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mercredi 29 avril 2020



Fief


David Lopez
Ed Seuil

Une bande de jeunes, certainement des « grands ados », qui se retrouvent dans une chambre, qui jouent aux cartes en exerçant leur art de rouler des oinjs parfaits. Qui pointent leur nez dehors, pour mater, pour trouver de la meuf, pour consommer à outrance des alcools forts ... Affligeant, affligeant parce qu’il y a dans ces scènes de vie d’un groupe, beaucoup de réalité, car combien de jeunes comme eux aujourd’hui, qui ne se projettent pas dans l’avenir, qui se ralentissent même et qui se terrent par peur de la vie d’adultes ?

Le narrateur, Jonas, témoigne pour eux, il exprime le ressenti de ses pairs, montre son besoin de sécurité au sein de cette équipe, sa peur de sortir des sentiers battus, il le confirme en avouant : « dans l’eau, dès que je ne bouge plus, je coule, comme dans le ring. Alors que dans la vie, je ne vais que là où j’ai pied … » Et on sent, tout au long du roman, un énorme décalage entre la façon de parler de Jonas et ses actes. Un potentiel mais aucune confiance, une vision de soi bien négative.

Si j’ai pu me faire une idée des personnages, je dois avouer que ce roman ne m’a pas intéressée le moins du monde. Pourquoi l’ai-je poursuivi ? me demanderez-vous …Simplement par curiosité, pour essayer de percevoir une évolution des personnages. Mais il n’en fut rien. J’ai même ressenti un certain agacement. Je ne nie pas que l’auteur ait eu un objectif, au moins celui de manier les registres de langue et peut-être montrer un fait de société, mais ce genre de récit n’est pas pour moi.

dimanche 26 avril 2020



Grand frère


Mahir Guven
Ed Philippe Rey


Un roman et deux témoignages. Celui du grand frère, qui raconte son parcours : son enfance,  l’armée, où il a échoué, le deal, les démêlés avec la justice, sa vision de son daron aux idées bien arrêtées qui semble-t-il n’auront d’influence que sur l’aîné, des amours, une liaison « vite fait » comme il le laisse entendre, son lien avec Gwen, policier paternel non désintéressé,
ses tourments au sujet du petit frère, infirmier, parti sans prévenir pour travail dans  l’humanitaire... Tous ces propos sont d’une grande sincérité, ce personnage « nature » voit et juge le monde de façon très logique, conscient des ses faiblesses, mettant en doute sa façon de s’exprimer, ce langage qui immerge dans la réalité de vie des protagonistes et qui pimente agréablement la lecture.

Un grand frère émouvant qui accroche le lecteur avec ses inquiétudes, car à travers ses réflexions, on voit se profiler des soucis et on peut envisager de terribles épreuves pour ces deux frères et leur famille : un famille à la fois unie et  désunie : la mère décédée, la grand-mère en maison de retraite, le père, conducteur de taxi en conflit avec son fils aîné, (l’auteur aborde alors le problème des VTC), un père aimant, à sa façon, capable de remuer ciel et terre à la recherche du cadet disparu, un grand frère qui crie sa colère face au comportement de ce jeune qui semble prendre le chemin de la radicalisation, sujet brûlant que l’auteur amène avec délicatesse, permettant au lecteur de découvrir lui-même l’ampleur du problème et la façon dont on peut le vivre quand on est dans une famille d’émigrés.

Un autre thème abordé : le déracinement et la quête d’une identité : qui sont-ils ces deux frères ? Mère Bretonne, père Syrien, impossibilité de lien avec le pays, les uns pratiquant une religion, les autres non, pas facile de prendre des repères pour un grand frère qui se cherche sans parvenir à répondre à toutes ses questions.

Que dire de mon ressenti de lecteur quant du récit : une tension qui monte tout au long du roman, un inquiétude grandissante, une fin surprenante.

Un récit poignant, et surtout un roman ou transparaît un amour fraternel fort et sincère.

Une bonne réflexion sur le problème de l’émigration.






samedi 25 avril 2020



La Daronne


Hannelore Cayre
ed métailié, point

Délicieuse,  l’histoire de notre Daronne qui commence par raconter son enfance dans un milieu… Comment dire ?…Porteur…! Car élevée dans une famille d’émigrés aux activités plutôt louches.

Délicieux les épisodes de traduction arabe-français, les changements de registre de langue, le langage familier d’une quinquagénaire très « classe » au contact de laquelle j’aurais aimé passer beaucoup plus de temps si la longueur du roman l’avait permis.

Délicieuse sa façon de se servir de sa connaissance d’un terrain plus que glissant, le milieu des dealers, connaissance acquise grâce à l’exercice de son métier (traductrice des conversation fournies par les écoutes téléphoniques) et sa façon de se tirer d’affaire grâce à une intelligence déliée et qui saura saisir les chances qui s’offrent sur son parcours.
Patience, comme elle porte bien son prénom !

Un joli coup de cœur pour moi qui raffole de l’humour noir dispensé avec beaucoup de finesse dans ce récit qui transforme le lecteur en complice de la Daronne !

Le seul bémol : ça a goût de trop peu !
Une pépite à posséder dans sa bibliothèque et à relire !

mercredi 22 avril 2020


Kaïken


J-C Grangé
Ed Albin Michel, livre de poche.

L’inspecteur de service dans ce roman que je termine ? Olivier Passan, qui poursuit de ses assiduités, contre vents et marées un certain Patrick Guillard qu’il soupçonne d’être « l’accoucheur », qui tue les femmes enceintes et je passe les détails sordides constatés par les enquêteurs.

Après avoir dévoré Lontano et Congo Requiem, j’ai eu un peu plus de difficultés à ingurgiter et digérer ce roman de Grangé. J’ai d’abord trouvé les personnages fermés et taciturnes, pas d’entente entre policiers comme on le trouve chez Thilliez, mais bon, l’auteur me semble fidèle à sa façon d’écrire, et puis, ces crimes sordides mêlés aux soucis de Passan en instance de divorce, son passé d’enfant né sous X et ses démêlés avec la hiérarchie, cela n’a rien de stimulant, pour l’ambiance au boulot, on repassera. Fifi, policier punk au service de Passan semble sortir un peu du lot, mais il pourrait s'énerver un peu plus et mettre les points sur les i à notre inspecteur parfois soûlant.  

Ensuite,  mon baromètre à suspens à fait le yoyo : dans la première partie, on connaît de toute façon le coupable, le travail du policier consistant à prouver sa culpabilité dans la douleur et l’entêtement vu qu’on a retiré l’enquête à ce flic rebelle et violent.  (J’ouvre, à ce sujet, une parenthèse : ça devient une mode de retirer les enquêtes aux policiers, sans doute pour pimenter l’histoire, mais le lecteur sait bien que ça continuera coûte que coûte et ça commence à me faire sourire, il faudrait que je dénombre les romans policiers que j’ai lus  et dont  les enquêtes sont suspendues ou retirées). Une première partie donc, intéressante… Sans plus…

En revanche la suite est hautement addictive : un deuxième événement survient avec une transition bien étudiée entre les deux affaires, et roulez jeunesse, c’est reparti avec cette fois, avec un bain de culture japonaise, des événements propres à faire s’attacher un tant soit peu le lecteur avec notre relativement antipathique héros, avec sa femme venue tout droit du pays du soleil levant, mystérieuse et ambiguë à souhait,  avec des rebondissements et tout ce que l’on aime trouver dans un bon thriller.

Bien qu’il ne soit pas l’auteur de romans policiers que je préfère et que Kaïken ne surpasse en rien les deux romans cités plus haut, je reste fidèle aux écrits de Jean-Christophe Grangé.



mardi 14 avril 2020



Carnets noirs

Stephen King

Ed Albin Michel, livre de poche



Dire que je n’ai pas aimé, ce serait mentir ! Disons que ce deuxième volet de la trilogie Bill Hodges, je l’ai un peu moins apprécié que Mr Mercedes. Il renferme dans les deux premier tiers, ce que j’ai tendance à reprocher à Stephen King : « je prends mon temps pour installer le lecteur dans le roman, je m’attarde sur des détails qui n’ont pas toujours d’importance pour le reste de l’histoire, je décris une action propre à capturer le lecteur dans mon écrit et puis je poursuis pas une discussion à n’en plus finir sur des considérations philosophico-littéraires à propos des auteurs américains et de leur œuvre »…  ce qui fait retomber le suspens… C’est là un avis tout personnel : dans un thriller, je cherche de l’action. Je reconnais malgré tout que ces discussions entre passionnés de lecture, entre élèves et profs sont sans aucun doute nécessaires pour comprendre les personnages et leur évolution, pour tenter de se mettre dans la peau, de notre psychopathe de service particulièrement. Mais ces présentations à n’en plus finir ont pour conséquence une arrivée très tardive de Bill Hodges et ses assistants dans le roman.



Après ces considérations, le dernier tiers... J’ai adoré à tel point que je l’ai terminé à une heure du matin, attachée que j’étais à  Bill Hodges depuis Mr Mercedes, un ancien inspecteur à la retraite bien sympathique et qui a trouvé de quoi occuper cette retraite en restant "flic-mais-pas-trop-quand-même" : pas d’arme si ce n’est son happy slapper fabrication maison, pas de moyens si ce n’est une informaticienne de choc à tendance autiste bien sympathique, Holly, un jeune afro-américain pas si écervelé qu’il en a l’air, et une liaison avec un flic en activité capable de prendre le relais si besoin.
Et le psychopathe qui fait merveille dès le départ, tourmenté à souhait, capable des pires actions sans émotion, qui rampe dans l’ombre, omniprésent pour le lecteur qui voit le danger planer sur les protagonistes. Un régal pour l’amateur de thriller.
Le dénouement est génial et plus que logique, je n'en dirai pas plus. 

Et puis Stephen King ne nous abandonne pas à la fin de son roman, il laisse bel et bien envisager une suite et nous donne un avant-goût de ce que pourrait renfermer le troisième volet de ce cycle, bien alléchant… Je laisse passer quelques romans et j’attaque… (je n’aime pas lire plusieurs romans d’une même série à suivre… Je me le garde avec bonheur pour dans quelques temps.




lundi 13 avril 2020



Antonia


Gabrielle Zalapi
Ed Zoé

Antonia est mariée à un homme pour qui elle n’éprouve aucun sentiment, Antonia se sent prisonnière de son entourage et d’elle-même, Antonia est mal aimée, il est vrai qu’Antonia semble avoir subi les avances de son beau-père il y a quelques années, essuyant la colère de sa mère qui l’incrimina, elle et elle seule... Antonia se voit priver de son rôle de mère par une gouvernante qui la domine, Antonia a pourtant essayé à certains moments, d’après ses écrits de refaire surface… 


Un petit roman très court mais très superficiel et confus et qui manque grandement d’intérêt : 

superficiel parce qu’écrit sous forme de journal, que peu d’informations sont délivrées clairement, que l’on n'a sous les yeux que la version des faits de notre héroïne et donc une facette unique du personnage et la vision dont l'auteur veut bien nous faire part et qu’il serait bon de pouvoir sonder un peu plus l’entourage,  parce que de rapides allusions au passé des protagonistes  sont mentionnées, sans plus... 

Et confus parce que l’on s’y perd, que l’on a bien des difficultés à établir le lien entre les personnages, (je ne me suis aperçue de la présence d’un arbre généalogique qu’en fin d’ouvrage), parce que l’auteur saute rapidement d’un personnage à l’autre, parfois sans information sur son identité, parce que les informations n’arrivent que par bribes, à coup de lettres et photos sorties des  caisses qu’Antonia explore après la mort de sa grand-mère.

Et puis cette héroïne qui se vautre dans son malheur, victime de son entourage et de son refuge dans un mariage qui lui permettrait d’échapper à son enfance et à sa famille,  ne montre
aucune qualité  qui permettrait au lecteur de s’y attacher.

Un roman d'une grande banalité  que j'oublierai rapidement.

Je remercie les 68 premières fois pour ce partenariat.




Cent millions d'années et un jour


Jean Baptiste Andréa
Ed l'iconoclaste



Il se rappelle… alors qu’il part à l’assaut de la montagne en véritable alpiniste, bravant les dangers à la recherche d’un hypothétique squelette de dinosaure qui le ferait entrer dans l’histoire de la paléontologie, une découverte qui l'aiderait à braver ses difficultés … il se rappelle… son enfance avec sa mère tant aimée et dont il fut privé, son impitoyable père, dit « le commandant », patriarche tout puissant, qui veut faire un homme de sa progéniture, il se rappelle l’école du village,  lui l’enfant au milieu des autres, différents, incompris, avec pour amis, un trilobite déniché à coups de marteau dans une pierre et Pépin son chien.

Il revoit sa vie tandis qu’avec l’équipe qu’il a convaincue pour partir affronter les sommets à la recherche du plusbeau fossile jamais mis en évidence. Et c'est avec Gio le guide, Humberto son collègue et ami, Peter, étudiant en paléontologie qu'il fera cette ascension.  
Périlleuse sera cette aventure dans ce milieu montagnard qui sait si bien se défendre, milieu hostile et impitoyable pour qui ne respecte pas ses règles.


Un délice que ce roman, à la fois léger et profond, dans un style qui montre la façon dont l’auteur est capable d’inclure de l’ironie dans ses propos y compris dans l’épreuve que subit notre héros, comment il restitue l’ambiance montagnarde, le silence des sommets, la quasi personnification de cet espace.   


La fin, qui se laisse dévoiler par le lecteur très progressivement laissera une sorte de malaise dans son esprit, ce fut là mon impression. Je n'ai rien ressenti de tel depuis la lecture que quelques ouvrage de Frison-Roche il y a bien longtemps.

Une écriture magnifique, pleine de poésie, de belles tournures, un roman à relire pour la beauté du texte.


vendredi 10 avril 2020


Ancien malade des hôpitaux de Paris


Daniel Pennac
Ed Folio/Gallimard


Court moment de lecture, ce petit roman ne comportant que soixante-dix-sept pages mais  soixante-dix-sept pages de "grand Pennac" qu’il me semble avoir retrouvé, un Pennac du temps des premiers "Malaussène" qui me transformaient en véritable bernique soudée au livre qui ne se décrochait qu’à la fin du roman. 

Un Pennac à l’humour décapant, noir, sans pour autant manquer de subtilité. Il a choisi pour cadre cette fois, le milieu médical, certes porteur  pour ce genre d’humour.

Il nous raconte les déboires du professeur Galvan, médecin urgentiste qui caresse un espoir : celui de faire établir une carte de visite mentionnant son nom : professeur Galvan, et sa profession. Soins aux malades et attention entrecoupés de multiples idées qui aboutiront à la carte de visite parfaite… Je gamberge, tu gamberges, il gamberge… il gamberge tellement qu’il semblerait qu’il ait raté un diagnostique qui allait engager le pronostic vital du patient lambda arrivé aux urgences parce qu’il ne se sentait pas bien… 

Et de service en service, le dévoué docteur nous livre un chapelet de diagnostiques établis grâce à de sérieux symptômes dont la description est hilarante et jubilatoire.

Il a dû bien s’éclater en écrivant cela, peut-être s’est-il offert un petit moment récréatif entre deux grands romans ?

Une pépite, une pépite toute menue, mais une pépite tout de même !

Du grand Pennac !

jeudi 9 avril 2020



Le monde en stop


Ludovic Hubler

Ed Géorama, Pocket.


Sac au dos, un pouce en bonne santé, une grande ouverture d’esprit, c’est avec ces bagages et une bonne dose de courage, d’humilité et de dynamisme que Ludovic Hubler entame ce périple qui le mènera dans des contrées lointaines. 

Son pari : faire le tour du monde en stop et sans aucune dépense liée au transport. Si le départ s’avère facile, jusqu’au Sénégal, après avoir traversé le Maroc et la Mauritanie, trouver un embarquement vers le Brésil est une autre affaire. Le bateau-stop sera difficile et les problèmes surgiront dès qu’il sera nécessaire d’emprunter des voies maritimes.


Des peurs ? quelques-unes  avec la rencontre d’individus louches, la traversée de pays en guerre, la Corée du nord qu’il voulait absolument visiter histoire de se rendre compte de la situation, les Etats -unis, pas si facile pour les auto-stoppeurs, la prison pour quelques heures même, le face à face avec un animal sauvage qui sans doute, voulait lui faire regretter le cliché pris sans son autorisation, les risques de naufrage avec un partenaire très peu expérimenté avec qui il partira de panama pour rejoindre l’Indonésie.


Des rencontres ? Certainement, c’était là sa principale motivation : de belles rencontres avec des personnes accueillantes, curieuses de s’intéresser à ses pérégrinations, avec des personnes qui se sont mises au service des plus faibles, notamment en Inde ou il a accepté de travailler dans un mouroir, de dormir sur le trottoir avec les familles les plus pauvres, des discussions avec des pratiquants de différentes religions, à l’écoute et respectueux des idées de chacun.Attirant la sympathie des gens qu’il croisait, il a même eu l’opportunité d’un entretien avec le Dalaï Lama à qui il a raconté comment il est parvenu à traverser le Tibet en toute illégalité.


Des actions ? Oui, pour se fournir un objectif de voyage, il est resté en liaison avec un hôpital et des enfants malades qui ont pu suivre son tour du monde avec grand intérêt.
Au États-Unis, il passera une année à faire des conférences sur son voyage, essayer de changer les mentalités en exposant ses constats concernant la planète.


Un partage ? un grand partage, pour que cette aventure de cinq ans ne reste pas lettre morte, pour partager ses opinions, sa soif de voir la paix en ce monde, pour la tolérance,


Ce livre fait beaucoup plus que narrer des voyages, il apporte au lecteur des idées nées d’une expérience de terrain et oblige à une prise de conscience des dangers qui menace notre belle planète. Sur ce dernier point il saura insister sur les paysages qu’il a admirés et qui désormais sont menacés par le réchauffement. Il montre sans jamais imposer ses idées combien la société de consommation nuit aux êtres humains.


Il termine son livre par une série de « plus jamais » , comme introduction à ses résolution post tour du monde. Des "plus jamais" nés des observations et des situations vécues un peu partout qui l’ont parfois éduqué, souvent enrichi. Parti humble et ne sachant ce qui l’attendait, arrivé grandi et heureux.


Un des nombreux récits de voyage que j’ai lu, et certainement l’un des plus formateurs que l’on pourrait presque qualifier d’ouvrage de travail sur soi.

mardi 7 avril 2020



Yeruldelgger


Ian Manook
Ed Albin Michel, Livre de poche


Quel personnage que ce yeruldelgger ! héros et anti-héros à la fois, capable de faire preuve d’humilité avec ses supérieurs, pas ceux de la police évidemment, mais ceux qui tentèrent il y a des années, de l’éduquer selon les principes du chamanisme, ce qui nullement, ne l’empêcha de rester lui-même : individu obstiné, tourmenté,   prompt à protéger la veuve et l’orphelin, décidé à faire justice lui-même,  cauchemar des truands et violeurs de la pire espèce quoique respectueux des traditions de son pays.

Il est le roman à lui seul, ou presque, cela saute aux yeux lorsqu’il s’éclipse. Ses co-équipiers toutefois, tiennent leur place tant bien que mal : Oyun, version féminine de notre héros, en moins tourmentée ...peut-être... Mais aussi téméraire , Solongo, la légiste,  douce et efficace, qui tempère l’inspecteur, qui exerce sur lui un certain pouvoir non déplaisant, Gantulga, gamin des rues à l’intelligence déliée.

Violence inouie dans cette histoire, des méchants très très méchants, très très violents et des scènes à éviter si on est sensible et si on n’a pas survolé déjà l’œuvre de Grangé et Thilliez et Giebel réunis.  Mais un peu de douceur dans cette ambiance de brutes : les moines : merveilleux psychologues amenant chacun à s’interroger intérieurement, sans mêler de surnaturel à leur propos, les rêves n’étant pas prémonitoires, mais faisant partie intégrante de l’être, lui révélant ses peurs et autres émotions, apportant des réponses enfouies en soi.

Et l’on évolue entre chamanisme et  tradition mongole, on voyage dans les steppes, on s’attendrit (peu quand même), on se fâche, on ressent colère et dégoût, et c’est sans doute ce qui a pu capturer la lectrice que je suis dans ce livre qui me laisse sur ma faim, heureusement, deux autres tomes m’attendent !

Deux bémols cependant :

je ne connais pas les lois mongoles, elles on certainement évolué depuis Gengis Khan, mais il me semble toute de même que Yeruldelgger prend beaucoup de liberté pour rendre la justice et régler ses comptes.

Une incohérence que je ne m’explique pas et qui n’est pas explicitée en fin de roman, au sujet du sort de l’un des protagonistes, mais je n’en dirai pas plus. Peut-être trouverai-je la réponse dans les tomes suivants…

Je suis entièrement d'accorda avec Alfaric : ça ferait un super film !

vendredi 3 avril 2020


La ferme des animaux


George Orwell
Ed Folio


J’ai commencé cette lecture, bien étonnée de ce que je lisais, sachant que cet écrit provenait de la plume de George Orwell dont j’ai lu 1984, un classique que l’on ne peut oublier. 


Je me suis même dit que cet ouvrage semblait lisible par les plus jeunes… Juste au début … parce que très vite, j’ai pu réaliser le but de l’auteur : imaginer une société, et sans doute montrer que le régime politique idéal n’existe qu’en théorie.


Georges Orwell explique les mécanismes par lesquels on en vient à la dictature qu’il dénonce. Dans ce roman, cela commence par une révolution des animaux et par la destitution du pouvoir en place, en l’occurrence, l’homme, suivi d’un ordre nouveau qui génère un espoir pour les les cochons, les chevaux, les moutons et autres espèces exploitées par ces animaux à deux pattes et qui ne profitent aucunement des richesses accumulées par ces derniers. 

On crée alors le régime communiste idéal avec travail pour tous et mise en commun des richesses, tout va pour le mieux… 
Mais cette organisation idéale va vite dégénérer pour laisser place à ce que l’histoire nous a livré maintes fois : la naissance des partis, l’opposition, la suppression du débat, le pouvoir par la violence, la suppression du droit d’assemblée, le culte de l’être suprême, et une caractéristique de la dictature que l’on retrouve dans 1984 : la falsification de la vérité, instrument au service de l’Etat.


Ce roman est absolument génial, il décrit parfaitement le régime de dictature et sa façon de s’instaurer, peu à peu, et de finir par être considéré comme « normal » par le peuple.


La fin est extraordinaire et expose clairement l’objectif de l’auteur.
Un bon classique qu’il faut avoir lu et mériterait d'être analysé en profondeur, mais cette étude serait impossible sans dévoiler l'histoire.