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dimanche 29 novembre 2015

   
Kafka sur le rivage




 Il me paraît bien difficile de traiter de ce roman sous toutes ses facettes tant il me paraît complexe bien que la lecture en soit aisée.
Il s’agit cela va de soi, d’un conte initiatique de départ qui n’est pas sans rappeler le mythe œdipien  avec en situation initiale, un héros digne des contes traditionnels : courageux, déterminé à mener à bien sa quête, rencontrant des personnages qui vont l’aider, personnages souvent ambigus (oshima) ou mystérieux (Mademoiselle Saeki). Les autres personnages, nous font entrer dans un monde magique, irrationnel qui m’a bien surprise et auquel j’ai dû m’habituer  sans difficulté une fois admis que ce conte, bien que se déroulant dans le Japon aujourd’hui, comprenait des personnage qui n’ont pas été sans rappeler quelques figures apparaissant dans Alice au pays des merveilles, notamment le père de Kafka, personnage morbide et cruel il est vrai, mais original, et qui pouvait rappeler le chapelier fou de Lewis Caroll.
Le garçon nommé corbeau n’est autre, cela se conçoit sans question, que la conscience de Kafka

J’ai trouvé fort sympathique, le personnage de Nataka dont on devine  peu à peu la genèse dans les témoignage du début du roman, personnage clé malgré son amnésie et sa vision du monde réduite, mené par un destin décidé par on ne sait qui ou quoi, une sorte d’inconscient qui flotterait au-dessus de sa tête, capable de provoquer d’étranges phénomènes et qui sera celui qui libérera Mademoiselle Saeki d’un monde dont elle est prisonnière.
Les liens entre les personnages sont parfois difficiles à percevoir : on peut penser qu’un lien va se créer entre Nataka et Kafka, les deux héros car le chemin qu’il prennent serait susceptible de converger, et il converge certes, mais pour une autre rencontre et une première résolution d’un état initial, je n’en dirai pas plus !

Les personnages de ce roman existent réellement, ou pas… le monde de Nataka est un monde onirique, Nataka serait alors lui-même une conscience qui aurait une mission sur terre, un rêve, qui aurait un lien certains avec Kafka qui se réveille taché de sang sans résoudre cette énigme, pendant que Nataka s’accuse du meurtre du père de l’adolescent.
Le père existe-t-il ? Très peu dans la tête de Kafka et peut-être encore moins dans celle de Nataka qui est lui-même un rêve.

Le destin de Kafka le mène à la bibliothèque ou il trouvera des qui devrait l’aider à résoudre l’énigme de sa vie : qui est sa mère ? qui est sa sœur ?
L’arrivé de de Kafka en cet endroit n’est pas un hasard : il connaît chaque élément du tableau le représentant dans sa chambre, et c’est là qu’il trouvera la part de sa personne qui lui manque pour grandir et faire un séjour dans un monde parallèle  et revenir à la vie réelle qui lui permettra de se reconstruire.

J’ai aimé de ce roman, les personnages fantastiques, les scènes relevant du rêve, l’évolution des personnages, le suspens maintenu par l’alternance des chapitres, le passage d’un monde à un autre, deuxième monde fantastique,
j’ai moins apprécié les longueurs dues aux descriptions plus que détaillées, détails probablement inutiles dans le développement du roman, les mystères non résolus, mais cela n’engage que moi, le lecteur étant invité à se poser des questions avec ou sans réponse.
J’ai beaucoup aimé ce conte dont il faudrait faire une deuxième lecture pour le découvrir plus amplement, voire l’emmener sur son île déserte afin de l’étudier en profondeur.

dimanche 22 novembre 2015

Saveurs marocaines



  Voici un livre de cuisine qui joint l’utile à l’agréable : saveurs marocaines est un superbe ouvrage qui ne fait pas que fournir des recettes de cuisine. Il est divisé en trois grands chapitres : Fès, ville impériale, Les côtes marocaines, Marrakech et le sud. Chaque partie présente d’abord la région et ses habitudes culinaires, les plats de fête, le tout agrémenté de superbes photos.
Les recettes sont variées et très bien expliquées : beaucoup de tajines de viande, de poisson, de légumes, mais aussi des recettes de légumes qui montrent  combien dans ce pays, on sait préparer les légumes  pour leur donner une saveur particulière,  des recettes de sauces ou condiments indispensables dans la cuisine marocaine tel que les citron confits, la chermoula , des conseils sur les épices et les herbes assortis de magnifiques macro photographies, des salades sans oublier les desserts, certains réalisables comme les sablés, les salades d’oranges parfumées,  d’autres plus difficiles comme les cornes de gazelles qui sont le résultat d’une pratique régulière et qu’il vaut mieux faire avec quelqu'un qui a l’habitude de les confectionner.

Un livre qui vous parfume de ses arômes rien qu’en le lisant et qui donne vraiment envie de se lancer dans cette cuisine.

dimanche 15 novembre 2015

Premiers poème pour toute ma vie


Jean-Hugues Malineau
ed milan jeunesse

   Les livres parfois, vous fascinent, vous hypnotisent et vous piègent dans leurs pages ! C’est exactement ce qui m’est arrivé avec cet album : grand, doux au toucher, magnifique, je me suis retrouvée absorbée par ses pages de papier glacé. Le sommaire prometteur annonce une profusion de poèmes classé par thème  pour les enfants  avec des titres de chapitre originaux : je me réveille, je m’émerveille, Je dévore et je me régale, je voyage et j’apprends, je m’endors et je rêve. Les poèmes émanent d’auteur connus ou pas, et parfois le poème est écrit sur une double page, il faut tourner le livre pour lire le poème et admirer les illustrations naïves ressemblant à des dessins d’enfants. Ce merveilleux album est fait pour attirer l’enfant et lui donner envie de lire la poésie : grands caractères, espace entre les poèmes, illustrations  pas forcément abondantes, mais marquantes et qui amènent à s’interroger, fruit du travail de plusieurs illustrateurs.  L’auteur a publié quelques ouvrages bien connus du public (mille ans de poésie, mon livre de Haïkus (voir critique), Les charades et les chats-mots) et ce livre anciennement intitulé « premier poèmes pour tous les jours » semble avoir été réédité sous le titre premiers poèmes pour toute ma vie, avec des titres de chapitres différents, mais un ISBN identique. Deux autres recueils  sont disponibles dans cette collection : Premiers poèmes avec les animaux et premiers poèmes à travers champs, que je n’ai pas consultés mais qui semblent sortir du même moule. Des poèmes pour tous les goûts dans cet immense recueil dans lequel  chacun trouvera son bonheur. 

jeudi 12 novembre 2015


Madame Mo : Les fêtes japonaises

Pascale Moteki
Agnès Lafaye
ed Picquier jeunesse



Adulte ou enfant, nous voici invités à découvrir l’empire du soleil levant en compagnie de  cinq drôles de petits personnages : Magnus, Rose, Plüq, Norio, Yoko sans oublier le chien Ozu.  Le livre est composé de douze petites histoires racontant les fêtes qui ponctuent la vie japonaise. On apprend beaucoup en lisant ces histoires  suivies des fiches des recettes  des plats consommés et des amulettes, masques, origamis confectionnés  aux cours de ces douze épisodes festifs. Madame Mo apporte aux enfants, Quelques après-midis d’activité en perspective !  Si j’étais enfant je m’amuserais beaucoup à apprendre les mots japonais et les poèmes dont les histoires regorgent. Un livre intéressant pour les enseignants, animateurs ou toute personne qui voudrait faire découvrir les coutumes japonaises. Un autre ouvrage de la même série est sorti en septembre 2015, Madame Mo : les fruits et les légumes japonais.  Je ne l’ai pas lu mais il semble intéressant. Ce sera peut-être l’occasion d’une prochaine critique ! 
Je vous invite à aller consulter un aperçu à l'onglet "documents" 

Le bois des arbres


Pierre Grosz
Nathalie Novi
Paris Musée


    L’enfant court, il court jusqu’à l’orée de la forêt et vient se ressourcer et méditer  au milieu des arbres. Son imagination le transporte : il compare l’homme et l’arbre,  il médite , et les arbres l’apaisent. Comme on se sent bien dans ce bel album, un peu comme quand on se promène en fort et que la beauté vous enrobe de vert, d’ocre jaune, de roux, que  grâce au vent, vous ne faite plus qu’un avec les arbres, que vous vous imaginez de belles histoires rien qu’en regardant ces géants bienveillants qui vous entourent. Cet album se fait le témoin de la complicité entre l’homme et l’arbre. Les illustrations toutes faites de couleurs chaudes, ne sont pas sans rappeler les teintes et les graphismes de Gustave Klimt .

Un bel album reposant qui apporte beaucoup de bien-être !   

mercredi 11 novembre 2015

Des aliments aux mille vertus


Ed terre vivante


   Ce livre s’adresse à toute personne soucieuse de conserver une alimentation saine  et bénéfique pour la santé.  L’auteur, Claude Aubert, est un fervent défenseur de l’agriculture biologique, il a passé sa vie à étudier les différents régimes alimentaires dans le monde entier. Il est l’auteur d’un certain nombre d’ouvrages sur l’alimentation, « une autre assiette », « fabuleuse légumineuses », « art de manger sain » , il est également Co-fondateur de « terre vivante (voir le site). Hésitant à me procurer ce livre sur la lacto-fermentation,  je n’ai plus eu aucun doute en voyant le nom de son auteur.

Nous mangeons tous quelques aliments lacto-fermentés bien connus : le yaourt, le fromage, la choucroute. Mais nous n’imaginons pas à quel point ces aliments sont bénéfiques pour la santé, c’est ce qu’expliquent  clairement Claude Aubert et Jean-James Garreau dans ce livre. Après un historique de cette méthode de conservation qui date, pour certains  aliments de plusieurs millénaires, ils exposent les différentes fermentations, les bactéries entrant en jeu, les mécanismes de la fermentation, les aliments fermentés et leurs bienfaits et ne laissent pas le lecteur sur sa faim puisqu’ils fournissent de nombreuses recettes pour réaliser soi- même ses fermentations. Précisons que certains ingrédients sont assez méconnus du publics, sauf si on sympathise avec le régime végétarien qui use et abuse de ces aliments, mais nous avons beaucoup à apprendre d’eux, car être végétarien, ce n’est pas seulement ne pas manger de produits animaux, c’est aussi trouver ailleurs, les protéines, certaines vitamines et nutriments indispensables, toutefois, végétarien ou pas, les aliments lacto-fermentés  favorisent le bien-être de l’appareil digestif, sont riches en antioxydants, sont agréables au goût. Je n’en dis pas plus, préférant laisser découvrir ce livre et les richesses qu’il renferme.

mardi 10 novembre 2015


L'arbrier
Découvre les arbres en t'amusant



Delphine Chedru
Ed Albin Michel Jeunesse

   
      Voici un bel album à la fois instructif et ludique qui commence par suggérer à nos jeunes lecteurs de partir à la cueillette des feuilles pour réaliser des impressions sur papier à la peinture. Très bon moyen pour se documenter ensuite sur la provenance de la feuille ! Par la suite, l’auteur propose sur la quasi-totalité de l’album, une succession de doubles pages avec, à gauche, une silhouette de l’arbre blanche sur fond coloré, et l’empreinte de la feuille correspondant à cette essence, à droite une idée d’utilisation de la feuille en dessin créatif : les feuilles deviennent alors des têtes d’animaux, des créatures, des ailes de papillons, des queues d’oiseaux, des arbres… La page de droite propose même des tracés sur lequel on peut coller les feuilles de l’arbre présenté à gauche, ce qui invite les enfants à se mettre en recherche de ces feuilles, ce que je n’inciterais pas à faire parce que ce magnifique livre ne mérite pas de se trouver couvert de colle. Il vaut mieux engager les enfants à reprendre l’idée sur feuille de dessin et commencer un arbrier (je trouve le terme délicieux !)  extérieur à l’ouvrage. Les trois dernières pages sont consacrées à un récapitulatif des arbres étudiés, exposant à nouveau chaque silhouette cette fois en noir sur fond coloré et indiquant la hauteur de l’arbre, si les feuilles sont caduques ou persistantes, le type de fruit, et leur milieu de vie.

Un beau livre utile pour ensuite aller se promener en forêt et s’intéresser aux essences que l’on y rencontre.

dimanche 1 novembre 2015


Peinturlures

Hervé Tullet
Edition Phaidon

     J’ai toujours bougonné en passant dans les écoles, en voyant des productions dites artistiques d’enfants à qui on dictait un certain nombre d’opérations à réaliser et qui aboutissait à un seul et même dessin identique d’un enfant à l’autre avec parfois une variante en couleur… c’était une pratique qui date, mais que malheureusement  on retrouve parfois aujourd’hui  encore. Faire travailler à la manière d’un peintre sollicite un peu plus la créativité tout en permettant à l’enfant de s’approprier une technique et de faire plus ample connaissance d’un peintre, cette façon de procéder est  à mon avis à utiliser de temps  en temps et non systématiquement. alors ? quelles solutions  pour faire en sorte que les enfants produisent ?  Certains intervenants en arts visuels vous diront « plus on donne de contraintes, plus c’est joli … Joli ? Pour qui ? Pour le maître ? Cela m’amène à penser que l’art devrait donc être considéré comme quelque chose de « joli » ? Que veut dire joli  alors ? Est-ce que le « joli » chez l’enfant, correspond au joli chez l’adulte ?

Oui pour certaines réalisations, il faut des contraintes, mais si on considère que la pratique artistique chez l’enfant doit être un moyen d’expression alors on ne donne pas de notion de joli dessin. C’est  l’idée de départ d’Hervé Tullet,  maître dans l’art de solliciter la spontanéité des enfants.  Il propose dans cet ouvrage, des ateliers de création à réaliser pour lesquels les enfants sont les maîtres : il donne volontairement des consignes vagues  afin de laisser s’échapper l’imaginaire. Le groupe est dynamisé par ses encouragements et parce que surtout, aucun échec n’existe : une tache ? pas grave, elle va devenir quelque chose d’intéressant. Il y a dans ces ateliers, tout ce qu’aime un enfant : peindre, bouger, s’exprimer, utiliser de la couleur. Les productions sont très intéressantes à regarder. Chaque séance est « mâchée » car l’auteur y a transcrit toutes les consignes  pour mener à bien chaque réalisation collective, en général sur des bandes de papier en rouleau. Ce livre est le compte rendu de son expérience, il ne s’agit donc pas d’approximation ni de théories, Car Hervé Tullet a proposé ces activités dans le monde entier dans les écoles, les musées, en passant par les villages africains, et lorsque qu’il affirme que les enfants aiment telle ou telle façon de procéder, on ne peut que le croire. Voici une excellente méthode pour dynamiser nos têtes blondes et leur apporter une approche de l’art différente.