De force
Karine Giebel
Ed Belfond, Pocket
Je termine ce
roman de Karine Giebel et je me sens encore toute retournée par cette histoire. C’est ma faute, il faut
l’avouer, ayant lu auparavant deux romans de l’auteure, je savais à quoi
m’attendre concernant la dose d’horreur que je risquais de recevoir en pleine
figure… c’est sans doute mon karma de lectrice qui veut cela : j’aime bien
les émotions fortes, avoir un peu peur, passer une grande partie de roman à me
demander comment les personnages vont s’en sortir… et là je dois dire que j’ai
été servie copieusement question frayeur, dégoût, surprises et suspens !
Ou l’on
assiste donc à la longue descente aux enfers d’Armand Reynier, professeur et
chirurgien réputé, sale bonhomme imbu de sa personne qui croit qu’avec du fric,
on peut tout acheter.
L’histoire
commence après un prologue que l’on n’est pas en mesure de comprendre, avec l’agression
de sa fille chérie, Maud, 20 ans, par un
homme qui tente de la violer. La mignonne voit sa dernière heure arrivée. Elle
est sauvée par Luc, garde du corps de son état. Ce premier chapitre, je l’ai lu
en serrant les dents, le corps raidi car témoin d’une scène horrible. Je me
suis même dit que si tout le livre était comme ça, je ne tiendrai pas le coup…
et puis le récit s’apaise en ce qui concerne la violence physique, mais pas la
violence morale, car l’agression n’est qu’un premier avertissement au
professeur Reynier qui sera victime d’un harcèlement d’un bout à l’autre du
roman.
Le
criminel : on ne sait rien de lui au début, puis on découvre petit à
petit, à travers l’histoire du père et de sa fille qu’il a des comptes à régler,
qu’il a décidé de prendre son temps pour faire souffrir de toutes les façons
possibles.
Et là, le
lecteur ne peut plus lâcher le livre, il se réveille en pleine nuit en
s’interdisant d’y retourner.
Madame Giebel
possède donc toujours autant de talent, sachant manipuler les ingrédients de la
peur qui s’immisce progressivement chez les héros comme chez le lecteur. J’ai
bien écrit les héros car dans cette histoire, il m’a semblé que chacun était un
personnage principal, chacun reçoit sa dose de violence et se montre capable d’actes
ou de paroles répréhensibles à l’intention des uns ou des autres, chacun est à
certains moment la cible, le centre d’intérêt ou l’objet de profondes
réflexions.
Puis vient la
suspicion : comment le harceleur connaît-il si bien cette famille ?
serait-ce une personne résidant dans la villa du professeur ? qui le
renseigne ? autant de questions qui demeurent sans réponse jusqu’à la fin
et qui font de ce roman un fameux page-turner.
J’ai eu bien
des difficultés à trouver un autre thriller digne de ce nom après cette
lecture, peur de m’ennuyer dans un autre qui serait forcément plus fade. Pas
deux Giebel à suivre quand même ! d’abord parce que mes nerfs auraient
peut-être du mal à le supporter, ou bien parce que je deviendrais complètement
addicte et ne parviendrais plus à lire autre chose, et parce que je me réserve
le plaisir de lire d’autres romans de
cette auteure en les éparpillant dans le temps pour plus de plaisir. C’est très
curieux ces sentiments contradictoires : effrayée mais attirée, cela
résume bien ma situation émotionnelle face aux écrit de Karine Giebel.
Je ne peux
pas écrire « à lire absolument » car ce genre de littérature doit
rester le choix de celui qui décide de s’y plonger. Je dirai plutôt lisez le si
vous aimez les sensations fortes et ressentir de la peur en lisant.