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mercredi 19 avril 2023

 

Les poumons pleins d'eau











Jeanne Beltanne

Ed Les équateurs, 24/08/2022, 144 pages



Les thèmes traités dans ce roman méritent effectivement que l’on s’y intéresse : le suicide, le deuil.

J’ai toutefois trouvé ce récit sans saveur, et sans intérêt, j’irais même jusqu’à affirmer que je me suis sentie agacée par un aspect excentrique de cet écrit qui ne traite pas à fond des thèmes qui le mériteraient et qui se veut "humoristique" si j'en juge par la quatrième de couverture.

Le départ était prometteur, on brosse le portrait du père, on raconte la vie de ce personnage particulier. En parallèle, on découvre sa fille, Claire.

Le père, par sa mort, devient pur esprit et livre son ressenti depuis « l’au-delà" ou depuis ce monde invisible que Claire tentera d’atteindre.

On y parle, paraît-il d’humour noir, ce que je n’ai pas ressenti, je peux pourtant affirmer que l’humour noir, d’ordinaire, j’adore. Communication entre deux mondes ? J’ai vu mieux, réincarnation ? Bricolage de la part de l’auteur qui tente de faire croire à ce phénomène en ne décrivant pas des faits très crédibles.

Qu’ai-je donc vu dans cette histoire : le rêve d’une jeune femme qui fait un deuil, avec quelques scènes bien délirantes voire glauques. Sans grand intérêt.

 

Un Dimanche à Ville-d'Avray











Dominique Barbéris

Ed Folio, 11/02/2021; 144 pages.


Je suis parvenue au bout de ce roman pour deux raisons : une écriture qui m’a captée, la belle écriture de cette autrice que je ne connaissais pas, et parce que le récit est court, heureusement, car l’histoire m’a semblé des plus banales : deux sœurs qui se voient rarement, des conjoints qui ne semblent pas apprécier la belle famille, la narratrice, pour qui il est compliqué de se rendre de Paris à Ville-d’Avray, qui passe le Dimanche avec sa sœur avec qui elle ne semble pas très complice, la sœur, femme de médecin, lui raconte un événement survenu dans sa vie, un événement que de nos jours, on qualifierait de banal, pas très passionnant. Ce type de roman n’est pas pour moi : pas d’action ou très peu, deux vies, ou plutôt une vie et demie, car si l’une des deux femmes raconte son aventure, l’autre ne fait que rapporter les faits ce qui la rend bien transparente.

L’histoire semble ne pas avoir de fin, ou laisse le lecteur imaginer cette fin.

Concernant l’écriture, les descriptions sont magnifiques, on sent les odeurs, on imagine sans peine les couleurs d’automne,  on entend les bruits, on vit dans le roman. Cela atténue vraiment l’ennui généré par le récit.

Lecture mitigée bien qu’intéressante.

 

Pour leur bien











Amandine Prié

Edition les pérégrines, 25/08/2022, 364 pages


Ce livre qui prend sa source dans la réalité, une réalité bien inhumaine, est beaucoup plus qu’un récit de fait divers. Il invite à regarder sa propre vie, à se rappeler, sans devenir pessimiste et en gardant espoir,  combien le monde est malade : différence entre les continents, avidité des politiques, inégalité de niveau de vie, famine, guerre … On ne peut s’empêcher de se sentir mal, on salue les personnes qui s’activent pour adoucir le quotidien de ces villageois qui subissent la guerre, le viol, qui élèvent tant bien que mal  des enfants qui ne sont pas les leurs, on admirent ces personnes qui savent profiter des moments agréables d’une existence difficile, on loue la sagesse du doyen qui prend des décision concernant la communautés, on s’invite dans les huttes, on partage, riche moment de lecture.

Et puis on prend contact avec les blancs, les Européens aux belles idées qui proposent de donner un avenir aux enfants du village, beau projet… Mais que cache-t-il, ce beau projet ? comment est-il amené dans les communautés ? comment ces gens qui vivent dans un univers restreint peuvent-ils décider en connaissance de cause ?

Si en tant que lecteur, on a une vague idée des objectifs de cette association qui survient pour promettre une issue aux familles désemparées, on découvre peu à peu l’envers du décor.

On ne peut que s’attacher aux personnages, Inaya, la rebelle,  celle qui malgré son jeune âge, porte la responsabilité des plus petits, Sékou le courageux, et les autres enfants qui forment à eux seul une communauté bien vivante, une communauté d’orphelins soudés par leur malheur.

Un beau livre, une magnifique premier roman, triste et dérangeant, qui laisse pensif.

 

lundi 10 avril 2023

 

La bombe




Alcante L.F. Bollée - Denis Rodier

Ed Glénat - 4/04/2020, 472 pages

Quelle ne fut pas ma surprise en récupérant cet ouvrage réservé à la bibliothèque, en constatant l’épaisseur du volume et en se soupesant ! J’ai commencé par désespérer en me disant que je ne parviendrai jamais à lire ce pavé !

Finalement je n’ai eu aucun mal à le lire, bien qu’il m’ait fallu trois jours pour en arriver à bout, mais le sujet me passionne, je n’ai donc pas eu de difficulté à progresser dans cette histoire, une histoire particulière, celle de l’uranium personnifié dès le début, faisant sentir qu’il était présent dès le début, avant même la naissance de la Terre, bien avant l’humanité.

On découvre alors toute les facettes de cet élément : il sauve des vies, on le sait, il tue aussi les personnes qui le manipulèrent par ignorance, sans précaution pour donner de la fluorescence au verre, par exemple.

Et puis arrive la guerre, quelques prix Nobel de physique juifs quittent l’Allemagne, pressentant les graves événements qui se profilent. L’un d’eux, Léo Szilard, est détenteur d’une théorie : la fission de l’atome est possible… ce sont les prémices … Puis l’on apprend que l’Allemagne a des projets et fait appel à des spécialistes de la physique nucléaire… La course commence, il ne faut posséder cette bombe avant l’Allemagne comme arme de dissuasion.

C’est ainsi que se construit aux Etats-Unis, une énorme unité de recherche qui aboutira… à Hiroshima et Nagasaki. Entre le début et la fin, on assiste aux travaux des physiciens, aux manœuvres des politiques, aux hésitations, aux coups de gueule, aux pétitions de ces pères de la bombe qui voudraient faire machine arrière, et on comprend que les terribles  Little Boy et Fat Man sont devenues le jouet des politique, peut-être parce qu’on avait investi dans ces joujoux, peut-être par curiosité, les effet d’une telle arme étant relativement méconnus, on notera au passage, les expériences sur des humains dignes des médecins nazis bien que l’on soit aux Etats-Unis.

On ne peut que remercier Alcante L.F. Bollée et Denis Rodier pour ce travail de titan grâce auquel on apprend beaucoup. Un ouvrage très bien documenté. Merci à l'illustrateur pour ces belles planches et ces visages ressemblants et expressifs.

 

mercredi 5 avril 2023

 

Les mystère de Soeur Juana - Tome 1

Mort au couvent











Oscar de Muriel

Ed les presses de la cité, 2/02/2023, 352 pages


Ce livre m’a accrochée… par l’estomac ! Peut-on s’empêcher de saliver lorsque l’on se retrouve témoin de ces sœurs du couvent de san Jerónimo qui ne peuvent avoir d’entretien entre elles sans une tasse de « chocolate » avec quelques « suspiros de yemas » et autres friandises diverses et variées ? Et si l’on visite les cuisines, on entend parler de mets qui excitent l’appétit, à se demander si l’on est dans une auberge ou dans un couvent, c’est en tout cas la question que je me suis maintes fois posée en lisant ce roman.

Mais la réalité historique ramène rapidement sur terre : nous sommes en pleine période d’inquisition, dans un couvent qui ne badine pas avec la discipline sous peine de se retrouver face aux terribles pénitences de Sœur Encarnación, un couvent victime de meurtres atroces perpétrés sur le maître Autel sous la forme de sacrifices précolombiens. Il faut savoir que ces sœurs arrivent avec une domestique souvent indienne, nous sommes dans une période ou l’Espagne s’est approprié les territoires indiens, le Mexique est alors devenu un véritable creuset où indien, métis, criollos, mulâtres se partagent le territoire, et ou l’acculturation ayant fait son œuvre, ils ont dû abandonner leurs Dieux et leurs idoles.

L’enquête est menée par Sœur Alina, jeune novice envoyée au couvent par sa grand-mère, qui préfère payer une dot au couvent, qu’à la famille d’un époux. Elle est aidée par Sœur Juana Inès de la Cruz (1650- 1695), femme poète autrice de recueils de poèmes dont elle enrichit la littérature espagnole. On sait peu de chose de sa vie. Dans ce roman, elle se montre très perspicace et rappelle par certains aspects, le célèbre Guillaume de Baskerville du Nom de la rose.

 Un roman intéressant par son aspect historique, un roman qui aidera à comprendre le malheur des populations victimes de la conquête espagnole, un récit au suspens entretenu par le fait que notre novice découvre peu à peu, certaines vérités du couvent, informations délivrées parcimonieusement par les sœurs et qui donnent envie de poursuivre le récit et d’en connaître le dénouement même si certaines scènes peuvent choquer, certaines déclarations peuvent froisser. Pour les non-hispanisants, un glossaire en fin d’ouvrage permet de comprendre les termes employés particulièrement en cuisine. J’ai trouvés ces mots délicieux à l’oreille.

Un roman qui mérite que l’on s’y arrête.

mardi 4 avril 2023

 Un miracle












Victoria Mas

Ed Albin Michel, 17/08/2022, 224 pages


Cette promenade en Bretagne entre terre et mer, ces allées et venues entre Roscoff et l’île de Batz ne pouvait que m’aérer. Retrouver ma région natale ! Quel bonheur ! Ce récit à la belle écriture avait tout pour plaire, c’est le sujet qui, à mon avis, manque de relief.

Tout l’intérêt de cette histoire réside dans la psychologie des personnages présentés dès le début : Pierre Bourdieu, qui semble posséder le monopole de la religion dans le secteur, Madden, femme ouverte, capable d’observer et d’envisager des décisions raisonnées, Sœur Anne, qui n’a pas résolu les problèmes de son enfance, les enfants Bourdieu : soumis aux volontés du père et en qui ils ont confiance, ces personnages, par leur tempérament, conditionneront la suite des événements.

Et l’élément qui vient perturber cette communauté : Isaac, enfant solitaire qui ne se remet pas de la mort de sa mère, a une vision : une femme, affirme-t-il. La région perd son calme, les fidèles affluent, Madden tente de gérer, et on observe le comportement des protagonistes face à ce miracle.

La fin m’a semblé violente et en rupture avec le déroulement du roman centré sur la religion.

Passé la promenade en Bretagne, j’ai trouvé ce roman ennuyeux.

dimanche 2 avril 2023

 

Dossier 64











Jussi Adler Olsen

Ed Livre de poche, 6/01/2016, 672 pages

Ed Albin Michel, 3/01/2014, 608 pages



Quel bonheur de retrouver Carl Mørk et son équipe dans cette nouvelle enquête du département V : un Assad toujours très mystérieux si l’on se pose des questions quant à son origine et son passé, mais jamais à court d’idées pour faire la lumière sur les personnes mal intentionnées, prêt à braver les interdits pour les besoins de son enquête.

Une rose en pleine forme, hyperactive, perspicace qui possède comme son partenaire Assad, des secrets qui excitent la curiosité de Carl et entretiennent le suspens de toute la série, on a alors le bonheur de se dire qu’on finira bien par percer ces secrets.

Le début du roman peut paraître confus : Adler Olsen nous rapportant à la fois une histoire de femme au visage détruit , de famille avec Børke Bak, son ennemi juré, qui exige du policier de retrouver et punir le coupable. Carl Mørk aura également quelques soucis avec l’enquête, qu’il ne mène pas, enquête non résolue pour une affaire au cours de laquelle son collègue et ami Hardy a perdu l’usage de ses membres,  et que ses collègues font avancer avec des indices qui l’accusent.

Ces affaires, sa vie privée compliquée, et le dossier qu’il va rouvrir ont vraiment de quoi occuper agréablement le lecteur. N’ayez crainte, la confusion du début disparaît assez rapidement pour laisser place à l’affaire qui préoccupe nos trois complices : cinq personnes ont disparu en 1987. Nous sommes en 2010, l’assassin court toujours.

Nos héros n’hésiteront pas à se mouiller pour démasquer le ou les coupables. On plongera dans l’horreur de la vie des victimes, on côtoiera des tortionnaire extrémistes, de quoi vous glacer le sang.

Encore un roman terminé à trois heures du mat, un roman que l’on a bien des difficultés à refermer.

Arrivé à ce quatrième tome des aventures de Carl Mørk, on parvient à deviner les réactions de nos héros, ça rassure parfois !

Une fin très surprenante et bien pensée ! Je me console de devoir quitter ce roman en me disant qu’il me reste encore cinq tomes.