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dimanche 30 décembre 2018


Un bonheur que je ne souhaite à personne.


Samuel Le Bihan
Ed Flammarion

Voici un roman bluffant : Samuel Le Bihan, en l’écrivant, l’a modelé façon témoignage, c’est à s’y méprendre. Une personne de mon entourage l’ayant lu,  n’est pas parvenue à comprendre qu’il s’agissait d’un récit fictif. 


Ce roman est d’autant plus surprenant que le personnage principal est une femme et l'auteur a su se mettre dans sa peau et exprimer son ressenti. Etant lui même  le père d’un enfant autiste,  il connaît le problème et a pu sans difficulté le transférer chez Laura, son héroïne.

Laura donc, organise sa vie avec deux enfants : Ben, adolescent et césar, autiste. Elle ne cache rien de sa vie, de son combat, de ses difficultés pour élever cet enfant différent, se battant pour qu’un jour, les portes de notre société lui soit un peu plus ouverte.  Elle s’active, crée une association qui pallie quelque peu les carences de l’Etat en ce domaine et se montre capable d'actions pour le moins extravagantes dans l'intérêt de son enfant.

Un roman criant de vérité à lire absolument si on veut comprendre ce qu’est la vie de ces familles qui se retrouvent finalement bien seules avec leur enfant handicapé, se heurtant aux problèmes d’éducation que cela suppose, confrontés au regard des autres parfois sévères, sinon indifférents, sachant que leur enfant ne pourra jamais être intégré.

L’histoire termine sur une note positive qui fait beaucoup de bien, elle aide le lecteur à comprendre qu’on peut voir évoluer un enfant moyennant des efforts énormes certes, et que cet enfant sait être source de joie et de bonheur, même si on ne le souhaite à personne !

    

mardi 25 décembre 2018


 De force


Karine Giebel

Ed Belfond, Pocket


  Je termine ce roman de Karine Giebel et je me sens encore toute retournée par  cette histoire. C’est ma faute, il faut l’avouer, ayant lu auparavant deux romans de l’auteure, je savais à quoi m’attendre concernant la dose d’horreur que je risquais de recevoir en pleine figure… c’est sans doute mon karma de lectrice qui veut cela : j’aime bien les émotions fortes, avoir un peu peur, passer une grande partie de roman à me demander comment les personnages vont s’en sortir… et là je dois dire que j’ai été servie copieusement question frayeur, dégoût, surprises et suspens !

Ou l’on assiste donc à la longue descente aux enfers d’Armand Reynier, professeur et chirurgien réputé, sale bonhomme imbu de sa personne qui croit qu’avec du fric, on peut tout acheter.
L’histoire commence après un prologue que l’on n’est pas en mesure de comprendre, avec l’agression de sa fille chérie, Maud, 20 ans,  par un homme qui tente de la violer. La mignonne voit sa dernière heure arrivée. Elle est sauvée par Luc, garde du corps de son état. Ce premier chapitre, je l’ai lu en serrant les dents, le corps raidi car témoin d’une scène horrible. Je me suis même dit que si tout le livre était comme ça, je ne tiendrai pas le coup… et puis le récit s’apaise en ce qui concerne la violence physique, mais pas la violence morale, car l’agression n’est qu’un premier avertissement au professeur Reynier qui sera victime d’un harcèlement d’un bout à l’autre du roman.

Le criminel : on ne sait rien de lui au début, puis on découvre petit à petit, à travers l’histoire du père et de sa fille qu’il a des comptes à régler, qu’il a décidé de prendre son temps pour faire souffrir de toutes les façons possibles.
Et là, le lecteur ne peut plus lâcher le livre, il se réveille en pleine nuit en s’interdisant d’y retourner.
Madame Giebel possède donc toujours autant de talent, sachant manipuler les ingrédients de la peur qui s’immisce progressivement chez les héros comme chez le lecteur. J’ai bien écrit les héros car dans cette histoire, il m’a semblé que chacun était un personnage principal, chacun reçoit sa dose de violence et se montre capable d’actes ou de paroles répréhensibles à l’intention des uns ou des autres, chacun est à certains moment la cible, le centre d’intérêt ou l’objet de profondes réflexions.

Puis vient la suspicion : comment le harceleur connaît-il si bien cette famille ? serait-ce une personne résidant dans la villa du professeur ? qui le renseigne ? autant de questions qui demeurent sans réponse jusqu’à la fin et qui font de ce roman un fameux page-turner.

J’ai eu bien des difficultés à trouver un autre thriller digne de ce nom après cette lecture, peur de m’ennuyer dans un autre qui serait forcément plus fade. Pas deux Giebel à suivre quand même ! d’abord parce que mes nerfs auraient peut-être du mal à le supporter, ou bien parce que je deviendrais complètement addicte et ne parviendrais plus à lire autre chose, et parce que je me réserve le plaisir de lire  d’autres romans de cette auteure en les éparpillant dans le temps pour plus de plaisir. C’est très curieux ces sentiments contradictoires : effrayée mais attirée, cela résume bien ma situation émotionnelle face aux écrit de Karine Giebel.

Je ne peux pas écrire « à lire absolument » car ce genre de littérature doit rester le choix de celui qui décide de s’y plonger. Je dirai plutôt lisez le si vous aimez les sensations fortes et ressentir de la peur en lisant.

dimanche 23 décembre 2018


Le livre des morts


Glenn Cooper
ed livre de poche et le Cherche midi


     Je me suis décidée à commencer ce roman qui attendait patiemment dans ma PAL depuis au moins 5 ans et je regrette amèrement de l’y avoir laissé séjourner si longtemps ! Le héros, agent spécial du FBI, m’a semblé digne d’intérêt avec juste ce qu’il faut de déséquilibre comme tout héros policier qui se respecte : alcoolique à ses heures et même un peu plus, désobéissant et suffisamment ouvert pour faire avancer son enquête. 
Le sujet de l’enquête qui pouvait prendre des tournures de banale recherche d’un assassin se voit compliquer de meurtres multiples dans des régions de Etats unis fort éloignées les unes des autres, et de procédés qui n’ont aucun point commun, et le plus qui incite à ne plus lâcher le livre, ce sont les retours dans l’histoire classique dans la littérature policière, mais toujours agréable pour le maintien du suspens, d’abord dans  le moyen-âge sur l’île anglaise de Wight, dans le milieu monastique où il se produit un phénomène étrange, puis après-guerre avec Churchill et  les liens qui s’établissent entre les gouvernements anglais et américains au sujet d’une découverte mystérieuse, que le lecteur découvrira lui-même par petite touches d’information délivrées avec parcimonie. Et surviennent d’alléchantes rumeurs sur fond de zone 51, d’extraterrestres et de phénomènes mystérieux survenus dans les années 40 aux Etats-Unis, plus connus sous le nom d’affaire Roswell.  Il faudra donc relier tout cela…
Une chronique de ce roman affirmait que l’on découvre l’assassin dès le deuxième chapitre… oui, on le découvre vite, mais je pense que c’est parce que ce roman est construit pour que le lecteur prenne connaissance de l’évolution de l’enquête et puisse avoir un regard sur les intentions du coupable. J’ai trouvé très divertissant d’observer notre agent du FBI patauger en comprenant de suite pourquoi il pataugeait, un peu comme les enquêtes de Columbo finalement, sauf que dans cette histoire, on n’a pas vraiment d’informations quant à l’issue pour chacun des personnages.
J’ai donc passé de délicieux moments de lecture dans ce roman, et je compte bien lire la suite sans tarder. Bien contente de savoir désormais ce qu’est le « livre des morts » .

lundi 17 décembre 2018




Petit pays


Gaël Faye
Livre de poche


Je referme ce livre, pleine d’admiration pour cette écriture merveilleuse et cette plume chargée de poésie, et débordant d’un respect infini pour un jeune écrivain qui a su raconter. 
Raconter son enfance burundaise dans un milieu privilégié, son éducation, sa famille, ses amis, sa jeunesse, ses bonheurs, ses contrariétés dans une ambiance familiale souvent tendue, son regard d’enfant sur le pays, les événements qui s’y préparent.
 Une première partie qui parfois fait sourire, une première partie pleine de cette innocence des enfants qui revêt bien souvent des aspects comiques … et puis… l’horreur qu’aucun être humain ne devrait vivre, des pages qui vous amènent à vous demander quelle folie peut s’emparer des individus. Des pages terribles que vous ne pouvez oublier, même si bien des scènes sont blanchies et rapportées avec quelques détails qui permettent au lecteur de réaliser le vécu des populations, sans trop insister sur la cruauté de ces massacres. 

Ce livre était sans doute nécessaire à ce jeune auteur pour lui permettre d’exorciser ces démons qui ont pu le posséder. 
Certains personnages ne s’en sont d’ailleurs pas relevés après ces événement terribles. 

Je n’ai pas l’intention d’écrire plus car ce récit me donne plus envie de me recueillir et de garder mon ressenti pour moi-même. J’ai beau savoir que le monde est malade, je tombe toujours des nues lorsque je prends connaissance de tels événements. 

Je ne regrette pas cette lecture , difficile à supporter sur la fin, mais nécessaire, ne serait-ce que par solidarité avec son auteur.