Ce que je sais de Vera Candida
Véronique Ovaldé
Ed J'ai lu
J'ai beaucoup aimé cette histoire qui peut apparaître comme une
histoire simple de femmes sur une île et
dans un pays imaginaire, d'ailleurs, peut- être pas si imaginaire que cela :
Véronique Ovalde a inventé l'île de Vatapuna ( bien que l'auteure ait déclaré
que des personnes lui ont dit que cette île ressemblait étonnamment à je ne
sais plus quelle île des Caraibes) mais elle expose clairement la condition des
femmes en Amérique latine, le fait de se retrouver seule pour élever des
enfants qui y est courant , le machisme, la violence, la corruption, la
présence d'ex nazis réfugiés quelque part en Amérique du sud.
Histoire simple en apparence donc, mais une histoire d'une
violence inouïe si on considère la vie de chacune des femmes de la lignée :
-
Rose Bustamente, qui gagne sa vie en se
prostituant, puis jusqu'à un âge avancé, est amenée à pêcher des poissons
volants en mer pour se nourrir et nourrir sa fille née tardivement après une liaison avec Jeronimo, homme
pas très recommandable dont on ignore le passé et qui semble être venu se
réfugier sur l'île pour une raison inconnue du lecteur.
-
Violette, pauvre petite fille sans repère ( bien
que sa mère, Rose ait essayé de lui en donner avec les moyens qu'elle
possédait),
-
Vera Candida notre héroïne, femme à la fois de
caractère, ne se laissant pas manipuler, et fragile à la fois : la vie lui
imposera des épreuves qu'elle assumera tout en se montrant parfois passive face
à certaines situations : exploitation dans le travail, accueil des événements
sans révolte apparente. Par deux fois elle choisit la fuite par amour pour ceux
qu'elle aime.
-
Monica-Rose qui aura la chance de pouvoir
s'instruire et vraisemblablement de s'émanciper.
En observant le parcours de Vera Candida, on peut penser à la résilience : mise au monde par une mère dans
l'incapacité de l'élever, et éduquée par sa grand-mère, elle subit une épreuve
qui générerait un traumatisme important chez toute femme ayant vécu une telle
situation, elle choisit la fuite, elle
décide de s'en sortir et de donner à sa
fille une autre vie, une vie un peu moins difficile que la vie qui aurait été
la sienne à Vatapuna et on peut à nouveau parler chez Monica-Rose de résilience
car elle est porteuse de tout ce qu'ont pu subir ses aïeules, il serait
intéressant connaître le point de vue d'un
psychologue sur cette question.
Vera Candida porte en elle l'évolution de la lignée : Rose, sa
grand-mère est ancrée à Vatapuna, elle y mourra, Violette incapable de s'en
sortir, se laissera prendre dans les filets de cette île, Vera Candida fuira Vatapuna,
sans doute pour échapper à un destin similaire à celui de sa grand-mère puis
s'y réfugiera à nouveau, mais Monica Rose, elle partira vers une vie toute
autre et ne connaîtra jamais cette île.
Les hommes dans la vie de Vera Candida ont également attiré mon
attention : violeurs pour un certain nombre d’entre eux, et qui sont à l’origine
de l’extrême méfiance de la jeune femme et de sa situation précaire, ou
exploiteurs si on pense à son chef dans cette usine de paniers repas où elle
travaille de nuit, et puis survient itxaga, journaliste à l’origine de la
fermeture du refuge pour mères célibataires ou s’est installé Vera Candida,
mais qui apparaît comme une sorte de justicier, personnage qui renforce la
vision que l’on peut avoir de ces hommes tel que Vera Candida les considère :
plus il se montre humain, plus les autres apparaissent comme des monstres.
En tant que lectrice de ce roman, c'est avec grand intérêt que
j'ai suivi l'évolution de Vera Candida, un livre que je conseille à toute
personne qui s’intéresse aux problèmes de l’Amérique latine, aux difficultés
rencontrées par les femmes dans le monde, à la psychologie, même si d’autre
ouvrages creusent certainement plus la question.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire