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mercredi 31 mars 2021

 

Bien vivre tous ensemble











Catherine Dolto

Gallimard Jeunesse coll "mine de rien"


Bien vivre tous ensemble fait partie d’une longue série d’écrits à destination des enfants et des adultes, par le docteur Catherine Dolto, fille de la célèbre psychologue Françoise Dolto.

Dans cet ouvrage, en langage clair, elle explique pourquoi les règles de vie en société sont si importantes et amène les enfants à réfléchir sur l’intérêt de ces règles de vie : pourquoi ranger ? pourquoi se tenir correctement à table, dire bonjour, ne pas se moquer... elle invite les enfants à exprimer leur ressenti sur ces règles afin de les aider à comprendre que ce qu’ils n’aiment pas vivre (les moqueries, la médisance...), il ne faut pas le faire vivre aux autres. Puis elle aborde des sujets plus graves tels que le harcèlement, le respect de l’intimité, la violence.

Loin de culpabiliser, elle donne un exemple de personne modèle tel que le papa de Jean qui part soigner des gens dans le monde, elle souligne l’intérêt de se montrer respectueux pour adoucir sa vie et celle des autres, pour voir grandir cette estime de soi si importante chez tout être humain.

Ce livret sera une base de discussion intéressante pour parents et éducateurs afin d’assurer aux enfants, une vie en société harmonieuse, en complément avec les albums jeunesses variés dont on dispose aujourd’hui.

Catherine Dolto ne s’en est pas tenu à cet ouvrage puisque dans cette collection, on trouve des livres sur beaucoup de sujets d’inquiétude ou de questionnement des enfants : les mensonges, les cadeaux, changer de maison, la famille, les colères, les gros mots, jaloux... pas moins de 82 titres.  Une bonne aide pour tout adulte qui aurait besoin d’exprimer clairement des idées avec son enfant.

mardi 30 mars 2021

 Biglouche













Myrha et Alyssa Verbizh

Ed Ecole des loisirs


Biglouche est un gentil petit minet, qui pourrait vivre normalement sa vie de chat s’il n’avait pas cette coquetterie dans le regard, une coquetterie qui lui brouille la vue, qui fait de lui l’objet de moqueries de la part des autres chats, et ça le rend vraiment très malheureux ! Le hibou essaie de le consoler en lui montrant que lui, il ne louche pas, mais il ne distingue pas les couleurs, sans résultat... Alors il lui conseille d'aller voir le docteur Miro... Et après bien des hésitations, Biglouche part à l’aventure pour trouver ce fameux docteur Miro qui est une taupe très expérimentée !

Un beau grand album avec des illustrations très agréables sur  page entières, qui montre un petit être fragile et attachant dont on a vraiment envie de suivre le parcours.

Un album sur les différences, le handicap et plus que cela, puisqu’il invite à ne pas rester sans rien faire face à un souci, un album qui engage à ne pas baisser les bras !

lundi 29 mars 2021

 Chhht !











SAlly Grindley, Peter Utton

Ed Pastel


Chhhhhhhhhhhhht ! Mais Chhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhht ! Avec les petits bouts qui écoutent, on vient de pousser la porte du château du géant qui dooort ! Et il ne faut surtout pas le mettre en colère en le réveillant, et en visitant, on croise la souris du géant, belle bête (chhhhht !) il ne faut pas la réveiller sinon elle va prévenir le géant. Vite ! tournons la page, mais de l’autre côté, il y a la chatte du géant, qu’il ne faut pas réveiller sinon ??? Heureusement, on peut surveiller en ouvrant douuuuuucement les portes et les fenêtres, que les animaux du géant sont encore endormis..., il faut encore passer par la poule du géant, et dernière étape... la femme du géant qu’il ne faut pas distraire ! Alors Chhhtttt... Enfin on arrive dans la chambre du géant.... Je ne pensais pas mon auditoire capable de crier BOUUUH ! Et ils ont réveillé le géant, un seul moyen de de sortir de ce château.... ?

Ouf ! Mais les petits bouts (et les plus grands) n’ont même pas peur, ils réclament à nouveau la visite du château du géant,  mon livre est usé !!!!! Je vais devoir m’en procurer un autre ! Un bel album aux illustrations travaillées et aux couleurs chatoyantes. 

dimanche 28 mars 2021

 

Le roi qui valait 4€50











André Bouchard

Ed circonflexe.


Mr Marcel, en faisant ses courses au supermarché, dégotte dans un rayon, une couronne de roi à 4,50 €. Belle aubaine, il rentre à la maison, coiffé de cette couronne, puis demande à ses enfants et sa femme, devenus serviteurs, de travailler pour lui, et de le distraire. Heureux de détenir le pouvoir, il impose ce régime à ses collègues de travail, oui mais voilà, les collègues aussi trouvent une couronne et deviennent rois. S’ensuit, on s’en doutera, une guerre de pouvoir qui ne manquera pas d’arracher des sourires voire de rire à l’auditoire, surtout lorsqu'il  associe des considérations matérielles et des faits de la vie quotidienne à des faits politiques, décrivant ainsi de grandes batailles qui scindent le peuple qui se bat à coup de gigot ou de pizza surgelées. Mais je n'en dis pas plus, afin de vous laisser découvrir cette pépite.

 C’est donc avec beaucoup d’humour que l’auteur insinue des questions philosophiques sur le bonheur, l’égalité, la vanité, la soif de pouvoir, la société de consommation.

Belle découverte que cet album et son auteur qui semble manier l’absurde à la perfection pour parvenir à transmettre de belles idées.

 La maison des voix










Donato Carrisi

Ed  Calman-Lévy - Audiolib


Je remercie infiniment Babélio et audiolib de m’avoir permis de découvrir ce bon roman, un thriller psychologique comme je les aime, avec peu de personnages :

Pietro Gerber, psychologue qui pratique l’hypnose sur les enfants, Hannah Hall, qui arrive d’Australie pour percer le mystère de la mort de son frère que petite, elle prétend avoir tué, Theresa Walker, collègue australienne de Pietro, trait d’union entre Hanna e lui-même, les autres personnages gravitant autour du psychologue.


Admirable, l’écriture de Donato Carrisi, et surtout la façon dont est composé le roman : mise en abyme littéraire, une histoire dans l’histoire, l’histoire d’Hanna Hall qui peu à peu, s’immisce dans celle de Pietro, rien de mieux pour donner à l’histoire son caractère psychologique.

Et l’on assiste à la lente descente aux enfers de Pietro Gerber...

Un roman qui tient en haleine également par le questionnement qu’il suscite : qui est cette Hanna, quel est son but ? en quoi fut-elle une petite fille spéciale comme le lui affirmaient ses parents ? Pourquoi cette fuite de la part de ses géniteurs ? Par quel phénomène voit-elle des spectres et des morts ?  Et Pietro ? quel est ce lourd secret qu’il garde en lui ? et certains autres intervenants, pourquoi réagissent-ils à certains propos sans rien dire ? c’est tout l’aura de mystère qui font de ce livre un page - turner.

L’issue se laisse deviner après la première moitié du récit comme si l’auteur libérait volontairement quelques indices pour amener le lecteur à tenter de trouver lui-même les réponses, qu’il ne trouverait qu’en partie si des révélations ne lui étaient faites grâce à l’hypnose et dans la narration.

J’ajouterai que la version audio est formidable : bien lue par le comédien Sylvain Agaësse, avec des voix qui se distinguent parfaitement, une lecture avec des intonations qui parviennent à ajouter du suspens là ou dans un livre, on n’aurait peut-être pas perçu les idées de la même façon qui sait ?

Hypnose, allusion à des phénomènes surnaturels, rebondissements, découvertes surprenantes, secrets révélés partiellement, un cocktail que ne peut que contribuer à charmer tout lecteur avide de thriller psychologique.

 

vendredi 26 mars 2021

 

Over the Rainbow












Constance Joly

Ed Flammarion



Parce que son « amie » Justine lui rappelle la mort du « dasse » de son père, et fait allusions aux « vieux homos morts les premiers », Constance ressent la nécessité d’écrire, de remonter la vie de ce père aimé, d’en extraire les bons comme les mauvais souvenirs, et quelque part de faire le deuil.


C’est ainsi qu’elle raconte sa vie, depuis son enfance durant laquelle la vie déjà, lui avait appris à refouler son homosexualité, puis son mariage avec Lucie, sans lequel il n’aurait pas eu cette fille qu’il a tant aimé, et enfin sa libération, car c’est bien de libération dont il s’agit, si on considère comme une libération le fait de reconnaître et accepter que son attirance aille vers les personnes de même sexe. Choix courageux, on le comprendra au cours du récit, car dans les années 60 – 70, on tait encore son orientation sexuelle lorsqu’elle n’est pas « conventionnelle ».


Vient ensuite la période où Jacques se sait séropositif et ne tardera pas à ressentir les symptômes liés à l’affaiblissement de son système immunitaire. Et l’on assistera à sa longue descente aux enfers, douloureuse tant sur le plan physique que moral.


Et Constance raconte ce père qu’elle aime, sans fioriture ni jugement, elle dresse le portrait d’un homme qui déguste la vie, qui se passionne pour les plantes, un homme qui aime...  Un homme qui passe « over the Rainbow », comme dans la chanson, mais over the Rainbow, c’est bien plus que cela, c’est l’histoire d’un homme qui courageusement va faire calmer ses démons en s’acceptant tel qu’il est et passera au-delà des considérations d'autrui.


Constance nous livre une magnifique histoire. Elle communique ses sentiments, ses regrets après la disparition de son père, sobrement, sans effusion.


Une magnifique histoire d’amour.




jeudi 25 mars 2021

 

Gaston Grognon










Suzanne Lang - Max Lang

Ed Casterman


Je vous présente Gaston Grognon qui pose sur la couverture de son album. Une couverture qui interpelle si on se promène chez le libraire et qu’on aperçoit la frimousse du petit singe. Un Gaston à l’air vraiment grognon sur fond rouge.

Il faut dire que Gaston semble s’être levé du mauvais pied ! Rien ne va plus : les bananes sont trop sucrées, le ciel est trop bleu, le soleil trop chaud ! Gaston se demande bien se qui se passe.

Son voisin Bernard le gorille lui suggère qu’il est peut-être grognon... Mais non, Gaston proteste !

Marabout, Lémurien, Serpent lui font la même remarque, alors Gaston sourit (sourire forcé), mais il n’a pas envie de se balancer avec les singes, il n’a pas envie de chanter avec les oiseaux, il ne veut pas faire des roulades avec les zèbres, et encore moins parader avec les paons... Gaston n’a envie de rien ! Et il quitte ses amis, mais il a bien envie de pleurer !

Bernard vient le consoler, et Gaston avoue qu’il se sent grognon, et que ça lui fait mal, mais qu’il a besoin d’être grognon...

Hé oui Gaston, tu as le droit d’être grognon, ton humeur n’est pas égale, tu as le droit aux états d’âmes, tu as le droit d’exprimer tes sentiments, ça arrive à beaucoup de gens, telle est la morale de ce conte facile à lire pour les enfants de 6 à 8 ans.

De belles illustrations sur lesquelles on a envie de s’attarder et de l’humour, que demander d’autre ?

mercredi 24 mars 2021

 Un jardin merveilleux



Piret Rouault

Ed Rouergue


Le petit arbre vivait dans une forêt, et c’était merveilleux, jusqu’au jour ou arrivent des machines qui font du bruit et chassent l’arbrisseau qui s’enfuit. Il arrive dans un jardin où les grands arbres plantés bien alignés ne lui font pas très bon accueil car il n’a pas de belles racines comme eux, ils lui ordonnent de balayer le jardin avec son feuillage, et le débarrasser de tout ce qui n’a pas de racines. 

Du jardin, il chasse, une flaque de pluie, une étoile et un rocher, puis rencontre un oiseau qui chante. Ces quatre compagnons lui montreront ce qu’ils ont de merveilleux, racontant chacun son histoire.

Un merveilleux petit livre sur l’intégration qui montre combien on est riche de ses différences.


Des illustrations superbes qui donnent au lecteur, le plaisir de le feuilleter pour admirer ces beaux graphismes que l’on découvre au fil des pages.

 La maîtresse crie trop fort












Catherine Aliotta

Ed Langue au chat

Collection "Souris à la vie"


Il y a les durs-à-cuire, qui prennent des airs sûrs d’eux, sortes de cactus qui ont sortis leurs épines, pourtant si tendre à l’intérieur, mais qui prennent leur rôle de meneur très au sérieux, il y a les petites filles, ou garçonnets, que le moindre souffle de l’enseignante ébranle, il y a les ramollos, ceux qui ont tendance à dégouliner de leur siège, il y a les assoiffés, ceux qui mordent dans la vie et la scolarité par la même occasion, qu’il faut canaliser et à qui on doit gérer avec eux le temps de parole, qu’il faut nourrir, et chez qui on doit cultiver et entretenir ce perpétuel  besoin de recherche, il y a les autonomes, parfois trop, les non-autonomes, dans la tête desquels il faudrait pouvoir se loger, un peu comme un ordi dont on prend le contrôle, il y a les petits mignons, qui suivent leur bonhomme de chemin sans faire de vague, il y a les bavards, les craintifs, les hyperactifs, les précoces, les bagarreurs, les joueurs... et j’en passe...


Parmi les enseignants, il y a les dragons (j’ose espérer qu’ils soient en voie de disparition de nos jours...), il y a les compréhensifs (parfois trop peut-être), les clairvoyants, les maîtresses qui, assurées de devoir tuer tout embryon de rébellion dans l’œuf exercent un pouvoir quasi totalitaire, les pleines d’idées, les criardes qui imaginent qu’en faisant trembler les carreaux on obtient tout, les patientes, les moins patientes, les débutantes qui assoient leur autorité...

Tout un monde que l’école, parfois stressant pour un enfant, parfois déroutant pour un enseignant qui doit gérer les personnalités multiples présentes en classe.


Ce livre nous raconte l’histoire de Léo, un petit garçon qui comme beaucoup d’enfants, a besoin de routine en classe, ça sécurise et ça réconforte la routine, les enfants en ont besoin !


Oui mais voilà, la maîtresse est absente, et durant deux longs mois, une remplaçante fera classe, elle semble gentille mais chez elle, cela semble bien être tolérance zéro, sans doute a-t-elle aussi peur que Léo, mais Léo en a des nausées, des maux de ventre, il ne sait pas comment réagir, on le met à la porte de la classe, il se sent mal...

C’est alors qu’une petite souris lui vient en aide, elle lui propose trois séances de respiration, relaxation, méditation pour se sentir mieux, et avec ses parents, il vient pour exprimer son malaise avec la maîtresse, rien de tel que de dire les choses, la maîtresse s’exprime aussi, puis elle accepte les conseils du directeur qui lui propose une technique pour aider les enfants à se relaxer...

Ecrit par Catherine Aliotta, sophrologue et directrice de l’institut de formation à la sophrologie, ce livre, bien que certainement succinct par rapport à toutes les activités possibles, sera l’étincelle qui permettra certainement d’aider son enfant, et d’orienter les enseignants vers des techniques aujourd’hui utilisées en classe, activités de relaxation que les enfants réclament. Les temps de relaxation proposés sont détaillés sur des doubles pages illustrées et très bien expliquées.

Un ouvrage clair nécessitant sans doute une recherche plus approfondie de la part des enseignants et des parents et qui peut mettre l’enfant sur la voie de la confiance en soi.

lundi 22 mars 2021

 

Le Prince qui manquait de tout













Jacques Schecroun - Justine Brax

Ed Albin Michel Jeunesse



Ce magnifique album dormait au fond de ma classe pourtant bien en évidence, et ce, certainement depuis plusieurs années, j’en suis certaine. Quelques enfants l’ont malgré tout certainement feuilleté pour ses illustrations de rêve, largement dignes d’un Benjamin Lacombe : de beaux visages aux traits parfaits, évoluant dans un décor ciselé, de fleurs, de plantes, et de cet oiseau magique qui possède la sagesse.

Alors pourquoi ce livre était-il ignoré à ce point ? Mon explication est que cette pépite à l’apparence d’album jeunesse, se destine plutôt à un public adolescent voire adulte. La première partie toutefois, peut être assimilée par les enfants qui comprendront que l’on raconte les malheurs d’un jeune prince outrageusement gâté et qui pourtant manque toujours de quelque chose... On y verra une allusion à notre société de consommation et une invitation à faire comprendre aux plus jeunes que le bonheur ne réside pas dans la satisfaction des besoins que l’on se crée, jusque-là, on imagine bien que cet album leur soit destiné.


La suite devient plus délicate : le prince reçoit en cadeau, un magnifique perroquet qui ne parle que lorsqu’il a quelque chose à exprimer, et ce qu’il transmet c’est que tout enfant est doué de génie, qu’il possède intérieurement de grandes merveilles qu’il doit perdre en grandissant, et ce manque le conduit à s’enrichir matériellement, jusqu’à ce qu’il soit capable de le comprendre et de souhaiter retrouver ce génie qu’une bonne fée garde pour lui.

Pour ces considérations philosophiques, cet album parlera aux grands enfants. Je dois avouer qu’il m’a interpellée.


A lire par ceux qui n’ont pas gardé ou retrouvé leur âme d’enfant, par tout lecteur a perdu le pouvoir de s’émerveiller. Un album qui offre le rêve et un beau sujet de méditation et ne peut laisser indifférent.

samedi 20 mars 2021

Cornebidouille










Magali Bonniol, Pierre Bertrand

Ed Ecole des loisirs


Vous cherchez un livre jeunesse à offrir à un enfant ? Plus besoin d’y réfléchir :  Cornebidouille : succès garanti auprès de nos têtes blondes de 5 à 9 ans (ou plus car personnellement, je m’éclate bien en le lisant à mes CP).

Tout est venu du petit Pierre qui ne veut pas manger sa soupe au désespoir de sa maman et malgré les menaces de son papa qui affirme que les sorcières viennent faire peur aux enfants qui ne mangent pas leur soupe, le soir, dans leur chambre... Mais rien à faire ! Pierre ne veut toujours pas manger sa soupe !

Alors, ça ne loupe pas, on aperçoit l’ombre d’une grosse sorcière laide qui arrive dans la chambre. Mais Pierre le téméraire n’a pas peur, et il brave la méchante Cornebidouille. Oh l'insolent et rusé petit Pierre ! Oh la grosse méchante et stupide Cornebidouille !

Des dialogues à faire hurler de rire l’auditoire qui ne manquera pas d’en redemander, heureusement, il y a plusieurs tomes, 

de belles illustrations colorées, comiques et parlantes, et de quoi s’amuser comme des fous quand on est l’adulte qui lit, car cela peut se faire de façon très théâtrale !

A posséder d’urgence dans sa collection d’albums jeunesse !


 L'enfant céleste












Maud Simonnot

Ed de l'observatoire

Amour déçu et vie scolaire peu épanouissante, c’est de cette façon que nous sont présentées les vies de Célian, 10 ans et de Mary sa mère. Ils essaient pourtant d'accueillir la vie et d'être heureux, mais rien ne les retient dans ce quotidien morose, dans ce Paris qui enferme, qui entretient les souffrances, dans ce Paris ou Célian ne peut s’exprimer, lui qui communique si bien avec mère nature...


 Alors ils partent tous les deux, vers une île, et pas n’importe quelle île, l’île qu’il connaissent déjà grâce à leur livre de chevet, l’île qui fut le refuge de Tycho Brahe, célèbre astronome de la Renaissance, personnage dont l’histoire fut léguée des années auparavant à Mary par son père défunt, une île qui offre ses secrets à qui veut bien les acceuillir , une petite île dans la mer Baltique...


La Renaissance ici, revêt une double signification, elle n’est plus qu’une simple virgule dans l’histoire, elle est la Renaissance de ces deux êtres blessés qui ne demande qu’à s’épanouir. C’est là que Mary oubliera ses tourments, c’est là que Célian s’immergera dans cette nature qu’il aime tant, et montrera combien l’intelligence ne réside pas obligatoirement dans les prouesses scolaires.


Peu de personnages dans ce récit, mais chacun apporte à sa façon, de l’eau au moulin de la connaissance de l’île et de son histoire.


Ce beau roman à l’écriture apaisante et poétique semble m’avoir ressourcée autant que les deux êtres venus en cet endroit pour s’y reconstruire, il m’a beaucoup appris au sujet d’un personnage dont je n’avais jamais entendu parler, il me laisse une sensation de bien – être et son souvenir me sera agréable.

mercredi 17 mars 2021

 L'institut











Stephen King

Ed Albin Michel, Audiolib


Je me suis dit, il y a un certain temps maintenant, qu’il fallait que je tente de lire un Stephen King,  et après quelques essais qui n’ont pas déclenché de passion chez moi, je me suis plongé dans Mr Mercedes et l’ai dévoré, de même que j’ai englouti la trilogie Bill Hodge en entier, puis je suis passée à l’Outsider (que j’ai un peu moins aimé), et L’institut me tendait les bras. 

Et ce dernier roman lu, je l’ai adoré au point de m’y réfugier jusqu’à deux heures du mat. Je crois bien que je deviens addicte. Il faut dire que ce maître du suspense sait y faire : il vous amène des personnages hors du commun auquel on s’attache volontiers, prend bien son temps pour décrire l’environnement, les caractères des personnages, pour insinuer délicatement des indices et des éléments pour entretenir la flamme qu’il allume chez le lecteur, un peu comme dans une montagne russe : on monte tout doucement, on s’arrête un peu en haut et puis zou, c’est parti pour le grand saut, celui qui vous met sens dessus dessous, qui vous donne des sueurs et vous mets dans tous vos états, saupoudrant le tout d’un bon gros soupçon de fantastique.


Dans le présent récit, il s’agit d’enfants, d’enfants hors norme, soit, mais d’enfants, de petits êtres sans défense (croit-on), à qui ont inflige d’affreuses souffrances physiques comme morales. Un tout assez manichéen, des bons très bons, des méchants très méchants. Rien de très original... Mais bon, une fois plongé dans le roman, on oublie qu’il y a une vie en dehors, et quand on revient à la vie normale, on continue à se demander comment ils vont pouvoir se sortir de cette prison trop bien gardée, avec pour seules armes, la télékinésie ou la télépathie dont ils pourraient se servir s’ils étaient plus performants dans ce domaine... Mais hélas...


J’ai vraiment passé de bons moments de lecture, même si quelques incohérences ont pu se faire sentir avant le dénouement et même si parfois, l’auteur donne l’impression de diluer pour faire durer le plaisir.

dimanche 14 mars 2021

 Consommation :

Le guide de l'anti-manipulation
















Voici une petite pépite que l’on devrait tous posséder et sortir régulièrement de sa bédéthèque pour se rafraîchir la mémoire de temps à autre. C’est vrai qu’il suffit de flâner dans les brocantes, vide-greniers et autres foires au troc pour s’apercevoir combien nous consommons, et que ce superflu que nous nous procurons, il tombe vite en désuétude, ou n’intéresse plus une fois acheté, ou vient s'ajouter à quantité d'objets dont on pourrait fort bien se passer.


Il faut dire que les commerciaux ont du génie ! On le perçoit bien lorsque l’expédition vers le ravitaillement s’impose...


Cet album passionnant et édifiant montre comment les « démons du commerce » ces diables rouges qui surgissent régulièrement dans l’ouvrage, s’y prennent pour nous amener à dépenser, il y a les pièges connus tels, les têtes de gondole, les articles placés en caisse, les objets mis sur votre chemin... Mais ce livre fait vraiment le tour de la question et nous enseigne le plus subtil : les promos, les contenants, les emballages, les sacs vendus dans les magasins, les caddies, l’aspect psy des prix, les cartes de fidélité,  la manipulation du consommateur, les objets dérivés dont les enfants (et les adultes !) sont victimes, sans oublier les innombrables pièges de la vente par internet, cookies compris.


Un consommateur averti en vaut deux ! Aussi une dépense pour se procurer ce livre ne sera pas inutile, et si le narrateur s’adresse aux enfants, il fournit de bons conseils à destination de tous les consommateurs qui croient faire des économies se précipitant sur les promos.

jeudi 11 mars 2021

 Les orageuses












Marcia Burnier

Ed Cambourakis


Mia, Lucie Inès et toutes les autres nous aident avec ce réquisitoire contre l’absence de réaction de la justice face au viol, à comprendre. Comprendre qu’un viol, c’est bien souvent une vie saccagée, un destin contrarié, un frein dans le quotidien qui empêche des actions banales pour un individu, comme prendre les transports en commun, s’insérer dans une file d’attente, un coup de longue durée porté au moral, des nuits perturbées, un empoisonnement de l’esprit par un secret bien gardé, par pudeur, par incompréhension des autres.


C’est à la suite de ce constat que ce gang de fille agressées se reconstruisent, car c’est bien de reconstruction dont il s’agit, en menant des actions punitives contre l’agresseur, actions intelligemment organisées afin de mettre à mal le violeur et soulager la victime.

 

Ce récit peut paraître décousu en raison de ses chapitres où sont semés ici et là, des bribes de vie, informations dispersées pour signifier la pudeur des victimes qui se livrent difficilement.

 

Ce roman est à mettre entre toutes les mains afin de tenter de faire avancer les choses en matière de justice et de permettre aux victimes de s’exprimer et de communiquer efficacement leur colère pour que l’on cesse de banaliser le viol.


Merci aux 68 premières fois de m’avoir permis de découvrir ce récit marquant.

mercredi 10 mars 2021


Ça n’arrivera pas




 






Nicolas Beuglet

Ed XO


Difficile de ne pas céder à la thèse complotiste en lisant cette nouvelle. Il est préférable effectivement de se dire que « ça n’arrivera pas », mais il y a de forts risques de devenir paranoïaque en imaginant la mainmise de l’état sur les libertés tel que le montre Nicolas Beuglet, d’autant plus que techniquement, tous les moyens mis en œuvre dans ce récit glaçant sont opérationnels ou le seront : informations et messages via le smartphone, reconnaissance faciale, détection des personnes contact, projet de passeport vaccinal et même si on ne prend pas la température des gens à distance, on a quand même l’impression que Big Brother n’est pas loin, ça fait froid dans le dos.

Cette nouvelle n’est pourtant pas écrite par hasard, elle est le fruit d’une réflexion profonde qui va au-delà du simple constat amenant chacun à se dire, comme nous avons pu le penser, que si on voulait installer une dictature, le terreau nécessaire est prêt. Entre les lignes, l’auteur nous mets en éveil et nous invite à réagir avant qu’il ne soit trop tard plutôt que nous voiler la face en se disant « : ça n’arrivera pas ! »

Un récit très bref mais concentré et auquel on peut être amené à penser quotidiennement


 Le sanctuaire



Laurine Roux

Les éditions du sonneur


Ils sont quatre dans ce coin de montagne quelque part, là où la nature est souveraine, là où se côtoient la vie et la mort, la haine et l’amour, la beauté et la laideur, l’espoir et l’abattement, là ou le présent se fait sentir, ou le passé devient envahissant, ou le futur ne peut s’envisager... 


Magnifique récit qui se dévoile par petite touche, où l’on apprend les raisons de ce refuge... peut-être..., où l’homme redevient chasseur cueilleur au milieu d’une nature hostile, où un être mystérieux se manifeste... pourquoi... ?


On fait connaissance de Gemma, la fille du terrain, entrainée par un père intransigeant qui attend d’elle qu’elle survive dans ce milieu, qu’elle manie l’arc avec dextérité, sans tolérance, on côtoie June, la sœur ainée, celle qui a connu la vie d’avant... On s’attache à la mère, dévouée et aimante, soumise à cet homme ambigu qu’est le père, le seul qui peut sortir du sanctuaire aux limites fixées par lui-même.


On y baigne dans le mystère qui se dévoile à qui se montre patient, on y prend malgré l’inconfort de cette famille, un bol d’air offert par cette nature décrite avec tant de poésie, on y subit toutes les tensions, tous les affronts, toutes les blessures dont Gemma et June seront les victimes.


Concentré d’émotions et de sensations, ce court roman, peut-être post apocalyptique, à moins qu’il ne décrive simplement la psychologie de personnages parvenus en ce refuge par choix, où qui ont fui la civilisation pour se protéger, le lecteur saura faire la part des choses, plaira à tout ceux qui aiment les textes sibyllins et subtiles et les belles odes à la nature.



dimanche 7 mars 2021

 L'embaumeur











Isabelle Duquesnoy

Ed La Martinière


Victor renard, une vie... Une vie qui aurait pu ne présenter aucun intérêt aux yeux du lecteur, pauvre Victor, qui commença sa vie en se voyant accusé d’avoir tué son jumeau, Isidore… Victor, qui devait naître et vivre malgré tout, c’était le destin que sa Paqueline de mère avait bien tenté de réduire à peau de chagrin, en vain, il était accroché à la vie le victo-rieux. Son sonneur de serpent de père mourant d’un fâcheux accident de labour qui donne le ton et promet un humour noir bien décapant, Victor passe son enfance à esquiver les coups et entendre les insultes de sa génitrice pour qui ce pauvre enfançon n’est qu’une bouche à nourrir.

 

Et Victor emprisonné dans un lugubre cachot, se confesse, autant à ses juges qu’au lecteur… mais quel crime a -t-il donc commis ? On le saura… à la toute fin du récit, ce qui ne manquera pas de faire trépigner d’impatience face à ce récit d’une vie semée d’embûches, on lira en se demandant : mais que diable a-t-il fait ??? Question qui m’a hantée tout au long de ma lecture, hantise atténuée par le récit lui-même, fort sympathique et porteur d’une bonne culture historique que l’on doit à cette autrice qui n’a pas ménagé sa peine pour produire un roman si bien documenté.

 

On y côtoiera la Paqueline, sujet du tome suivant à elle seule, personnage cruel et sans finesse, capable des pires méchancetés (j’ai hâte de lire la suite !), 

Angélique, la « vertueuse » jeune fille qui ne montre de vertu que lorsqu’elle est accompagnée par maman, et qui jouera un rôle certain dans la vie de Victor, 

Franz, ami de Victor...Peut-être…  et l’embaumeur... qui enseignera à Victor, l’art de pomponner un défunt.

 

Si comme moi, vous aimez l’histoire, période Directoire on l’on croise quelques Incroyables et Merveilleuses, si vous avez soif d’humour noir, si vous aimez le suspens, jetez-vous sur l’embaumeur, vous ne le regretterez pas !

 

 Missouri 1627












Jenni Hendriks et Ted Caplan

Ed Bayard

Roman sympa à l’ambiance très, très américaine. On y fait connaissance de Veronica, jeune fille douée pour les études qui ne voudrait aucunement rater son entrée à l’université. Mais voilà, Veronica tombe enceinte. Et il semble bien que dans la société américaine, c’est certainement moins catastrophique que de se faire avorter, on se marie, on élève l’enfant, voilà tout ! Mais notre héroïne ne voit pas les choses de cette façon. Il y a bien une clinique qui pratique les interruptions de grossesse tout près, mais il lui faudrait l’autorisation de ses parents.... Alors ? Veronica, que ses parents vont croire partie en week-end avec ses amies pour réviser avant le passer le bac, va se lancer dans un road trip à 1627 km de chez elle, conduite par Bailey, une punkette qui n’a peur de rien et qu’elle n’a pas fréquentée depuis la troisième. 


Bailey n’a peur de rien, Bailey n’a pas d’amis et ça lui est égal... croit-on, Bailey ne fait pas dans la dentelle, Bailey prend des décisions, impose certaines clauses au contrat "transport" qu'elle conclut avec Veronica. Veronica, elle,  surprendra par son comportement et son audace, ce qui ajoute au récit, beaucoup d’humour, des situations cocasses qui vous feront passer d’excellents moments de lecture. 


Mais ce roman n’est pas que cela, il constitue une belle critique de la société américaine avec ses contradictions, sa religiosité et son puritanisme et possède beaucoup de moments tendres et de réflexions profondes qui invitent à la tolérance.


1627, c’est donc la distance que parcourront nos deux fuyardes, et le roman est organisé en chapitres correspondant à la distance parcourue, ce qui transforme le lecteur en passager témoin de tous les événements, incidents voire accidents, moments de panique, désarrois et bonheur de nos protagonistes.


Je ne regrette pas de m’être plongée dans cette pépite !

Je remercie Babélio et les éditions Bayard pour ce partenariat.

samedi 6 mars 2021

 Nos corps étrangers










Carine Joaquin

Ed  la manufacture de livres


Une grande maison, un jardin, un atelier de peintre pour madame, loin du tumulte parisien... 

Mais est-ce vraiment la maison du bonheur ? Du bonheur retrouvé, on l’espère, mais dès le départ, le ton est donné : Stéphane a trompé Elisabeth, et l’amour semble bien avoir fui ... Et Maeva ? Maeva se cherche, Maeva se rebelle, Maeva transgresse, Maeva oscille entre un père plutôt sectaire et une maman compréhensive et bienveillante mais qui n’a pas elle-même résolu ses problèmes et qui a d'autres préoccupations.


Déséquilibre familial, malaise croissant qui pousse le lecteur à aller plus loin pour savoir... pour connaître le dénouement surprenant de ce récit, une fin qui m’a surprise et qui m’a laissée bien pensive. 


Si le sujet dominant semble être le couple et la famille, on y évoquera le problème des migrants, des sans-papiers, le racisme et l’intolérance. Un ensemble bien écrit et très fluide.

Un roman qui m'a happée !