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jeudi 20 février 2020


L'ami retrouvé


Fred uhlman
Ed folio

Miracle de l’amitié qui ne connaît ni frontière, ni différence de culture ou de religion,  amitié vraie capable de se placer bien au-dessus de considérations politiques.

Tout les oppose : il se nomme Hans Schwarz, son ami se fait appeler Comte Conrad Hohenfels, il est issu d’une vieille famille allemande noble, son compagnon est juif Polonais.

Hans,que son origine juive condamne désormais, dans cette Allemagne où on exacerbe la haine du juif, et après maints effort pour lier amitié avec ce nouveau qui arrive dans sa classe, découvre que la famille de son ami fait partie des relations du führer.


Une histoire  poignante, d’autant plus que l’auteur déclare que ce roman est pour moitié autobiographique et que toutes les scènes qui se passent au collège sont réelles.

Et l’on suivra le parcours de cet enfant juif.

Ce livre, je pensais qu’il s’adressait aux adolescents et je m’aperçois en le lisant que cet écrit ne sera vraiment lisible que par des ados effectivement, mais pas avant la troisième, non pour une question de sensibilité, car il y  très peu de scènes difficiles à supporter, mais pour une question de culture générale : beaucoup d’allusions à des événements historiques, à des auteurs antiques ou de l’époque, beaucoup de récit en référence à l’art, à la mythologie. Il se dégage de ce roman, une impression que Fred Uhlman est obligé de parler d’antisémitisme tout en noyant le sujet dans la connaissance, sans doute pour éviter de tomber dans le pathos. 

Ecriture admirable, on a envie de se laisser porter par ce beau texte !

Surprise à la toute dernière ligne du roman, je dois le préciser, je me suis sentie parcourue de frissons…

Une belle découverte.

mercredi 19 février 2020



La vraie vie


Adeline Dieudonné

Ed l'Iconoclaste


D’habitude, lorsque je termine un roman, j’attends quelques heures, voire une journée avant de commencer le suivant, histoire de digérer l’histoire, de la méditer, et peut-être d’en faire le deuil, particulièrement quand je l’ai apprécié. 

Pour ce roman que j’ai beaucoup aimé, ma réaction a  été de commencer le suivant immédiatement afin d’essayer de de pas m’endormir sur la scène finale que j’ai trouvé extrêmement violente et dure pour notre héroïne sans omettre bien sûr que cette scène avait quelque chose de génial du point de vue des autres personnages.


Je suis entrée dans l’histoire très facilement, Adeline Dieudonné semblant accrocher ses lecteurs par un humour décapant auquel je n’ai pas résisté. Scène de la vie des enfants, avec leur imaginaire, particulièrement dans la casse au milieu des voitures.


Cette petite fille de 10 ans quand commence l’histoire, n’est pas nommée, ce n’est certes pas un hasard pour une enfant qui passe son temps a essayer de se frayer un chemin dans la vie, au milieu de cette singulière famille régie par la volonté du pater familias, aux côté d’une mère éteinte qui subit son mari, et d’un petit frère qui lui échappe progressivement. 


Une petite fille lucide, intelligente et attachante que l’on voudrait voir se sauver de l’enfer qu’on entretient dans la maison où l’on renie jusqu’à ses capacités intellectuelles, et qui trouve seule, des échappatoires chez ses voisins, chez son professeur de physique et au contact de Dovka sa chienne.


Personnage attachant qui m’a amenée à sourire, à m’émouvoir, à m’apitoyer et a vivre de grands moment de tension.


Ce roman sera sans aucun doute un coup de cœur pour cette année.


dimanche 16 février 2020



Le royaume de Kensuké


Mickael Morpurgo
Ed Folio junior


Histoire dépaysante que celle de Michael, qui part faire le tour du Monde avec ses parents et sa chienne, Stella. Mais le tour du monde s’arrête lorsque l’enfant tombe à l’eau et se réveille sur une plage avec Stella. 


Le classique scénario de l’île déserte où il va falloir assurer sa survie, difficile quand on ne sait pas ou  trouver de l’eau ? 

La forêt est peuplée de singes, Michael n’ose pas s’y engager, le risque de mourir de soif se fait sentir... 


Mais mystérieusement, quelqu’un dépose de la nourriture et de l’eau sur un rocher... Michael n’est donc pas seul sur l’île ... du mystère donc, dans ce livre, mais également de l’aventure, une belle histoire d’amitié sur le thème des îles désertes, un bel échange de culture entre deux êtres que tout semble opposer mais que la solitude aide à se comprendre.


A lire de 9 à 99 ans.



Profanation


Jussi Adler Olsen
Ed Albin Michel, livre de poche.



Ou l’on retrouve ce bon vieux Carl Mørck,  héros du département V récemment créé et qui a désormais à son actif, la résolution de l’affaire Merete Lyyngaard, dossier clos qu’il a choisi parmi la pile d’affaires non résolues qu’on a bien voulu faire parvenir dans son placard... ce sera sans doute sa spécialité : récupérer des enquêtes résolues. 

Dans ce deuxième volume, il fait la moue lorsque son assistant Assad lui met sous le nez un dossier qui ne présente aucune  bonne raison d'être réétudié : le meurtre de deux jeunes gens, roués de coup et laissés pour morts. On a pourtant un coupable qui a avoué et qui purge une peine de prison... oui mais !...un mystérieux témoin incrimine des hommes et argumente si bien que le département V décide de s’activer et de faire la lumière sur cette affaire. 

Les suspects ? De dangereux psychopathes hauts placés, quasi intouchables qui ont le pouvoir de se protéger et d’agir comme bon leur semble grâce à des relations plus haut placées encore. Et puis elle : Kimmie, quasi SDF, femme en souffrance, énergique, capable de la pire des vengeances, intelligente, organisée quoiqu’un peu déséquilibrée à la suite des souffrances qui lui furent infligées.

Voici donc le terreau pour une belle enquête, du solide que ce roman ! On y fera plus ample connaissance de Carl, on pourra se reposer sur le fidèle Assad, fin limier, fournisseur d’indices en tous genres, on découvrira Rose, nouvelle assistante imposée à Carl, énergique voire épuisante pour notre héros, qui ne verra pas toujours d’un bon œil ses initiatives. Gaffeuse paraît-il, ce qui lui vaut sa mutation en département V, mais combien efficace lorsqu’il s’agit de glaner quelques renseignement propres à faire avancer l’enquête.

Bref, tous les ingrédients d’un bon roman policier sont la : des meurtres sordides et des actes bien répréhensibles, de la corruption, des espions, des décisions de plus haut qui font retirer l’enquête au département V, de la mise en danger de policiers, un peu de tendresse ( pas beaucoup, mais la série ne s’arrête pas à ce roman...) de la connerie humaine, des situations pleines d’humour que l’on doit à notre fine équipe, vraiment de quoi se délecter. 
( c’est moi qui deviens psychopathe on dirait.)


Je crois que je peux affirmer que j’ai aimé ! A bientôt donc pour le prochain tome !

mercredi 12 février 2020


Ce que tu as fait de moi


Karine Giebel
Ed Belfond


Une drôle d’histoire ! Le lecteur qui s’y engage doit s’attendre à onduler au gré du vent, porté par l’état d’esprit variable des protagonistes, par le climat d’angoisse qui flotte ,  par le tourment qui mine les personnages tout au long du roman et qui minera sans aucun doute qui entrera dans cette histoire au risque de se retrouver happé par ce thriller psychologique.  

Je dois avouer que j’ai bien eu envie de sauter dans le livre pour fustiger le commandant Menainville, pour ses abus de pouvoir, son machiavélisme made in Giebel,  pour sermonner Laetitia qui ne semble pas savoir ce qu’elle veut. J’ai eu envie de hurler à l’injustice et secouer ce jeune  lieutenant victime du harcèlement mais qui avait l’air d’en redemander, successivement battante, petite chose sans défense, à court d’arguments et incapable de se justifier auprès de ses proches. C’est bien compliqué l’amour finalement, et dans ce récit, il n’existe pas sans la haine qui l’accompagne.

Question : comment peut-on se retrouver amoureux au point de perdre ses repères, de se retrouver complètement à côté de ses pompes, d’y laisser sa dignité ? Comment peut-on haïr à ce point et être capable de tomber dans les bras de son harceleur tant détesté ? Comment peut-on perdre tous ce que l’on possède pour ensuite donner son âme au diable ? Cette situation est-elle possible ? Oui dans ce roman, et peut-être dans la réalité, mon expérience personnelle ne me permettant pas d’en juger.

Comme les héros de ce roman, cette lecture me laisse bien mitigée, ai-je aimé ? Ai-je détesté ? Oui j’ai aimé parce que j’ai eu  envie de savoir comment cette histoire allait prendre fin (Même si je ne me faisait pas d’illusion face à un écrit de Karine Giebel), oui parce que j’ai pu suivre l’intéressante l’évolution psychologique des héros, oui parce que j’ai pu m’amuser à analyser les rapports entre tous les personnages... 

...Et non,  parce que cette histoire m’a semblé vraiment abracadabrante, parce que certaines scènes  se répétaient, décrivant des comportements déjà étudiés antérieurement dans le roman, parce que ce récit nous conte l’histoire d’un énorme gâchis humain.


Ça ne m’empêchera certes pas de continuer à lire des romans de cette auteure que j’apprécie !


On peut donc aimer ce livre… ou pas... Selon son ressenti.