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vendredi 2 janvier 2015

PAS PLEURER




La guerre civile espagnole vécue bien différemment par deux personnages : Montse, mère de la narratrice, exilée en France,  et George Bernanos depuis palma de Majorqua. Ces deux récits  complémentaires  i donnent une idée (vague tout de même) de ce que fut cette terrible guerre fratricide. Les années 1936 et 1937 sont pour Montse, fille de paysans pauvres ,   l’occasion de découvrir la vie hors de sa campagne,  comme flottant dans un rêve, à tel point que le lecteur peut se demander ce qu’elle réalise exactement de cette période terrible de l’histoire de l’Espagne. Telle une marionnette dont on tire les fils, elle est guidée par ses parents, puis par son frère, et enfin par la famille de son mari, et seul le recul que permettent les années lui donne une vision de ce que pouvait être la société espagnole de ces années difficiles.  Société perturbée à l’extrême , et ce depuis des générations,   et bien avant que n’éclate la guerre.
La partie dédiée purement à la guerre civile est présentée, ce qui en fait un roman à deux voix, à travers les pensées  George Bernanos, qui soutient le franquisme avant que n’éclate la guerre et  qui découvre l’horreur, la haine, la mort, les exactions et qui écrira « les grands cimetières sous la lune », pamphlet anti-franquiste.  
Cet écrit fut par certains aspects, un véritable délice, principalement lors de la lecture du témoignage de Montse,  qui, exilée en France, pratique un français truffé de mots espagnols francisés, ce que je trouve délicieux. En revanche,  j’ai passé de bon moments à me mettre à la place des personnes qui, ne connaissant pas l’espagnol, ont pu ne pas percevoir l’état d’esprit des personnages, la vision du catholicisme des républicains, le tempérament espagnol, car des passages entiers sont rédigés en espagnol. Je ne suis même pas certaine que des notes de bas de page résoudrait la question tant ces passages peuvent révéler un état d’esprit purement espagnol.
Ce ouvrage fut également pour moi une petite piqure de rappel quant à la guerre civile, à la dictature de Franco, à l’attitude sordide des évêques catholiques sur lesquels je n’insisterai pas de peur de faire passer des idées déjà bien ancrées sur la question. Je ne peux tout de même pas m’empêcher de signaler que l’un des évêques, fidèle de Franco, canonisé par le pape il y a quelques années.
J’ajouterai que ce roman s’arrête trop vite, j’aurais aimé connaître les circonstances de l’exil de Montse qui comme la grande majorité des républicains, fut obligée de chercher refuge en France. Cela aurait constitué une documentation supplémentaire pour le lecteur, toutefois, la n’était pas l’objectif de Lydie Salvaire qui raconte son histoire, l’histoire des siens dans un certain contexte, celui dans lequel ils avaient évolué.  Certains personnage peuvent apparaître caricaturaux, mais avant de l’affirmer, il faut avoir une idée de ce qu’est la pratique religieuse en Espagne, et son contraire, pieux à l’extrême ou blasphématoire à l’extrême (ce qui peut expliquer que certains passages en espagnol ne soient pas traduits) , indifférent ou vouant sa vie au militantisme,  il faut ce faire une idée, (sans toutefois généraliser, de ce que peut être le machisme, de ce qu’était la vie de paysans ne sachant que signer d’une croix, un contrat de mariage rédigé par le notable du village, de ce qu’était la vie de ces paysans attachés au lopin de terre qu’ils cultivaient et dominé par quelque Seigneur moderne qui leur avaient inculqué des principes immuables.

Ce roman soulève un certain nombre de questions  relatives à l’histoire de l’Espagne fournit une mine d’informations ponctuelles qui donnent envie de continuer à se documenter.