Meurtre pour rédemption
Coup de cœur
de chez coup de cœur, je ne sais d’ailleurs pas ce qui m’a hypnotisée à ce
point dans ce roman : voyeurisme morbide ou autre chose, je crois qu’il
s’agit de bien autre chose. Mais tout de même, j’en suis arrivée à faire exprès
de faire traîner la lecture sur la fin de ce roman histoire de faire durer
le plaisir et de m’y réfugier.
Karine
Giebel est d’une habileté remarquable : parvenir à faire en sorte que le
lecteur s’attache fortement à Marianne de Gréville, taularde, réputée
dangereuse criminelle, capable de tuer à main nues. Happée par ce roman, je me
suis sentie tantôt révoltée par la dure réalité du milieu carcéral décrit dans
une bonne première partie du roman, ou certaines matonnes peuvent se montrer humaines
tandis que d’autres, sadiques à souhait, épousent cette carrière pour régler
leurs comptes, tantôt émue à en pleurer voire angoissée en imaginant quel sort
on réserve à Marianne à chaque épreuve subie par cette jeune femme de 21 ans
sans avenir.
L’auteur parvient progressivement à faire s’attacher
aux personnages en dévoilant peu à peu leur façon d’être, leur psychologie :
Marianne, tueuse certes, quoique pas si certain : elle a tué dans certaines
conditions extrêmes, qui ne font pas d’elle un être assoiffé de sang, elle n’a pas eu la
chance d’être élevée dans une famille dispensant l’amour et la reconnaissance nécessaires à tout épanouissement, elle subit
en prison, des sévices de la part de personnes abusant de leur pouvoir, et qui
agissent dans un pays des droits de l'homme, en toute impunité se croyant autorisés à exercer leur art sur une taularde qui
a perdu ses droits de revendiquer quoi que ce soit.
Quelques personnages pleins de compassion parmi les matonnes, viennent démontrer au lecteur que
Marianne est avant tout un être humain.
Par ailleurs,
Karine Giebel fait intervenir un personnage énigmatique dans le roman, Daniel, personnage plus qu’ambigu au début et qui va peu à peu se dévoiler ce qui à
pour effet de faire évoluer le point de vue du lecteur.
D'autre individus génèrent par leur comportement inhumain l'envie de meurtre y compris de la part du lecteur, ce qui exacerbe sa colère et renforce la complicité avec la détenue.
Les
personnages, ceux décrits précédemment et bien d’autres, sont livrés bruts et se
révèlent peu à peu.
Il n’est pas
question de suspens dans "meurtre pour rédemption", ou très peu : peut-être
plus sur la fin ou l’action s’amplifie contrastant avec la description de la
vie en prison, mettant en relief la notion de perpétuité et de non avenir pour
notre héroïne , cela n’empêche pas de rester scotché à ce roman noir, si noir, qui selon la formule consacrée, ne peut laisser indemne.
Je m’attaquerai
certainement aux autres romans de Karine Giebel.