Né d'aucune femme
Franck Bouysse
Ed manufacture de livres
Comment ne pas succomber au charme de l’écriture quand, dans un roman, elle
est si finement ciselée, que les mots chantent à votre oreille et vous remplit
la tête de douces sonorités aussi apaisantes que possible. Admirable la syntaxe de Franck Bouysse que
je découvre, n’ayant jusqu’alors lu aucun de ses romans. Les mots m’ont semblé
respirer conjointement pour créer des ambiances et faire ressentir au lecteur
des émotions variées, jamais dans le registre de la gaieté et la joie, cela va
de soi, mais dans celui de la colère, de la révolte, de la haine, de la
tristesse, du désarroi. Tout cela est fort bien exprimé. L’auteur a su choisir
également les mots pour que le lecteur appréhende la psychologie des personnages.
Une autre dimension géniale de ce roman réside dans l’action : une intrigue
inexistante au tout début, suivie de la présentation de Gabriel, qui reçoit une
information et une demande du fond de son confessionnal, qui va aller vers une
intrigue contenue dans des cahiers écrits par Rose, personnage principal qui ne
parviendra a exister qu’à travers ces cahiers. Il faudra attendre leur lecture
par Gabriel pour que se construise progressivement le récit. Si l’on perçoit
bien que des événements graves vont survenir, et même si l’on devine de quelle
nature, on n’imagine aucunement la suite que je tairais bien entendu !
Chef d’œuvre que ce roman ! même s’il m’a laissée sur ma faim : un
épilogue ou quelques chapitres supplémentaires auraient été bienvenus pour
connaître le devenir de la quasi-totalité des personnages.
J’ai vécu ce récit exactement de la même façon que le roman de Karine Giebel
lu cette année (Toutes blessent, la dernière tue), que et je ne crois pas que j’oublierai
ces romans marquants.
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