Bakhita
Véronique Olmi
Ed Albin Michel
Une petite fille, une petite africaine qui aurait pu être heureuse
dans son village, entourée de ceux qu’elle aime, seulement voilà, la vie en a
décidé autrement, mais la vie est parfois d’une cruauté sans borne et espérer
être heureux au Soudan en 1865, c’était compter sans ces négriers cupides qui
faisaient commerce de leurs frères humains.
Bakhita est né dans ce Soudan où l’on prostitue
les filles, où on les vend comme esclaves, où on pratique à grande échelle, la
castration des garçons, ou l’on sépare les familles,...
Bakhita, à qui on a volé l’identité
( elle ne se souviendra plus de son vrai nom), à qui on a volé la joie de
vivre, à qui on a interdit de penser, d’espérer, bakhita, traitée plus bas qu’un
chien comme tous ces gens expédiés en caravanes vers d’autres souffrances.
Certaines scène de cette première partie sont vraiment insoutenables, et
resteront gravées à jamais dans ma mémoire, toutefois très attachée à cette
jeune fille, j’ai cheminé, dans la
deuxième moitié du récit avec celle qui grandit, fait des rencontres, s’attache
aux enfants, et passe d’esclave à servante dévouée à son entourage, à un Dieu
qu’on lui enseigne, même si, et cela se conçoit, elle restera marquée et sera
assaillie par des rêves et des visions de cauchemar, paralysée parfois par ses
anciennes terreurs qui se manifesteront souvent, perturbée jusqu’à sa mort par les
souffrance endurées dans son enfance.
On remarquera que Bakhita, qui n’a pas été éduquée, si ce n’est
à force de coups de fouets, a perdu la mémoire de son enfance, n’a pas reçu d’instruction, ne saura jamais
lire et aura bien des difficultés à maîtriser une langue. il semble d’ailleurs
que son langage soit fait d’emprunts à plusieurs langues qu’elle a dû pratiquer
durant son parcours.
On notera également que quelques années après son
installation en Italie, Bakhita informe
une religieuse de sa situation d ‘esclave,
et la religieuse lui répond qu’elle sait, sans autre commentaire. J’en déduis
donc que dans un pays où à cette époque, on a déjà proclamé l’abolition de l’esclavage,
on continue à considérer les gens enlevés
par des négriers comme esclaves et que leur affranchissement doit faire l’objet
d’un procès. La bonne société serait donc restée longtemps complice de ces
pratiques… ?
Le récit est merveilleusement bien écrit, je crois avoir
affirmé dans un commentaire de citation que cette écriture souvent très
poétique, m’a permis de supporter ces quelques scènes difficiles à lire, même si le
style se relâche un peu dans la deuxième
partie .
Je laisse donc à mes amis lecteurs la possibilité de lire
cette pépite de la rentrée littéraire, de cheminer à leur tour avec une femme
qui termine sa vie comme elle le mérite mille fois puisqu’étant devenue
croyante et pieuse, et qu’aujourd’hui encore, elle existe par les témoignages
que l’on a conservés.