L'huile sur le feu
Hervé Bazin
Ed livre de poche
Quel roman ! tour à tour curieux et
fascinant, questionnant, violent avec un bouquet final que l’on ne risque
pas d’oublier.
On y retrouve un thème cher à Hervé Bazin,
qui est celui de la famille : dans ce roman une famille pas très
équilibrée, une maison où ne règne pas le bonheur : une mère, Eva
Colu, chez qui on retrouve la malice et la méchanceté de Folcoche,
un père, Bertrand Colu, taiseux, gentil, complexé car dévisagé par le feu
du lance- flamme dont il fut la victime en 1940, ne se déplaçant jamais
sans un passe montagne qui permet d’épargner à son entourage, le spectacle de
son physique dévasté, ce qui lui vaut le sobriquet de « tête de
drap ».
Entre ces deux parents qui se déchirent,
Céline, adolescente de 17 ans à l’intelligence déliée, qui décide de ne pas
prendre partie pour l’un ou l’autre, aimant ses deux parents en dépit de leur
comportement.
L’huile sur le feu, c’est le roman d’un
couple déchiré, mais aussi un récit qui en ferait presque un roman terroir,
dans cette campagne Craonnaise où plusieurs fermes brûlent successivement, ce
qui génère, dans la communauté de Saint Leup, de grandes tensions : il faut
trouver cet incendiaire qui sévit, on juge, on accuse, on se fâche, on sème la
discorde, on se surveille, on a peur...
Discorde dans le village, discorde en
famille... Hervé Bazin nous offre une analyse psychologique d’individus très
intéressante : Eva, sa méchanceté et le génie dont elle use pour gâcher la
vie de son conjoint, Bertrand et sa gentillesse, sa douceur et son indifférence
apparente, Julienne, amie d’Eva et commère de service, Monsieur Delahaye, dit
Héaumes, le chatelain oisif, maire du village, et qui ne semble pas vraiment
assumer ses responsabilités.
Et Céline... Drôle de fille que cette
jeune fille qui suit son père dans tous ses déplacements, y compris la nuit,
qui n’a pas les préoccupations d’une adolescente de son âge, qui épie, devine,
et montre la perspicacité d’une adulte...
Malgré quelques passages sybillin que j’ai
parfois relu à plusieurs reprises sans vraiment réussir à en extraire le
message, j’ai beaucoup apprécié ce roman aux descriptions poétiques de paysages
campagnards dans lesquels j’ai souvent eu l’impression d’évoluer, sentant
presque la froideur de la brume sur ma peau, paysages qui renferment une part
de mystère.
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