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lundi 21 mai 2012

Dans la brume électrique


James Lee Burke

Aujourd’hui, au cours d’un « échange littéraire avec une collègue, je déclare que je viens de terminer un livre de James Lee Burke, et je me hasarde à décrire ce roman comme étant un thriller. Ce à quoi mon amie répond par une grimace (apparemment, elle n’apprécie pas le genre « thriller »), je la rassure en lui disant qu’il ne s’agit pas d’un thriller aux scènes parfois insoutenables à l’instar des écrits de Grangé ou Chattam (que j’aime beaucoup d’ailleurs) , non, non, loin de là… Et cette affirmation m’a amenée à réfléchir : quel était le but de James Lee Burke ? certainement pas  vendre de la sensation forte, du suspens à  rester coller au livre, mais plutôt, à travers une intrigue faisant office de fil conducteur, il nous raconte La Louisiane qu’il aime tant, décrit des paysages, nous amène à faire connaissance  d’ une population,  évoque des problèmes de société réels .
  Passons à  l’intrigue : Dave Robicheau, policier, arrête Elrod Syke qui conduit en état d’Ebriété. Ce dernier déclare avoir vu dans le marais, le corps momifié d’un homme noir enchaîné. Dave  Robicheaux se sent alors interpellé car il a été témoin,  35 ans auparavant, d’une scène de meurtre à l’encontre d’un homme noir au même endroit.  Par ailleurs, le cadavre d’une jeune femme  est retrouvé, atrocement mutilé. Une enquête commence, menée par Robicheaux et le FBI. Au cours du roman, Dave s’entretient régulièrement avec le John Bell hood, mort en 1879, général ayant combattu dans les rangs de l’armée des états confédérés. Je me suis à plusieurs reprises demandée  si ces conversations faisaient partie des rêves du policier, ou si, survenant toujours par temps orageux (d’où le titre du roman)  elles appartenaient au domaine du fantastique,  Je pense finalement que c’est au lecteur de décider quoique certains éléments que je tairais, pourraient être considérés comme prouvant l’aspect surnaturel du phénomène. Le général, quelle que soit la situation, joue un rôle de conscience du policier.
Le personnage de Dave robicheaux mérite qu’on s’y intéresse, je me suis délectée en lisant les dialogues dans lesquels intervenait ce personnage tour à tour perspicace, fougueux, tendre,  coléreux, déterminé trouvant toujours la réponse qui va convaincre.
J’ai beaucoup aimé ce roman  pour les descriptions des paysages de Louisiane, les dialogues savoureux, même si  certains passages étaient  parfois un peu difficiles à lire en raison  des pages d’écriture très denses auxquelles s’ajoutent les dialogues réguliers des cajuns pas toujours facile à déchiffrer. Ce qui m’a tenu en haleine, c’est le lien que je ne parvenais pas à faire entre l’homme noir trouvé mort dans le bayou, les meurtres successivement découverts, la présence d’une bande de mafieux sévissant dans la région.  Un excellent roman que je conseille vivement.

dimanche 20 mai 2012

Le vicomte pourfendu

Italo Calvino



Le vicomte Médard de Terralba prend part à une bataille contre les Turc et se retrouve coupé en deux par un boulet de canon. Ses deux moitiés continuent à vivre indépendamment, l’une semant la terreur dans le comté, l’autre faisant le bien. Un surprenant roman plein d’humour (noir) qui revêt des allures de conte philosophique. Me penchant sur la carrière d’Italo Calvino, je peux lire qu’il fut un écrivain réaliste, un fabuliste et un philosophe. A travers ce conte fantastique, il nous apporte une réflexion  sur l’être humain, non pas une vision manichéiste qui voudrait que le bien existant chez l’homme vient du ciel et le mal des ténèbres les deux à l’origine d’un combat permanent, mais plutôt un constat : l’homme possède en lui le bien et le mal qui l’équilibrent, l’un n’allant pas sans l’autre : c’est ainsi que le « mauvais vicomte » dit « l’infortuné » récolte la haine des villageois pour sa méchanceté et son injustice, le « bon » créée des tensions (Il n’est pas si facile d’être la bonté même)
J’ai commencé par prendre beaucoup de plaisir lors de la lecture, d’abord parce qu’Italo Calvino manie l’humour noir en virtuose, ensuite parce que je me suis attachée aux personnages, enfin parce que je me suis bien demandée comment allait finir cette histoire qui m’a donné envie de lire encore d’autres œuvre de ce grand écrivain.

mercredi 9 mai 2012

Rosa Candida

Audur Ava Olafsdóttir




J’ai été amenée au cours de ma lecture à me poser bien des questions :
d’abord sur les personnages : un jeune homme qui ne présente pas vraiment de traits de caractère particuliers, qui se cherche constamment, se pose une foule de questions, qui  se décrit sans exprimer de sentiment comme s’il était extérieur à lui-même et  sans communiquer son ressenti de façon évidente, un père octogénaire  anxieux, soucieux que son fils ne manque de rien, une maman décédée omniprésente, un frère autiste dont je n’ai pas bien cerné le rôle dans ce récit ,  un moine érudit qui pour répondre aux questions, utilise les moyens dont il dispose : livres et films.
Ensuite sur l’histoire : sorte d’errance contrôlée du jeune Arnljotur qui quitte le foyer pour se rendre dans un endroit perdu où les gens pratiquent un patois étranger.
Les lieux : pas d’indication de temps, de lieux.
Le but du héros : faire revivre sa mère à travers ses passions, ses actions afin qu’elle poursuive son éducation et en fasse un homme.
Je l’ai abordé finalement comme une sorte de conte avec pour épreuve, devenir un homme, devenir un père et faire son apprentissage de la vie.  Ce jeune homme m’a parfois fait sourire et  et m’a attendrie, particulièrement lors de son initiation au métier de père qui a tout à apprendre.
Par ailleurs, ce roman pourrait être assimilé à une œuvre philosophique si on considère que les nombreuses  questions que se pose Arnljotur interpellent le lecteur.
La ligne conductrice de ce récit est fort agréable et poétique : l’histoire d’une rose à huit pétales sans épine, à laquelle peut être comparé notre héros , pacifique et candide.