de chasse de Louis XIII pour s’installer avec sa cour, commanda des matériaux à l'étranger, favoriser les constructions à Versailles où nombre d’aristocrates s’installèrent.



Cet ouvrage fort bien dessiné et agréable à lire ne constitue pas une biographie du souverain, mais présente les points forts de son règne. Il ne faut donc pas y chercher la petite histoire, ni les intrigues de la cour, bien que quelques-unes soit mentionnées.



Les sentiments du roi y sont magnifiquement mis en valeur, et on se sent dans la peau de Louis XIV à la naissance du dauphin ou après le décès d’Anne d’Autriche sa mère. En revanche on réalise pleinement que le renvoi de Fouquet, sensé mettre le roi en colère, n’est que magouille politique et que ce dernier n’attendait qu’un faux pas de la part du surintendant pour le faire arrêter.


Le livre est constitué d’une partie en bande dessinée, et un dossier en fin d’ouvrage apporte des précisions tout à fait intéressantes, l’ensemble montre combien le Roi Soleil marqua non seulement son temps, mais aussi les siècles qui suivirent.


Je déplore toutefois que le chapitre traitant de son dynamisme culturel ne soit pas plus développé, cela ferait sans doute l’objet d’une bande dessinée à part entière.


Cet album est passionnant et comme semble-t-il les autres albums de la collection,  aide à partir de ce que l’on connaît pour approfondir cette connaissance. De quoi vraiment se cultiver !


dimanche 18 août 2019



Le dernier lapon


Olivier Truc
Ed Point 


Je suis partie en voyage sur une terre que je rêvais de visiter, un pays de neige, ou l’on se déplace en scooter voire en ski, ou l’on s’habille de peau de rennes, où l’on pratique la langue same, ou le climat  rude, transforme parfois votre vie en survie, un pays blanc. 


J’ai eu un peu de mal à m’intégrer dans cette société fermée quoiqu’accueillie dans les gumpis douillets, capitonnés de peaux de renne, dans la douce chaleur, écoutant les joiks d’un hypothétique Chaman, le chaman ne disant pas qu’il est chaman,  peut être à cause des persécutions endurées par le passé. 



Les joiks semblent encore sonner à mon oreille, ces chants traditionnels saamis ou samit si on veut bien en respecter la grammaire, sans lesquels la culture samie se serait éteinte , ces chants qui racontent la peine, la tristesse, l’amour, le malheur du peuple, transmis de génération en génération. On m’a raconté que par le passé, les chamanes entraient en transe en se servant de tambours, véritables œuvres d’art que quelques-uns excellaient à fabriquer.


Il se trouve que pendant que je m’acclimatais à cette région, le scooter des neiges, il faut apprendre à le piloter, mon collègue Klemet, un Sami pure souche, un homme sympathique qui avait agrémenté son lieu de vie d’une tente dans laquelle il m’a invitée, un sami qui vit en marge de sa culture, ce collègue donc, nous a emmené chez un éleveur de rennes des plus rustres : la femme ? A ignorer, je n’ai pas pu en placer une, l'alcool, il faut croire que ça réchauffe… J'ai appris que les éleveurs de rennes vivaient dans des conditions pénible, mais là, l'hygiène semblait avoir quitté ce gumpi depuis belle lurette ! 


Je n'ai pas voulu y attacher trop d'importance car on avait un problème à résoudre : un tambour sami, apparemment une pièce de collection avait été dérobée au musée, vol qui risquait de perturber la conférence de l’ONU qui devait se tenir à Oslo, conférence durant laquelle les  lapons allaient se manifester pour défendre leur culture, amenant les autres partis à riposter…


Finalement j’ai bien été obligé de me fondre dans le folklore ambiant en raison du crime commis sur le vidda, mystère que nous avons bien eu des difficultés à élucider, nous la police des rennes à qui l’enquête a été confiée, heureusement que je faisais équipe avec Klemet qui connaît le moindre recoin du vidda. Notre enquête a beaucoup pataugé ! certains habitants étaient détenteurs de secrets jalousement gardés, certains policiers semblaient sérieusement vouloir faire obstruction à l’enquête, certains individus hors de tout soupçon n’étaient pas si innocents que ça, et puis il y avait ce français, drôle de zèbre celui-la, un géologue venu faire on ne sait trop quoi sur le sol de Laponie, franchement antipathique !


Quand je suis arrivée, il faisait nuit, et la nuit là-bas, ça dure !J'ai quand même réussi a passer des journées avec quatre à cinq heures d’ensoleillement sur la fin, bien-sûr, il faut être habitué à vivre dans cette région du globe pour comprendre ce que c’est de travailler dans la nuit… Pour mon plus grand bonheur, j’ai pu admirer quelques aurores boréales, m’étonnant de ce que les gens n’y prêtent pas plus beaucoup attention, ou alors pour évoquer les superstitions liées à ce déploiement de couleurs .


Je suis prête à retourner dans cette Laponie que je connais un peu mieux à présent, peut-être pour une autre aventure, qui sait ?

Nina, membre de la police des Rennes.


Voilà, cette lettre de notre héroïne montrera combien son voyage fut riche en événements, combien le dernier Lapon, tout en narrant une enquête passionnante, nous offre un documentaire sur un milieu fascinant, tant par son peuplement que par son ambiance polaire. Une pépite !


samedi 17 août 2019


Jaurès


Morvan, Voulyzé, Macutay, Duclert
Ed Glenat
Collection "Ils ont fait l'histoire"

Cette magnifique bande dessinée de la collection, « Ils ont fait l’histoire » expose les actions d’un grand homme illustre et inconnu à la fois. On saura certainement tous expliquer qu’il s’est prononcé contre première guerre mondiale et qu’il a été assassiné, qu’il est le fondateur de l’humanité et a fortement contribué à mettre au monde un parti qui deviendra ultérieurement le parti socialiste…

 

L’ouvrage présent fournira des informations approfondies sur une période, sans doute la plus importante de sa vie d’homme politique.

28 juin 1914, l’archiduc François-Ferdinand, après une première tentative d’assassinat à la grenade, est tué avec sa femme par un jeune bosniaque, et c’est l’étincelle qui mettra le feu à la poudrière des Balkans. Les Etats Européens se retrouvent entraînés par les alliances que nous connaissons dans une tourmente qui ne prendra fin qu’avec la guerre.



Jaurès, avec le soutien de la classe ouvrière, quoique très attaché à la défense de la patrie, il s’opposera farouchement dans ses écrits comme dans ses actions à une guerre qu’il juge être envisagée pour des intérêts capitalistes. 

Il deviendra alors la voix de l’internationale socialiste, espérant regrouper et galvaniser les socialistes des pays menacés par la guerre, avec pour ultime argument que la grève générale paralyserait aussi les agresseurs.


Personnage controversé à son époque, il ne reniera aucune de ses valeurs, dreyfusard pour les uns, instigateur et complice du gouvernement qui décréta la séparation de l’église et de l’état en 1905, ce qui offensa les droite catholiques, agitateur politique qui défendit les mineurs de Carmaux, désespoirs des nationalistes, il fut assassiné par l’un d’eux qui décréta avoir agi seul, le 31 juillet 1914.


La bande dessinée montre avec justesse un homme énergique, dévoué, taillé pour la politique, aux discours enflammés et bien construits, un homme bien en avance sur son temps : à la relecture de ses discours, on n’aura aucun mal à imaginer les idées qu’il développerait aujourd’hui.


Je dois reconnaître que ce livre agréable à lire grâce à son organisation rigoureuse et ses belles illustrations, fut parfois difficile à assimiler : dans ses discours qui se poursuivent sur plusieurs planches, Jaurès fait référence à des événements, et des aspect de la vie politique d’alors qu’il faudrait avoir étudiés en profondeur pour saisir l’ensemble de ses déclarations.


Je suis ravie d’avoir lu un album de cette collection et je compte bien continuer au gré de mes trouvailles en bibliothèque.


mercredi 14 août 2019



La vérité sur dix petits nègres


Pierre bayard
Ed de Minuit


Je commencerai cette chronique par une mise en garde : si vous n’avez pas lu "Dix petits nègres" et qu’il est dans votre pal,  ou si vous désirez le relire un jour, passez votre chemin car Pierre Bayard, pour les besoins de son écrit, a été obligé de spoiler.


Cet essai est intelligent et bien argumenté ! L’auteur commence, après un exposé sur les personnages et les meurtres,  par apporter une notion essentielle sans laquelle son écrit ne pourrait voir le jour tel qu’il nous est proposé, même si cette notion peut paraître délirante : les lecteurs se scindent en deux groupes :

le premier groupe ce sont  les ségrégationnistes : lecteurs qui pensent que les personnages de la littérature romanesque n’ont pas d’existence propre ni d’autonomie, ils sont pure création de l'écrivain qui les a façonné, ils n’existent parce que le lecteur leur donnent vie et leur existence prend fin quand se referme le livre. Il n’ont comme liberté d’action que ce que l’auteur veut bien leur donner.

Le deuxième groupe, ce sont les intégrationnistes qui pensent au contraire, que les personnages ont une part de décision, une autonomie et peuvent agir suivant des plans élaborés par eux-même ils peuvent donc  prendre des décisions différentes de celles de leur auteur... Bien-sûr, Pierre Bayard se réclame du second groupe puisque dès le début, il affirme être le véritable assassin des dix personnes qui séjourne sur l’île du nègre.


Il va donc affirmer qu’il est l’auteur de la sombre machination orchestrée sur cette île, sans se dévoiler, les adjectifs sont écrits avec les deux accords possibles, et pas une fois jusqu’au bout de sa démonstration, il ne laissera la possibilité au lecteur de faire des hypothèses.



Il commence donc par démonter l’histoire d’Agatha Christie, en montrant par quels stratagèmes le lecteur est bluffé : omissions volontaires et non-dits, mise en doute de la signature du criminel, mise en doute de certaines actions des personnages que je ne pourrais citer. Je reconnais que deux actions m’ont posé question lors de ma lecture de dix petits nègres : j’avais pourtant affirmé n’avoir rien vu lors de ma relecture, mais tout de même, deux questions m’ont effleurée durant quelques secondes, je suppose que je les ai chassées par respect pour cette œuvre littéraire et son auteure.


Il insiste sur les illusions créées chez le lecteur en expliquant que celui-ci est éloigné de l’essentiel parce qu’il est capté par certains aspects de l’histoire et éloigné de ce qui pourrait l’amener à se poser les bonnes questions, et parce qu'il est victime d'un phénomène d'aveuglement tant optique que cognitif bien détaillé dans cet essai.


Puis il explique comment, en tant que criminel officiel, il a organisé ce piège :  il crée alors un autre scénario tout à fait plausible quoique certainement discutable sur certains points.


Qu’en ai-je retiré ? Que si on avait confié l’organisation du meurtre de dix personnes sur une île à quinze écrivains, on aurait eu quinze scénarios différents et discutables car ce genre de scénario n’est pas facile a imaginer, Agatha Christie l’avait affirmé elle-même. 

Que j’ai envie de laisser les incohérences du roman de côté parce qu’elles n’empêchent aucunement la lecture, personnellement ce qui compte pour moi en premier lieu, c’est l’ambiance créée par Agatha Christie.


J’ai beaucoup aimé cet essai de Pierre Bayard, et je ne manquerai pas de lire d’autres écrits émanant de sa plume raffinée, intelligente qui m’a beaucoup appris. J’ai beaucoup aimé cette histoire de ségrégationnistes et intégrationniste, j’ai d’ailleurs tendance à me rapprocher du second groupe, ce qui me permettrait d' accorder à Jeanne Eyre, à Winston Smith, à Esméralda la liberté qui leur permettrait de revisiter leur roman d’appartenance.



Les quatre fleuves


Fred Vargas-Baudoin
Ed Viviane Hamy



Fruit d’un travail conjoint entre Fred Vargas et Baudoin, "Les quatre fleuves" est un roman graphique dont je sors un peu mitigée.

 

On se retrouve face à une enquête qui peut sembler un peu succincte, avec quelques dialogues légèrement croustillants sans plus, une équipe de police fort réduite et rien des dialogues substantiels entre Danglard et Adamsberg.


L’histoire n’est tout de même pas dépourvue d’intérêt : Le livre s’ouvre sur Grégoire, un adolescent qui va et viens près de la fontaine St Michel à Paris. Il ramasse des capsules et des canettes de bière pour son père, un artiste qui érige avec ce matériau, dans son jardin, une reproduction de la fontaine des quatre fleuves dont l’original se trouve à Rome. Ce père est un personnage fort sympathique.


Grégoire gagne de l’argent grâce à sa complicité avec Vincent Ogier. Ensemble ils braquent un vieil homme et lui volent sa sacoche qui contient divers objets et « ingrédients » pouvant être utiles en cas de magie noire. Quelques temps après ce braquage, Grégoire trouve Vincent assassiné dans son appartement. Il récupère la sacoche et prévient la police qu’un corps a été découvert.


Adamsberg ne met pas longtemps à voir naître une de ses intuitions et décrète que l’assassin est un tueur que personne n’a encore réussi à interpeller. Intuition seulement, qui repose sur… pas grand-chose, on connaît l’oiseau ! Son objectif sera alors de mettre la main sur le tueur et protéger Grégoire, désormais en danger et que tout accuse du meurtre.


S’ensuit une enquête, poursuite, interrogatoires, interpellation de suspects, réveil de Danglard à une heure indécente, rien que du bien habituel chez nos héros si ce n’est une famille, celle de Grégoire, où les quatre garçons dont un seul est vraiment le fils de son artiste de père font corps, se montrent solidaires en toutes circonstances voire font obstruction au travail de la police. Adamsberg jouera un, peu le papa porte-conseil pour ce  Grégoire perdu, sans repère, sans expérience.


Rien de bien original, mais ce qui m’a le plus gênée bien que je reconnaisse le talent du dessinateur qui a travaillé au pinceau et à l’encre de chine, c’est justement le dessin : parfois fin certes, mais souvent grossier et confus de telle sorte que j’ai parfois eu des difficultés pour réaliser ce qui se passait et donc à comprendre certains passages. 


Si, comme le précise la quatrième de couverture, il a exploré formes, rythme et mouvement, quid de la physionomie des personnes ? le visage d’Adamsberg a bien peu d’expression et ne bouge pas d’un iota de la première à la dernière vignette, impossible d’y détecter la surprise, la colère, la joie ou tout autre sentiment. Heureusement, ses traits sont harmonieux et il n’est pas désagréable à regarder. On ne peut pas en dire autant de Danglard qui apparaît vraiment laid et repoussant. 

Certains des enfants de la fratrie se ressemblent à tel point qu’il m’est arrivé de les confondre, ce qui fut gênant pour la lecture.


L’intérêt du récit ne réside aucunement dans le dénouement des plus banals.


Je préfère sans aucun doute un "Fred Vargas" classique et je serai heureuse de retrouver l’équipe d’Adamsberg dans un prochain roman non graphique.



mardi 13 août 2019


Dix petits nègres


Agatha Christie

ed Livre de poche


Ce roman culte a fait pour moi l’objet d’une relecture, quelle idée alors que ma pal explose et aimerait être soulagée ? Alors ? Pourquoi cette relecture ?

 

D’abord parce qu’une amie m’a prêté l’essai de Pierre Bayard : « la vérité sur dix petits nègres » et que je ne voulais pas ouvrir ce livre sans avoir relu le roman d’Agatha Christie, ensuite parce que la première lecture date de quarante ans, une prof de français, que je remercie encore, nous en avait proposé l’étude, je lisais alors mon premier Agatha Christie, et si je ne souvenais plus du tout de cette lecture, je peux dire qu’il m’avait passionnée, et donc que je serai heureuse de le relire…  


Et oui, la magie a encore opéré, j’ai refermé ce policier gigantesque à deux heures du matin… j’ai eu autant de plaisir à le relire, d’abord pour l’intrigue si bien imaginée, ensuite parce que s’il ne me restait rien de ma lecture de collège, je n’avais tout de même pas oublié qui était le criminel, et cette deuxième lecture s’est réalisée d’une tout autre façon, avec certainement un autre regard sur les personnages.

 

Que dirais-je de l’ensemble du roman ? Que je n’ai eu aucune difficulté à me fondre dans ce groupe les personnes sur l’île du nègre, que comme eux, j’ai  senti les embruns, l’isolement, le mystère, l’effroi … aucun doute, Agatha Christie avait soigneusement planté le décor. Puis j’ai ressenti la peur qui montait de page en page, l’impuissance des individus se sentant voués à une mort inéluctable, les tensions alimentées par les meurtres savamment prémédités, et même connaissant l’identité du criminel, je n’ai pas résisté au suspens délicieusement angoissant de l’histoire.


Je m’apprête à lire le livre de Pierre Bayard avec angoisse : va-t-il réussir à casser mon château de cartes en m’incitant à envisager le roman sous un autre angle ? Je ne crois pas, car si, comme il l’affirme, il y a des incohérences, je dois dire que, même en m’appliquant pour essayer d’entrevoir des invraisemblances, je n’ai rien détecté. Et "dix petits nègres" restera "dix petits nègres" dans mon esprit !

 

cet essai de Pierre Bayard sera l’objet d’une prochaine chronique. Peut-être suis-je folle de vouloir lire cet écrit, mais je ne pourrai m’en empêcher.

 

Je continue à affirmer autour de moi que dix petits nègre est, et restera un incontournable que tout passionné de romans policier doit posséder dans sa bibliothèque.


dimanche 11 août 2019



L'abbaye de Clairvaux


Didier Convard - Eric Adam - Denis Béchu

Ed Glenat


Il est une période historique qui m’a toujours passionnée : le Moyen-âge et son cortège de croyances, l’humanité n’était alors pas si loin de ses premiers pas, la Chrétienté était née et la vie était rythmée par la religion. Qui dit Moyen-âge signifie : pas moyen de passer à côté du fait religieux.

 

La bande dessinée que je termine à l’instant retrace la vie d’un saint et même plus puisqu’il a été déclaré « docteur de l’église » par la papauté en 1830. Ce n’est pas à ce titre que mon intérêt s’est porté sur ce personnage, mais pour les traces laissées dans le temps son influence et  son investissement dans les affaires religieuses voire politiques de son temps.


Bernard de Clairvaux est fils du seigneur Tescelin le roux, et de Sainte Alèthe de Montbard , troisième d’une fratrie de sept enfants dont deux furent canonisés , il faut dire que l’on canonisait à tire-larigot à l’époque, et que les individus répondaient volontiers  aux appels à la sainteté.



Bernard entre en 1112 à l’abbaye de Cîteaux, et quelques années plus tard, il reçoit d'Etienne Harding, son abbé, mission de fonder l’abbaye de Clairvaux. Cette belle bande dessinée raconte sa vie à partir de la construction de Clairvaux érigée avec pour fondations la foi inébranlable d’un homme. L’ouvrage montre cet homme déterminé, ayant choisi de vivre dans la pauvreté et l’austérité, s’entourant de gens peu recommandables, qui se convertiront et attribueront leur conversion à quelque miracle du futur saint.


Et Clairvaux, avant même d’être achevée essaimera et donnera naissance à pas moins de soixante-six  filles qui accueilleront pas moins de huit cents moines  à travers l’Europe,  Clairvaux rayonnera ; deviendra un grand centre ou travailleront de nombreux copistes.


Mais Bernard de Clairvaux ne s’arrêtera pas là, secrétaire lors du concile de Troye, il n’est pas étranger à la création de l’ordre du temple, et prêchera la deuxième croisade. Il tentera d’adoucir le sort de juifs en Allemagne, rédigera divers traités, s'illustrera dans la lutte contre "l'hérésie cathare".

 

Je n’ai pu m’empêcher en lisant de penser que les écrits émanant du personnage où qui sont restés au sujet de cet homme furent rédigés à une époque où l’on ne pouvait qu’encenser un individu qui avait été proclamé saint par l’église… Qu’en fut-il réellement, la foi suffit-elle à ériger des bâtiments, influer sur les comportements, agir en prosélyte, lutter contre le catharisme, élargir son action dans tout le pays et plus loin encore ? Sacré bonhomme considéré comme un doux, un pacifique, prêt à se sacrifier pour son prochain, peut-être pas un enfant de cœur à ce point. J’ai parfois eu l’impression d’être au pays des bisounours dans  une époque où  la liberté de penser ne s’exprimait pas si facilement. 


J’ai tout de même revu quelques notions et appris beaucoup en lisant cette bande dessinée riche et agréable à lire bien que quelques vignettes représentaient des scène confuses  à étudier de près afin de mieux comprendre le déroulement de l’histoire.






samedi 10 août 2019


Mars !



Fabrice Erre, Fabcaro

Ed Fluide glacial


La France doit retrouver sa grandeur d’Antan et figurer en bonne place au niveau mondial. Elle est prête à utiliser tous les moyens dont elle dispose pour fabriquer une fusée qui emmènera de valeureux spationautes sur Mars. Les moyens français ? Il faut y croire : la fusée est donc montée avec un moteur de Twingo, les héros s’y installent, la France entière est devant son téléviseur, les généraux, les ingénieurs, les techniciens retiennent leur souffle et la fusée … ne décolle pas… Faut dire que le joint de culasse est mort, il va falloir réparer !!! 

heureusement, le mécano propose ses services pour aller en quincaillerie trouver la pièce, ouf ! On est presque tirés d’affaire. Les spationautes, eux, essaient de faire passer le temps en attendant d’arriver sur Mars, mais ces imprudents refusent de répondre au téléphone de peur de se retrouver en communication avec un démarcheur. 

Ben zut ! Comment les informer qu’ils n’ont pas décollé ? La France s’impatiente, le monde entier s’esclaffe, il faut trouver une solution…

 

Déjanté hein,  mon petit résumé ! Ben oui mais je ne peux pas faire autrement, et puis, foi de Ptitgateau, mon discours est très sensé à côté de la prose de Fabcaro! 


Une Bd Hilarante digne de la série « Y a-t-il un pilote dans l’avion » avec des gags toutes les trois vignettes, des personnages aux idées saugrenues à souhait, des personne qui surgissent de nulle part, une dérision certaine à l'égard des idées reçues, et cela ne fait pas de doute, une dénonciation du bidonnage,  pratique relativement courante  dans le monde du journalisme.

 

Je continue à collectionner les écrits de fabcaro, collection intéressante car elle peut être lue et relue et  me fera toujours exploser de rire.


jeudi 8 août 2019


Né d'aucune femme



Franck Bouysse
Ed manufacture de livres


Comment ne pas succomber au charme de l’écriture quand, dans un roman, elle est si finement ciselée, que les mots chantent à votre oreille et vous remplit la tête de douces sonorités aussi  apaisantes que possible. Admirable la syntaxe de Franck Bouysse  que je découvre, n’ayant jusqu’alors lu aucun de ses romans. Les mots m’ont semblé respirer conjointement pour créer des ambiances et faire ressentir au lecteur des émotions variées, jamais dans le registre de la gaieté et la joie, cela va de soi, mais dans celui de la colère, de la révolte, de la haine, de la tristesse, du désarroi. Tout cela est fort bien exprimé. L’auteur a su choisir également les mots pour que le lecteur appréhende la psychologie des personnages.

 

Une autre dimension géniale de ce roman réside dans l’action : une intrigue inexistante au tout début, suivie de la présentation de Gabriel, qui reçoit une information et une demande du fond de son confessionnal, qui va aller vers une intrigue contenue dans des cahiers écrits par Rose, personnage principal qui ne parviendra a exister qu’à travers ces cahiers. Il faudra attendre leur lecture par Gabriel pour que se construise progressivement le récit. Si l’on perçoit bien que des événements graves vont survenir, et même si l’on devine de quelle nature, on n’imagine aucunement la suite que je tairais bien entendu !

 

Chef d’œuvre que ce roman ! même s’il m’a laissée sur ma faim : un épilogue ou quelques chapitres supplémentaires auraient été bienvenus pour connaître le devenir de la quasi-totalité des personnages.

 

J’ai vécu ce récit exactement de la même façon que le roman de Karine Giebel lu cette année (Toutes blessent, la dernière tue), que et je ne crois pas que j’oublierai ces romans marquants.




 


dimanche 4 août 2019


Le monstre sur le lit

Caroline Roque, Grégoire Mabire

Ed Mijade


La famille souris quitte sa maison sous un lit de la maison pour aller faire ses courses. Mais cette entreprise n’est pas sans danger, car sur le lit, il y a un monstre ! En passant, les bestioles entendent les bruits que fait ce monstre : Friiiitch… Huuuu… Clac ! Clac ! Clac !!! 

L’on distribue les rôles : les enfants se servent en fromage, maman prend des fruits, papa, le sucre et les gâteau secs…Puis la famille revient au bercail chargée de victuailles… et le monstre n’a rien dit, rien entendu !

 

Mais Hector et Mia, les deux souriceaux en ont assez de vivre dans la peur de ce monstre ! Ils décident d’aller voir de quel genre de créature il s’agit… Ils escaladent le lit, avancent péniblement dans les draps, et découvrent … Je ne vous le dirai pas ! Juste quelques indices : on a tous son monstre terrifiant, le monstre de cette histoire lui-même est terrorisé par un autre monstre…

 

Un album sympa pour avoir encore un petit peu peur, sensations que l’on aime bien et que la lecture peut offrir. 4 à 7 ans.  


vendredi 2 août 2019


Deux garçons et un secret


Andrée Poulin, Marie Lafrance
Editions de la bagnole



« Emile et Mathis sont les meilleurs amis du monde. » Ainsi commence cette belle histoire d’amitié. Emile et Mathis partagent tout. Un jour, Emile fait une découverte dans le bac à sable : une bague, cela lui donne une idée : il demande à Mathis s’il veut se marier avec lui. Les deux enfants, aidés de Marianne, préparent une grande fête pour leur mariage. Ils demandent à Justin de les aider. Justin affirme qu’il faut être grand pour se marier, et puis, un mariage entre deux gars, ça n’existe pas… Marianne lui répond que Mathis et Emile s’aiment, donc ils ont le droit de se marier…

 Le papa de Mathis ne semble pas de cet avis. Alors Mathis est tout triste… la suite, ce sont les illustrations qui les livrent. Les enfants ne disent rien, c’est leur secret.


C’est simple quand on est enfant, ça se complique quand on devient adulte et que l’on se pose tant de questions…

 

L’auteure précise avant de conter, que les enfants ne viennent pas au monde avec des préjugés et que les adultes peuvent leur transmettre le respect de la différence. Un album qui devrait être lu en famille, un bel album sur l’amitié, l’amour,  la tolérance et les secrets que les personnes peuvent hélas être amenées à garder pour se protéger.

 

Un graphisme magnifique qui a dû demander des heures de travail, des couleurs pastel en contraste avec quelques teintes plus vives, des lignes d’une extrême finesse, des visages expressifs des arrondis apaisants. Bravo et merci à Marie Lafrance pour cette merveille.


jeudi 1 août 2019


La licorne

Martine Bourre

Ed école des loisirs


Il était une fois, un petit roi dans un petit royaume, ce petit roi habitait un petit château. Un jour, le petit roi partit chevaucher dans la grande forêt. Là il aperçut un animal extraordinaire. Il demanda au chevalier Petitpas d’aller dans la grande forêt   pour chercher cet animal, le ramener  et le montrer à la reine. Il ne pouvait pas se tromper, il s’agissait d’un animal blanc comme la neige, qui courait plus vite que le vent et portait une corne sur le front...

 

Un conte qui plaira si on aime les licornes et qui permettra de récolter quelque information sur cet animal mythique que l’on adore en général, car ce que l’on connaît de la licorne nous vient par le vent, de la bouche des conteurs, au gré des écrits souvent succincts. C’est en tout cas le titre qui m’a interpellée.

 

Un joli conte qui ne manque ni d’humour ni de poésie. A dédier à tous les lecteurs qui comme la licorne, sont épris de liberté.