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mercredi 24 juillet 2013

Les enfants de l'école du diable


Sylvette Desmeuzes Balland



Titre évocateur des  tensions qui existaient dans les années 50 en Bretagne, terre de catholicisme exarcerbé.
L’histoire : sans doute classique à cette époque : années cinquante :  un couple d’enseignants, Simon et Julia Mondrieux,  arrive de la région parisienne car l’école dans laquelle ils œuvrent pour les enfants en difficultés est fermée.  Simon est nommé à Rennes et Julia à Brennac, commune des côtes du nord (aujourd’hui côte d’Armor).  Ils arrivent à Brennac en milieu fort hostile : l’école n’est ni habitable pour le couple et leurs cinq enfants, ni fonctionnelle, ils n’ont aucun mobilier, aucun matériel et doivent commencer par défricher le terrain, ne recevant que très peu d’aide de la population locale sous le joug   des religieuses,  du maire, un noble opposé à l’ouverture de cette « école du diable », mal accueillis, prévenu par des collègues de Lamballe que les enfants de l’école des sœurs « caillassent » ceux de l’école laïque.  Julia qui devra assurer l’éducation des enfants inscrits n’est pas au bout de ses peines : elle reçoit des enfants que l’on qualifierait aujourd’hui d’enfants  en grande difficulté (voir citation), de petits « sauvageons » qui n’ont pas pu recevoir une éducation parce qu’ils sont orphelins pour la plupart, et dont les sœurs ne souhaitent pas assurer l’éducation. elle fera pourtant  de son métier, un sacerdoce, risquant d’y laisser sa santé, son moral, sa vie de couple.
 Ce livre expose la façon dont on a pu instrumentaliser la  religion catholique, alors encore  largement pratiquée en Bretagne dans ces années.  Je savais qu’il y avait eu des  oppositions très fortes  entre les laïques et les cléricaux, particulièrement dans les années qui suivirent la séparation de l’église et de l’état au début du siècle, et que cette situation avait perduré,  et que dans les années cinquante, les  on faisait encore la différence entre ceux qui allait dans le public et ceux du privé pour en avoir entendu parler par mes aînés, alors que je vivais moi-même en Bretagne, mais je n’imaginais pas qu’un maire puisse refuser toute aide à une école, jusqu’au chauffage pour des enfants, accordant une aide financière uniquement  à ceux qui s’inscrivent chez les sœurs qui, dans la logique, ouvertes à tous, refusaient les enfants perturbés, handicapés, de parents dits communistes sous prétexte qu’il ont des relations avec quiconque sympathise avec le diable.
Au début le style m’a paru lourd à force de phrases alambiquées et kilométriques pleines d’appositions  et de propositions relatives  pour  expliquer qu’un train arrive en gare ou présenter des personnages.  Puis on s’installe confortablement dans ce roman que je qualifierais de documentaire fortement romancé tant la documentation de l’auteure est sérieuse et approfondie.
Ce qu’il faut retenir de ce livre, c’est que, bien que nous ne soyons plus dans les années cinquante et que les mentalité aient évolué,  dans toutes les religions, il y a les intolérants,  les personnes qui se permettent de juger comme si elles étaient Dieu en personne,  sans pour autant agir, et puis d’autres qui vivent leur foi en s’ouvrant aux autres , et encore d’autres qui ne pratiquent aucune religion mais vivent  chaque jour de leur vie comme une mission,  aujourd ‘hui plus que jamais, pas  seulement  en Bretagne…


Je remercie Babélio et les éditions  Presse de la Cité pour ce partenariat.

jeudi 18 juillet 2013

La vérité sur l'affaire Harry Quebert


Joël Dicker

Un roman surprenant ! Surprenant par son style, présenté sous la forme d’une mise en abyme, le livre dans le livre, ce qui nous change du policier classique,  une énigme résolue à force de retours en arrière, de témoignages,  de loi du silence dans la petite ville d’Aurora…
Mon avis sur ce roman est neutre, fait à la fois de positif et de négatif : j’ai aimé l’ambiance mystérieuse que chaque personnage, avec son vécu et ses souvenirs, apporte à l’histoire. J’ai apprécié les nombreux rebondissements (parfois sans surprise), j’ai souri à la lecture des passages dans lesquels Marcus Goldman communique avec sa mère (malgré le comportement de cette mère juive qui fait un peu trop cliché).
J’ai admiré la documentation de l’auteur Suisse au sujet des Etats-Unis  car j’ai su, alors que j’étais déjà bien plongée dans l’histoire, que notre écrivain est Suisse.
Je n’ai pas toujours apprécié la façon parfois lourde dont le suspens est amené : « elle ne remarqua pas la silhouette tapie dans les fourrés qui l’observait » phrase écrite au moins trois fois durant le roman.
Je me suis souvent ennuyée : les passages où intervient l’éditeur avide de richesse, pressé de voir sortir un roman qui rapportera même s’il est mauvais, je m’en serais bien passé, pourquoi ces passages ? pour tenir le lecteur en haleine ?  Raté ! Ça m’aurait plutôt donné envie d’interrompre la lecture, que je dois le dire, j’ai fait traîner à ces moments.
Les personnages sont souvent caricaturaux : stupidité  apparente du Mari de Tamara Quinn  qui veut bien faire passer pour un idiot aux yeux de sa femme, réactions démesurée de Cette dernière, sorte de Madame Olson prête à tout pour sa fille, maladresse de Travis Dawn,  transcription de la façon de s’exprimer  de Luther malvenue dans un tel roman.
J'ai vécu la fin comme si j'assistais moi-m^me à un incroyable gâchis, les personnes qui ont lu le livre comprendront pourquoi...
Pour terminer, l’écriture m’a semblé particulièrement banale, sans relief, sans charme.

Je ne sais pas si j’aurai envie de lire un autre livre de cet auteur.