Une journée d'Ivan denissovitch
Alexandre Soljenitsyne
Ed Pocket
Mars 1953, Staline mourrait. Nikita
Kroutchev divulgua un rapport secret dénonçant les abus du stalinisme. C’est
dans ce contexte qu’Alexandre Soljénistsyne écrit ce court roman qu’il laissa
de côté. Puis il confia le texte à Tvardovski, alors directeur de la revue Novy
Mir qui obtient de Nikita Kroutchev la publication du texte. C’est là une réponse à
la question que je me suis posée tout au long de cette lecture : comment
avait-il pu éditer un tel écrit même en dehors du stalinisme et pendant la
période d’un régime communiste s’opposant à toute liberté.
Il est vrai que le texte paraît
blanchi et auto-censuré, le héros, Choukhov, semblant s’être accommodé de la
vie imposée dans ce goulag par -27°C, sans aucune plainte, obligé à travailler
dans de mauvais vêtements, dépendant de ses pairs réunis en brigade à des fins
d’autodiscipline, car un zek qui ne respecterait pas le règlement conduirait
toute la brigade à la punition, privée de repas ou mise au mitard. Peu de violence
physique dans ce roman, à part justement à l’égard d’un moldave qui met l’ensemble
des prisonniers en retard avant le retour vers le camp où ils pourront enfin se
reposer, violence qui se libère de la part des prisonniers. Les autres scènes
plus violentes concernent une violence verbale des gardes envers les zeks.
La violence de cette captivité, l’auteur
nous la laisse deviner : réveil à l’aube, rassemblement, fouille,
obligation de se dévêtir partiellement en s’exposant aux rigueurs du froid,
travail de l’aube au soir, dans des conditions inhumaines, tant du point de vue
du matériel, que de la charge de travail, nourriture insuffisante...
La journée du prisonnier apparaît
longue, très longue, parce que Soljénitsyne fait durer chaque moment de la
journée en y introduisant, par soucis de vérité autant que pour mettre en
évidence la longueur du travail quotidien, d’éternelles négociations : sur l’entente durant les travaux, sur la nourriture, sur la fouille des colis envoyés
aux zek, sur l’histoire individuelle des prisonniers, sur le vécu et le
ressenti de chacun à divers moments de la journée.
Si le texte fut en partie censurée
par le régime et par l’auteur lui-même, on perçoit aisément les abus du régime
communiste : prisonniers arrivés là pour trahison car ils ont été faits
prisonniers par les allemands et se voient attribuer la mention « espion »
dans leur dossier, mais aucune possibilité de révolte ne s’offre à eux.
Un écrit intéressant d’un point de
vue historique, qui m’a permis de découvrir un auteur de renommée
internationale que je ne connaissais pas.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire