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samedi 30 janvier 2021

Le loup des Cordeliers











Henri Loevenbruck

Ed XO, Pocket, Lizzie (audio)

Où l’on suit la progression et l’ascension d’un « nouveau parisien », en la personne de Gabriel Joly, enfant du siècle des lumières, épris de vérité, de justice, de modernité. Il a pour compagnons, d’illustres individus qui leur heure venue, joueront un rôle certain dans cette terrible mais nécessaire révolution française : Danton, Desmoulin, Lafayette et le tristement célèbre Robespierre.

Loevenbruck nous offre un exposé extrêmement fin et complet des perturbations que connut le royaume de France entre 1774 et 1789, la révolution ne surgissant pas soudainement, mais étant le résultat de maintes et maintes réflexions, discours, débats, « ras-le-bol », revendications en tous genres d’un peuple galvanisé des penseurs.

Loevenbruck nous offre une description en finesse de la société française de l’époque, des idées nouvelles : droits de l’homme, idées féministes, qui font leur chemin et circulent dans divers milieux suffisamment influents pour aboutir à une constitution (dont les règles restent à définir, souvent douloureusement hélas !)

Il nous offre d’assister en spectateurs à cet événement grandiose que constitue la prise de la Bastille que nous fêtons chaque année sans pour autant réaliser le bain de sang, les pertes humaines qu’elle provoqua.

Il nous offre l’exposé passionnant que nous ne devons aucunement oublier parce que cette période de l’histoire, nous lui devons la démocratie que nous connaissons aujourd’hui. Non content d'exposé, il nous offre à travers les propos de personnages cultivés, expérimentés, tel Récif le pirate et quelques  francs-maçons de la loge des neuf soeurs, une analyse des événements qui sonne juste.  Un roman donc, bien documenté, grâce à d’éminents spécialistes sur lesquels il s'est appuyé, un récit digne de confiance.

Il est vrai que certains personnages, je pense à Mademoiselle Théroigne de Méricourt connut en réalité un parcours différent, l’auteur le précise il est autorisé quelque fantaisie autour de cette femme pour les besoins de son roman.

Par ailleurs, en dehors du contexte révolutionnaire, ce récit policier laisse planer un certain suspens pas désagréable, une histoire d’individu justicier encapuchonné et accompégné d'un loup,  qui délivre les femmes en tuant les agresseurs et qui nous fait découvrir le Paris de l’époque, beaucoup moins étendu et dans lequel, en tant que lecteur, on se plaît à déambuler, (ce qui donnera envie d’aller flâner du côté du Procope, toujours actif et où tant de personnalités passèrent du temps).

Et notre ami Gabriel va et vient dans ce Paris révolutionnaire, véritable fil conducteur du récit, personnage attachant et plein d’humanité que chacun aura envie de suivre dans ses aventures.

Un grand vague à l’âme s’est emparé de ma personne à l’issue de ce premier tome : curieuse de revoir la suite des événements, promenée dans ce Paris historique ou je me suis tant attardée avec l’envie d’en apprendre encore et toujours, je me plongerai dès que possible dans le tome suivant (dès que ma PAL m’y autorisera !)

samedi 23 janvier 2021

 

Code 93












Olivier Norek

Ed Michel Lafon, pocket.


93 ou neuf trois ou encore neuf cube, c’est là qu’officient nos flics de choc, Victor Coste, le capitaine, Ronan le beau mec dragueur, Sam, utile techniquement, Mademoiselle Marquant, légiste de service pour qui Coste a un faible plus qu'évident, De Ritter, une grande fliquette qui débute dans le métier mais qui sera dès ce premier volet de la trilogie, capable de nous surprendre,  et quelques autres, appréciés ou pas de nos héros. (il faut bien quelques policier détestables pour faire connaissance des acteurs et assister à quelques confrontations sans lesquelles notre roman serait plus monotone. 


Ce qui n’est aucunement monotone dans ce roman, ce sont les délicieux dialogues que nous offre l’auteur, dans lesquels on retrouve humour noir et blague de circonstances sans lesquelles on ne peut résister à la dureté du labeur d’un flic de la crim.


Le suspens y est présent sous une forme particulière : pas de récit coupé par des retours en arrière, presque pas de flic retenu ou kidnappé, mais plutôt des scènes qui se déroulent presque simultanément, et qui offrent des réponses au lecteur, et des suspicions de magouilles (forcément, le 36, pas très éloigné s’en mêle), des personnages qui se dévoilent progressivement, des intervenants qui surviennent et dont on découvre un rôle que l’on ne pouvait soupçonner.


Et la grosse affaire pour laquelle on se demandera si quelque grosse légume ne trempe pas dans ces histoires, le genre intouchable, balais roses et compagnie ... ou si des affaires sont étouffées parce que... 

Bref... autant de questions qui nous amènerons lentement (une enquête qui patauge en ses début, rien que du classique quoi !) vers la vérité.


Bon thriller, avec de bon gros meurtres bien appétissants comme d’hab, des dialogues et des répliques délicieux (quoiqu’assez rares), un enquêteur calme (pour une fois) avec ses obsessions comme souvent, et un SRPJ qui foisonne, qui vit et qui emballa l’humble lectrice que je suis !

mardi 12 janvier 2021

L'île du diable











Nicolas Beuglet

Ed XO, livre audio éditions Lizzie


J’ai eu peur en réalisant que j’entamais le troisième tome des aventures de Sarah Geringën, alors que je n’avais pas lu le second, mais peu importe, puisque les grandes lignes du roman précédent sont rappelées pour le confort du lecteur.

 

Un troisième tome qui démarre rapidement par la mort du père de l’inspectrice, assassiné sauvagement et dont l’auteur semble avoir laissé quelques indices aussi intéressants que surprenants.

 

Un récit qui démarre sur les chapeaux de roue, ce qui m’a amenée à penser que tout y était trop facile : des indices qui amènent rapidement aux bons endroits, des pièces à conviction trop aisément trouvées dès le début, pas de frein à l’enquête, Sarah se voir attribuer un gentil co-équipier, débutant dans le métier, consciencieux, perspicace, dévoué...

 

Et puis... Une deuxième moitié de roman prenante, pleine de suspens, de ces situations dont on se demande comment l’héroïne va s’en sortir, cernée d’une équipe commandée par un psychopathe qui a tout orchestré, bien loin de chez elle, là où personne ne pourra venir à son aide. 

 

Et puis il y a Sarah, Sarah et ses démons, Sarah et le couple formé avec Christopher, Sarah et les démons de son père qui permettront d’introduire des notions d’épigénétique passionnantes et invitant à se documenter, d’autant plus que l’auteur propose des titres d’ouvrages sur la question de même qu’il cite ses sources concernant cette « île du diable », dont le vrai nom est l’île de Nazino, exploitée de façon macabre par le régime communiste en 1933 et portée à la connaissance du public en 2002.

 

Un livre audio très bien lu, des musiques bien choisies pour augmenter l'inquiétude et le suspens, des voix naturelles, le lecteur  se contentant parfois d'essayer d'aggraver sa voix pour simuler un changement d'identité, ce qui n'est pas le cas dans l'île du diable.


Un roman policier qui ne manque pas d’intérêt et en donnant en sa fin, la quasi-certitude d’un quatrième tome.

 


lundi 11 janvier 2021

 

L'huile sur le feu











Hervé Bazin

Ed livre de poche


Quel roman ! tour à tour curieux et fascinant, questionnant, violent avec un bouquet final que l’on ne risque pas d’oublier.

On y retrouve un thème cher à Hervé Bazin, qui est celui de la famille : dans ce roman une famille pas très équilibrée, une maison où ne règne pas le bonheur : une mère, Eva Colu,  chez qui on retrouve la malice et la méchanceté de Folcoche, un père, Bertrand Colu, taiseux, gentil, complexé car dévisagé par le feu du lance- flamme dont il fut la victime en 1940, ne se déplaçant jamais sans un passe montagne qui permet d’épargner à son entourage, le spectacle de son physique dévasté, ce qui lui vaut le sobriquet de « tête de drap ». 

Entre ces deux parents qui se déchirent, Céline, adolescente de 17 ans à l’intelligence déliée, qui décide de ne pas prendre partie pour l’un ou l’autre, aimant ses deux parents en dépit de leur comportement.

 

L’huile sur le feu, c’est le roman d’un couple déchiré, mais aussi un récit qui en ferait presque un roman terroir, dans cette campagne Craonnaise où plusieurs fermes brûlent successivement, ce qui génère, dans la communauté de Saint Leup, de grandes tensions : il faut trouver cet incendiaire qui sévit, on juge, on accuse, on se fâche, on sème la discorde, on se surveille, on a peur...

 

Discorde dans le village, discorde en famille... Hervé Bazin nous offre une analyse psychologique d’individus très intéressante : Eva, sa méchanceté et le génie dont elle use pour gâcher la vie de son conjoint, Bertrand et sa gentillesse, sa douceur et son indifférence apparente, Julienne, amie d’Eva et commère de service, Monsieur Delahaye, dit Héaumes, le chatelain oisif, maire du village, et qui ne semble pas vraiment assumer ses responsabilités.

 

Et Céline... Drôle de fille que cette jeune fille qui suit son père dans tous ses déplacements, y compris la nuit, qui n’a pas les préoccupations d’une adolescente de son âge, qui épie, devine, et montre la perspicacité d’une adulte...

 

Malgré quelques passages sybillin que j’ai parfois relu à plusieurs reprises sans vraiment réussir à en extraire le message, j’ai beaucoup apprécié ce roman aux descriptions poétiques de paysages campagnards dans lesquels j’ai souvent eu l’impression d’évoluer, sentant presque la froideur de la brume sur ma peau, paysages qui renferment une part de mystère.

 

 

 

samedi 9 janvier 2021

 

Passage mortel











Kathy Reichs

Ed Pocket.

Qui veut des nonos ? j’ai ai plein un livre : des grands, des petits, des originaux, aux formes bizarres, certes, mais capables de parler et de révéler bien des secrets enfouis... Ceci grâce à une anthropologue judiciaire hautement compétente, dynamique, altruiste, mobile téméraire qui ne recule face à aucune situation.

Vous reconnaîtrez Tempérance Brennan, qui dans ce deuxième tome, non contente de percer le mystère de la naissance de sœur Elisabeth, sur le point d’être canonisée(Soeur Elisabeth, pas Tempérance !),  et dont elle a trouvé la sépulture, va devoir travailler sur une enquête bien plus sombre, où il sera question de corps carbonisés, de bébés massacrés, de folie, de sectes, et de torture. 


Elle entraîne dans un tourbillon, ses amis, ses collègues, quelques profs d’université, quelques étudiants et le lecteur dans une course sans fin entre le Canada et le Sud des Etats-Unis. 


Ses freins ? une sœur, pas très équilibrée, des individus réticents qui préfèreraient la voir se reposer au soleil, des spécialistes en tous genres dont un vieil ami gérant une « île aux singes » qui n’a pas du tout envie que l’on vienne cochonner son île !


Oui, j’ai beau écrire avec un certain style humoristique, mais il s’agit bien d’un bon gros thriller avec tout ce que peut contenir ce genre de littérature, thriller dont l’humour n’est pas absent, ce qui le rend léger malgré les circonstances. J’ai adoré ce style d’écriture et la façon dont l’auteur parsème des petites répliques drôles dont le but serait sans aucun doute de distraire et d’oublier les actes odieux perpétrés entre Canada et Caroline du Nord.

Je me suis délectée des analyses et du travail pointu de Tempe dans sa salle d’autopsie, j’ai d’ailleurs appris beaucoup sur les ossements, ce fut passionnant.

Et bien-sûr, j’ai commencé au tome 2, mais je ne tarderai pas à lire le tome 1, un peu comme un préquel. Je n’ai pas vu la série bien connue, mais d’après ce que je lis dans les critiques des babéliotes, les livres paraissent plus fouillés. Je la verrai sans doute si j’en ai l’occasion.

Ce premier tome m’ouvre de belle perspectives de lecture.

mercredi 6 janvier 2021

 Vertige











F Thilliez

Ed  Fleuve, Pocket, Audiolib


Il se réveille un beau matin, enchaîné au poignet, dans le frigo obscur que constitue ce gouffre, quelque part en montagne, pourtant certain de s’être endormi dans son lit la veille, avec pour compagnons, son chien, et deux hommes : l’un dont la tête est enserrée dans un masque de fer, l’autre attaché par la cheville. L’homme au masque semble libre, quoique ...

Une lettre déposée à leur intention les informe qu’ils vont tous mourir...

Effroyable et glaçant (c’est le cas de le dire dans ce gouffre ou la température est largement en dessous de 0. Franck Thilliez nous gratifie d’un chef d’œuvre : composer une telle histoire en huit clos en n’oubliant aucun paramètre pour exciter la curiosité du lecteur, je dirais même pour faire en sorte que le lecteur se sente aussi reclus que nos trois individus et ressente la même terreur, ne fut certainement pas chose facile.

On y reconstitue peu à peu la vie de chacun, on découvre des secrets, on y réfléchit sur des passages  à teneur philosophique, on essaie avec nos captifs, de trouver des solutions, on s’insurge contre l’absurdité de cette situation, on observe et analyse les relations qui se s’installent entre les personnages, d'autant plus que le psychopathe « génial » qui les a installés là a tout prévu pour que se succèdent les comportements agressifs, le désespoir, le regain d’activité, la lutte pour survivre et  on se pose mille questions sans réponse immédiate, on comprend que ne trio va devoir s'organiser et s'entendre...

La fin peut paraître ambigüe et on est tenu en haleine jusqu’à la dernière page.

Belle découverte que ce thriller dont la quatrième de couverture ne m’enthousiasmait guère. Il fera sans doute partie de mes coups de cœur de 2021.