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vendredi 30 octobre 2020

 Block 46















Johanna Gustawsson

Ed Bragelonne


En voilà un thriller de chez thriller, un bien dur, bien perturbant… Peut-être pas de ceux que je préfère : d’habitude, en inconditionnelle de cette littérature, j’adore me vautrer dans les horreurs décrites par Jean-Christophe Grangé, Franck Thilliez ou Karin Giebel, pas forcément pour les bains de sang et les dépeçages, mais surtout pour le suspens ambiant : plus la situation est sordide, plus rapide est l’avancée dans le roman, forcément, on a envie d’en sortir.

Mais là… L’auteure a avait un but : petite fille de déporté, son objectif était certainement de documenter le lecteur sur l’univers concentrationnaire, et quoi de mieux pour parvenir à ses fins, qu’une intrigue prenant dans source en 1944 à Buchenwald ? 

Bien, sûr, c’est une partie de l’histoire que l’on est en droit ni d’ignorer, ni d’oublier, et dans ce thriller, pas de scènes blanchies mais une présentation des horreurs subies par les déportés, difficile à admettre, dérangeant, perturbant.

Par ailleurs, les personnages sont suffisamment nombreux pour permettre de digérer les scènes les plus insoutenables qui se présentent tous les trois ou quatre chapitres. Des individus aux personnalités variées, et deux héroïnes sympathiques, la première, Alexis, jeune femme écrivain spécialisée dans la documentation sur les sérials killers, l’autre profileuse efficace, qui fait preuve d’une bonne logique qui permet de faire avancer les investigations.

Un autre personnage, policier de son état, intervient de temps à autres, tantôt comique de part sa façon de s’exprimer qui n’est pas sans rappeler San Antonio, tantôt lourdingue sans pour autant manquer d’efficacité.

Un roman efficace que j’ai apprécié… Sans plus. Cela ne m’empêchera pas d’aller fouiner du côté des deux tomes suivants.


jeudi 29 octobre 2020


Les choix secrets






 














Hervé Lebel

Ed Livre de poche


Qui lira ce roman se rendra vite compte que le destin ne nous tombe pas dessus au hasard des karmas. Si on analyse le parcours de notre héroïne, on se demande rapidement si ces choix mentionnés par le titre, elle les fit réellement… Oui elle s’était entichée de celui qui allait devenir son époux, oui elle avait choisi entre deux hommes… Bon choix ? Mauvais choix ? peu importe, car son destin, c’est son entourage, la société de l’époque, son milieu qui l' avaient probablement tracé avant même qu’elle ne vienne au monde : les études ? oui ! Chez les sœurs, afin de faire d’elle une bonne épouse qui resterait à la maison pour cuisiner pour Monsieur et repasser les draps du ménage… Quelques passages montrent bien comment on la conditionne… Et l’analyse psychologique qui suit est des plus intéressantes : Madame se marie par amour pour celui qu’elle ne connaissait peut-être pas vraiment, Madame s’aperçoit que ce n’était peut-être pas cet homme là qu’il lui fallait, surtout qu’on l’avait élevée dans un milieu aisé, et que le salaire d’un instituteur… !!!

Et Madame s’ennuie, alors elle tente de paraître, elle organise des thés, dédaigne les réunions mondaines dans lesquelles elle n’est pas invitée, Madame perd son goût à la vie, alors elle devient envieuse, égoïste voire méchante avec son mari, ses enfants… Madame en veut à la terre entière...


Une vie bien triste, la vie d’une femme qui est devenue une prison pour elle-même, une femme qui peu à peu deviendra nocive…

Une source de réflexion pour tous les lecteurs qui liront ce roman noir au risque d’en sortir un peu choqués.

Respect pour cet auteur qui en exposant un tel destin, nous livre une leçon de vie.



mercredi 28 octobre 2020



Lonesome Dove


















Larry McMurtry et Richard Crevier

Ed Galmeister


Ce roman m’a quelque peu rappelé mon enfance, alors que durant les Dimanches, on diffusait volontiers un western et que je me languissais dans ma chambre parce que je n’aimais pas les westerns. Et c’est avec beaucoup d’hésitation que je me suis lancée dans l’aventure de nos héros de Lonesome Dove… Et je ne le regrette pas ! Je m’y suis fait des amis, des gens peu compliqués, pourvu qu’ils aient de l’alcool, une femme et un jeu de carte. 

Bon ! L’alcool ne les a pas toujours aidés à mener leurs missions à bien, il faut le reconnaître, les femmes, ben ils en ont une, le problème c’est que c’est la même pour tous, ce qui peut occasionnellement générer quelques tensions, et les cartes, elles servent à les motiver pour trouver du travail afin de gagner à nouveau de l’argent qu’ils miseront dès que possible. C’est leur vie, et ils ne semblent pas s'en plaindre.

J’y ai pris connaissance de la rude vie du cow-boy :  pas rien d’accompagner des troupeaux de milliers de bêtes à travers le territoire, de traverser des rivières pleines de serpents, d’affronter les intempéries, de braver les dangers.

J’y ai rencontré des âmes charitables, des hommes au cœur sur la main, d’incorrigibles bavards aux idées bien arrêtées, un rêveur qui faute d’endroit décent ou s’installer, élit domicile dans la lune, des hommes qui pleurent et ne cachent pas leur sensibilité, si ce n’est un grand timide qui ne doit certainement pas montrer ses sentiments, un bébé cow-boy qui a tout à apprendre et qui sans aucun doute, a commencé à faire ses premières armes et qui murira au gré des aventures, autant de personnalités qui se révèlent tout au long du roman.

De quoi vous réconcilier avec le genre western : de l’humour, souvent décapant, de la tendresse, des frayeurs, des disputes, des querelles de saloon sur fond de piano qui aident à comprendre les individus qui y sont mêlés, le tout dans une ambiance Far West au milieu de paysages de virevoltants et de cactus, de sécheresse et de serpents à sonnette.

L’histoire en elle-même n’est pas simple : des hommes qui mènent le bétail, parmi eux, un fugitif, et ailleurs, des individus qui cherchent à retrouver ce fugitif et qui suivent sa piste, mais lesdits individus ont aussi leurs problèmes, ce qui permet de suivre dans le même roman, un certain nombre d’aventures tantôt comiques, tantôt pathétiques.

Un seul regret : le western, sans les méchants indiens, ne semble pas un western, et moi qui viens de lire « enterre mon cœur à Wounded Knee », je dois avouer que j’ai peiné, en constatant que, encore une fois,  nos héros ne voient pas les indiens d’un bon œil, que l’auteur nous en propose un spécimen bien cruel, même si Gus, notre casi-héros, semble souvent les défendre, bien qu’en tant que Texas Ranger, il se place du côté des colons.

Un autre tome m’attend en altitude, dans ma pile à lire, je le garde pour plus tard.

Si comme moi, le Far West ne vous attire pas, n’hésitez tout de même pas à lire Lonesome Dove, vous ne le regretterez pas.