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mercredi 6 décembre 2023

 

Bonjour Tristesse











Françoise Sagan

Ed Pocket, 06/05/2009, 160 pages


Ce roman, je l’avais lu une première fois alors que j’étais au collège. Et j’ai choisi de le relire et de le redécouvrir car il ne m’en restait aucun souvenir. Dès le début, je me suis demandé le pourquoi de ce titre, « Bonjour tristesse », un titre qui m'a paru bien paradoxal au début, quand on prend connaissance de l’histoire de Cécile, jeune femme de 17 ans, qui découvre l’amour, cet amour qui constitue la trame de ce récit, amour, l’amour qui devient un jeu, un jeu dangereux… Une histoire simple et complexe à la fois, une histoire dans laquelle s’entremêlent des vies, des personnages intéressants, certains bien campés et présents, à la personnalité affirmée comme Anne, future belle mère de notre jeune étudiante ou Cécile, notre héroïne, d’autres qui se laissent porter, qui glissent sur le fil d’une vie facile comme Cyril, amant de Cécile ou comme son père.

Vacances heureuses, été chaud comme l’aiment les adolescents, ouverture à la vie, drame, tout y est, on ne s’y ennuie pas ! J’essaie de me rappeler comment j’ai accueilli un tel roman lorsque j’étais collégienne, possible que je me sois identifiée à l’héroïne, aujourd’hui je le vois certainement d’une autre manière, et je ne peux m’empêcher d’avoir envie de le transposer à l’époque actuelle. Il fit scandale dans les années 50, il n’y a plus aucune raison aujourd’hui de s’offusquer des mœurs des personnages, les temps ont changé et si j’ai commencé à le lire avec mes yeux des années 2000, je l’ai vite replacé dans son époque.

Ce roman, il possède un quelque chose que je ne saurais expliquer, il génère une étincelle qui met le feu à mon âme de lecteur, j’ai vraiment ressenti une sorte d’attirance pour chacun des personnages, je suis enchantée de l’avoir redécouvert. Il n’a peut-être pas bien vieilli, question d’époque, mais le génie d’une Françoise Sagan toute jeune lorsque son roman fut publié demeure.

Un bon classique à connaître !

samedi 2 décembre 2023

 Dernier gueuleton avant la fin du monde














Jonas Jonasson

Ed Presse de la Cité, 5/11/2023, 510 pages


De l’humour, rien que de l’humour, toujours de l’humour, c’est le mot qui me vient à l’esprit lorsque je parle de ce roman. Jonas Jonasson, cette fois, exploite la bêtise de Johan, un individu apparemment "pas allumé à tous les étages" bien que fort sympathique et capable de génie dans sa pratique culinaire. Et il nous en sert, des plats en toutes circonstances. Il faut dire que notre héros voyage en camping-car en compagnie de Pétra douée en physique et qui prévoit la fin du monde pour dix jours après leur rencontre. 

Dix jours, c’est bien peu pour soigner ses blessures d’enfance, car, tel est le désir de la jeune femme pour elle-même et pour Johan, aussi, le camping-car ne tardera pas à accueillir d’autres compagnons…

Un périple dont les chemins sont jalonnés de bons mots, de situations comiques et d’humour parfois noir. On sourit en se faisant le témoin de Johan, individu doux comme un agneau et si naïf, on poursuit la lecture pour savoir comment arrivera cette fin du monde promise d’après les calculs de Pétra, on côtoiera de grands hommes, on se délectera des plats mitonnés par Johan et servis en pleine pagaille, ce qui ne manque ni de charme, ni d’humour.

Cette aventure m’aurait fait vraiment rire si je n’avais pas lu le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire et les autres romans de l’auteur, mais la trame étant assez similaire au premier roman, la routine s’est installée, certains passages sont longs et fournissent une impression de déjà lu.

J’ai toutefois passé un bon moment de lecture détente, fort bienvenue après une journée de labeur.  Je ne le regrette pas.

jeudi 16 novembre 2023

 

Au Bonheur des Dames












Emile Zola

Ed Livre de poche, 1/07/1997, 542 pages


Roman écrit à partir de l’actualité de l’époque, roman historique pour les lecteurs d’aujourd’hui, ce récit mérite vraiment que l’on s’y intéresse. L’action se déroule durant la troisième république sous la présidence de Jules Grévy, il est publié en 1883, ce qui en fait un récit documentaire abordant divers sujets tels que la société parisienne, l’argent, la richesse, la précarité, les avancées du commerce.

Octave Mouret, fils de Marthe Rougon et François Mouret (voir la conquête de Plassans), homme d’action, organisateur de génie et, dirait on de nos jours, prompt à se lancer dans des concepts innovants, dirige fermement le « Bonheur des Dames » grand magasin situé dans le quartier de l’opéra ou évolue une population aisée. Le commerce prospère, attire des foules toujours plus importantes, crée de l’emploi, et favorise l’essor économique.

On réalise alors la richesse du sujet exploité par Emile Zola qui passe en revue les différentes couches de la société parisienne : depuis les vendeurs et les vendeuses, exploités, privés d’une certaine liberté, victimes des abus de pouvoir des supérieurs dans cette micro société que représente le Bonheur des Dames, victime des jalousies, de la méchanceté des pairs, en situation précaire car on ne sait pas si on sera autorisé à revenir le lendemain, exploités. Pour dénoncer les travers de ce peuple, l’écrivain donne vie à Denise Baudu : jeune orpheline qui arrive à Paris avec les deux frères dont elle a désormais la charge. Elle arrive chez son oncle, propriétaire d’un petit commerce de textile : « le vieil Elbeuf ». Elle est engagée au Bonheur des Dames et deviendra celle par qui on prend connaissance de l’ensemble des employés, de la hiérarchie existante, des habitudes, d’un règlement qui montre bien peu de respect pour la personne et sa vie privée.

Pour pointer du doigt la bonne société parisienne aisée, Zola introduit la maîtresse d’Octave Mouret, Henriette Desforges, ainsi que les couples qu’elle fréquente, un groupe qui semble très bien représenter les nantis, tout en exposant des phénomènes produits par l’étalage des biens : le vol, les dépenses compulsives, les astuces d’acheteuses…

Mais l’écrivain ne se contente pas de décrire voire de dénoncer, il expose quelques techniques de vente et montre comment le puissant Octave Mouret s’y prend pour exploiter ses clients et créer les besoins chez les femmes. C’est là l’aspect du roman que j’ai vraiment préféré en constatant que les techniques pour forcer la vente sont similaires aux techniques actuelles : flatter le client, changer les rayons de place, promettre des économies à qui se livre aux achats intéressants, faire du client le roi du lieu, proposer des ventes exceptionnelles pour grossir le chiffre d’affaire.

Fort de son succès, le Bonheur des Dames, tout comme le font nos grandes surfaces aujourd’hui, tue le petit commerce, et c’est avec angoisse que l’on verra péricliter le petit commerce… Zola décrira d’ailleurs le commerce comme une machine inhumaine qui n’est pas sans rappeler la mine et le puits de Germinal sorte de monstre assoiffé qui absorbe clients, vendeurs et toute personne qui viennent s’y perdre.

Le personnage de Denise est central : elle met en évidence la méchanceté, l’égoïsme, la cupidité, les mœurs légère de la société. Sa personnalité bien affirmée, ses principes, son travail consciencieux, son ambition en font un personnage qui se détache de l’ensemble et contraste avec l’ensemble du personnel.

Si j’ai trouvé certains chapitres un peu longs, particulièrement les ventes exceptionnelles où se rue la foule des acheteurs, j’ai beaucoup apprécié la richesse de ce roman bien documenté par son auteur qui n’a pas hésité à passer des journées au bon Marché, l’un des plus anciens magasins de Paris.

Belle promenade également dans le quartier de l’opéra, dans ses rues et ses passages couverts.

jeudi 9 novembre 2023

 Le grand livre du yoga pour les enfants








Shabana R Vinay

Ed Mango, 20/04/2018, 66 pages


Je recherchais un support pour faire du yoga à l’école, j'en ai trouvé plusieurs, mais aucun ne me satisfaisait pleinement... et ma quête a enfin abouti : Je suis tombée sur une pépite ! Un livre intelligemment conçu, agréable à utiliser, une mine pour tout adulte désireux de faire du yoga en classe, en famille ou en centre de loisirs.

L’autrice, Shobana Vinay, a été initiée au yoga par un maître alors qu’elle était enfant. Elle a pratiqué le yoga pendant de nombreuses années et a suivi plusieurs formations qualifiantes.  Elle explique les bienfaits du yoga en début d’ouvrage, et le bénéfice de chaque posture proposée.

Chaque page de ce bel ouvrage grand format en carton robuste est divisée en cinq volets mobiles qui en font un livre modulable. Chaque volet propose une partie de séance : échauffement, respiration, méditation, postures d’équilibre et détente. Au lecteur de choisir les différentes postures pour bâtir sa séance. Les exercices sont accompagnés de courtes consignes et une représentation sous forme de dessins très clairs. 

Un livre donc qui offre des combinaisons multiples et qui permet de varier les séances à l’infini. L’avant dernière page fournit des conseils pour utiliser ce support.

Je suis vraiment enchanté d’avoir découvert cet ouvrage.

jeudi 2 novembre 2023

 Calendrier de l'avent père Castor











Ed Flammarion Jeunesse


Je suis super contente, parce que j’ai trouvé, pour cette année, un nouveau calendrier de l’avent tout à fait adapté à mes élèves. Grand album robuste, il contient des petites poches de carton. Dans chacune de ces cases, un conte du père castor, un conte pour chaque jour de l’avent.

Je n’ai pas pu m’empêcher de regarder les trois premiers jours : et d’après ce que j’ai découvert, on y trouve des contes classiques à lire et à relire, mais aussi les belles petites histoires du père Castor. C’est un vrai plaisir de découvrir ce qui se cache dans une case. J’ai vraiment l’impression de retrouver la magie de Noël !

Je me suis arrêtée au troisième mini album pour avoir le bonheur de découvrir le reste avec les enfants. Et je pourrai le faire découvrir à nouveau l’année prochaine.

J’ai vraiment hâte de l’exposer et de lire ces histoires !

mardi 31 octobre 2023

 L'iris blanc













Fabcaro et Didier Conrad, d'après Uderzo et Goscinny

Ed Hachette, 26/10/2023, 48 pages.

Jules César ne sait plus que faire ! Les légionnaires baissent les bras, on ne compte plus les mutineries et autres désertions ! Mais c’est sans compter sur Vicévertus, médecin chef des armées romaines, spécialiste de la communication, qui permet de parvenir à remotiver le camp de Babaorum après une hypothétique mais inévitable défaite du dernier village rebelle… Vous le connaissez, ce village peuplé de valeureux guerriers ripailleurs, bagarreurs qui n’ont peur que d’une chose… Notre médecin romain va les transformer en bisounours… Et on est à deux doigts de le voir devenir un village ou règne l’amour, la compassion grâce au sérieux « travail sur soi » enseigné par Vicévertus. Le scénario n’a rien d’extraordinaire, il n'est pas sans rappeler d’autres scénarios bien connus : le domaine des Dieux, le devin, Obélix et compagnie, toutefois les auteurs se sont appliqués à mettre la vie en Gaule au goût du jour, avec son CGV, ses charinettes, ses techniques de communication bien connues aujourd’hui du grand public, ses chansons à la mode, euuuhh … gauloise, revisitées par notre fidèle barde et qui m’ont fait plus que sourire…

Comique également le changement dans les rapports entre personnages, Obélix aborde les sangliers à sa façon, on se bat, oui, mais poliment, on se dit des gentillesses, on achète même les poissons d’ordralphabétix, c’est dire !

Question jeux de mots, on est servi, il serait même bon de lire au moins deux fois le volume pour ne rien manquer. J’ai très envie de citer certains dialogues, mais je m’abstiens pour permettre à chacun de les découvrir ! On y retrouve le style de Fabcaro pour notre plus grand plaisir !

Un volet très « feel good » parmi les meilleurs « post Goscinny et Uderzo ».


jeudi 26 octobre 2023

 Il était deux fois
















Franck Thilliez

Ed Fleuve noir, 4/06/2020, 528 pages


J’ai attaqué ce roman avec grand enthousiasme. Le départ prometteur semblait bien appartenir au registre fantastique avec l’histoire d’un gendarme venu se renseigner, suite à la disparition de sa fille, sur les allées et venues des clients de l’hôtel de Sagas, village perdu quelque part en Haute Savoie, qui s’installe pour la nuit et se réveille dans une chambre différente de celle dans laquelle il s’était couché, ne reconnaissant ni ses affaires, ni sa propre personne… Mais cet aspect fantastique combiné avec des chutes d’étourneaux par centaines dans la région, n’était sans doute que le fruit de mon imagination. Qu’importe ! On est tout de même mêlé à une enquête complexe : un gendarme, Gabriel, qui a perdu la mémoire, un autre gendarme peu enclin au départ à se pencher sur le problème de Gabriel, un individu qui semble bien vouloir ronronner à la gendarmerie. Mais un corps inconnu est retrouvé, celui d’une jeune femme… Et l’enquête reprend, un peu lourdement au départ, dans un récit un peu long, mais on imagine bien que c’est pour traduire les hésitations, les difficultés qui la font patauger… Puis l’action commence, dans le troisième tiers … et on ne lâche plus le livre qu’à regret. La complexité de l’enquête réside dans le fait que les indices sont difficiles à décrypter, que les liens entre les personnages restent très longtemps un mystère, que beaucoup de non-dit de la part de témoins potentiels subsiste dans la première moitié du roman.

Question meurtre, on est servi, question horreur, c’est du cent pour cent thriller made in Thilliez et on y adhère, bien que l’on trouve le mobile des crimes plutôt capillotracté. Certaines scènes peuvent blesser la sensibilité des lecteurs, personnellement, je les ai trouvées fascinantes. Toutefois, sauf erreur de ma part, Thilliez ne cite pas ses sources comme le fait Beuglet ou Norek, c’est dommage car je continue à me demander si ce qu’il décrit est issu de faits réels ou si elles sont le fruit de l’imagination de l’écrivain.

Cette trilogie dont je n’ai pas encore lu le troisième volet fait désormais partie des classiques du genre, à lire absolument !