La guerre civile espagnole vécue bien différemment par deux
personnages : Montse, mère de la narratrice, exilée en France, et George Bernanos depuis palma de Majorqua.
Ces deux récits complémentaires i donnent une idée (vague tout de même) de ce
que fut cette terrible guerre fratricide. Les années 1936 et 1937 sont pour
Montse, fille de paysans pauvres ,
l’occasion de découvrir la vie hors de sa campagne, comme flottant dans un rêve, à tel point que
le lecteur peut se demander ce qu’elle réalise exactement de cette période
terrible de l’histoire de l’Espagne. Telle une marionnette dont on tire les
fils, elle est guidée par ses parents, puis par son frère, et enfin par la
famille de son mari, et seul le recul que permettent les années lui donne une
vision de ce que pouvait être la société espagnole de ces années difficiles. Société perturbée à l’extrême , et ce depuis
des générations, et bien avant que n’éclate
la guerre.
La partie dédiée purement à la guerre civile est présentée,
ce qui en fait un roman à deux voix, à travers les pensées George Bernanos, qui soutient le franquisme
avant que n’éclate la guerre et qui
découvre l’horreur, la haine, la mort, les exactions et qui écrira « les
grands cimetières sous la lune », pamphlet anti-franquiste.
Cet écrit fut par certains aspects, un véritable délice,
principalement lors de la lecture du témoignage de Montse, qui, exilée en France, pratique un français
truffé de mots espagnols francisés, ce que je trouve délicieux. En revanche, j’ai passé de bon moments à me mettre à la
place des personnes qui, ne connaissant pas l’espagnol, ont pu ne pas percevoir
l’état d’esprit des personnages, la vision du catholicisme des républicains, le
tempérament espagnol, car des passages entiers sont rédigés en espagnol. Je ne
suis même pas certaine que des notes de bas de page résoudrait la question tant
ces passages peuvent révéler un état d’esprit purement espagnol.
Ce ouvrage fut également pour moi une petite piqure de
rappel quant à la guerre civile, à la dictature de Franco, à l’attitude sordide
des évêques catholiques sur lesquels je n’insisterai pas de peur de faire
passer des idées déjà bien ancrées sur la question. Je ne peux tout de même pas
m’empêcher de signaler que l’un des évêques, fidèle de Franco, canonisé par le
pape il y a quelques années.
J’ajouterai que ce roman s’arrête trop vite, j’aurais aimé
connaître les circonstances de l’exil de Montse qui comme la grande majorité
des républicains, fut obligée de chercher refuge en France. Cela aurait constitué
une documentation supplémentaire pour le lecteur, toutefois, la n’était pas l’objectif
de Lydie Salvaire qui raconte son histoire, l’histoire des siens dans un
certain contexte, celui dans lequel ils avaient évolué. Certains personnage peuvent apparaître
caricaturaux, mais avant de l’affirmer, il faut avoir une idée de ce qu’est la
pratique religieuse en Espagne, et son contraire, pieux à l’extrême ou
blasphématoire à l’extrême (ce qui peut expliquer que certains passages en
espagnol ne soient pas traduits) , indifférent ou vouant sa vie au
militantisme, il faut ce faire une idée,
(sans toutefois généraliser, de ce que peut être le machisme, de ce qu’était la
vie de paysans ne sachant que signer d’une croix, un contrat de mariage rédigé
par le notable du village, de ce qu’était la vie de ces paysans attachés au
lopin de terre qu’ils cultivaient et dominé par quelque Seigneur moderne qui
leur avaient inculqué des principes immuables.
Ce roman soulève un certain nombre de questions relatives à l’histoire de l’Espagne fournit
une mine d’informations ponctuelles qui donnent envie de continuer à se
documenter.
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