Aux portes de l'éternité
Ken Follet
Ed Robert Laffont, livre de poche, 25/09/2014, 1224 pages
Je suis enchantée d’avoir lu les trois tomes de la saga du
siècle, d’être venue à bout de ces 3 288 pages et d’avoir approfondi les
événements survenus durant ce siècle d’histoire.
Le premier tome m’a propulsée au début du siècle, me mêlant aux
polémiques de l’époque et m’amenant à comprendre les enjeux de la première
guerre mondiale et ses coulisses, témoin de ceux qui œuvrèrent pour empêcher la
guerre comme de ceux qui avaient intérêt à la voir éclater. Un tome qui
introduit les personnages disséminés aux quatre coins du globe et auxquels je me
suis attachée.
Je dois avouer que quelques années ont passé avant que je
découvre le deuxième tome, la difficulté fut alors de récréer les liens entres
la première génération et les héros de la deuxième guerre mondiale, c’est pourquoi
j’ai attaqué le troisième tome, celui qui nous intéresse dans cette critique,
juste après sans attendre, et je ne le regrette pas, même si j’y ai passé de
nombreuses heures de lecture.
Le volet intitulé « Les portes de l’éternité »
couvre la période de la guerre froide, entre 1961 et 1989 avec un épilogue
correspondant à l’élection de Barack Obama à la présidence des Etats-Unis en
2008.
Ce tome m’a beaucoup interpellée parce que je suis née au
début de cette période et que j’avais entendu parler de la majeure partie des
événements qui y sont rapportés, sans en connaître le détail parce que j’étais
trop jeune pour m’y intéresser.
Les deux premières générations vont y laisser place à la
jeunesse, les enfants nés durant la guerre où dans la période d’après-guerre ont
grandi, ils font leur chemin, les uns encore étudiants, les autres en fin d’étude,
et deviendront avocats, journalistes, travailleront dans la politique, ou excelleront
dans l’art de la musique ou du cinéma, intéressants itinéraires de jeunes déterminés
et courageux, certains bravant de réels dangers pour parvenir à leurs fins et
prendre en main leur destinée. On ne pourra que s’attacher (ou pas) à chacun.
Les événements qui surviennent sont livrés au lecteur avec
force détail, ce qui contribue à la compréhension fine de l’actualité de l’époque :
on commence par la politique de Kroutchev : les débuts de la RDA, la
construction du mur de Berlin et ses effets sur la population de Berlin Est, son
implication dans la crise De Cuba, terrain de jeu des deux super-puissances qui
auraient pu intervenir, fortes de leurs armements nucléaires respectifs.
Côté américain, on assistera au bras de fer entre le président
Kennedy et le leader russe, et on apprendra beaucoup sur les tentatives de
législation anti-ségrégation du gouvernement américain, on côtoiera Martin
Luther King, on apercevra Joan Baez et on comprendra combien il fut difficile pour
les Afro-Américains de faire valoir leurs droits.
Ken Follet, le musicien n’a pas omis d’inclure dans son
roman, des musiciens, et on suivra le parcours d’un groupe de rock naissant
avec ses difficultés et ses réussites, on comprendra alors la difficulté pour
bien des groupe qui se sont formés à cette période, de percer et de devenir
célèbres.
Ce dernier volet, c’est aussi la plus grande mobilité de la
population, son épanouissement, en contraste avec les habitants de Berlin Est
et du bloc communiste, c’est la libération sexuelle, de grands pas vers la
tolérance et l’antiracisme, même si le chemin est encore long, c’est une
évolution de la société à grande vitesse, c’est une dénonciation des méfaits du
communisme dans sa lutte contre la dissidence et sa non-reconnaissance des
libertés fondamentales, c’est aussi le détail de sa chute.
Certains passages m’ont paru longs, très longs, nécessaires
négociations et manœuvres politiques, cela n’amoindrit pas mon enthousiasme et
ma soif de connaître les faits historiques et de les comprendre.
A quand le tome suivant ? la période comprise entre 1989
et 2020 est riche en événements, je crois que s’il était édité, je me jetterais
dessus pour le dévorer.