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mercredi 29 décembre 2021

La mort est mon métier.











Robert Merle

Ed folio 1/06/1972

384 pages


Je ne pourrai retrouver une certaine paix intérieure que lorsque j’aurai couché sur le papier mes réflexions au sujet de ce livre effroyable, d’autant plus effroyable qu’il s’agit là d’une biographie romancée et qu’on n’est pas dans le thriller, mais bien dans la description d’actions réelles de la part de bourreaux qui surent mettre leur intelligence voire leur génie au service du mal et de l’horreur.

Un écrit démodé après sa parution, parce que la littérature concentrationnaire gênait des personnes qui avait vécu la seconde guerre mondiale, et qui a toutefois survécu sans manquer de lecteurs, affirmera Robert Merle parce que les personnes qui après les années 70 ont lu ce livre n’ont en général pas vécu cet enfer. Il reste donc un écrit majeur et indispensable au devoir de mémoire.

Cette biographie romancé nous livre le parcours de Rudolf Hoess, commandant du camp d’Auschwitz-Birkenau entre 1942 et 1945. Un personnage que l’on ne peut absoudre mais dont le cheminement est concevable quand on prend connaissance des éléments déterminants de son enfance. Une enfance juste qu’à l’adolescence aux côtés d’un père qui entretient dans le milieu familial, une austérité maladive, baignant ses enfants dans une pratique religieuse de fanatique, faisant subir à l’enfant Rudolf, harcèlement et mauvais traitement moral, lui demandant un comportement parfait afin qu’il expie les fautes d’un géniteur obnubilé par la crainte de voir sa progéniture faire ne serait-ce qu’un pas de travers, ce qui ne peut laisser un individu indemne.

Elevé dans un contexte d’obéissance absolue à un être supérieur, il s’engage naturellement dans l’armée et devient un bon petit soldat qui apprend à exécuter les ordres sans réfléchir, son chemin semble bien tracé. On remarquera dès lors, une absence quasi totale d’empathie chez ce personnage et on comprendra aisément les raisons pour lesquelles sa hiérarchie après la prise de pouvoir d’Hitler, lui refusera une affectation sur le front russe pour lui confier une « action spéciale », Himmler ayant constaté cette absence d’émotion et cette obéissance aveugle à l’autorité supérieure.

Et l’horreur est décrite, mais cette fois, contrairement à beaucoup d’écrits de cette littérature concentrationnaire, nous nous retrouvons dans les coulisses, du côté organisateurs de l’enfer : les déportés ? une gestion comme une autre, un cheptel que l’on envoie sans émotion vers l’abattoir, des hommes, des femme, des enfants éliminés sans aucun remort. Ce qui devait nécessiter une organisation sans faille.

Témoignage terrible que l’auteur a reconstitué en se servant de documents issus des écrits du psychologue qui interrogea Rudolf Lang (nom du personnage dans le livre) et des traces écrites laissées lors du procès de Nuremberg.

Un écrit édifiant, quoique difficile à lire et qui ne peut laisser indemne.

 

 

 

 

 

 Algues gourmandes












Régine Quéva, Catherine Le Joncour

Ed Flammarion 12/4/2017

160 pages



Il m’arrive très souvent de joindre l’utile à l’agréable en me procurant des livres de cuisine. Et je viens de m’offrir un beau cadeau ! Un magnifique ouvrage qui ne se contente pas de fournir de belles recettes faciles à réaliser, et dont les ingrédients, principalement algues bretonnes, sont faciles à trouver dans le commerce. Ce livre apporte également beaucoup sur la connaissance de cet étrange ingrédient.

L’auteure introduit cette cuisine en précisant qu’il ne s’agit nullement d’une mode, mais d’une pratique millénaire en Asie, que et que la consommation des algues contribue à une meilleure santé.

Riches en nutriments, elles nous apportent des sels minéraux, des oligoéléments, des vitamines et des antioxydants. Elles possèdent une teneur intéressantes en protéines, mais là, prudence : Il faudrait en manger beaucoup pour combler les besoins et un apport trop conséquent d’iode peut nuire à la santé.

Après une brève définition de l’algues, une dizaine de page est consacré aux différentes algues que nous pouvons consommer.

Puis viennent les recettes réparties en quatre chapitres très parlants : saupoudrer, ajouter, cuisiner et sublimer :

Saupoudrer sur les crudités, dans la soupe, sur l’omelette et même sur une mousse au chocolat, ce qui peut paraître surprenant, mais pourquoi pas ?...

 

Ajouter pour confectionner une moutarde aux algues, un beurre d’algues, un cake, une brandade, et ô surprise, un « mojitalg » ou mojito ou l’algue wakamé remplace la menthe.

Cuisiner des bouchées de la mer pour l’apéritif, ou un caviar de thon, une quiche...

Sublimer pour préparer des plats de fête avec des ingrédients un peu plus couteux, recettes alléchantes !

Pas moins de cinquante-six recettes dans ce livre agréable à feuilleter avec ses photos propres à taquiner les sucs digestifs et ouvrir l’appétit.

Un bijou réalisé par deux auteures : Régine Quéva, spécialiste des algues qui anime des conférences sur les algues et Catherine Le Joncour, restauratrice à Plestin-les-grèves.

Je ne tarderai pas à m’installer en cuisine pour essayer ces fabuleuses recettes.

dimanche 26 décembre 2021

 La grande traversée











R Goscinny, A Uderzo

Ed Hachette Astérix


Il fait bon relire des Astérix des anciens temps, riches en belles bagarres dont les poissons d’ordralphabétix font souvent l’objet, riches en jeux de mots et en situations cocasses.

Quelle différence, me demanderez-vous, avec les albums qui sortent depuis la disparition de Goscinny ? j’ai envie de répondre : nos bons vieux Astérix nous rappellent peut-être nos jeunes années, et proposent des histoires plus simples, moins alambiquées, des personnages peut-être plus expressifs, peut- être parce que notre quotidien semblait plus simple aussi, nous n’étions pas surinformés, entourés de médias comme aujourd’hui et notre accès à l’information était plus imités (là,  vous allez me dire OK Boomer ! je le sens).

Dans le présent ouvrage, nos deux héros se retrouvent par hasard, sur une terre, vraisemblablement une île, et ne cessent de se demander où ils sont, partant des connaissances acquises de leurs précédents voyages pour identifier un peuple dont ils ignorent le nom, les coutumes et la situation géographique. Le lecteur, lui, situe à peu près le lieu où ils ont échoué et connaît le peuple autochtone. On peut donc affirmer que la volonté de l’auteur était une sorte d’interactivité entre lecteur et héros : découverte d’une terre inconnue, interprétation des héros qui fait sourire, interprétation du lecteur qui possède les réponses aux questions de nos amis Gaulois. Belle réussite !

jeudi 23 décembre 2021

 Mistral perdu ou les événements











Isabelle Monnin

Ed Livre de poche


Nouveau coup de cœur 2021, un roman que j’ai d’autant plus vécu que l’autrice, dans cette autobiographie, commence par raconter les années 80, me donnant l’impression de mêler ma jeunesse à la sienne dans de magnifiques pages à l’écriture parfaite.

Elle raconte, sa relation fusionnelle avec sa sœur omniprésente, elle raconte la succession des gouvernements, les événements marquant entre ces années 80 et nos jours, événements donnant des indication de temps dans un récit ou les années ne sont pas précisées, jalons qui permettent de se repérer et grâce auxquels on retrouve ses jeunes années.

Elle raconte la relation avec sa sœur en usant de leitmotivs parlants et évocateurs de sa souffrance au début de chacun des chapitres : nous sommes deux, je suis seule, je suis deux... Elle s’exprime en hurlant sa souffrance, en racontant son travail de deuil, elle communique sa tristesse dans un texte qui invite au recueillement, à l’intériorisation, comme un trésor cachée au plus profond de soi.

Je ne connaissais pas cette écrivaine, et je suis heureuse d’avoir trouvé ce roman sur mon chemin. Une belle découverte.

lundi 20 décembre 2021

 

Ho'ponopono
















ME Hurtado Graciet - Dr Luc Bodin

Ed Jouvence


Donc résumons-nous : mon esprit, comme celui de mes pairs, est constitué d’un subconscient ou partie émotionnelle de notre être, là où nos mémoires sont stockées, d’un conscient, notre partie mentale celle qui nous permet de réfléchir et de faire des choix, notre super conscient qui correspondrait à notre âme reliée à une intelligence divine qui se situe en nous. Nous possédons en nous des mémoires erronées, ces certitudes et ces croyances qui nous amènent à produire une réalité qui nous est propre. Jusque-là, tout est admissible et je trouve magnifique que dans notre vie, nous puissions nous rendre capables de reconnaître qu’en chacun de nous, il y ait du divin, ce qui oblige à un grand respect des êtres humains. Il y a donc un travail certain à faire sur soi pour éviter de se laisser aller à une interprétation subjective des événements, des comportements, des faits, des obstacles qui peuvent se dresser sur nos chemins de vie et pour rayonner de façon à enjoliver notre vie, à enrober son être de positif et à le communiquer à autrui pour voir évoluer son propre comportement et celui de l’autre.

 

Je me permets toutefois de douter sérieusement lorsque je lis que tout ce qui nous entoure n’est que création de notre esprit. Je n’ai peut-être pas tout saisi, mais il me semble que la vie est plus complexe que cela, qu’il existe des paramètres qui ne dépendent pas de nous : je pense en écrivant cela, que l’individu qui jette son masque par terre, ou qui se gare en prenant deux places de parking, ou qui fait volontairement le pitre en provoquant une certaine hilarité en moi, ce n’est pas une création de mon esprit, je veux bien rayonner pour faire évoluer mon entourage, mais j’ai mes limites. J’irais même jusqu’à demander si les camps de concentration, les infos que je perçois au sujet de notre Terre malade sont une création de mon esprit.

 

Cette méthode de travail sur soi me paraît un peu simpliste et réductrice dans ce monde où nous vivons. Peut-être convenait-elle aux Hawaïens des temps anciens, mais je ne peux personnellement adhérer au fait que nous sommes entièrement responsables de notre réalité.

 

Je ne doute pas non plus que nous ayons le pouvoir de guérir des maladies par la force de notre esprit, mais je demeure sceptique sur les effets produits par cette méthode, à moins de travailler d’arrache-pied pour parvenir à maîtriser notre mental et à le rendre puissant au point d’éliminer toute maladie.

 

Ne renions pas toutefois, les bienfaits des méditations proposées dans ce livre, et accordons-leur les bienfaits reconnus à l’heure actuelle par les spécialistes de la question. Un livre qui vient donc s’ajouter aux nombreux écrits de travail sur soi qui nous sont aujourd’hui proposés.



lundi 13 décembre 2021

 Le père Noël qui n'aimait pas les cadeaux












S de la Croix - Anthony Signol - Pauline Roland


Après la petite souris qui n’aimait pas les dents, voici le père Noël qui n’aimait pas les cadeaux. Et cet album de la série « qui n’aimait pas »   prend actuellement la première place dans ma liste pour ce qui est de l'humour et je le recommande d’autant plus que je l’ai testé sur les enfants qui en redemandent. Pourquoi donc un tel succès ?

D’abord parce que le père Noël présenté sur la couverture est très attirant : il semble pourtant de bien mauvaise humeur, mais on devine que cette mauvaise humeur est la conséquence de ses multiples mésaventures. 

On rira d’abord des essais infructueux de notre père Noël pour envoyer les cadeaux sans avoir à passer par la cheminée d’où il sort une peu sale, et que certains cadeaux conséquents lui font râper les fesses contre les parois du conduit de cheminée et déchirent son pantalon ! (et là : hurlement de rire des enfants !).

Question emballage des cadeaux, c’est parfois délicat, quelques illustrations nous le feront comprendre.

Question distribution, ce que je ne savais pas et que je viens d’apprendre : le Père Noël est distrait, et les cadeaux parfois inappropriés (imaginez un bébé qui reçoit un blouson de loubard).

Et il y a le cheptel à gérer, les rennes ont parfois des difficultés pour se mouvoir on dirait ! Et ils ne comprennent pas tout ce qu’on leur demande ces bécassous de rennes ! (je cite).

Bon ! ben il trouvera bien une solution, ayons confiance.

Les illustrations valent vraiment le coup d'oeil, elles me rappellent les dessins animés de Tex Avery.

Très drôle cette série , peut-être devrais-je suggérer aux auteurs de nous concocter un autre album, par exemple, le babéliote qui n’aimait pas les livres, ça pourrait faire son effet !

Si vous cherchez une idée de cadeau, n'hésitez pas, bien que saisonnier, ce livre plaira !

dimanche 12 décembre 2021

 Jeux de ficelle













G MacLachlan

Ed Vagnon


Les enfants aiment toujours autant jouer avec des ficelles, ils peuvent même y passer beaucoup de temps. Ce livre pourrait leur fournir de belles idées !

D’abord la magie dont ils sont friands : avec quelque beaux nœuds qui se défont tout seuls, auxquels on ajoute clefs et anneaux à libérer sans lâcher le fil et autres tours pour lesquels ils devront tout de même s’entraîner pour parvenir à bluffer leur entourage.

Viennent ensuite les nœuds pour jouer, défis, lacets (fort utiles ! quoique personnellement, je n’ai rien compris à la procédure pour faire les lacets et je ne suis pas certaine que ces lacets tiennent).

L’ouvrage termine par quelques figures comme on en a toujours réalisées : tour Eiffel, paire de ciseaux et autres objets à représenter de façon amusante.

Malheureusement j’ajouterai un bémol : si certaines figures sont assez faciles à réaliser, l’ensemble manque de clarté. Pensant que ça venait de moi qui ne suis pas très douée pour les nœuds, j’ai confié l’ouvrage à des personnes plus aptes à suivre les différentes étapes de chaque réalisation, et cela m’a rassurée parce que ça ne relevait apparemment pas d’une incompétence de ma part.

Quelques activités seront toutefois à retenir, mais peut-être les nœuds demandent-ils des démonstrations autres que les dessins proposés dans les livres.


mercredi 8 décembre 2021

 Fracture

















F Thilliez

Ed Pocket, Passage, audiolib


Du mystère, du mystère, du mystère... et des questions ! Voilà ce qui m’est venu à l’esprit dès le début et pour un long, très long moment. 

Qui est cette Alice, quels sont les liens entre les personnages ? Si l’auteur amène parcimonieusement quelques données qui permettent de relier certains protagonistes les uns aux autre, il n’en demeure pas moins un épais brouillard qui entretient la curiositédu lecteur et qui le pousse à poursuivre pour parvenir à la fin. 


Ce roman aurait pu aisément s’intituler « Puzzle », car du début à la fin, on ajoute des pièces les unes aux autres pour cheminer lentement vers un dénouement aux réponses multiples, parfois sans surprise, parfois bien surprenantes.

 

On y apprendra beaucoup sur certaines maladies psychiatriques, le locked-in syndrome, les personnalités multiples et son cortège de bizarreries. Je sors vraiment admirative ce roman de Franck Thilliez dont je ne doute pas du génie, car il en faut du génie pour construire et structurer un tel roman.

 On pourrait élaborer une carte mentale du récit : au milieu, une femme quasi inconnue, soignée par un psychiatre Luc Graham. Un individu rencontré par hasard, Fred qui porte secours aux migrants, un assistante sociale, Julie, quatre personnages qui prendront des directions différentes pour converger sans le savoir, et, gravitant autour de ces personnes en recherche, quelques victimes, un psychopathe et des flash-back intéressants qui aideront à y voir plus clair.

Un très bon roman, et sans aucun doute un coup de cœur pour cette année qui se termine.

 

 

jeudi 2 décembre 2021

 La maîtresse qui n'aimait pas les élèves












S de la Croix, A Signol, P Roland

Ed Splash !


Armance est une maîtresse incroyable : elle n’aime pas les élèves qui font crisser les craies sur le tableau (ça, ça n’existe plus de nos jours, ou très peu !), qui refont la peinture de la classe à chaque séance d’art plastique, qui font exploser les mélanges des expériences, qui se rendent malades pendant  la visite de la chocolaterie et restituent le trop-plein d’estomac dans le car, bref, Armance en a marre, alors elle va essayer de faire disparaître les élèves, mais c’est qu’ils sont résistants les bougres !

Heureusement, notre enseignante a plus d’un tour dans son sac ! mais elle s’apercevra rapidement, et c’est l’instant  tendre du livre, que finalement, c’est bien triste une classe sans élèves...

Un tantinet caricatural (surtout quand le lecteur est une maîtresse), mais rions, rions, et faisons rire les enfants qui aiment les histoires basées sur des événements et avec des personnage qui font partie de leur vie quasi-quotidienne. Faisons rire les enfants avec des situations cocasses et des illustrations comiques à souhait. A lire aux débutants, abordable pour les 7-8 ans.

mercredi 1 décembre 2021

 Au début, il y a une graine




Laura Knowles, Janie Weber



Un peu de douceur, de poésie et de simplicité dans ce monde alambiqué.

Ce bel album dont la couverture au titre doré et au graphisme agréable aux yeux conte la belle histoire d’une petite graine.

Et l’on comprendra rapidement que l’ouvrage entier est un beau poème, L’histoire d’une petite graine dans le vent, une graine qui atterrit sur le sol, qui s’y enfonce, bien au chaud, qui développera des racines, qui devint un perchoir à libellules, qui veut désormais toucher le ciel, qui d’arbuste devient arbre, celui-là même qui abritera un grand nombre de créatures, qui deviendra un monde à part entière.

Un livre qui apprendra que la nature est là, qui protège la vie, notre vie.

Un livre dont l’auteur réserve une petite surprise à la fin.

Un livre qui, une fois lu, donne vraiment envie de chérir la nature, de l’aimer, de l’admirer, de la respecter. Un livre modeste qui apporte beaucoup à qui voudra le découvrir.