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dimanche 29 décembre 2019


La fille de Vercingétorix



Jean-Yves Ferri, Didier Conrad

ed Albert René


Ainsi donc, après le fils d’Astérix, nous faisons connaissance de la fille de Vercingétorix… Pardon Vercingétorix. Quoique mitigée, je dois avouer que j’ai passé un bon moment de lecture.


Je me sens mitigée par que j’ai trouvé le scénario plutôt plat : une fugue d’adolescente, des navires, de la bagarre, des romains timorés, nos incontournables pirates, rien de très original. Question « adolescent » je n’ai pu m’empêcher de comparer cet album avec Astérix et les Normands, beaucoup plus fin.


Certaines blagues sont excellentes et m’ont fait rire, d’autres, sous forme d’anachronismes sont parachutées sous prétexte que l’anachronisme fait rire, mais ces anachronismes, par deux fois sont plaqués sans aucune subtilité et ne font pas rire.


Les noms de certains Gaulois ne respectent pas la forme habituelle : transformation des mots « ique » en « ix » comme blinix, selfix… les auteurs seraient-ils à cours d’idées pour les noms ?


Malgré cela, on retrouve bien l’esprit des vieux albums : reprise de l’accent arverne qui fait sourire, des idées d’ados qui surprendront leurs parents par leur créativité, et qui feront bien rire le lecteur, un conflit des générations bien restitué, de bonnes répliques dont Obélix sait nous régaler, une abondance de jeux de mots.

 

Si on me demande ce que j’ai préféré, je dirais que c’est le clin d’œil à John Lennon, qui m’a bien surprise. 

Un album à ajouter sans hésiter à sa collection.




samedi 28 décembre 2019



Murène



Valentine Goby
Ed Acte sud


J’en étais déjà convaincue, et ce livre n’a fait que renforcer cette conviction : on devrait se lever chaque matin en remerciant le ciel d’être en bonne santé et valide comme ce fut le cas de François jusqu’à l’âge de 22 ans, beau jeune homme plein de vie qui perd ses bras suite à une électrocution.


Ce roman très bien écrit, invite fortement le lecteur à réaliser ce que peut être le calvaire d’un homme sans bras, et qui, dans les années 50 ne peut espérer de prothèse efficace. Regard des autres, vie quotidienne réclamant une assistance pour chaque geste : se laver, s’habiller, manger… dépendance totale. On imagine alors l’état de déprime dans lequel François se retrouve après sa résurrection : il n’est pas mort, mais il n’est pas vivant non plus, ainsi se qualifiera-t-il de « non mort ». Comment recommencer à mordre à belles dents dans ce cadeau qu’est la vie quand le cadeau devient empoisonné.


Ce récit, et c’est merveilleux, n’a rien de pessimiste : François va devoir s’adapter, et au terme d’un travail de deuil, deuil d’un corps valide,  et avec bien des moments de découragement, apprendre à se réjouir d’une réussite aussi petite soit-elle, il va s’ouvrir aux autres, et sauver des proches qui partagent sa condition d’handicapé.


Ce livre s’adresse à tout lecteur qui ne réalise pas ce que c’est d’être mutilé, de subir le regard d’autrui, d’être rejeté, de trouver sa sécurité au milieu d’autres personnes partageant une condition similaire (ce que François appellera un ghetto).

 

Admirable la documentation de l’auteur, tant d’un point de vue médical que matériel, et de la psychologie d’une personne lourdement handicapée.


Un livre que je recommande !

 

 

 




dimanche 22 décembre 2019



Miséricorde


Jussi Adler Olsen
Ed Livre de poche, Albin Michel


Encore un bon thriller de chez Thriller ! Coté police, rien de très original si ce n’est Carl Mørck, comme tout inspecteur qui se doit de pimenter un roman policier, montre ses qualités et ses défauts au lecteur , mais aussi ses lubies et ses doutes. Persona non grata au commissariat, mis au placard, installé au sous-sol avec une pile d’affaires à élucider, Carl qui n’aime pas grand monde, se montre capable de se mettre en colère et clouer le bec à quiconque l’empêcherait de parvenir à ses fins, opiniâtre à souhait et inspirant confiance au lecteur qui en a grand besoin : sa première enquête lors de la création du département V à la tête duquel ses collègues l’ont placé histoire de se débarrasser de lui, est une affaire non résolue, concernant Merete Lyyngard, dirigeante du parti démocrate danois disparue en 2002 et déclarée morte noyée alors qu’elle revenait de Berlin en bateau. Carl Mørck relance cette enquête que rien ne permet de résoudre, aucune piste, aucun indice. 


Le roman, c’est classique à présent, présente des chapitres en alternance : le parcours de Merete jusqu’à sa disparition et même au-dela, lors de sa captivité, le lecteur devient alors témoin de son calvaire, constatant qu’elle ne peut s’en sortir, qu’on lui inflige un supplice des plus cruels et l'on assiste à l’évolution d’une enquête que seul Carl Mørck pourrait résoudre grâce à sa persévérance et à la perspicacité de son aide de camps le dévoué Hassad, venu d’on ne sait trop où, aux petits soins pour son inspecteur qui épice encore le récit par son originalité et ses actions parfois surprenantes.


C’est ainsi que naît le département V dont je suivrai l’évolution durant l’année à venir, car il s’agit bien là, d’un policier comme je les aime.

lundi 2 décembre 2019


Mes émotions en expression




Alain Rey, Roland Garrigue


Tu me casses les pieds, je monte sur mes grands chevaux, la moutarde me monte au nez, avoir le cœur gros… mille et une expressions expliquées dans cet album. 

Chaque double page est présentée de la même façon : un titre qui indique une expression en rapport avec des sentiments, une illustration qui fournit à l’ouvrage tout son intérêt à mon humble avis, puis une explication de l’expression. Et c’est là que je me sens un peu ennuyée : la définition à chaque fois, démarre avec une explication claire dans les premières lignes, mais qui se complexifie par la suite. Résultat, et là, je me mets dans la peau de l’enfant qui lit, ben on lit le début et on abandonne. 


Mais je n’ai pas fait que me mettre à la place des enfants, j’ai proposé ce livre en classe  de CE2 et observé les réactions : l’enfant ouvre le livre, le feuillette, se pâme sur les illustrations, tourne les pages, puis s’arrête à une page, regarde le dessin, lit brièvement (le début, j’imagine) et passe à une autre page… Testé également sur des enfants de neuf à dix ans. Dommage, le sujet est intéressant. 


Donc si devais offrir un livre d’expressions à un enfant, je choisirais plutôt un ouvrage illustré avec peu de texte, et des images capables de traduire des émotions. 


Ce qui est drôle dans cet album, c’est l’illustration du sens figuré qui plaît énormément à nos lecteurs en herbe. Oublions donc le texte de ce livre pour s’attacher aux belles et parlantes illustrations.

Je remercie Babélio et les éditions Le Robert pour ce partenariat.