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samedi 21 septembre 2019


Prout de mammouth et autres petits bruits d'animaux




Noé Carlain, Anna Laura Cantone
Ed Sarbacane

Prout d’escargot, coquille en morceaux !

Prout de mouette, avis de tempête ! 

Telle est la façon dont commence, continue et se termine cet album. Et bien vous me croirez si vous voulez, du haut de mon grand âge, j’étais morte de rire et ma curiosité non assouvie m’a obligée à tourner page après page, pour admirer ces vers… 

Ben oui, cela peut paraître bien peu poétique quoique, Apollinaire lui-même ne s'est pas toujours demandé si son  vocabulaire était toujours châtié, et ce n’est sans doute d’ailleurs pas le but de cet album qui est plutôt fait pour rire en famille, entre amis et à l’école, quoique… Je me demande quand même si j’oserai le lire aux enfants et, déformation professionnelle, proposer aux élèves de composer à leur tour quelques  belles rimes à la manière de… Mais bon, je me méfie des parents… il n’y a qu’à aller voir du côté des critiques sur quelque site où l’on vend des livre bien connu pour constater que  ça coince chez certaines mamans (pas les plus nombreuses, heureusement !) … alors… !!!

En tout cas je n’aurais pas hésité à le lire à mes fils s’ils en avaient encore l’âge car je sais que ce registre leur parlait. Je le garderai pour mes petits-enfants quand j’en aurai… la vilaine mamie qui donne de bonnes idées aux enfants. J’en rigole d’avance !


mercredi 18 septembre 2019


La parole perdue


F. Lenoir, V Cabesos

Livre de poche, Albin Michel


J’ai à la fois beaucoup apprécié ce roman tout en me sentant mitigée. Je pense que l’un n’empêche pas l’autre. J’ai adoré le roman historique que nous offre l’auteur, particulièrement le récit du parcours de Livia, jeune femme à la destinée à la fois tragique et heureuse, qui bien qu’esclave, a pu exercer son art de parer les femmes de la haute société romaine, exprimer ses idées lors d’intéressantes conversations avec son dernier maître, philosophe ouvert. Si l'on peut qualifier ce parcours d'heureux pour une esclave, sa situation fut moins réjouissante si l’on considère la perte de sa famille, de ses amis, chrétiens suppliciés sous Néron, si on réalise que jamais elle ne put pratiquer la religion de ses pairs, que jamais elle ne put confier le secret dont elle était l’unique détentrice : le seul message connu pour avoir été écrit par le Christ lui-même.  


J’ai aimé les faits historiques, la succession des empereurs, la politique romaine, les descriptions de la société de l’époque, et la bonne moitié du roman consacrée à Pompéi, les descriptions d’une ville de rêve avant que n’arrive ce terrible 24 août 79, puis le récit d’une catastrophe sans précédent qui aujourd’hui encore frappe les esprits. Ce jour funeste est très bien décrit et on réalise bien la terreur de la population lors de la colère du Vésuve. 


Cette période historique alterne avec une autre situation vécue durant le Moyen-âge, alors que Cluny rayonnait, que Vézelay déclinait et que son abbé cherchait par tous les moyens à attirer le pèlerin. Où l’on retrouve Frère Roman, une vieille connaissance issue de ce que l’on va qualifier de premier tome qui pour moi, n’a de commun que certains personnages, Frère Roman tourmenté par la mort de Moïra, jeune femme Celte, condamnée au  Mont St Michel pour n’avoir pas voulu se convertir à la religion Chrétienne.



Ces deux récits d’histoire survenant à deux périodes distinctes nourrissent le récit que l’on pourrait qualifier de principal, dans lequel Johanna, notre archéologue du Mont St Michel se retrouve à Vézelay, à l’époque actuelle, avec sa fille, Romane.  Elle est en possession d’une statue de bois sculpté représentant Marie-Madeleine, se demandant comment  ce culte est arrivé jusqu’à Vézelay. Les aventures de Johanna prennent donc leur source dans le passé : la période romaine qu’elle découvrira douloureusement à travers la maladie inexpliquée de sa fille qui sous hypnose, va révéler des secrets enfouis, et la période médiévale qui elle-même prendra sa source en Antiquité durant laquelle Marie de Béthanie est supposée être venue en France et y avoir laissé  des reliques.


Un roman qui m’a passionnée en raison de tout ce que j’ai pu y apprendre, malgré des situations peu crédibles, un côté surnaturel et fantastique un peu facile : comme par hasard, après avoir risqué sa vie au Mont St Michel, et s’en être sorti, elle voit maintenant sa fille vivre ce qui pourrait être considéré comme une vie antérieure, pourquoi pas, mais est-ce son métier qui induit ce fait ? Je trouve cela un peu énorme. On va dire que le  roman se veut fantastique sans chercher davantage.


Le roman est sensé être un peu policier, avec effusions de sang liées à des meurtres à Pompéi, était-ce vraiment nécessaire ? Le dénouement le dira aux éventuels lecteurs de ce livre que je conseille tout de même car l’objectif des auteurs est sans aucun doute de répandre de la culture historique avant tout. Et ils y sont parvenus.