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jeudi 28 février 2019


Les âmes englouties



Susanne Jansson

Ed presse de la Cité


    Pour aborder cette histoire et vous mettre en condition, il sera nécessaire de vous laisser envelopper de brumes mystérieuses émanant de la tourbière "insatiable" qui règne dans ce coin de Suède. Mais prenez garde au vent qui se lève, puis s’apaise soudain sans plus d’explication.

Dans ces trois premières lignes, sont résumées l’ambiance et tout ce qui fait l’intérêt de ce roman.

  Nathalie, étudiante en biologie, vient passer quelques temps dans ce lieu chargé de légendes et de superstition. Elle y fait connaissance de Johannes, étudiant en art qui a l’habitude de faire son footing quotidien dans la tourbière. Un jour, une intuition conduit Nathalie à se mettre à la recherche de Johannes. Elle découvre son corps inanimé et appelle les secours. Il a été victime d’une agression.

L’inspecteur Leif Berggren, aidé de de Maya, photographe vont se lancer dans l' enquête… Mais la tourbière révélera-t-elle ses secrets ?

Comment qualifier ce roman : un thriller, aucun doute, un policier, oui, car il y a bien une enquête menée par un inspecteur qui ne montre pas vraiment de motivation bien que sa partenaire photographe essaie de le dynamiser et se montre beaucoup plus entreprenante, un roman fantastique certes, la tourbière y semble personnifiée et exigeante, c’est ce que pensent les quelques habitants qui y sont restés.

Mais peu importe, Thriller, policier, fantastique ou autre, je pense que l’objectif de l’auteur était de produire une ambiance et c’est vraiment réussi.

Durant la quasi intégralité de la lecture, me sont venues des images, des sentiments, des sensations. J’espère qu’un jour, ce roman sera adapté au cinéma, les descriptions s’y prêtent, les personnages laissent deviner des non-dits, de quoi réaliser un film captivant  et esthétique.

Belle découverte que ce premier roman de Susanne Jansson.  

Je remercie Babelio et les éditions Presses de la Cité pour ce partenariat.


mardi 26 février 2019



C'est quoi ton prénom ?



Bernard Friot, Colonel Moutarde
ed Milan poche


  Je demeure convaincue que pour amener les enfants réticents à lire, il faut les faire rigoler… Et donc trouver la littérature qui les amènera à en redemander. 


Bernard Friot l’a compris également. J’ai sous les yeux une histoire d’abord éditée en 2003 dont la première de couverture n’a rien d’extraordinaire, si ce n’est qu’elle annonce que le livre fait partie d’une collection « éclats de rire », la couverture de l'édition  de 2014 a commencé par m'interpeller : l’illustrateur se nomme … « Le colonel moutarde », de quoi se lancer dans une enquête afin de déterminer qui a tué le premier illustrateur bien mentionné dans la première édition. En tout cas, l'auteur introduit déjà un élément comique et original avant même que le livre n'ait été ouvert.


L’histoire, très courte, raconte la terrible zizanie qui s’installe dans la famille Richeux au sujet du prénom à donner au bébé qui arrive… ce qui promet des dialogues animés, des répliques délicieuses, un récit monté avec trois fois rien, ce qui fait le génie de l’auteur ! 


Puis il annonce : fin de l’histoire (peut-être), qu’il raconte, pour ensuite annoncer que d’autres racontent tout autre chose … et nous proposer une autre fin, puis une troisième chute… au lecteur de choisir celui qui lui convient. L’une d’elle est très jolie, je vous la laisse découvrir.

 

Les livres de cet auteur doivent vraiment trouver leur place dans toute bibliothèque digne de ce nom. Personnellement, lorsque je sais que je vais lire une de ces histoires aux enfants, je prends beaucoup de plaisir à découvrir ou redécouvrir les histoires originales et  la narration façon Bernard Friot.


dimanche 24 février 2019


La nuit des béguines



Aline Kiner
Ed Liana Lévi

Il est une société dont on ne parle pas beaucoup et qui vit le jour à la fin du XIIe siècle dans le nord de l’Europe, s’est étendu dans la moitié nord du royaume de France... Il s’agit des béguines dont le statut est bien ambigu :  femme célibataires ou souvent veuves parce qu'épouses de croisés restés en terre Sainte ou se retrouvant seules  pour d’autres raisons. Elles ne sont ni religieuses, bien qu’obéissant à une règle monastique (dans le présent ouvrage, elles sont dirigées par une maîtresse nommée par l'aumonier du roi) ,  ni laïques. Mais la discipline et la piété étant de mise en cette période de l’histoire ou la religion rythme la vie quotidienne et où l’inquisition oriente la pensée et les actes de chacun, elles seront bientôt persécutées, car être indépendant au Moyen-âge est plutôt mal vu, on se marie où on intègre le couvent mais on ne s’affranchit pas de la domination des hommes. 

C’est dans ce contexte qu’évoluent Ysabel, qui cultive les plantes qui soignent et  fait office de soignante, Ade, qui enseigne et écrit, Agnès et les maîtresses successives.

Mais deux faits viennent perturber leur vie de béguines : Maheut qui vient se réfugier au béguinage parce qu’elle s’est enfuie du domaine de ce mari qu’on lui a imposé , et qui est accueillie, soignée et cachée. Maheut est recherchée par un religieux plutôt ambigu : Humbert, qui cherche à faire copier un manuscrit interdit émanant de Marguerite Porete qui développe dans ce livre, une pensée inadmissible à cette époque.

 Ces deux faits sont sans nul doute les ingrédients d’un bon roman historique, se mêlant aux descriptions de l’environnement et des mœurs ce ce temps :  rues de Paris, plantes cultivées, mets et plats de l’époque, commerce, et s’ajoutant à une narration des événements historiques que l’auteure ne pouvait négliger : la dissolution de l’ordre des templiers et l’exécution des moines soldats.

Un bon roman, aucun doute, toutefois la lecture n’a pas toujours été facile : j’ai eu l’impression de lire parfois laborieusement, une description sans relief, sans expression de sentiments, ce qui a rendu cette lecture très monotone, c’est vraiment dommage. Il me semble que tous les lecteurs de ce romans ayant proposé une critique n’aient pas ressenti cela. Il ne s’agit alors peut-être que d'une impression de ma part.c’est toutefois la raison pour laquelle je n’attribuerais que trois étoiles à cette histoire. 

J’ai malgré tout appris beaucoup sur les béguines que je ne connaissais pas.


samedi 23 février 2019



Lontano



Jean-christophe Grangé

Ed Albin Michel, Livre de poche



Dans la famille Morvan, je voudrais le père : un être violent, un personnage corrompu, brutal, sans scrupule, intolérant... Je voudrais aussi la fille, Gaëlle, anorexique et d’une certaine façon prostituée, qui cherche son destin et qui s’est promis de détruire sa famille... Le cadet, Loïc, drogué quelque peu désorienté,  en instance de divorce, l’aîné, Erwan,  un policier qui semble ne pas oser dire quoi que ce soit face à papa, surtout quand papa décide de l’envoyer enquêter du côté de Brest où un élève pilote fuyant le bizutage se retrouve canardé par un missile alors qu’il se cachait sur une île de la rade... du moins c’est que veut bien le faire croire la version officielle émanant du commandement militaire.

 Bon terreau pour commencer, va y avoir de quoi se poser quelques questions de lecteur...

Et puis on sent bien de bonnes petites réticences côté armée à l’égard d’Erwan, limite obstruction au travail de la police, et notre ami Erwan va devoir cogner du point sur la table et même cogner du poing tout court contre quelques têtes brûlée parmi les élèves pilotes. On dirait qu’il y a un secret là dessous, un secret bien gardé par tous les intervenants, depuis les élèves jusqu’au commandement.

Mais pas que... le père n’est pas vraiment un livre ouvert... on apprend petit à petit les magouilles  que son entourage suspecte sans pouvoir prouver quoi que ce soit... pas facile dans ce contexte d’enquêter, d’autant plus que papa est exigeant et confie d'autres missions à son Fils Erwan : retrouver sa sœur, débusquer les acheteurs intempestifs d’actions des mines de Coltano qu’il garde jalousement avec un ou deux associés aussi pourris que lui, tout cela parce que le deuxième fils est en danger de mort...

 

Erwan travaille avec une équipe de choc pourtant, mais le travail n’est pas simple : aucune trace du tueur,  à part un peu d’ADN laissé par un serial Killer dit “l'homme clou” autrefois arrêté par Morvan père en Afrique, le problème, c’est que ce meurtrier est mort depuis trois ans...

 

Une enquête complexe dans un roman complexe, Erwan se démène... un personnage à la personnalité aiguisée qui semble filer doux devant papa tout en s’affirmant au long du roman, un peu comme s’il voulait régler ses comptes, dur à cuire, téméraire ( je me suis parfois demandée s’il n’allait pas terminer en morceaux), du style, je frappe d’abord, je réfléchis ensuite, pas discipliné pour deux sous ( c’est ce que j’aime chez les meneurs d’enquête).

 

Un peu effrayée par la longueur du roman au début, me demandant dans quelle famille de fous j’avais atterri, climat malsain à souhait dès le début, j’ai très vite changé d’idée, cette histoire m’a happée et j’étais bien contente de retourner m’y réfugier. À l’heure où j’écris, j’ai déjà commencé la lecture de Congo requiem.

 

Amateurs de thriller, ce livre va devenir un incontournable !!!



 


mercredi 20 février 2019


Le chat qui parlait malgré lui


Claude Roy

Ed folio Junior

   Gaspard est un drôle de chat : qui comme tout chat qui se respecte, aime dormir, ronronner, recevoir des caresses, mâchouiller les herbes, il sait aussi se faire comprendre et signaler ce qu’il aime ou pas, à sa manière de chat ! En mâchouillant justement, il consomme une herbe qui lui donne la parole, c’est la panique dans la tête du félin : pensez-donc, si on découvre la particularité de ce chat doué de parole… fini la tranquillité ! ses ennuis, déclinés de façon très comiques, ne font que commencer.  Il se confie à Thomas son jeune maître qui élabore un plan pour le protéger…

 Il est très drôle ce chat, poète, peu respectueux, têtu ce qui peut provoquer des disputes avec Thomas, mais finalement….

Une histoire sympathique et originale à mettre entre toutes les petites mains.


lundi 18 février 2019


L'histoire de la cuisine du mammouth à la pizza



Stéphanie Ledu, Stéphanie Frattini

Illustration de Claire de Gastold

Ed Milan


  Enfant j’aurais adoré ce genre de livre dans lequel on peut passer un certain temps à regarder les pages les unes après les autres, offrant au lecteur des textes mais aussi des images variées aux couleurs chatoyantes. Celui-ci propose un exposé sur l’histoire de la nourriture et de l’alimentation, sujet passionnant qui mobilise petits et grands et qui offre des pistes de réflexion et d’approfondissement.

 

En avant donc, pour un voyage gourmand dans le temps ! départ durant la préhistoire, je dois dire que ce chapitre est un peu succinct n’insiste pas tellement sur la chasse, puis on arrive aux premiers agriculteurs et la culture du blé, base de l’alimentation des peuples sédentarisés, pour approfondir avec l’antiquité et la cuisine des civilisation égyptiennes, romaines et grecques, mentionnant un ouvrage intéressant : l’art culinaire d’Apicius qui nous a laissé un témoignage sur la nourriture des romains aisés. Dans ce chapitre sur les romains deux recettes ne manqueront pas de retenir l’attention des enfants qui pourront être fiers de proposer aux adultes, des plats simples à réaliser d’origine antique !


Puis arrive le Moyen-âge avec ses herbes, ses viandes rôties, et les délicates senteurs des douceurs rapportées d’Orient durant les croisades. Le voyage se poursuit avec la Renaissance et l’arrivée des épices et du chocolat, l’auteure précisant bien que ces mets étaient réservés à une faible proportion de la population. Et on arrive à notre époque et même plus, en passant par les premiers restaurants, les premiers pique-niques, les conserves, les marchés, la guerre, les arts ménagers, les supermarchés, les fast-foods, les cuisines du Monde, et les innovations du XXIème siècle.


Cet ouvrage est génial parce qu’à la fois succinct et riche, il semble ne rien oublier au cours de cet exposé passionnant. Ecrit gros et facile à lire, il apportera aux enfants une culture générale qui ne peut qu’épanouir.


A posséder dès le plus jeune âge pour ses images colorées, et a garder pour que l'enfant grandisse avec ce beau documentaire.

dimanche 17 février 2019


La reine des fournis a disparu


Fred Bernard
Ed albin Michel (album) Magnard (petit format)



     Difficile de déconnecter de mon métier d’enseignante avec ce livre, mais je vais essayer. (dans un premier temps !).

Il faut d’abord savoir que ce livre existe en album un peu plus illustré que celui que j’ai en main, et j’ai entendu dire que la version illustrée et présentée en plus grand format est plus parlante pour les enfants et les invite à la recherche d’indices, puisqu’il s’agit d’un roman policier. 

L’histoire ne manquera pas de plaire : Mandibule de savon (Lol !) et son associé Elytre de lait (Lol !), sont deux fourmis rouges de la jungle. Malheureusement pour leur communauté, leur reine a disparu. Elles se lancent dans une enquête avec pour tout indice, un poil oublié dans la fourmilière. Muni de cette pièce à conviction, elles vont parcourir la jungle à la recherche de tout suspect ou témoin, découvrant un vaste monde étranger à leur milieu de vie. 

Un roman a suspens qui mènera les lecteurs jusqu’à la fin, un roman court mais riche ! et c’est  là que je remets ma casquette d’enseignante pour mentionner les nombreuses pistes de travail qui pourraient intéresser d’éventuels collègues : une lecture destinée à des enfants de CE2 (8-9ans) avec un bon niveau de lecture ou plus (10 ans)  : le texte contient beaucoup de substituts et d’éléments implicites intéressants à travailler, des pistes de travail sur le roman policier, avec une activité possible autour de la notion d’indices,  un travail en transversalité avec des possibilités de recherche  en sciences sur le monde animal, l’étude de milieux : la jungle, des possibilités de mise en réseau et l’étude d’une espèce : les fourmis, l’étude des insectes, des prolongements possibles en arts visuels (inspiré par les quelques illustrations en noir et blanc de cette version)… ouf !!! là je me suis lâchée !
Donc en résumé : si vous êtes dans le milieu enseignant ce 
livre est pour vous, sinon, ce livre est aussi pour vous et vos enfants car l'histoire est bien ficelée et intéressante.

samedi 16 février 2019



Mortina


Barbara Cantini (auteure et illustratrice)
Ed Albin Michel jeunesse

T2 : l'odieux cousin parution prévue le 27 février 2019.
T3 : actuellement en espagnol ou italien.



     Mortina est une petite fille qui rêve de jouer avec les autres enfants, oui mais voilà, Mortina est une petit zombie qui vit dans un lugubre château avec sa tante, Trépassée,  qui lui interdit de sortir de la propriété pour ne pas être vue. 

Mortina reste donc cloîtrée dans son environnement avec son chien, Mouron, dans un décor regorgeant d’objets, de cadres, d’ombres inquiétantes, de créatures,  sur lesquels on ne manque pas de s’attarder, d’autant plus que l’auteure, qui est également l'illustratrice,  a prévu de légender une énorme partie des éléments qu’elle a dessinés, ce qui permet de s’attarder avec plaisir dans l’histoire.

Mais un jour d’automne, Mortina entend parler d’une fête : l’Halloween bien-sûr ! Elle va profiter de l’occasion pour sortir, déguisée en … Mortina la zombie.

Pour introduire le thème de la différence et de la tolérance, l’auteur, Barbara Cantini,  frappe fort mais juste : quoi de plus attirant pour les enfants que ce joli petit livre façon parchemin que personnellement j’ai été ravie de toucher, de regarder avant de l’ouvrir, quoi de plus attrayant que les monstres, les fantômes, les cimetières… 

Une histoire à l’ambiance qui rappelle fortement la famille Adam’s qui a fait le bonheur de jeunes et moins jeunes, en plus light bien sûr.

Je conseillerais cette histoire pour des enfant de 7 à 9 ans, en précisant que de jeunes lecteurs qui auraient des difficultés de vocabulaire devront être aidés sur les noms des personnages (oncle Funeste, Tante Trépassée, Tante Aigrelette…) afin de profiter au maximum de l’histoire.

On trouve actuellement sur le marché deux tomes de Mortina en français. Le troisième , récent, n’a apparemment pas encore été traduit de l'italien.

jeudi 14 février 2019



1001 activités autour du livre



philippe Brasseur
Ed Casterman 

Allez ! Une perle de parent d’élève  pour introduire cette chronique : Une maman vient me voir et me demande comment sa fille peut améliorer ses résultats en français (il s’agit d’une famille ou le jeu vidéo est roi !), je lui réponds que la lecture l’aiderait pour travailler bien des notions, elle regarde sa fille et lui dit « tu vas me faire le plaisir de lire ! », j’interviens donc à nouveau en ajoutant : 
" le mieux serait de l’amener à aimer la lecture…" et la maman regardant à nouveau sa fille déclare : « tu vas me faire le plaisir d’aimer lire ! » (Autant dire que Ptitgateau a pris une grande inspiration, a regardé au loin en prenant un air dégagé pour ne pas exploser de rire…).

Ceci dit, cette maman a tout de même soulevé une question : comment donner le goût de la lecture aux enfants ? certainement pas en les harcelant mais plutôt en leur proposant des activités intéressantes autour du livre comme le fait Philippe Brasseur dans cet ouvrage qui s’adresse aux parents, enseignants, documentalistes, bibliothécaire afin de stimuler leur appétit livresque.

L’ouvrage est constitué de neuf chapitres dans lesquels les activités sont proposées, soient cent-quatorze pages d’idées. il insiste d’abord sur l’environnement du lecteur et l’importance d’aménager un coin lecture agréable, explique comment ranger les livres de façon attrayante et organiser un espace de lecture douillet. 
Très important : Il mentionne  l’importance de traiter les livres avec soin et respect, rappelle les droits du lecteur énoncés par Daniel Pennac, et sur un ton de plaisanterie, montre comment, alors qu’on voudrait voir ses enfants lire, on peut obtenir l’effet inverse en huit leçons.

Les chapitres suivants regorgent d’activités ludique en lecture à haute voix, activités pour se retrouver au contact des livres, recherche d’informations, création poétique, présentation de personnages, arts visuels, mise en scène de livres.

Ce livre est une mine  où l’on peut puiser des activités destinées à faire lire les non pratiquants à leur insu.

mercredi 13 février 2019


  San Perdido








   
Davide Zukerman
Ed Calman Levy
    

    Avec ce premier roman, David Zukerman nous offre un récit vivant et le portrait d’un personnage que le lecteur fera lui-même entrer dans la légende.

L’histoire se déroule à panama entre 1946 et 1959, où on est soit très pauvre et ou les possibilités de s’en sortir sont restreintes : prostitution, travail frisant l'esclavage ou misère totale qui oblige à se nourrir des détritus, à vendre de la ferraille récoltée sur la décharge pour quelques balboas, soit très riche, tirant sa fortune du travail des masses populaires,  se vautrant dans la corruption.

Arrive un jour dans la décharge, un enfant noir, mystérieux, muet, qui semble parler avec ses yeux bleus. Il possède des mains puissantes et larges qui lui vaudront le surnom de « la langosta » ou le homard. Qui est-il ? la réponse s’insinue progressivement au fil de l’histoire, lorsqu’il devient un adolescent puis un adulte, même s’il semble dès le début agir en faveur du peuple opprimé.

Aucune longueur dans ce récit ou l’on goûte à l’ambiance d’un pays d’Amérique centrale où l’argent est le seul ami de politiciens qui ne cherchent aucunement le bonheur du peuple, royaume des narco-trafiquants et autres spéculateurs insatiables, de la violence et de l’injustice,  ou l’on découvre l’histoire de panama et de son canal,  des Cimarrons ou esclaves noirs révoltés contre les espagnols plusieurs siècles auparavant, ou l’on respire la végétation locale, ou l’on prend un bain de cette culture lointaine.

Certaines expressions, pour la plupart des insultes, ne sont sont traduites  dans un glossaire qu' à la fin, la traduction ne me semble pas nécessaire à mon avis,  car ces mots plongent le lecteur dans cette ambiance propre aux pays de langue espagnole, ou l’on traduit ses sentiments par des expressions bruyantes et percutantes et ou le bruit est synonyme de vie.

Un très bon premier roman donc, que je ne peux que conseiller.

mardi 12 février 2019


  
Histoire du livre


Bruno Blasselle
Ed Gallimard



  Il est né avec l’histoire des hommes, s’est propagé d’abord lentement, objet de luxe durant un ou deux siècles, puis a connu un essor que beaucoup d’inventions et d’innovation lui envient. il a fait l’objet d’une surveillance de la part du pouvoir, a véhiculé des idées religieuses, philosophiques, politiques, a ressuscité les auteurs antiques, est à la base de progrès sociaux, peut constituer un pensum à qui doit le consulter à contre-cœur, invite au voyage à la rêverie, se montre capable de déchaîner des passions… Cela mérite que l’on s’intéresse à son histoire !  

Les hommes ont très vitre perçu son intérêt et l’ont fait évoluer rapidement,  du volumen en papyrus  à la liseuse, en passant par le codex, l’encyclopédie,  les œuvres d’art dont il fit l’objet,  le livre de poche et les écrits qu’aujourdhui  chacun peut consulter librement.

Il a créé un nombre croissant d’emplois : œuvre des moines, puis de l’imprimeur, du contremaître, du pressier après l’invention de l’imprimerie, il est à l’origine de la création des maisons d’édition, des bibliothèques, des librairies que nous connaissons encore aujourd’hui.

Il est bien naturel que nous nous intéressions à cet objet omniprésent dans notre vie quotidienne, mais malheureusement, peu d’ouvrages d’une telle qualité existent actuellement sur le marché, et ce documentaire est un véritable trésor qui montre comment le livre, au prix souvent de gros efforts de travail, s’est imposé dans nos sociétés pour le plus grand bonheur des passionnés. 

Un documentaire très riche en images de qualité mettant en évidence de belles reliures, de magnifiques enluminures, des croquis parlants, exposant des documents intéressants, des descriptions et extraits d’œuvres historiques, proposant une chronologie rigoureuse et des interrogations parmi lesquelles une question importante :  quel est l’avenir du livre ? " Allons-nous oublier le bonheur simple de tourner les pages d’un livre et perdre ainsi un de ces ultimes repères, cet objet depuis longtemps sacralisé…" Se questionne l'auteur... A chacun sa vision des choses… d’une certaine façon, ce magnifique et réjouissant documentaire m’amène à penser que le livre ne mourra pas, il changera d’état simplement, se dématérialisera en grande partie, mais la demande et donc l’offre concernant le livre papier survivra si notre mère la terre nous le permet et si le lecteur continue a aimer le contact du livre, s'il continue à vouloir communiquer avec lui.

Ce documentaire constitue une valeur sûre et devrait avoir sa place dans nos bibliothèques !

lundi 11 février 2019


Pas touche !












Rachel Bright, Jim Field 
Ed  Gautier-languereau

Relax Max, un petit écureuil très zen et très doué pour profiter du moment présent, s’ aperçoit, alors que les autres animaux ont fait leurs provisions pour l’hiver, que ses placards sont vides. Par bonheur, il aperçoit une pomme de pin, la dernière, oubliée sur une branche, mais voilà, Max, le roi des provisions la veut aussi. Une course poursuite extraordinaire s’engage alors, incitant à tourner les pages sans trop s’arrêter, pour savoir comment se termine cette affaire.

J’ai trouvé cet album dans un festival du livre, et évidemment, le titre m’a attirée de la même façon que l’album «  surtout n’ouvre pas encore ce livre » parce que le titre invite à braver l’interdit. Ouvrez-le et vous devenez l’heureux prisonnier d’une forêt d’automne flamboyante dans laquelle on retrouve des techniques pointillistes, vraiment très agréable à regarder, ce qui ne peut qu’éduquer l’œil des jeunes enfants. J’ai d’ailleurs parcouru une deuxième fois l’album afin d’observer l’environnement magnifique et comique  que nous offre l’illustrateur. Une de mes illustrations favorites est la page montrant les provisions de Max, sorte de Piscou de la noisette, qui fait ses comptes devant son tas de nourriture.  

l’histoire quant à elle, invite au travail avec un tout petit clin d’œil à la cigale de Jean de la Fontaine, et au partage, notion parfois difficile à accepter.

Il faut partager donc, et préserver l’amitié qui est le véritable trésor.

 





dimanche 10 février 2019



Le carnet de l'apprenti écrivain


Susie Morgenstern
Ed De la Martinière jeunesse

  Et vive le rangement ! Et particulièrement le rangement de livres qui s’ennuient prodigieusement dans ma PAL... Celui-là a certainement émis de petites plaintes inaudibles pour que d’un coup,  je me sois dirigée vers le rayonnage où il
se trouvait : je l’avais oublié là ! Je l’ai pris et je l’ai observé, il émettait de bonnes ondes ce livre,  il m’a donné l’impression d’avoir mis la main sur une sorte de caverne aux merveilles dont le sésame est désormais entre mes mains. Et en l’ouvrant, j’ai senti que le monde s’ouvrait devant moi, que je pourrais voyager sur un avion de papier avec pour gouvernail, ma plume d’apprenti écrivain ... oui j’ai bien dit le monde, tant les sujets d’écriture sont variés et appétissants...

J’ai pu lire des critiques qui annoncent une tranche d’âge pour ce livre... c’est vrai que Suzie Morgenstern semble s’adresser aux enfants ( d’un certain âge ) , mais ne propose-t-elle pas des sujets sur lesquels elle a, ou aurait aimé écrire ? Les situations d’écritures proposées interpelleront sans aucun doute, tous les lecteurs et je dois avouer que personnellement, elles me ravissent par leur originalité parfois, mais aussi par leur variété : imaginer des récits commençant par des citations d’auteurs, faire le portrait sanglant d’une copine, ou d’un copain qui vous a trahie, écrire vos dix commandements personnels, pas moins de 300 situations pour vous permettre de raconter, exprimer vos sentiments, communiquer un ressenti, faire rire, faire pleurer, convaincre, se questionner...

l’auteure n’oublie pas d’amener l’écrivain en herbe à produire des textes appartenant à chacun des  différents types de texte … à tel point que  je me  fais la réflexion 
suivante : si je parviens à répondre ne serait-ce qu’à la moitié des sujets et à me convaincre que je suis capable d’écrire comme une professionnelle de l’écriture, peut être pourrai un jour me lancer. Après tout, l’auteur le précise clairement : l’écriture est une activité qui se pratique comme on pratique un sport... et nous tend la plume pour nous guider.

Merci à Susie Morgenstern de nous inviter à partager ses rêves !

vendredi 8 février 2019



Pandemia



Franck Thilliez
Ed Pocket



Bien contente de retrouver notre cher sharko et sa compagne que j’avais abandonnés depuis plusieurs années. 
J’avais lu Syndrome E et Gataca il me semble, et puis je suis passée à Pandémia en laissant des Thilliez de cette série de côté. 
Cela ne m’a pas empêchée de me lover dans ce roman sans problème, j’ai constaté quelques nouveautés dans la vie des tourtereaux, et quelques rappels ont suffi à me remettre sur les rails. 

Ben j’ai adoré, d’abord l’ambiance : Une vraie petite famille cette équipe de flics dynamiques qui savent se serrer les coudes, ça rassure un tout petit peu, car l’histoire est quand même difficile à supporter par moment, je continue d’ailleurs à me demander pourquoi, comme moi, on peut être addict aux thrillers, ce qui pourrait sous-entendre,  assoiffé de sang,  se complaisant dans les situations les plus glauques… si quelqu’un possède la réponse, je suis preneuse.

Bref, j’ai adoré l’ambiance, le suspense entretenu par non pas une enquête, mais plusieurs investigations : chacun de son côté : Sharko et Lucie, Nicolas et Camille, mais aussi Amandine la biologiste soutenue par son conjoint…. 
Et non pas un criminel, mais deux affaires dès de départ (même si on se doute qu’elles fusionneront, puis un bouquet de tueurs de première catégorie !)

Et puis du médical, du biologique… avec des armes redoutables à faire baisser les bras au flic Lambda.

Mais sharko et ses collègues n’ont rien de flics lambda…
Avec eux je me suis sentie motivée pour débusquer les criminels (sauf que pour moi, c’était sans trop d’effort), avec eux je me suis révoltée, écœurée par la cruauté humaine, avec eux j’ai eu envie de pleurer et de me lamenter sur le sort de victimes auxquelles j’étais attachée, compatissant volontiers avec ceux qui restent… 

J’ai bel et bien eu deux vie : la principale, celle de tous les jours, et la deuxième en retournant retrouver mes héros.

J’attaque Sharko, le dernier tome (pour l’instant) dès que ma pal me le permettra.

mercredi 6 février 2019


     
Le pays des 36 000 volontés




André Maurois
ed livre de poche, Gautier Laguereau


 Michelle n’obéit pas, elle n’a pas appris sa poésie, ne veut pas aller se coucher... Sa gouvernante lui fait comprendre que les enfants ne font pas leurs 36 000 volontés ... et pourtant quelques instants plus tard, transformée en fée, munie d’une baguette magique, elle s’envole vers le pays des 36000 volontés. Dans ce pays merveilleux on fait ce que l’on veut... sauf que... Michelle s’aperçoit rapidement qu’on ne peut pas réaliser tous ses désirs, les enfants qui le font se montrent bien peu sympathiques et que dans un tel pays, le désordre s’installe vite et le bien-être disparaît !

C’est ce qu’a voulu montrer André Maurois, romancier, conteur, essayiste et membre de l’Académie française à partir de 1938. Publié en 1928, ce roman pour enfant est toujours édité et disponible. L’histoire est assez facile à lire et ne manque pas d’humour. Je le lirai certainement à ma classe, ce qui me permettra de discuter ensuite avec les enfants du bien-fondé de l’autorité, de l’obéissance pour une vie en société harmonieuse. C’est ce que peuvent faire les parents en lisant ce livre avec leurs enfants.

Le seul point qui m’a gênée lors de cette lecture, c’est peut être un hasard, mais ce roman ayant été écrit plusieurs dizaines d’année après la grandiose œuvre de Lewis Caroll, j’ai eu parfois l’impression que l’auteur a cherché à imiter de façon assez maladroite, certains personnages d’Alice au pays des merveilles, comme la reine des fées , folle et désordonnée, comme le corbeau qui accueille Michelle, et quelques autres intervenants, malheureusement, il n’a pas su manier l’absurde comme le faisait le père d’Alice. Heureusement ce n’était certainement pas le but de son écriture.

Un livre donc à conseiller aux parents, enfants, enseignants pour éduquer ou grandir en prenant du plaisir.

dimanche 3 février 2019


Le vieux qui voulait sauver le monde


Jonas Jonasson

Ed presses de la cité


Pauvre Allan ! lui qui a pour principaux soucis, le manger bien arrosé et la consultation de son nouveau jouet : une tablette qui lui fournit l’actualité mondiale dont il est friand, se voit engagé bien malgré lui dans les grandes affaires du monde. 

Par effet papillon, il se retrouve flottant dans la nacelle d’une montgolfière qui s’est abîmée dans l’océan indien. L’histoire racontera ensuite comment il se retrouve mi-dissident, mi-allié de la Corée du Nord et son adorable chef suprême, Kim Jong-Un, puis en possession de quelques kilos d’uranium enrichi, comment il parvient a mettre la pagaille chez les Coréens, et comment il devient le point de mire d'une bonne partie de la communauté internationale. 

Ce deuxième tome était prometteur, Allan,  expert en explosifs en tous genres, avait l’air de maîtriser la situation, il la maîtrise, certes jusqu’à sa sortie de Corée et puis… commence une sorte de troisième tome dans le deuxième tome, dans lequel notre centenaire semble s’éteindre, effacé par les autres personnages : Julius, son ami, et surtout Sabine qui n’hésite pas à lui clouer le bec.

L’humour du premier tome dans lequel Allan manie les explosifs, sympathise avec les grands de ce monde, met en œuvre des projets fumants (c’est le moins qu’on puisse dire) s’amenuise dangereusement dans le second tome, l’humour noir que j’affectionne particulièrement dans les romans, frise parfois le mauvais goût, surtout lorsqu’il s’agit de néo-nazis.

 

Et puis ça devient long, très long : les grands de ce monde se mettent à focaliser sur le vieux, l’auteur sert des pages et des pages de manipulations et considérations d’ordre politique, faisant réfléchir et intervenir des personnalités agissant sur la scène internationale, peut-être nécessaires pour le roman, mais bien ennuyeuses à lire.

Moins d’action donc, et une hâte d’en terminer. J’ai malgré tout passé quelques bons moments de lecture.