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dimanche 30 novembre 2014

ATTENTION MEDUSE !


Editions GRRR...ART
Pascale Pavy
Illustrations / Alexis Ferrier

Cet album jeunesse s’ouvre sur les belles couleurs des poissons, héros de l’histoire.
Pour communiquer entre eux, les poissons font des bulles : des bulles poétiques, des bulles comiques, des bulles musicales… pas étonnant, nous sommes à l’école aquatique !  Les élèves s’y cultivent et travail pendant que Méduse… pauvre méduse : elle se montre très désorganisée, s’emmêle les tentacules, et devient insupportable pour  ses camarades. Même Galinette, la patiente et douce Galinette,  ne la supporte plus ! le maître essaie de trouver des solutions pour l’aider, en vain,  et Méduse s’enfuit; Inquiétude pour tout le monde, Méduse est incapable de se débrouiller seule !!!! 
Vous l’aurez compris, Méduse, dans ce joli conte, c’est l’enfant qui ne parvient pas à concentrer son attention, qui se sous-estime, qui fait ce qu’il sait faire de mieux : perturber, qui existe comme il peut et comme tout un chacun, a besoin de reconnaissance… 

Un livre pour les enseignants, les parents, mais aussi pour les enfants qui ne seront pas insensibles à l’histoire de Méduse, un livre qui aborde le problème de la différence, des difficultés d’attention chez les enfants. Un ouvrage très agréable à regarder. 

dimanche 23 novembre 2014

LES AVENTURES FANTASTIQUES D'HERCULE BARFUSS


Carl- Johan Valgreen
Ed JC lattès ou livre de poche.


Un curieux  et fascinant roman qui ne peut laisser indifférent ! Tout lecteur y trouvera une accroche selon son tempérament : Les aventures  fantastiques d’Hercule Barfuss, c’est d’abord la triste histoire d’un être difforme, enfant d’une prostituée, coupé du monde pas sa surdité, sans mains,  risquant à tout moment d’être exposé comme monstre, ou exclu comme s’il était le diable, traqué par l’église.
C’est ensuite l’histoire (fantastique), d’un être qui possédant un don de s’immiscer dans les pensées les plus profondes de chacun, va utiliser ce don avec une intelligence inouïe !
Et surtout, c’est ce que j’en retiens, c’est une magnifique histoire d’amour, un amour pur difficile à vivre pour Henriette et Hercule, qui ont grandi ensemble, qui sont séparés, et dont les retrouvailles paraissent impossibles. 
Carl-Johan Valgreen  livre à travers ce roman, une  critique de la société de l’époque (nous sommes dans la période se situant entre 1813 et 1913), de l’Eglise, du comportement humain.
Très bon roman auquel j’ajouterais quelques bémols : parfois un peu de confusion, les personnages entrant en scène dans le roman sont amenés  par des descriptions  très progressives, et cela peut prendre un certain temps au lecteur,  pour dégager le rapport avec l’histoire, d’autres personnage sont nommés  soudainement et,  personnellement,  j’ai été amené à consulter des pages antérieures pour savoir qui étaient un ou deux personnages pour constater qu’ils n’avaient pas été introduits et J’ai été  amenée à  déduire  l’identité de ces personnages au fil de la lecture, pas très confortable.
Si la lecture de la première partie est rapide et accroche le lecteur, j’ai trouvé que la deuxième partie s’éternise parfois voire se montre répétitive même si elle demeure toujours très intéressante.

Malgré cela, c’est une lecture que je conseille  à tous car chacun peut trouver son bonheur dans cette histoire aux facettes multiples.

mardi 11 novembre 2014

Claudine de Lyon


Editions Flammarion Jeunesse

L’histoire se passe à la fin du XIXe, debut XXème alors que l’école devient obligatoire. Claudine, fille de canut, travaille toute la journée sur le métier et produit des pièces de soie sous la férule de son père qui n’a aucune intention de la libérer pour lui permettre d’aller à l’école.
Claudine de Lyon est un roman intéressant  que je conseille aux enfants de 9 à 12 ans, et que j’ai souvent donné à étudier aux élèves de CM2. A travers cette lecture, nos jeunes amis prendront conscience de la chance qu’ils ont d’avoir accès à la culture grâce à l’école. C’est le message délivré par l’auteure. L’histoire se lit facilement malgré le vocabulaire parfois surprenant lorsqu’on n’est pas de la région lyonnaise, mais qui est expliqué dès qu’un mot se présente dans le texte. Ce vocabulaire de montrer combien ce roman est bien documenté, et permet de comprendre l’environnement des canuts. Petite note pour les enseignants : ce livre est une mine en ce qui concerne les pistes de travail : l’histoire des canuts, la ville de Lyon, la fabrication de la soie, l’école obligatoire, la loi…

Parents, si vous aimez lire avec votre enfant et échanger au sujet d’un roman jeunesse, je vous conseille vivement cette pépite ! 

samedi 8 novembre 2014

L'analyste



Que voilà un magnifique thriller à ranger dans le catégorie des psychologiques, surprenant, glaçant, terrifiant par son intrigue ! Le docteur Stark, psychologue , reçoit une lettre dans laquelle l’auteur lui demande purement et simplement de se suicider. Là le lecteur sourit : qui peut vous obliger à vous suicider, oui mais… vous envisagez les choses d’une autre façon lorsqu’autour de vous, tout s’écroule comme un château de cartes…thriller psychologique d’un point de vue du héros, mais aussi du point de vue du lecteur lui-même aussi impuissant que la victime de cette sombre machination  et qui passe sa lecture à se demander comment il va pouvoir se sortir de cette situation.  Suspens garanti jusqu’à la dernière page ! 

samedi 1 novembre 2014

La tyrannie des parents d'élèves




Notre société de consommation produit des mécontents, des exigeants et ce dans bien des domaines, et le secteur de l’éducation n’est pas épargné, c’est ce qu’essaie de montrer Anne Topaloff  dans son ouvrage : les mécontents et exigeants se couvrant dans le cas présent de la casquette de parents d’élèves. Elle ne se contente pas de citer des faits mais tente d’expliquer pourquoi dans nos établissements, des parents se montrent tyranniques. De nos jours affirme-t-elle, on ne défend plus un idéal politique, « on s’est battu pour plus de justice sociale, mais on n’a pas révolutionné le système économique » alors aujourd’hui, on croit qu’on peut faire changer les choses  dans le domaine de l’éducation, on projette sur ses enfants, pensant qu’on peut changer leur vie. Concrètement, cela  crée un profond malaise dans le corps enseignant, générant le ras le bol que peut ressentir un professeur aux deux tiers de sa carrière.
Le parent tyrannique, précise  l’auteure, est partout, depuis l’école  de banlieue, jusque dans les quartiers  favorisés,  en passant par les écoles de campagne, sans oublier les zones sensibles. Il peut exercer cette tyrannie de bien des façons, depuis la parole déformée par l’enfant, le régime alimentaire et les repas de cantine, la mauvaise note, et, peut-on y  croire , la pédagogie dans sa propre classe ou dans le cours dispensé par le professeur.  Cet exposé d’Anne Topaloff, bien documenté reflète en partie la triste réalité : un certain pourcentage de ces parents d’élèves mettent en péril l’institution scolaire : en défendant leur enfant (sa parole contre celle de l’enseignant), en critiquant tel ou tel professeur devant le rejeton, en sapant  son autorité, en se permettant d’intervenir sur les programmes, c’est ainsi que j’ai moi-même pu voir des parents faire changer la méthode de lecture de l’enseignante, exiger que l’on rende un objet confisqué parce que le chérubin avait assuré qu’il ne jouait pas avec en classe et insinuer  que c’était l’enseignante qui ne disait pas la vérité,  élaguer la liste de fourniture, jugeant tel ou tel matériel inutile, contourner le règlement en le faisant contourner par la même occasion aux enfants,  décider de huit jours de vacances supplémentaires, ne pas assurer la mémorisation des leçons et se plaindre que l’enfant ne réussisse pas en mettant en cause la compétence de l’enseignant,  déposer des mains courantes pour  une raison ou une autre, intervenir auprès  d’enfants  sur la cour pour régler les problème eux même, faire jouer leurs relations pour faire fléchir une directrice, voire taxer de fainéants les professeurs toujours en vacances. Qu’ils viennent y voir, et qu’ils restent ne serait-ce qu’une journée en classe avec 20 à 30 enfants. Ils comprendront peut-être pourquoi les temps de pause sont nécessaires et pourquoi la dépression se situe au deuxième rang des maladies professionnelles chez les enseignants. J’ajoute ces réflexions personnelles afin de démontrer que cet ouvrage n’invente pas  les difficultés rencontrées au quotidien dans le corps enseignant.  Anne Topaloff cite à plusieurs reprises Christophe Lermuzeaux, directeur de l’hôpital psychiatrique de la Verrière, qui depuis trente ans travaille sur l’observation des pathologies mentales spécifiques aux enseignants, et qui constate une « nette dégradation des relations entre parents et professeurs », facteur de stress supplémentaire pour les jeunes enseignants peu sûr d’eux. 
Cet exposé tente de donner une idée  aussi  complète que possible des coulisses de l’école, toutefois un deuxième tome ne serait pas superflu pour expliquer une autre forme de stress des enseignants : manque de structure d’accueil des enfants en grosse difficultés, accueil d’enfants en situation de handicap dans des classes dont  l’effectif ne permet pas une prise en charge ad hoc,  refus des parents de faire confiance quand il s’agit de proposer des solutions pour aider l’enfant, parfois handicapé et pour lequel  la formation du professeur est plus que légère, aides en personnel dispensées au lance pierre… 
Cet ouvrage montre bien à quel point l’école est en danger, et combien l’égalité des chances relève aujourd’hui  de l’utopie parce qu’un pourcentage non négligeable de parents refusent d’accorder leur confiance à l’enseignant.