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mercredi 20 juin 2012

Mon ami Frédéric


Hans Peter Richter



Qui lit ce roman ne peut l’oublier. Je commencerais par préciser que si votre enfant (10-11ans) le lit, soyez prêt à en discuter avec lui, à l’accompagner dans sa lecture, car ce livre ne le laissera pas indifférent. Nous sommes en 1925, Frédéric est juif et habite dans le même immeuble que son ami  Allemand (le narrateur) , les deux enfants se voient, les maman entretiennent des relations de voisinage, Frédéric est invité et bienvenu chez son ami.  Dans cette Allemagne d’avant guerre, le Nazisme monte. Peu à peu, les Juifs perdent leurs droits, (une chronologie est disponible à la fin de l’ouvrage, atterrante !) le lecteur se demande alors comment cette amitié va résister à la folie meurtrière du régime nazi. Je n’en écrirai pas plus cette l’histoire qui m’a paru d’autant plus cruelle qu’il s’agit d’enfants, des êtres qui ne se posent pas toutes les questions des adultes, des êtres malléables que la lâcheté des adultes n’épargne pas (voir scène de conditionnement dans les groupes de jeunesses hitlériennes). Je l’ai lu avec mes élèves dans le cadre de l’histoire, ils ont certes été choqués et on est resté longtemps sur ce livre avec des discussions et des explications dont les enfants avaient besoin, je ne le regrette pas, les enfants ont compris pourquoi , avec eux, j’ai étudié cette œuvre : pour ne jamais oublier !  Il y a dix ans que j’ai lu ce roman, il est toujours aussi présent dans ma mémoire et les larmes me viennent lorsque je l’évoque.

dimanche 17 juin 2012

Purge

Purge


Sofi Oksanen


Je termine ce roman en restant un peu sur ma faim, je ne dirai pas pourquoi  au risque de dévoiler des éléments essentiels de la fin , volonté de l’auteure sans doute, de laisser courir l’imagination du lecteur, et point très secondaire après avoir lu cet exposé de la vie d’une personne durant une période troublée et glauque dans cette partie du monde.
Il m’a fallu un certain temps pour entrer dans l’histoire parce que les liens entre les personnages s’y mettent à jour progressivement, éclairés par des retours dans le passé qui explicitent leur  position au moment de l’effondrement de l’union soviétique.
Puis je me suis intéressée  aux personnages,  Aliid, à travers laquelle Sofi Oksanen livre une description psychologique de cette femme qui considère sa sœur comme une concurrente , plus jolie, plus adroite et qui semble baisser les bras , puis comme une  rivale qui lui prend l’homme à qui elle aurait aimé plaire, pour enfin, la livrer aux communistes qui l’enverront en Sibérie. Jalousie profonde sur laquelle va naître ce lourd secret de famille que Zara aimerait percer.
Le personnage d’Aliid est ambigu, elle a subi la guerre 39-45, l’annexion de l’Estonie, le régime communiste, la torture mais elle livre sa sœur, se marie avec un communiste pour se cacher et cacher l’existence de son beau frère ennemi du régime, quelle femme aurait-elle été sans ces événements ? L’auteure ne tente –t-elle pas de démontrer le malaise et l’instabilité que peuvent créer ces régimes totalitaire ?
La narration est intéressante : à chaque personnage un style : très répétitif pour Aliid comme pour exprimer son angoisse constante : le narrateur semble prendre alors un rôle et emploie « peut-être que » à l’infini, très cru lorsqu’il s’agit de Pacha, proxénète qui asservit Zara, pour exprimer la violence que subit cette jeune femme, très quelconque pour Martin avec des diminutifs qui donne au personnage des aspects sournois.
Enfin j’ai beaucoup aimé ce parcours sur une partie de l’histoire que je ne connais pas particulièrement et qui nous expose  habilement par des flash-back générant le suspens l’ensemble de l’histoire de cette région sans que le lecteur se perdent dans les moments, les lieux, les personnages.
Un roman que je ne pourrai pas oublier