Le supplice de la banane
Madlena Szeliga, Emilia Dziubak, Cécile bocianowski (traduction)
Ed Albin Michel, 14/10/2020, 96 page
Mise en garde : Si vous êtes
végétarien ou végan, vous risquez de devenir zérotariens à la lecture de ce
livre, et ça risque de vous amener quelques légers problèmes de santé...
Il y est question de ce que l’on
fait subir aux légumes et aux fruits lorsque l’on découpe, tranche, mouline,
écrase, émince, ébouillante, cisaille, épluche... c’est vrai quand on y pense,
on a là tout le champ lexical du tortionnaire !
Ainsi donc, l’auteur témoigne de la
souffrance des végétaux : la carotte que l’on épluche lentement, que l’on
écorche et dépèce, devrait-on dire, l’artichaut que l’on déshabille sans se
poser d’ailleurs de question quant à sa pudeur, et tout cela pour lui arracher le cœur !
Le chou que l’on décapite, que l’on désolidarise de sa racine, que l’on met
dans un sac pour que sa tête roule et s’entrechoque avec les autres têtes de
chou qui ne demandaient qu’à grandir, douillettement accrochées à leur racine, avez-vous
seulement déjà prêté l’oreille aux cris affreux du chou que l’on commence à
trancher ? et la framboise ?... Remarquez que la framboise n’a pas
vraiment le temps de souffrir, elle est projetée sur des lames qui tournent à
grande vitesse, et s’en est fini, ce n’est pas la déconfiture, mais la compote !
En parlant de compote, on devrait avoir beaucoup de respect pour la pomme que l’on
mange vivante et que l’on cisaille et broie sous les terribles instruments que
sont nos dents.
Bon j’arrête là la description des
horreurs, mais je pose une question : peut-on continuer à s’horrifier lorsqu’on
lit un bon thriller de type Granger et ne pas avoir une pensée pour ces pauvres
fruits et légumes que l’on assassine et à qui on fait subir de tels supplices,
encouragés par les médias qui nous recommandent d’en torturer au moins cinq par
jour ?
Ce livre va apporter un changement
radical dans ma vie ! fini de tourmenter les beautés de la création, je me
tourne vers le régime minéral : briques à la sauce cailloux, fricassée de
gravier et autres purées de vase (si si ! celle de la baie du Mont St
Michel est très prisée !) Crumbles d’ardoises du lac de Guerlédan au sable
et son coulis calcaire de Champagne... vous voyez, avec un peu d’imagination,
on peut créer de belles recettes qui épargneront le massacre !
C’était ma minute délire, je me suis bien amusée grâce à ce livre original qui fera la joie des 7 à 99 ans.