La treizième heure
Emmanuelle Bayamack Tam
Ed P.O.L, 18/08/22, 512 pages
Entrée très vite dans ce roman, je me suis délectée de l’humour
prêté aux propos de Farah, alors adolescente de16 ans, qui soumet son
questionnement ses doutes au lecteur. Cette première partie introduit les
personnages et leur situation, un père présent sans l’être, aimant et distant,
assoiffé de vérité, une vérité toutefois difficile à communiquer, on le
comprendra, une mère absente, une foule de personnages venus la pour voir cicatriser leur douleur, leur malaise, pour tenter de se "réparer".
Farah est un personnage plaisant qui décide de mener son
enquête concernant ses origines, qui exprime sa façon de voir les choses, et
qui a beaucoup à dire étant donné qu’elle évolue au sein d’une de ces églises minoritaires, une secte où la poésie occupe une place de premier choix dont le
père fait figure de gourou.
Et Farah pense trouver des réponses, sa logique lui indiquant
qu’elle aboutira en menant ses investigations auprès des personnes concernées
par sa naissance, mais il semble que son esprit cartésien en prendra un coup… et
l’esprit du lecteur aussi, car à défaut de fournir des réponses fermes, à ce
stade du roman, le doute pourrait bien s’épaissir.
Cette première partie je l’ai dévorée, ne pouvant me défaire
ma lecture.
Puis je m’aperçois, que je suis face à un roman choral, (je n’ai pas cherché à me documenter sur ce
livre plébiscité, afin de le découvrir seule). Je recueille alors les confidences
du père. Un être dont la bonté et l’humilité ne font pas de doute, qui raconte
son histoire et celle de Farah avec sincérité, le ton change, alterne entre
dépression, bonheur, désespoir et solution pour sortir de la morosité. on comprendra les réponses évasives de ce père aux questions de sa fille.
Le troisième narrateur raconte l’histoire d’une femme qui a
dû forger elle-même cette identité indispensable à chacun, elle tente d’expliquer
ses agissements, on comprendra entre les ligne sa souffrance et son mal-être dus à de mauvais choix ou à des rencontres malheureuses. cette partie ressemble à une relecture de vie de la part de cette mère assaillie par le regret.
Trois narrateurs, trois ressentis bien différents qui
expliquent l’incompréhension des uns envers les autres. Roman intelligent sur
le thème de l’intersexualité.
Si j’ai beaucoup aimé la première partie, les autres m’ont semblé longues sur la fin, certains passage n’étant pas, à mon humble avis, indispensables pour venir à bout de ce pavé.
Question érotisme, on est largement servi, les héros ne trouve pas le ciel qu’au travers des réunions de la secte, c’est cru, c’est réaliste, c’est digne d’un Virginie Despente.