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mardi 26 juillet 2016

  
Les apparences




Gillian Flynn
ed livre de poche ou France Loisirs


 Dire que je n'ai pas aimé, ce serai faux, toutefois ce roman ne fera pas partie de mon top 10 pour l'année ! Un amateur de thriller de mes amis me le conseillait vivement, l'air tout chavire à la lecture de cette histoire, une personne qui aime Grange, Thilliez et Millenium, je pensais donc y trouver  quelque chose d'équivalent, des sensations fortes, du suspense  à faire se pâmer d'impatience et passer des nuits blanches, mais rien de tout cela...

Un début long, très long, trop long, je veux bien croire qu'il faut présenter les personnages et mettre en évidence le tempérament de chacun pour envisager la suite, mais l'action ne commence qu'à la moitié du roman, puis enfin une accroche, là je dois avouer que je me suis sentie plus à l'aise, me demandant ce que c'est que cette histoire, quelque chose allait susciter chez moi l'envie de poursuivre : qu'est devenu Amy ? Pourquoi cette mise en scène ?  Enfin un fil conducteur qui vous mène à la fin.

Bilan : j'ai aimé les descriptions des protagonistes, leur personnalité, les aspect psychologiques du roman, les pointes d'humour, surtout au début, le suspens relatif que l'on dirait emprunté à Douglas Kennedy, à travers tout cela, une certaine critique de la société américaine, le style du roman à deux voix qui offre des points de vue différents d'une même intrigue.

Je n'ai pas aimé certaines longueurs que j'ai jugées inutiles, certains détails dont on aurait pu se passer, les passages durant lesquels on médiatise l'aventure de Nick, que j'ai allègrement lus en diagonale, la fin que je trouve un peu décevante.


 Je ne regrette pas d'avoir lu ce livre qui semble prendre le chemin d'un classique à lire si on veut parfaire sa connaissance en matière de thriller. 

dimanche 24 juillet 2016

   
Le grand méchant renard


Benjamin Renner
Ed Delcourt





    Pauvre renard, il voudrait bien être méchant et cruel, mais ça, il sait pas faire ! Il en est réduit à déguster les navets que lui donne le cochon ! Conseillé par le loup, il vole trois œufs a une  poule, et se voit obligé de couver pour pouvoir manger les poussins. Il devient l'heureuse maman de trois rejetons et devra assumer le dur métier de parent de petits garnements pas si facile à élever et qu’il ne peut se résoudre à manger ! Un renard bien sympathique quoique bien peu rusé !

  Ne passez pas à côté de cette bande dessinée hilarante : répliques drôles, dialogues à lire et à relire,  expressions à faire se pâmer de rire, et situations comiques. L'ambiance du poulailler n'est pas sans rappeler les poulettes du film " Chicken run" qui mènent à bien une action collective pour parvenir à leurs fins.


Un coup de cœur ! 

mercredi 20 juillet 2016

   
Amour et Psyché





  Il était une fois, dans un lointain pays, un roi et une reine qui avaient trois filles, toutes trois fort belles… ainsi commence ce magnifique conte que l’on ne doit pas aux frères Grimm où à Charles Perrault mais à Apulée né en 125 de notre ère, sous le règne de l'Empereur Hadrien.  Il apparaît dans l’œuvre de l’auteur intitulée « les métamorphoses » écrite au cours du deuxième siècle. 

Je lis dans wikipédia, que l’origine du conte écrit se situe au XVIème siècle ? Apulée semble en avoir écrit les bases et d’autres récits, nés de la tradition orale ont certainement vu le jour antérieurement.  On retrouve dans cette histoire magnifique, tous les aspect du conte tel que nous le connaissons aujourd’hui : une situation initiale : une jeune fille que l’on vient admirer et vénérer, une rupture : la jalousie de la déesse Vénus, (se demander si l’histoire de Blanche neige n’y prend pas sa source), la jalousie des sœurs de psyché qui précipiteront son malheur, d’autant plus qu’elle cède et brave les interdits, une errance et des épreuves puis  un nouvel équilibre qui se crée,  généré par les épreuves menées à bien, une situation finale heureuse d’où le héros sort grandi.

On n’oubliera pas les être qui viennent aider le héros dans ses épreuves, dans le récit, psyché se voit confier des travaux irréalisables pour une mortelle, elle est aidée et conseillée par des animaux, des éléments naturels ou matériels et mène ces travaux à leur terme.

Ces adjuvants sont  partie intégrante de l’environnement et comme tous les éléments, ils sont de nature divine ou travaillant avec les Dieux de l’olympe, on peut même affirmer que tout ce qui existe à l’état d’idée, de chose, d’être vivant est baigné dans la divinité : depuis la Terre elle-même, jusqu’aux sentiments inspirés aux mortels : fortune : qui distribue la misère ou la prospérité est annoncée par Eros, Sobriété est l’ennemie jurée de Vénus , inquiétude et tristesse sont les servantes qu’elle appelle à son service pour le malheur de Psyché.

Le message délivré dans ce conte par Apulée n’est pas difficile à cerner : ne pas se montrer curieux, ni désobéissant, ni jaloux sous peine de se tracer un destin peu enviable, on comprendra également que la notion de destin y  est implicitement mise en question : nos actions ouvrent des porte de ce qui sera la destinée que nous nous forgeons.

Les Dieux ne revêtent un aspect divin que parce que l’on sent la nature à leur service et qu’ils disposent de l’autorité et  des richesses les plus pures : le char de Vénus lui fut offert par Vulcain le Dieu orfèvre, il est tiré par des colombes éblouissantes de blancheur, il est suivi par un cortège formé par tous les oiseaux du ciel et les nuages  s’écartent pour le laisser passer...Voici donc une grande  différence entre les Dieux et les mortels, par ailleurs, ils vivent et réagissent comme des humains : il rient, se mettent en colère, sont jaloux, intriguent au sein de l’Olympe, tombent amoureux.


Je me suis sentie bercée par ce conte si bien écrit (voir citation) par Apulée dont l’histoire raconte qu’il fut formé par un « litterator », puis un « grammaticus » pour terminer cette éducation entre les mains d’un »rhetor qui lui enseigna l’art de manipuler les mots. 

Un récit à lire et à relire afin de se délecter du texte qui nous fut généreusement offert par Harmonie, Beauté et Douceur !

dimanche 17 juillet 2016


Ce que je sais de Vera Candida


Véronique Ovaldé 
Ed J'ai lu


   J'ai beaucoup aimé cette histoire qui peut apparaître comme une histoire simple de femmes  sur une île et dans un pays imaginaire, d'ailleurs, peut- être pas si imaginaire que cela : Véronique Ovalde a inventé  l'île de Vatapuna ( bien que l'auteure ait déclaré que des personnes lui ont dit que cette île ressemblait étonnamment à je ne sais plus quelle île des Caraibes) mais elle expose clairement la condition des femmes en Amérique latine, le fait de se retrouver seule pour élever des enfants qui y est courant , le machisme, la violence, la corruption, la présence d'ex nazis réfugiés quelque part en Amérique  du sud.

Histoire simple en apparence donc, mais une histoire d'une violence inouïe si on considère la vie de chacune des femmes de la lignée :

-    Rose Bustamente, qui gagne sa vie en se prostituant, puis jusqu'à un âge avancé, est amenée à pêcher des poissons volants en mer pour se nourrir et nourrir sa fille née tardivement après une liaison avec Jeronimo, homme pas très recommandable dont on ignore le passé et qui semble être venu se réfugier sur l'île pour une raison inconnue du lecteur.

-    Violette, pauvre petite fille sans repère ( bien que sa mère, Rose ait essayé de lui en donner avec les moyens qu'elle possédait),

-    Vera Candida notre héroïne, femme à la fois de caractère, ne se laissant pas manipuler, et fragile à la fois : la vie lui imposera des épreuves qu'elle assumera tout en se montrant parfois passive face à certaines situations : exploitation dans le travail, accueil des événements sans révolte apparente. Par deux fois elle choisit la fuite par amour pour ceux qu'elle aime.

-    Monica-Rose qui aura la chance de pouvoir s'instruire et vraisemblablement de s'émanciper.

En observant le parcours de Vera Candida, on peut penser à la  résilience : mise au monde par une mère dans l'incapacité de l'élever, et éduquée par sa grand-mère, elle subit une épreuve qui générerait un traumatisme important chez toute femme ayant vécu une telle situation,  elle choisit la fuite, elle décide  de s'en sortir et de donner à sa fille une autre vie, une vie un peu moins difficile que la vie qui aurait été la sienne à Vatapuna et on peut à nouveau parler chez Monica-Rose de résilience car elle est porteuse de tout ce qu'ont pu subir ses aïeules, il serait intéressant connaître  le point de vue d'un psychologue sur cette question.

Vera Candida porte en elle l'évolution de la lignée : Rose, sa grand-mère est ancrée à Vatapuna, elle y mourra, Violette incapable de s'en sortir, se laissera prendre dans les filets de cette île, Vera Candida fuira Vatapuna, sans doute pour échapper à un destin similaire à celui de sa grand-mère puis s'y réfugiera à nouveau, mais Monica Rose, elle partira vers une vie toute autre et ne connaîtra jamais cette île.

Les hommes dans la vie de Vera Candida ont également attiré mon attention : violeurs pour un certain nombre d’entre eux, et qui sont à l’origine de l’extrême méfiance de la jeune femme et de sa situation précaire, ou exploiteurs si on pense à son chef dans cette usine de paniers repas où elle travaille de nuit, et puis survient itxaga, journaliste à l’origine de la fermeture du refuge pour mères célibataires ou s’est installé Vera Candida, mais qui apparaît comme une sorte de justicier, personnage qui renforce la vision que l’on peut avoir de ces hommes tel que Vera Candida les considère : plus il se montre humain, plus les autres apparaissent comme des monstres.


En tant que lectrice de ce roman, c'est avec grand intérêt que j'ai suivi l'évolution de Vera Candida, un livre que je conseille à toute personne qui s’intéresse aux problèmes de l’Amérique latine, aux difficultés rencontrées par les femmes dans le monde, à la psychologie, même si d’autre ouvrages creusent certainement plus la question.

jeudi 14 juillet 2016

   Le soleil sous la soie


Eric Marchal
Ed Anne Carrère, 
Pocket


   Je sors un peu étourdie de ce pavé, la tête pleine de connaissances diverses sur la période qui couvre les vingt  dernières années  du règne de Louis XIV.  Certains ont pu écrire que le sujet était essentiellement la chirurgie à cette époque,  or je considère qu’il s’agit du sujet dominant puisque notre héros, Nicolas déruet est un chirurgien compétent pour l’époque,  mais le romancier ne se contente pas de relater des interventions, des soins et de décrire les traitements utilisés à l’époque, il alimente son récit d’intrigues, de discussions entre la couronne de France et le duché de Lorraine, de manœuvres politiques de la part du roi Soleil, comme de Léopold, duc de Lorraine qui se bat pour maintenir l’indépendance de son duché, la Lorraine n’étant pas française à l’époque.

Concernant la médecine, j’ai beaucoup appris, moi qui considérais les médecins de l’époque, ceux dont Molière se moque ouvertement, comme des charlatans, souvent à juste titre. Or il y avait deux sortes de soignants : ceux de « l’Académie » qui n’intervenaient pas chirurgicalement, le rôle de chirurgien étant rabaissé au rang de barbier, bons pour le petit peuple, formés comme on dirait aujourd’hui sur le tas, et les chirurgiens ambulants ou œuvrant dans  des maisons de soin souvent dirigées par les religieuses. Les médecins officiels qui avaient une formation pratiquaient les saignées  autant que faire se peut, ce n’est pas nouveau,  et ne possédaient pas les connaissances d’un chirurgien comme Nicolas Deruet qui timidement,  affirme au début du roman que le sang circule dans les veines,  sans trop insister pour ne pas froisser les éminents médecins du royaume. Il faut dire de Maître Deruet a de la pratique : chirurgie de toute sorte, accouchements, quelques années sur les champs de bataille de Hongrie, 
autopsies …
Il a fallu avoir parfois le cœur bien accroché pour lire les descriptions d’opérations exposées par l’auteur.

Mais Eric Marchal ne se contente pas de la médecine, ça fricote dans le roman! Nicolas Deruet oscille entre  deux amours : Marianne, sage-femme de son état et Rosa,  veuve du Marquis de Cornelli, faisant partie de la suite du duché. Cette situation générera bien des intrigues et des  situations délicates qui entretiennent un suspense relatif.

Je me demande si ce roman avait besoin de ses neuf cents pages ! beaucoup de dilution, de digressions au cours desquelles de nouveaux personnages surviennent, ce qui rend le récit quelque peu lassant. J’ai terminé en ayant vraiment hâte de lire la dernière page. Rien de grandiose dans cette histoire. La première moitié se laisse lire aisément, la deuxième devient parfois très fatigante.

Je suis étonnée qu’un roman si documenté commette des erreurs quant aux relations sociales : l’auteur ne prévoit pas que des amours entre une personne de la haute société et un chirurgien ambulant  puissent se réaliser sans obstacles, qu’un bohémien ait ses entrées au duché, que les amis de Nicolas Deruet deviennent les amis de la marquise sans que l’entourage ne s’offusque... et l'étiquette que diable!


La vie décrite ne semble pas si dure : le duc pardonne aisément, même quand on essaie d’attenter à sa vie,  engage des paris sur les relations amoureuses de Deruet, les amis du chirurgien, chirurgiens eux-mêmes, font figure de joyeux fêtards, le vin coule à profusion, on fait la fête, on souffre parfois, mais on guérit souvent. Diable, à en croire l’écrivain, il faisait bon vivre sous le règne du roi Soleil !