Pages

jeudi 19 juillet 2012


Shutter Island

Dennis Lehane

Stupéfaite, perplexe, voilà ce que je dirais de moi-même à la fin de la lecture de ce roman.Je ne vais pas tarder à regarder le film, à ce que l’on dit, fidèle au livre, car la fin surprenante mérite une deuxième  lecture .
Je n’en dirai pas  plus à ce sujet.
J’ai écouté ce récit (livre audio) avec un ressenti très variable : angoisse :  l’ambiance  parfois sinistre et inquiétante étant très bien restituée,  impatience : vont-ils trouver une âme charitable pour les guider efficacement, interrogation : un personnage surgit de nulle part sans explication, sans présentation,  
confusion : j’ai eu l’impression de me retrouver confrontée à des incohérences , des situations qui ne cadrent pas avec la fin , ces incohérences, (à analyser en deuxième lecture) amènent  le lecteur à se demander  qui est fou, qui est sain d’esprit  lors du  dénouement spectaculaire que nous offre Dennis Lehane.
Ne passez pas à côté de ce magnifique thriller psychologique. Un conseil de lectrice, ne perdez pas une miette de ce que vous lirez, cela vous sera utile pour comprendre la situation finale.

vendredi 13 juillet 2012



Les doigts pleins d'encre

Robert Doisneau
François Cavanna

Merveilleux temps ou les enfants étaient … des enfants : ils possédaient alors la naïveté, l’innocence et l’imagination génératrice de rêveries grandioses. Un caniveau devenait le Mississipi, les terrains vagues,  des champs de bataille, et le maître un puits de science que l’on respectait.  Je me surprends moi-même avec mes pensées  nostalgiques d’un temps où les enfants savaient jouer et tenir des jours entiers avec une boîte de conserve vide au lieu de s’abrutir avec des consoles, des ordis et autres machines qui à forte dose, font taire leur créativité. Ce livre m’a rappelé le temps,  pas si lointain où nous tracions avec des restes de plâtre, des routes pour nos vélos, où nous jouions dans les chantiers (interdits de préférence), ou nous passions des journées entières à bâtir de pauvres cabanes et à évoluer dans des lieux qui étaient le pur produit de nos imaginations. C’est ce que j’ai retrouvé dans ce merveilleux ouvrage écrit par Cavanna sur fond de photos de Doisneau.
Le texte est plein d’humour et traduit merveilleusement bien la pensée des enfants de  cette époque (années 50 ?)   Les photos se regardent comme on lit des histoires : on note des détails qui appellent des souvenirs, on reste là, à penser, à réveiller le passé.
Cet écrit de cavanna n’est pas sans rappeler la guerre des boutons, par les bêtises imaginées par ces gosses de la rue pour se distraire, ni le petit Nicolas par la vision du monde que nous sert le narrateur dans de délicieux passages dont regorge cet exposé (voir citations).
Je vais m’attaquer sans tarder aux autres ouvrages de la série. 

lundi 9 juillet 2012


J'ai un ado mais je me soigne


Des livres traitant du problème des adolescents, j’en ai lu quelques-uns, certains peu convaincants, d’autres denses, spécialisés, rébarbatifs, fondamentalistes (hé oui, certains psy américains vous servent des bondieuseries  à toutes les sauces, même pour aider nos ados à s’exprimer ! ) J’ai donc arrêté de chercher du côté de cette littérature, tant pis pour mon ado, ma sciences serait désormais fondée sur l’observation du magnifique spécimen dont je dispose à la maison.
Et puis, voilà que surgit dans ma vie, Olivier Révol, (Merci Kittywake !).
Un livre que je conseillerai à tous ceux qui voudraient se pencher sur cette question. Un ouvrage clair, faisant alterner des études de cas et des chapitres sur l’état actuel des connaissances sur les ados, et fournissant des conseils très précis aux parents. J’en suis arrivée à la conclusion que mon ado n’était pas si terrible ça !

dimanche 1 juillet 2012



La compagnie des menteurs


Karen Maitland

Où l’on fait connaissance de sept personnages : Camelot, l’ancêtre qui fait figure de meneur de la petite troupe, Rodrigo, ménestrel de son état et son élève  Joffre, adolescents perturbé, Plaisance, sage-femme, Zophiel, personnage au verbe haut, semant polémique et discorde au sein de l’équipe, Osmond et Adela, sa compagne, enceinte, Cygnus, conteur  et l’énigmatique Narigorm, voyante qui lit dans les runes. Tout ce petit monde évolue sur fond de peste de 1348 en Angleterre.
Peu à peu, les personnages se rencontrent, le groupe de forme. Pour plus de sécurité, ils décident de faire route ensemble, de fuir vers le Nord pour échapper à l’épidémie, emmenant le lecteur à travers l’Angleterre médiévale, de ville en village où ils sont tour à tour reçus, chassés quand ils ne décident pas eux-même de reprendre la route.
 Je qualifierais ce roman de roman historique, au demeurant passionnant si l’on s’arrête à l’exposé que nous fait Karen Maitland  de cette terrible année 1348. En revanche, je pense que quoiqu’en pensent les lecteurs, il ne mérite pas la dénomination de thriller : je n’ai ressenti aucune sensation de peur, de tension , même lorsque les personnages se montrent terrifiés pas un loup sensé les suivre, la peur des loups étant courante à cette époque.  Il y  a des mort, certes et des morts violentes qui  aident à bien entretenir le côté superstitieux des personnages,  mais de recherche des assassins, très peu, j’ai eu l’impression que les réponses que les personnages recherchaient plus ou moins  leur arrivaient  du ciel,  ou que leurs suppositions prenaient très vite des tournures de vérité admissibles par tous. J’aurais presque eu envie de le qualifier de roman moyenâgeux psychologique en raison des relations complexes entre les personnages, des non-dits, des révélations qui expliquent les comportements, le problème, c’est que psychologie et moyen âge constituent un anachronisme,  or certains comportements  sont largement commentés, expliqués et excusés  par  camelot, l’ancêtre, celui qui porte un regard sur les autres et expliquent leur comportement. J’ai trouvé ce personnage très humain, très tolérant, c’est tout à son honneur, mais il fait trop défenseur des droits de l’homme avant l’heure, se démarquant des autres personnages, et le fait qu’il soit le narrateur explique en partie cette vision  avec un certain  recul  sur ses pairs, mais ce n’est pas l’idée que je me faisais de la pensée en 1348, surtout après avoir lu des œuvres telles que les piliers de la terre, la promesse de l’ange, le nom de la rose...  
L’histoire s’éternise parfois : le résumé annonçant des meurtres à élucider, mais la compagnie n’est rassemblée qu’à la moitié du roman et j’en suis même arrivée à me demander si j’avais bien lu le résumé, si les événements annoncés allaient se produire.
J’ai malgré tout passé de très bons moments grâce à cet exposé que fait l’auteure, car les situations et le vécu des personnages très différents d’un individu à l’autre vont créer de grandes tensions, qui permettront au lecteur de se faire une idée de la pensée de l’époque, des superstitions, des pratiques religieuses.
Enfin certains passages sont, au choix du lecteur, à considérer soit comme du conte, soit comme une interprétation de la part des gens de l’époque, je n’en dirais pas plus.
Pour finir, j’ai aimé ce roman parce que j’aime la période médiévale et tout ce qui la concerne, et jamais je ne me lasserai de lire ce genre de récit.