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samedi 30 novembre 2019

Pourquoi pas Evans ?


Agatha Christie
Ed poche, club des masques


Pourquoi pas Evans ? Telle est la question, question qui restera en suspens tout au long de ce roman d’Agatha Christie, question qui m’a préoccupée un bon moment et ce pour une question de traduction, jusqu’à ce que je voie le titre anglais : « Why Did’nt they ask Evans ? » plus parlant. 

Cette question est la dernière parole de la victime, parole qui ne permet aucunement de faire le lien ni avec un éventuel meurtre, ni avec les personnages et ce pendant tout le roman, question qui reviendra la tête du lecteur jusqu'au dénouement. 

Le mystère reste donc entier pendant un long moment et l’on se demandera bien comment une enquête pourra-t-elle se greffer sur cette mort que le tribunal d’enquête explique par un suicide, le suicide d’un certain Mr Prichard. 


Le crime parfait aurait pu être ici commis, si deux personnages ne s’y étaient pas intéres : Bobby Jones, le fils du pasteur de Marchbold, petite station balnéaire du pays de Galles, témoin de l’accident survenu par un matin brumeux (toute une ambiance !), alors qu’il s’essayait au golf et qui entendit un cri sur la falaise, et Lady Frances Derwent jeune femme entreprenante et perspicace qui sera à l'origine de l'enquête grâce à certaines déductions judicieuses 


Merveilleuse Agatha Christie qui sait nous régaler d’enquêtes complexes aux rebondissements multiples incitant le lecteur averti à la méfiance quant aux personnages : deux règles d’or pour jouer le lecteur détective : les bonnes personnes ne sont pas forcément celle auxquelles on s’attache, le criminel est toujours celui auquel on s’attend le moins. Or dans ce roman, il y a beaucoup de bonnes personnes et beaucoup de personnages susceptibles de brouiller les pistes.


L’écriture m’a fait parfois sourire : un style naïf, des personnages qui opèrent avec les moyens du bord, faisant ressembler leur enquête à un de ces jeux auquel les enfants aiment se livrer,  une histoire qui n'est pas sans rappeler vaguement les investigations du club des cinq, en  plus étudié tout de même. 


Des personnages qui témoignent en utilisant le passé simple, sans doute en usage dans les dialogues en 1937 lorsque le roman fut rédigé, à moins que ce soit encore une question de traduction, mais qui fournit un certain charme aux conversations.


Un bon petit roman bien prenant et agréable à lire que je suis heureuse d’avoir découvert.

mercredi 13 novembre 2019


L'enfant allemand










Camilla Lackberg
Ed Actes Sud, livre de poche

 Une médaille ornée d’une croix gammée, une chemise de bébé ensanglantée, une série de carnets constituant le journal intime d’une mère qui, pour Erica, est restée une inconnue jusque dans la tombe. 

Ce sont les éléments sur lesquels repose ce roman de Camilla Lackberg, roman Passionnant parce que l’on y retrouve des personnages maintenant familiers :  Erica Falck, Patrick Hedström, ses collègues et leur petite vie avec ses moments difficiles et tensions d’ordre professionnel ou conjugal, instants parfois cocasses si on pense à ce chien que Melberg se voit invité à recueillir et qu’il nommera Ernst, policier de son état et persona non grata qui apparemment n’est  plus là ( j’ai zappé quelques volumes) et que personne ne regrette. Et l’on assistera aux déambulations du policier et de ce compagnon et à l’évolution de sa vie privée. On y retrouvera un Patrick “nounou” qui est sensé être en congé de  paternité et qui ne peut s’empêcher de retrouver le contact avec ses collègues, voire avec le travail d’enquête qui s’opère à Fjällbacka.


L’intrigue est des plus prenantes : que de mystères, que de complots qui semblent être le fait de personnages qui ont grandi ensemble et dont les actions présentes prennent leur source dans le passé, dans un contexte de seconde guerre mondiale, personnages aux comportements qui amène le lecteur à se poser des questions tout au long du roman. C’est ce qui fait d’ailleurs le charme des romans de cette auteure.


Cela faisait bien longtemps que j’avais savouré un de ses titres et je suis heureuse de m’y plonger à nouveau. Comme à mon habitude, je n’ai pas été dans l’ordre et j’ai sauté quelques volumes, mais cela ne m’a pas empêché de me délecter de cette lecture après avoir redécouvert les liens entre les personnages et leur situation professionnelle ou familiale.


Le démarrage peut paraître difficile dans les romans de Camilla Lackberg, parce qu’il faut établir des connections entre les personnages du passé et leur situation dans le présent, mais une fois ces connections établies, le récit se boit comme du petit lait, et suspense oblige, en quête de vérité,  on finit par ne plus lâcher le livre. Encore un polar terminé à une heure du mat !


dimanche 10 novembre 2019



ZÉROPÉDIA

Tout sur tout et réciproquement.


FabCaro et Julien /cdm
Ed Dargaud


Cette chronique s’adresse à tout lecteur un tantinet flemmard en cette veille de 11 novembre, ou encore tout lecteur fatigué le soir et qui craint de s’endormir sur son pavé, sur son essai, ou tout lecteur tristounet qui aurait du vague à l’âme et qui aurait besoin de sourire, voire de rire, voire de" fou-rire et qui voudrait tout de même continuer à se cultiver. 


Ce livre façon bande dessinée était proposé en coup de cœur dans ma librairie préférée dans le cadre de « la fête de la science » . 


Mes yeux se sont arrêté sur le nom d’un des auteurs : Fab Caro !!! Hop ! Dans mon sac ! Et je ne le regrette pas ! 


L’ouvrage est organisé en très courts chapitres qui répondent à des questions dans le domaine scientifique. Un chapitre est égal à une planche de six vignettes. Dans chacune des vignettes, un cartouche qui contient le texte expliquant succinctement le phénomène étudié, sérieusement avec application, pour laisser la place au reste de la vignette ou évoluent des acteurs divers et variés dont les propos peuvent se montrer hilarant style Fab Caro. 


Un exemple ?  Les pluies d’animaux existe-t-elles ? On apprend que ce phénomène météorologique existe bien quoiqu’il soit rarissime, pluies de grenouilles, de petits poissons ou autre petites créatures, et les explications scientifiques ou les hypothèses quand le phénomène n’est pas complètement expliqué. Dans cette planche, parmi les explications, il y aura le transport des œufs dans le ciel à cause de l’évaporation. Le reste de la vignette montre un bulletin météo qui annonce qu’il pleuvra des animaux à Brest,  et les pluies illustrées montrent des pluies d’autruches et d’hippopotames qui se mettent sur la trajectoire d’un avion de ligne, et je décris là une seule des nombreuse situations cocasses qui reviennent tout au long du livre, et je ne parle pas des fantaisistes et délicieux dialogues. 


Du grand Fabcaro, valeur sûre ! Et quand il annonce que son travail présente tout sur tout et réciproquement, il tient ses promesses : depuis l’infrarouge et la poussée d’Archimède, en passant par l’effet Larsen et l’électricité statique, sans oublier le fugu,  les pierres mouvantes, la migration des crabes rouges… Il expose une bonne cinquantaine de sujets tous plus intéressants les uns que les autres. 


La science présentée de cette façon, j’adore et j’en redemande !


dimanche 3 novembre 2019

Pandémie


Robin Cook

Ed Albin Michel


        Quelle ne fut pas ma joie quand je reçus ce magnifique pavé, de quoi me sustenter durant quelques jours, avec un titre qui n’est pas sans rappeler le roman de Franck Thilliez que j’ai tant apprécié. 


 J’imaginais déjà des tas de morts partout avec de mystérieux inconnus qui délivraient je ne sais quel message menaçant, des courses contre la montre, des alternances de chapitres pour booster un peu le suspens… Le roman de Robin Cook commence par un topo sur CRIPR/Cas9, une molécule capable de modifier les gènes des êtres vivants, pour se retrouver dans l’ambiance de la médecine légale, sujet passionnant. Ce roman était donc prometteur, et prometteur, il l’est resté longtemps, au moins durant deux tiers du livre auquel je désirais donner toutes ses chances… Mais passés deux tiers de lecture, il n’était plus prometteur hélas. Dommage ! 


En fait le lecteur qui s’y plonge suivra les tribulations d’un médecin légiste écartelé entre sa famille qui vit des moments un peu difficiles, et de mystérieuse découvertes à l'occasion d'une autopsie,  qui pour lui, constituent une distraction pour sortir de cette l’ambiance familiale peu engageante. C’est faible comme accroche ! 


Et le mystère, il va tenter, seul au monde, de le résoudra face à une sorte de mafia médicale et financière. Une histoire qui tourne très vite au psychologique sans lequel le roman n’aurait d’intérêt que les autopsies et les apports documentaire autour du travail des légistes. 


Certaines situations revêtent un aspect bien caricatural, et notre docteur Jack Stapleton, toujours égal à lui-même, continue à manier son humour répétitif à deux balles au milieu de la pagaille, devenant bien peu crédible quand ça se gâte. 


Les personnages qu’il côtoie semblent parachutés pour les besoins du roman. Ceci étant, je n’ai pas été jusqu’à ressentir l’envie de refermer ce roman qui se lit bien. 

C’est mon premier Robin Cook, et je pense que j’en lirai au moins un autre pour me faire une idée de cet écrivain.