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mardi 27 décembre 2022

 Mémoires d'un paysan bas-breton











Stéphane Betbeder, Christophe Babonneau, Alex Gonzalbo

d'après l'œuvre de Jean-Marie Deguignet.

Ed Soleil, 11/10/2017, 96 pages


Cette magnifique bande dessinée, éditée d’après le récit de Jean-Marie Deguignet offre au lecteur un concentré de Bretagne, mais pas n’importe quelle bretagne : la bretagne des miséreux de la fin du XIXème siècle, la bretagne superstitieuse, la bretagne des hommes et des femmes dominé par une Eglise obscurantiste  qui imposait sa loi, une loi propre à marquer les individus de génération en génération, et qui gardera les séquelles générées depuis la nuit des temps sous forme d’une superstition prégnante.

Le récit s’ouvre sur la colère de Jean-Marie, parvenu à l’âge de 71 ans, qui se proclame athée dans un établissement tenu par les religieuses. Il semble bien que ce personnage soit porté par des rancœurs et que sa colère trouve ses origine dans sa vie passée.

On apprendra grâce à ses mémoires couchées sur le papier ce que fut sa vie, par ce premier tome, son enfance.

Voué à une mort certaines dès le berceau, l’enfant guérira et s’ouvrira à la vie, et quelle vie ! une vie de mendiant, car il était courant dans les familles d’envoyer les enfants mendier la nourriture pour la famille, ce qui devenait un métier. Les enfants alors, battaient la campagne, bravant les dangers : les voleurs, véritables terroristes de l’époque étaient monnaie courante, et le diable guettait derrière le moindre buisson d’ajonc, sous la forme d’un chat noir, d’un quelconque animal ou d’un coup de vent, l’esprit humain étant prompt à imaginer toutes sortes de tourments de l’âme.

Mais Jean-Marie possède une intelligence hors-norme, qu’il attribue à une mauvaise chute et une blessure au front. Petit déjà, il se pose des questions sur ces « diableries » qui enferment ses pairs et les privent jusqu’à la liberté de penser. On comprendra alors les réactions agressives du héros dès le début.

Cet album fut une belle découverte, bravo à l’illustrateur pour ce bijou qui offre des visages expressifs, des sentiments bien transmis, des images sublimes aux tons ocre qui qui illuminent les pages et aident à supporter l'ambiance morose de l'histoire. Les cartouches sont rédigés dans une belle police cursive ce qui rend la lecture très agréable.

Il me tarde de lire les autres volets.

 

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