Vent d'est, vent d'ouest
Pearl Buck
Ed livre de poche
Il faut croire que, comme l’affirmèrent
certains écrivains, le vent ne souffle pas où il veut ! C’est bien ce que
l’on est amené à penser en lisant ce roman qui pourrait se résumer à un choc
des cultures doublé d’un conflit des générations, enjolivé par une écriture
poétique empreinte de la culture de l’empire du milieu.
On y apprend beaucoup sur la Chine
du début du XXème siècle, et où pendant de longues années et aujourd’hui encore,
on éprouvait un profond respect pour tout garçon qui naissait, et dans les
familles aisées, une jeune femme, promise à un homme dès sa naissance, avait le « devoir »
de donner naissance à un garçon, et tandis qu’il grandissait, choyé, adulé parce qu'il perpétuait la lignée, on
se chargeait de contenir les fille dans un moule dont elles ne pouvaient que difficilement
sortir.
C’est le cas de Kwei-Lan, qui dès le
début, juste avant de se marier, reçoit les dernières recommandation de Madame
Mère qui a œuvré pour qu’elle reçoive la meilleur éducation, qu’elle excelle pour
servir le thé, s’habiller, se maquiller, se mouvoir, tout cela dans le but de
plaire à son époux.
Mais la vie, même dans ce cercle
fermé de la famille chinoise, peut réserver des surprises : et Kwei-Lan se
retrouve marié à un Chinois qui s’est occidentalisé, qui rejette coutumes et
croyance et qui la considère comme son égale. D’abord consternée, notre jeune
héroïne va observer, écouter, cheminer, murir...
On assistera ensuite à la déchéance
d’une famille que l’on croyait érigée sur des fondations ancestrales, mais le
déclin s’amorce et vient menacer le fragile équilibre de la « dynastie »
par l’intermédiaire du fils, frère de Kwei-lan, qui revient des Etats-Unis avec
une femme qu’il a choisie alors qu’il était fiancé à une Chinoise.
Révolte ! La mère réagit fortement, la mélancolie entre
dans la maison et Kwi-lan ne sait pas, ne sait plus que pense, partagée qu’elle
est entre mère, mari et frère et cette « étrangère » avec qui elle
devra communiquer.
Un roman qui montre comment l'occident a pu s'immiscer en Orient par le biais des échanges : occidentaux venus s'installer ou Chinois parti suivre des études aux Etats-Unis et revenus occidentalisés. Souvent des jeunes remettant en question l'éducation qu'ils ont reçue.
Naïveté de la jeune femme qui peut
faire sourire quand elle découvre les habitudes occidentale que dans son
cloître, elle ignorait, critères de beauté qui varient d’une culture à l’autre,
agacement lié à l’entêtement et à l’esprit fermé de la première épouse, la mère,
attendrissement à la lecture des phrases pleines de poésie qui sortent de la
bouche de Kwei-Lan, révolte quand on constate la condition de la femme,
soulagement de voir certains protagonistes cheminer et s’ouvrir, voilà ce que j’ai
pu ressentir à la lecture de ce merveilleux et prenant roman.
Je ne connaissais Pearl Buck que de
nom, son parcours me semble des plus intéressants et sa littérature délicieuse
et édifiante.