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vendredi 30 avril 2021

 

Les monstres












Charles Roux

Ed Rivages


Attention, un monstre peut en cacher bien d’autres... C’est ainsi que dans cette capitale (non nommée) une créature non identifiée sévit, provoquant dommages matériels et pertes humaines. Quelle est donc cette créature venue de nulle part ? Nul ne le sait, et on s’apercevra qu’elle possède un rôle certain : celui d’alimenter les conversations, de faire couler de l’encre et de motiver le milieu des journalistes, elle hantera les esprits tout au long de ce lourd pavé.

Et elle cachera bien d’autres démons : les démons que tous, nous renfermons : tes démons David, le commercial, le winner, le dragueur, l’instable, tu les caches bien, tes doutes, et tu sauras les exprimer.

Tes démons Alice, tes angoisses, tes craintes, tes principes, tes certitudes qui peut-être, ne demandent qu’à être brisées.

ses démons, ceux de Dominique, sa recherche d’identité, sa quête de vérité, lui le grand catalyseur, le maître des philtres qui mettra en présence deux éléments d’un couple improbable à l’avenir incertain.

Les monstres, les monstres et encore les monstres, prouesse littéraire à l’écriture fluide certes, toutefois long, long, si long.… tellement longuet que je me félicite d’être allée jusqu’au bout de ce roman, poétique souvent, bien écrit toujours, bien mystérieux quant à l’ambiance générée par ce texte aux passages volontairement sibyllins.

Certains adoreront, d’autre apprécieront, je n’en doute pas, question de choix littéraires. Aussi n’hésitez pas à vous plonger dans cette lecture sans pour autant tenir compte des idées personnelles que j’ai couchées sur le papier.

mercredi 28 avril 2021

 Le dompteur de vent



















Bernard Villiot et Thibault Prugne

Ed Gautier Languereau


" Le vieil homme avait quitté la chine très jeune pour venir travailler en Amérique... ", le vieil homme, les employés du ranch l’avaient surnommé « le loco » ... et personne ne savait ce qu’il faisait dans la grange abandonnée où il vivait... Et " le loco " mourut... 


Le jeune Sam se risque alors à aller visiter cette mystérieuse grange et découvre les trésors du " loco ". La vieille grange incendiée par les hommes du ranch. Sam sauve alors une seule des créations du Loco, et celle-ci l’emmènera sur la route jusqu’à sa destination. Cet objet ? quelque amusement sans valeur ?  ou peut-être est-ce l’âme du vieil homme que l’enfant va libérer ?

Magnifique album rempli de poésie et dans lequel on s’attarde pour admirer les illustrations. Un album pour tout âge qui ouvrira les yeux des lecteurs qui pensent que les albums dits "jeunesse" ne sont que pour la jeunesse. Un autre façon d’aborder la poésie et la philosophie.

vendredi 23 avril 2021

 Avant elle












Johanna Krawczyk

Ed Héloïse d'Ormesson


Carmen est poursuivie par des démons qu’elle a du mal à identifier ! Le suicide de sa mère est sans doute l’un de ces démons, mais qu’y peut-elle ? Elle ne connaît pas les raisons profondes de ce suicide. Elle semble pourtant porter le passé et les lourds secrets jalousement gardés par ses parents. Son père mort, elle récupère un bureau qui renferme les sept carnets qu’il a écrit et dans lesquels il raconte sa vie, les épreuves qui l’ont façonné, son chemin, ses choix et ses décisions. Carmen prendra alors connaissance de tout le non-dit, des épreuves vécues par ce père en Argentine alors qu’il était enfant, puis jeune homme. Un passé violent qui expliquera les tourments endurés par Ernesto, et la raison pour laquelle il ne voulut jamais s’exprimer.


Mais savoir l’aidera-t-elle a éradiquer ses peurs, ses angoisses, son addiction à l’alcool afin de renaître dans ce foyer d’où l’amour s’est enfui ?

Résilience oui, mais est-elle toujours possible quand, porteur du passé de ses géniteurs, on tente d’interroger en vain son inconscient ? Ce récit ressemble à un accouchement dans la douleur. Cet accouchement permettra-t-il toutefois de donner naissance à un être innocent qui n’aura pas à porter la croix de ses parents ?

Toutes ces questions sont intelligemment soulevées dans ce beau roman dans lequel l’auteure rappelle l’Argentine entre 36 et 80, incluant la période péroniste et l’accession au pouvoir de la junte à partir de 1976. Période troublée de l’histoire de ce pays.

Un roman passionnant et une belle découverte !

mardi 20 avril 2021

Tu mourras moins bête T1

La science c'est pas du cinéma











Marion Montaigne

Ed Ankama


On a tous dans le cœur quelques séries télévisées, quelques films cultes dont on a aimé les scènes grandiose (ou pas) qui nous étaient servies, et pour ma part, j’espère bien continuer à me pâmer d’admiration en regardant de bon film d’aventure, de SF ou policiers... Mais je les regarderai sans doute avec d’autres yeux, certainement amusés...

Ce premier tome de « tu mourras moins bête » montre combien la science, ce n’est pas du cinéma. On y fera connaissance du professeur Moustache et de son assistant, Nathanaël qui expose savamment et avec beaucoup d’humour les faits, certains passages sont hilarants.

Donc dans ce premier tome, le lecteur devra regarder les héros et les moyens employés dans les séries, avec plus d’objectivité :

Une blessure par balle, ce n’est jamais tout rose, bien qu’elles soient minimisées dans les films, on vise le pieds, les jambes pour juste immobiliser ? ben voyons !  les blessures bien décrites par Moustache ne seront pas si anodines que cela... et ce n’est que le début ! Ont pourra se régaler avec une dizaine d’exposés par chapitre : le premier parle d’action : blessures par balle, chute du Golden Gate, le mac 10 de Schwarzy, respirer du liquide comme dans Abyss... le chapitre 2 tournera en dérision certains aspect des films de SF, j’ai particulièrement aimé l’exposé sur le sabre laser des Jedis, ainsi que celui sur la téléportation, le chapitre 3 nous emmènera faire un tour du côté des séries télévisées (Experts, Grey anatomy, Chéri j’ai rétréci les gosses...).

La Bd et la série télévisée passant sur Arte chaque soir sont aussi hilarantes l’une que l’autre et avec ça, vous mourrez moins bête, mais vous mourrez quand même !

lundi 19 avril 2021

 Indice des feux












Antoine Desjardins

Ed la peuplade


Ce recueil de nouvelles est un coffre aux trésors renfermant émotions, tendresse, humour au service de la cause écologique. Chaque nouvelle en effet, quand elle n’est pas directement liée à un problème écologique, y fait toujours allusion, comme c’est le cas dans étranger, l’histoire de cet homme qui noie son désespoir dans l’alcool, et qui se retrouve en ville, face à un coyote.

L’auteur a su enrober les grands maux de l’humanité dans des récits passionnants réveillant les émotions du lecteur :

Dans « A boire debout », il raconte la lente agonie d’un adolescent atteint de cancer,  qui, pour toute distraction, écoute la radio qui lui apporte des nouvelles de notre planète, et pas de bonnes nouvelles !  Pluies, montée des eaux,  populations réfugiées, disparition des ours polaires... une nouvelle triste et préoccupante, dont l’écriture relève du génie, particulièrement à la fin.

La deuxième s’intitule couplet, ce n’est pas celle que j’ai préférée : elle mêle l’histoire d’un jeune couple dont la femme attend un enfant, et la disparition des baleines noires. Si la fin pose une question concernant la mise au monde d’enfants humains qui se justifie, je l’ai trouvée assez violente et ne cadrant pas avec les personnages et l’ensemble de la nouvelle.

Feux doux, la quatrième, raconte l’histoire d’un homme attaché à son jeune frère, élève brillant, étudiant à l’avenir prometteur, si cet avenir toutefois, se place dans les normes de nos sociétés, incluant la carrière, la fortune et les relations. Mais ce frère conscient du malaise de la planète, prendra d’autres chemins...

Dans « fin du monde », notre héros, jeune adolescent, s’est approprié un beau terrain de jeu, un bois à l’état sauvage à la sortie de la ville, territoire de prédilection pour les bêtises, les cabanes, la liberté d’agir en cachette des parents, en bande de préférence... Mais à la sortie de l’hiver, il voit cet espace rasé et prêt pour la construction d’un lieu de résidence, la ville s’étend au détriment de la nature.

Dans « générale », le narrateur raconte l’histoire de sa tante Angèle qui toute sa vie, va montrer à quel point son dynamisme la porte pour défendre les oiseaux qui se sont installés sur son terrain et disparaissent soudainement.

La dernière sera celle que j’ai préférée : amour, tendresse et complicité d’un jeune homme et de son grand-père. Ce grand père qui lui raconte son arbre, un orme centenaire en danger comme les autres arbres de cette espèce, menacé par la graphiose. Dans cette nouvelle, on lira un magnifique conte du grand-père.

L’auteur, par un savant mélange d’émotions et de catastrophe écologique, semble avoir trouvé le mode d’emploi pour tirer la sonnette d’alarme et faire prendre conscience des dangers qui menacent l’humanité. Ce livre devrait donc être lu à grande échelle. Je vous recommande cette pépite !

dimanche 18 avril 2021

 L'anomalie











Hervé le Tellier

Ed Gallimard, livre audio 


Lu en version audio.

Très enthousiaste en début de lecture je sors plutôt mitigée de ce roman :

Prometteur par sa quatrième de couverture et par l’engouement qu’il a suscité, je me sentais très optimiste quant à l’effet produit de ce récit. Je suis donc entrée dans le livre par deux portes : la première était celle de la science-fiction, bien alléchant cette histoire d’avion qui se dédouble, phénomène physique à explorer et exposé de théories, notions de mathématique  appliquées...

Bien alléchant !  Mais si quelques passages passionnants promettent une résolution et un dénouement, la fin ne m’a pas apporté l’épanouissement et la vérité que je recherchais. Certains personnages qui s’annoncent comme des acteurs susceptibles de prendre les commandes semblent introduits pour l’ambiance, mais n’ont pas de rôle réel, bien qu’ils apportent de l’eau au moulin de l’origine humaine supposée dans ce livre.

En revanche, si en cours d’histoire, je change de point de vue, histoire de sauver le roman, je prends la porte qui me conduis droit vers des considérations humaines, philosophiques, éthiques, et m’invite à une réflexion d’une grande richesse, limite travail sur soi.

De ce roman, je retiendrai donc l’aspect humain et les passages longs, trop longs dans lesquels se succèdent les protagonistes, on dira les victimes, et leur vécu intéressant ou pas.

J’attends toutefois la série qui sera peut-être plus digeste.


jeudi 15 avril 2021

 Mon papa












Anthony Browne

Ed Kaléidoscope

N’avez-vous pas le souvenir, d’avoir un jour, vanté les qualités de votre papa, ou n’avez-vous jamais entendu un enfant déclarer " je vais le dire à mon papa ?"

C’est ce qu’Anthony Browne rappelle avec beaucoup d’humour dans ce bel album. Le texte y est très vite lu, et l’on se précipite vers les illustrations qui sont géniales.

On observera bien la robe de chambre du papa, servie à toutes les sauces, on remarquera d’ailleurs que ce papa passe sa vie en pyjama. Un papa présenté dans toutes les situations imaginables, champion de foot, de boxe, Coureur, funambule, chanteur, danseur...

On s’amusera des illustrations, des comparaisons dont il est l’objet, et de quelques expressions au sens figuré bien illustrées également.

Un album qui termine sur une note tendre, avec l’amour exprimé par cet enfant qui aime tant son papa.

mercredi 14 avril 2021

 Super-héros et gros ennuis













Carmen Gil, Annalaura Cantone

Ed Piccolia

A court de lecture jeunesse ? Vous cherchez the pépite ? Ce livre est pour vous, un super-livre de super-héros ! Pas moins de dix contes accompagnés d’illustrations drôles, drôles, drôles ! Mélange de photos et de dessins, personnages comiques à gros nez et gros yeux, créatures fascinantes, petit peuple de l’herbe, de l’armoire, du genou ensanglanté, monstres gentils, fantôme coquet dont le drap est tout fleuri...

Ces magnifiques dessins ne seraient rien sans les histoires qu’ils illustrent, des histoires pour les enfants qui veulent devenir des super-héros et qui ont de gros ennuis : Pacôme qui a peur de la nuit reçoit la visite de Siegfried le fantôme qui lui explique d’où vient la nuit, Lucie qui a peur des piqûres s’aperçoit que l’infirmière est en fait, la fée guéritout, Marie qui s’est fait une belle bosse met sa cape de super-héros et aperçoit en se regardant dans la glace, des dizaines de créatures qui viennent à l’assaut de sa bosse en la faisant bien rire, les larmes magiques de Louis agrandissent les créature du jardin, il peut alors converser avec une bande de petits lutins, Emmanuel qui a peur du sang s’aperçoit que, de son genou égratigné, sortent des dizaines de mini-super-héros qui viennent le soigner...

Cet album soigne les bobos par le sourire, il aidera l’enfant à programmer dans sa tête, une autre réalité que celle qui génère les peurs, il invitera l’enfant à mettre sa cape de super-héros pour tenter de chasser les angoisses, plus qu’un livre de chevet, il pourrait devenir livre de référence pour bouter les tracas hors de chez soi !

Une très belle découverte !

Avant le jour











Madeline Roth

Ed la fosse aux ours


L’histoire d’une femme qui part en voyage, en Italie, sans Pierre, son amant, un homme marié qui ne quittera pas sa femme. L’histoire d’un voyage qui sera pour elle, l’occasion de faire le point. L’histoire de sa vie amoureuse. L’histoire d’une femme qui doute, qui se voit vieillir, qui se demande si elle aime, qui analyse ses sentiments, qui se questionne, qui culpabilise, qui tente une sorte de passage vers un devenir, on ne saura lequel, l’histoire d’une femme libre en Italie, et qui pourtant s’enferme avec elle-même pour essayer de renaître. 

Mais ce voyage intérieur lui permettra-t-il de faire peau neuve, mettra-t-il fin à ses tourments ? aura-t-elle pleinement profité de cette escapade à Turin ? Un beau texte plein de poésie et de philosophie, regorgeant de ces questionnements dont chacun peut-être un jour le sujet.


mardi 13 avril 2021

 L'amant












Marguerite Duras

Les éditions de minuit


Ce roman se comporte comme le ferait une œuvre d’art sujette à polémique :

On sort du conformisme et du linaire pour préférer un écrit déstructuré dans le temps comme dans la désignation des personnages, des variations de rythme, rapide quand il s’agit de la famille de Marguerite Duras, avec de courtes phrases parfois assassines, et plus lente, peut-être signalant l’apaisement quand elle sort du contexte familial, particulièrement quand elle se souvient de l’amant, avec l’emploi de pronoms ou de substituts pour parler d’elle : la petite fille, ou emploi de la troisième personne du singulier...

Ce roman quasi autobiographique raconte l’histoire d’une femme émancipée, l’histoire d’une liaison sans avenir, l’histoire dune femme qui met une distance entre sa famille et elle-même, une histoire amoureuse, celle des premières expériences sexuelles, celle de l'Indochine française...

Je n’ai toutefois pas apprécié cette littérature, et je me suis demandé si elle devait son succès au snobisme ambiant des réunions littéraires qui faisaient se pâmer les critiques. Je dois avouer que ce roman m’a à la fois agacée et fatiguée, et j’ai vraiment ressenti cet écrit comme une masse d’informations que l’on aurait jeté là pêle-mêle en invitant le lecteur à se servir, à prélever la substantifique moëlle.

Peut-être aurais-je dû commencer par une autre œuvre de Duras, plus linéaire avant de me plonger dans ce récit. Je crois donc, malgré tout, que tout n’est pas fini entre Duras et moi, je n’ai pas été sensible à ce roman, il faudra que je fasse plus ample connaissance de cette auteure.

dimanche 11 avril 2021

 Ce qu'il faut de nuit











Laurent Petitmangin

Ed la manufacture de livres


Très beau premier roman, ce qu’il faut de nuit raconte l’histoire d’un père veuf qui fait tout ce qui est en son pouvoir pour voir s’épanouir ses deux fils, une belle histoire d’amour pour ces deux garçons qui prendront des chemins différents c'est l'histoire d'une père  qui se sent impuissant face aux choix politiques de l’aîné qu’il voudrait protéger de la violence qu’il sait générée par le groupuscule d’extrême droite auquel il se lie. 

il nous raconte combien un parent, même entouré d’amis peut se sentir seul face aux actes de son enfant, face aux attaques, face aux institutions, face au mur qui le sépare d’un enfant qui prend des chemins bien différents de ce qu’il avait espéré. On ne peut s’empêcher en lisant de se demander : et si j’étais dans la situation de cet homme, comment réagirais-je ? Comment pardonner ? Comment s’adapter pour maintenir des relations ? On observera un travail de deuil de la part de ce père qui doit tourner une page et oublier ce fils d’avant pour accueillir celui qu’il est devenu, on verra ce père se détourner pour accepter ensuite les faits et conserver une relation père-fils bien que cela soit inconfortable.

Être parents, c’est savoir s’effacer face aux choix des enfants, ce qu’essaie de faire le protagoniste, c’est risquer le regard des autres, c’est justifier ses choix, ce qui peut s’avérer difficile, particulièrement dans ce roman, c’est devoir agir alors qu’on a envie de tout laisser tomber, c’est subir parfois et accepter que nos enfants aient des valeurs différentes, c’est culpabiliser en se demandant ce que l’on a raté.

Ce beau roman interpellera certainement les parents que sont les lecteurs.

Je terminerai par ce passage de Khalil Gibran qui montre combien le devenir de nos enfants ne nous appartient pas :

“Vos enfants ne sont pas vos enfants. Ils sont les fils et les filles de l’appel de la Vie à elle-même, Ils viennent à travers vous mais non de vous. Et bien qu’ils soient avec vous, ils ne vous appartiennent pas. Vous pouvez leur donner votre amour mais non point vos pensées, Car ils ont leurs propres pensées.

samedi 10 avril 2021

 Le mal-épris












Bénédicte Soymier

Ed Calman Lévy


Il mène une petite vie tranquille entre son bel appartement et la poste où il officie, du moins le croit-on en ce début de roman, sauf qu’il semble déjà exceller dans l’art de l’espionnage des voisins, et plus encore quand les voisins déménagent pour laisser place à une voisine, charmante qui plus est... 

Calculateur, il ne manque pas de se rendre devant sa boîte aux lettres en même temps que la créature de ses rêves, l’invite, prend des photos en douce et tient une sorte de carnet-journal où il consigne ses états d’esprit et ses observations, ses photos, ses trouvailles. Mais la belle Mylène n’est pas dupe, et après des ébats d’une nuit, elle prend le large... 

Et Paul recommence avec Angélique pour une liaison durable cette fois... durable ? peut-être, mais on constatera son côté manipulateur. Pas de doute, cet homme est un pervers...

Angélique semble être la candidate idéale à ce genre de manipulation et on assiste, en tant que témoin impuissant, à son calvaire, souhaitant fort qu’elle s’éveille, prenne conscience des faits et réagisse.

Un roman très intéressant, qui décrit parfaitement le vécu de ces femmes maltraitées qui tergiversent et donnent encore et toujours une chance avant de quitter le foyer, piégées qu’elles sont parce qu’on a limité leur indépendance, qu’on les a emprisonnées, qu’on est capable de beaucoup de tendresse à des fins manipulatrices, qu’on promet que cela ne se reproduira pas...

La narration est intéressante car Bénédicte Soymier se met dans la peau des personnages et expose ainsi le ressenti de chacun, son histoire, son vécu. Elle exprime dans quelques passages, la pensée de Paul et montre l’image dévalorisante qu’il se fait de lui-même à l’instar des pervers narcissiques.

Un roman à lire d’urgence pour comprendre le mécanisme par lequel la dépendance s’installe et le piège se referme sur ces femmes victimes de violence conjugale.

Un beau premier roman qui faire naître l’espoir que d’autres suivront.


 La poule aux œufs cubes












Jean-Pierre Kerloc'h - Bérengère Delaporte

Ed l'élan vert


Ce bel album tout coloré et aux riches illustrations qui ressemblent à des dessins au crayon de couleur ne manquera pas de ravir par la gaieté de ses couleurs. On ne manquera pas de s’arrêter pour observer ces illustrations souvent comiques.

L’histoire est à la fois attendrissante, comique et peut éveiller au problème de ces volatiles placés en batteries poussés à pondre toujours plus, et à qui, chaque matin, on subtilise les œufs ! 

Galinette n’en peut plus, elle veut avoir des enfants et se fait l’instigatrice de la révolte. Les poules décident de pondre des œufs immangeables au risque d’être elles- même mangées.

Mais Galinette a une meilleure idée : elle décide de pondre des œufs cubes qui auront beaucoup de succès car plus faciles à ranger, à organiser en œuvres d’art... Galinette devient la reine du poulailler et rencontre un beau coq... Mais le danger est toujours présent : le fermier veut qu'elle ait des enfants qu'on lui prendra et qui feront à leur tour des œufs cubes...

On y verra de fortes similitudes avec le film « Chicken run » et il peut être intéressant de visionner le film après la lecture de ce livre.

Une histoire pour réfléchir avec les plus jeunes, à la provenance des œufs que nous consommons, et pour sourire à cette idée originale d’œuf cube pondu par une poule qui tente de s’exprimer.

 

vendredi 9 avril 2021

 Le pigeon













Patrick Süskind

Ed livre de poche


Une vie pas très intéressante que celle de Jonathan Noël, sorte d’ermite des temps modernes, sans amis, communiquant peu ou pas du tout, et qui, très professionnellement, fait le planton devant la banque qui l’emploie, avec comme distraction quotidienne, la limousine du directeur qui arrive dans son établissement.

Jonathan semble heureux, mais hélas, un pigeon qui s’est introduit dans le couloir à son étage, vient perturber ce petit bonheur.

Et Jonathan gamberge, imaginant une sorte d’effet papillon à base de pigeon, phobique à souhait.


J’ai d’abord souri, souri face aux situations imaginées par le personnage, en voyant comment l’affaire du pigeon parvient à prendre, dans la tête de l’anxieux, une tournure d’apocalypse, puis je me suis apitoyée et ai ressenti beaucoup de compassion en observant cet être qui se débattait face à on ne sait quel danger, comme le ferait quiconque atteint de phobie, et que l’on ne peut raisonner.


Patrick Süskind nous offre une analyse minutieuse de la psychologie d’un individu névrosé au-delà de la norme, capable de se mettre seul dans l’embarras par une cascade de mésaventures qui découlent d’une première et énorme contrariété.


Tour à tour, drôle, fascinant, inquiétant, avec des descriptions qui prennent parfois de la longueur, le pigeon est un roman à découvrir et à déguster.

jeudi 8 avril 2021

 Bougez votre corps, pour un cerveau plus fort !













Anders Hansen

Ed Marabout


Juste une injonction : bougez !

L’auteur ajoutera : « bougez votre corps pour un cerveau plus fort ! »

Mais en quoi, au juste, le fait de bouger son corps nous aide-il à entretenir, voire rajeunir notre matière grise ? C’est ce qu’Anders Hansen, spécialiste du cerveau et éminent psychiatre suédois va s’efforcer de nous prouver tout au long de cet ouvrage.


Le cerveau au cours d’une vie, est en constante évolution, et si on parle aujourd’hui de plasticité du cerveau, c’est que cet organe est capable, durant toute la vie de créer, défaire, refaire des réseaux de neurones, c’est la malléabilité que les neurosciences ont mis en évidence, encore faut-il prendre soin de ce cerveau et l’activité physique paraît être la meilleure façon de l’entretenir :

L’activité physique permet de limiter le stress : bien qu’il soit nécessaire pour vivre, le stress empoisonne, le stress nous inonde de cortisol qui a terme, s’avère être mauvais pour le cerveau. L’activité physique permet de doper sa concentration, études faites sur des groupes humains, sur des personnes atteintes de TDAH (trouble de la concentration), les personnes à qui on demande trois temps par semaine d’activité, se montrent plus performantes car plus concentrées.

D’autres études montrent que l’activité physique booste la mémoire, aide à se soigner de la dépression (je passe sur les cascades de neurotransmetteurs évoquées, que je ne serais d’ailleurs pas capable de rappeler dans cette chronique).

Puis l’auteur fournit à ses lecteurs, les moyens de vieillir en ménageant sont cerveau, évoque les dangers du numérique pour cause de trop de sédentarité.

Ce livre vient apporter encore de l’eau au moulin de la pratique sportive actuellement prônée pour se maintenir en bonne santé de façon générale.

Ce qui m’a un peu gênée dans cet exposé, c’est qu’une fois lu, il ne vous reste que quelques mots, car le contenu est vraiment dense.

La première de couverture ressemble a un produit commercial qui n’oublie pas les arguments chocs qui feront acheter le livre. Finalement après lecture, je me dis que tout est dans le titre.

Je remercie Babélio et les éditions Marabout pour ce partenariat.

 

mardi 6 avril 2021

 Mon Paris Littéraire
















François Busnel

Ed Flammarion


Petit livre commandé alors que je ne l’avais vu que de très loin, révélation lorsque je l’ai reçu des mains de ma libraire : un missel ! c’était bien cela, un missel, et j’étais devenue première communiante, et on me remettait le livre sacré qui allait m’accompagner dans mes aventures parisiennes. Un bel ouvrage à la couverture façon cuir, aussi sobre qu’une livre de prière, avec un ruban bleu faisant office de marque-page et délicieusement lourd, lourd de toutes les richesses qu’il renferme.

On y visite le Paris littéraire, arrondissement par arrondissement, avec une carte pour bien se situer, les librairies à visiter, certaines mythiques, et toutes renfermant leurs spécialités jalousement gardées il me semble. Et près de ces librairies, François Busnel nous guide : où se restaurer ? où boire un verre ?  Où bouquiner ? Que voir dans le coin ? Force est de constater la richesse littéraire des rues de la capitale !

Des librairies pour tous les goûts : Vous jardinez ? La librairie du jardin des tuileries est ouverte pour vous, vous souhaitez vous mettre dans les pas de grands écrivains ?  Une librairie qui accueillit Colette, Aragon, Cocteau vous ouvre ses portes, vous cuisinez ? vous trouverez l’adresse de la librairie qui vous convient.


Ce recueil sera également l’occasion de visiter Paris en empruntant ses passages couverts qui cachent de bien agréables surprises. Et de rue en rue, vous vous recueillerez devant les domiciles de nombre de poètes et d’écrivains.

Je ne manquerai pas de l’emmener pour flâner dès que Dame Covid me le permettra, pour aller déambuler dans les rues de Paname.


Un magnifique ouvrage aux finitions soignées, que vous serez heureux de tenir en main, ne serait-ce que pour le délicieux contact qu’il offre.


 

Une journée d'Ivan denissovitch












Alexandre Soljenitsyne

Ed Pocket



Mars 1953, Staline mourrait. Nikita Kroutchev divulgua un rapport secret dénonçant les abus du stalinisme. C’est dans ce contexte qu’Alexandre Soljénistsyne écrit ce court roman qu’il laissa de côté. Puis il confia le texte à Tvardovski, alors directeur de la revue Novy Mir qui obtient de Nikita Kroutchev la publication du texte. C’est là une réponse à la question que je me suis posée tout au long de cette lecture : comment avait-il pu éditer un tel écrit même en dehors du stalinisme et pendant la période d’un régime communiste s’opposant à toute liberté.


Il est vrai que le texte paraît blanchi et auto-censuré, le héros, Choukhov, semblant s’être accommodé de la vie imposée dans ce goulag par -27°C, sans aucune plainte, obligé à travailler dans de mauvais vêtements, dépendant de ses pairs réunis en brigade à des fins d’autodiscipline, car un zek qui ne respecterait pas le règlement conduirait toute la brigade à la punition, privée de repas ou mise au mitard. Peu de violence physique dans ce roman, à part justement à l’égard d’un moldave qui met l’ensemble des prisonniers en retard avant le retour vers le camp où ils pourront enfin se reposer, violence qui se libère de la part des prisonniers. Les autres scènes plus violentes concernent une violence verbale des gardes envers les zeks.


La violence de cette captivité, l’auteur nous la laisse deviner : réveil à l’aube, rassemblement, fouille, obligation de se dévêtir partiellement en s’exposant aux rigueurs du froid, travail de l’aube au soir, dans des conditions inhumaines, tant du point de vue du matériel, que de la charge de travail, nourriture insuffisante...


La journée du prisonnier apparaît longue, très longue, parce que Soljénitsyne fait durer chaque moment de la journée en y introduisant, par soucis de vérité autant que pour mettre en évidence la longueur du travail quotidien, d’éternelles négociations : sur l’entente durant les travaux, sur la nourriture, sur la fouille des colis envoyés aux zek, sur l’histoire individuelle des prisonniers, sur le vécu et le ressenti de chacun à divers moments de la journée.


Si le texte fut en partie censurée par le régime et par l’auteur lui-même, on perçoit aisément les abus du régime communiste : prisonniers arrivés là pour trahison car ils ont été faits prisonniers par les allemands et se voient attribuer la mention « espion » dans leur dossier, mais aucune possibilité de révolte ne s’offre à eux.


Un écrit intéressant d’un point de vue historique, qui m’a permis de découvrir un auteur de renommée internationale que je ne connaissais pas.

 

dimanche 4 avril 2021

 Il est juste que les forts soient frappés












Thibault Bérard

Ed de l'Observatoire


Sarah and Théo for ever ! Tel est le ressenti qui se dégage de ce magnifique roman.

Ils s’installent ensemble, jeunes, sans expérience, avec dans la tête, des chansons, des films, des envies de faire la fête, une bonne dose de dynamisme, des moments de douce folie. Puis ils deviennent parents, avancent dans la vie, confiants dans l’avenir... et tout semble s’effondrer, la vie vient souffler le chaud et le froid au sein de cette famille, la maladie s’installe, avec son lot de bonheur et malheur, confiance et désespoir...

Mais ce qui est sans faille, c’est amour toujours présent entre deux êtres, entre Sarah, le moineau de Théo, son lutin pour la vie. Et l’on assiste à un travail de deuil, le deuil d’un avenir prometteur, le deuil du bonheur familial, le deuil qui amène à devoir dire adieu à l’être aimé.

Ce roman merveilleusement écrit, et dont l’auteur manie l’humour alors que son récit raconte une page de vie qui devrait être déprimante, aborde bien des sujets de réflexion : le deuil, la maladie, l’état psychologique de personnes confrontées à la violence de la maladie et son cortège de traitements, de souffrance, d’espoir et de déception. Il est en lui-même l’histoire d’un travail de deuil dont on peut aisément repérer chaque étape.


Chapeau bas à cet auteur capable de faire rire, pleurer, se réjouir, désespérer avec les protagonistes et d’offrir avec justesse, des portraits de personnages variés, jeunes, moins jeunes, personnel médical, amis...


Thibault Bérard aurait pu écrire un roman choral, donnant à chaque personnage sa version des faits, mais il choisit dès le départ de donner la parole à Sarah qui désormais, se situe bien au-delà de l’épreuve qu’elle dut subir, et en semble libérée, ce qui permet de lire une histoire triste certes, mais pas vraiment déprimante, à part quelques larmes versées sur certaines pages.


Ce qui me restera après avoir refermé cette pépite, c’est ce formidable amour omniprésent tout au long du roman.

 

 

Un agneau pour le dîner












S. Sallman - J Dreidemy

Ed Milan



Pauvre petit agneau qui se jette dans la gueule du loup, c’est vraiment ballot ! Et le loup est bien affamé lorsque l’ingénu gigot frappe à sa porte pour demander asile.

Quelle aubaine pour le grand carnassier !  il invite donc son futur repas à s’installer au chaud quelque temps, le temps de feuilleter son livre de recette.

Mais il va attendre, car s’il y a une chose qu’il déteste, ce sont les surgelés, et le bébé est frigorifié, et son estomac fait « grouic », Monsieur Loup a peur d’être malade, il finit prendre l’animal dans ses bras, et il le cajole... mais peut-on manger un agneau que l’on a cajolé ? ...

Un petit album sympa, plein de tendresse et d’humour, l’histoire d’un loup qui va peut-être devenir végétarien et de l’agneau dont il devint la maman. De quoi réhabiliter ce pauvre loup !

Les personnages sont très expressifs, le loup semble bien terrible et sans pitié, l’agneau laisse paraître un besoin de réconfort propre à attendrir les lecteurs.

Un album qui ne prendra certainement pas la poussière dans la bibliothèque de nos enfants !

jeudi 1 avril 2021

 Si le lit s'appelait loup











Jérôme Ruillier


Un joli album, délicieusement délirant, agréablement loufoque et très poétique !

Martin qui n’arrive pas à dormir, laisse divaguer ses pensées, et il se demande :

« Si la chaise s’appelait chat, est-ce qu’elle miaulerait ? Si l’oiseau s’appelait pinceau, est-ce qu’il dessinerait des arbres » ... et ainsi de suite (Je vous en laisse un peu !), puis il conclut : « si les choses changeaient de nom, elles resteraient ce qu’elles sont. On s’assoirait sur des chats, on entendrait gazouiller les pinceaux »...

Bonne base pour faire de la création poétique en classe ou à la maison, pour aider les enfants à sortir de l’écriture conventionnelle et laisser libre cours à leur imagination.

Un excellent ouvrage pour développer la créativité avec de belles illustrations sur fond à l’éponge, avec des dessins naïfs rappelant les dessins d’enfants.