Les enfants de l'école du diable
Sylvette Desmeuzes Balland
Titre évocateur des
tensions qui existaient dans les années 50 en Bretagne, terre de catholicisme
exarcerbé.
L’histoire : sans doute classique à cette époque :
années cinquante : un couple
d’enseignants, Simon et Julia Mondrieux,
arrive de la région parisienne car l’école dans laquelle ils œuvrent
pour les enfants en difficultés est fermée. Simon est nommé à Rennes et Julia à Brennac,
commune des côtes du nord (aujourd’hui côte d’Armor). Ils arrivent à Brennac en milieu fort hostile :
l’école n’est ni habitable pour le couple et leurs cinq enfants, ni
fonctionnelle, ils n’ont aucun mobilier, aucun matériel et doivent commencer
par défricher le terrain, ne recevant que très peu d’aide de la population
locale sous le joug des religieuses, du maire, un noble opposé à l’ouverture de
cette « école du diable », mal accueillis, prévenu par des collègues
de Lamballe que les enfants de l’école des sœurs « caillassent » ceux
de l’école laïque. Julia qui devra
assurer l’éducation des enfants inscrits n’est pas au bout de ses peines :
elle reçoit des enfants que l’on qualifierait aujourd’hui d’enfants en grande difficulté (voir citation), de
petits « sauvageons » qui n’ont pas pu recevoir une éducation parce
qu’ils sont orphelins pour la plupart, et dont les sœurs ne souhaitent pas
assurer l’éducation. elle fera pourtant de son métier, un sacerdoce, risquant d’y
laisser sa santé, son moral, sa vie de couple.
Ce livre expose la
façon dont on a pu instrumentaliser la religion
catholique, alors encore largement
pratiquée en Bretagne dans ces années. Je savais qu’il y avait eu des oppositions très fortes entre les laïques et les cléricaux,
particulièrement dans les années qui suivirent la séparation de l’église et de
l’état au début du siècle, et que cette situation avait perduré, et que dans les années cinquante, les on faisait encore la différence entre ceux qui
allait dans le public et ceux du privé pour en avoir entendu parler par mes
aînés, alors que je vivais moi-même en Bretagne, mais je n’imaginais pas qu’un
maire puisse refuser toute aide à une école, jusqu’au chauffage pour des enfants,
accordant une aide financière uniquement à ceux qui s’inscrivent chez les sœurs qui,
dans la logique, ouvertes à tous, refusaient les enfants perturbés, handicapés,
de parents dits communistes sous prétexte qu’il ont des relations avec quiconque
sympathise avec le diable.
Au début le style m’a paru lourd à force de phrases
alambiquées et kilométriques pleines d’appositions et de propositions relatives pour
expliquer qu’un train arrive en gare ou présenter des personnages. Puis on s’installe confortablement dans ce
roman que je qualifierais de documentaire fortement romancé tant la
documentation de l’auteure est sérieuse et approfondie.
Ce qu’il faut retenir de ce livre, c’est que, bien que nous
ne soyons plus dans les années cinquante et que les mentalité aient évolué, dans toutes les religions, il y a les
intolérants, les personnes qui se
permettent de juger comme si elles étaient Dieu en personne, sans pour autant agir, et puis d’autres qui
vivent leur foi en s’ouvrant aux autres , et encore d’autres qui ne pratiquent
aucune religion mais vivent chaque jour
de leur vie comme une mission, aujourd ‘hui
plus que jamais, pas seulement en Bretagne…
Je remercie Babélio et les éditions Presse de la Cité pour ce partenariat.
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