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samedi 28 décembre 2019



Murène



Valentine Goby
Ed Acte sud


J’en étais déjà convaincue, et ce livre n’a fait que renforcer cette conviction : on devrait se lever chaque matin en remerciant le ciel d’être en bonne santé et valide comme ce fut le cas de François jusqu’à l’âge de 22 ans, beau jeune homme plein de vie qui perd ses bras suite à une électrocution.


Ce roman très bien écrit, invite fortement le lecteur à réaliser ce que peut être le calvaire d’un homme sans bras, et qui, dans les années 50 ne peut espérer de prothèse efficace. Regard des autres, vie quotidienne réclamant une assistance pour chaque geste : se laver, s’habiller, manger… dépendance totale. On imagine alors l’état de déprime dans lequel François se retrouve après sa résurrection : il n’est pas mort, mais il n’est pas vivant non plus, ainsi se qualifiera-t-il de « non mort ». Comment recommencer à mordre à belles dents dans ce cadeau qu’est la vie quand le cadeau devient empoisonné.


Ce récit, et c’est merveilleux, n’a rien de pessimiste : François va devoir s’adapter, et au terme d’un travail de deuil, deuil d’un corps valide,  et avec bien des moments de découragement, apprendre à se réjouir d’une réussite aussi petite soit-elle, il va s’ouvrir aux autres, et sauver des proches qui partagent sa condition d’handicapé.


Ce livre s’adresse à tout lecteur qui ne réalise pas ce que c’est d’être mutilé, de subir le regard d’autrui, d’être rejeté, de trouver sa sécurité au milieu d’autres personnes partageant une condition similaire (ce que François appellera un ghetto).

 

Admirable la documentation de l’auteur, tant d’un point de vue médical que matériel, et de la psychologie d’une personne lourdement handicapée.


Un livre que je recommande !

 

 

 




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