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lundi 11 janvier 2021

 

L'huile sur le feu











Hervé Bazin

Ed livre de poche


Quel roman ! tour à tour curieux et fascinant, questionnant, violent avec un bouquet final que l’on ne risque pas d’oublier.

On y retrouve un thème cher à Hervé Bazin, qui est celui de la famille : dans ce roman une famille pas très équilibrée, une maison où ne règne pas le bonheur : une mère, Eva Colu,  chez qui on retrouve la malice et la méchanceté de Folcoche, un père, Bertrand Colu, taiseux, gentil, complexé car dévisagé par le feu du lance- flamme dont il fut la victime en 1940, ne se déplaçant jamais sans un passe montagne qui permet d’épargner à son entourage, le spectacle de son physique dévasté, ce qui lui vaut le sobriquet de « tête de drap ». 

Entre ces deux parents qui se déchirent, Céline, adolescente de 17 ans à l’intelligence déliée, qui décide de ne pas prendre partie pour l’un ou l’autre, aimant ses deux parents en dépit de leur comportement.

 

L’huile sur le feu, c’est le roman d’un couple déchiré, mais aussi un récit qui en ferait presque un roman terroir, dans cette campagne Craonnaise où plusieurs fermes brûlent successivement, ce qui génère, dans la communauté de Saint Leup, de grandes tensions : il faut trouver cet incendiaire qui sévit, on juge, on accuse, on se fâche, on sème la discorde, on se surveille, on a peur...

 

Discorde dans le village, discorde en famille... Hervé Bazin nous offre une analyse psychologique d’individus très intéressante : Eva, sa méchanceté et le génie dont elle use pour gâcher la vie de son conjoint, Bertrand et sa gentillesse, sa douceur et son indifférence apparente, Julienne, amie d’Eva et commère de service, Monsieur Delahaye, dit Héaumes, le chatelain oisif, maire du village, et qui ne semble pas vraiment assumer ses responsabilités.

 

Et Céline... Drôle de fille que cette jeune fille qui suit son père dans tous ses déplacements, y compris la nuit, qui n’a pas les préoccupations d’une adolescente de son âge, qui épie, devine, et montre la perspicacité d’une adulte...

 

Malgré quelques passages sybillin que j’ai parfois relu à plusieurs reprises sans vraiment réussir à en extraire le message, j’ai beaucoup apprécié ce roman aux descriptions poétiques de paysages campagnards dans lesquels j’ai souvent eu l’impression d’évoluer, sentant presque la froideur de la brume sur ma peau, paysages qui renferment une part de mystère.

 

 

 

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