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dimanche 18 août 2019



Le dernier lapon


Olivier Truc
Ed Point 


Je suis partie en voyage sur une terre que je rêvais de visiter, un pays de neige, ou l’on se déplace en scooter voire en ski, ou l’on s’habille de peau de rennes, où l’on pratique la langue same, ou le climat  rude, transforme parfois votre vie en survie, un pays blanc. 


J’ai eu un peu de mal à m’intégrer dans cette société fermée quoiqu’accueillie dans les gumpis douillets, capitonnés de peaux de renne, dans la douce chaleur, écoutant les joiks d’un hypothétique Chaman, le chaman ne disant pas qu’il est chaman,  peut être à cause des persécutions endurées par le passé. 



Les joiks semblent encore sonner à mon oreille, ces chants traditionnels saamis ou samit si on veut bien en respecter la grammaire, sans lesquels la culture samie se serait éteinte , ces chants qui racontent la peine, la tristesse, l’amour, le malheur du peuple, transmis de génération en génération. On m’a raconté que par le passé, les chamanes entraient en transe en se servant de tambours, véritables œuvres d’art que quelques-uns excellaient à fabriquer.


Il se trouve que pendant que je m’acclimatais à cette région, le scooter des neiges, il faut apprendre à le piloter, mon collègue Klemet, un Sami pure souche, un homme sympathique qui avait agrémenté son lieu de vie d’une tente dans laquelle il m’a invitée, un sami qui vit en marge de sa culture, ce collègue donc, nous a emmené chez un éleveur de rennes des plus rustres : la femme ? A ignorer, je n’ai pas pu en placer une, l'alcool, il faut croire que ça réchauffe… J'ai appris que les éleveurs de rennes vivaient dans des conditions pénible, mais là, l'hygiène semblait avoir quitté ce gumpi depuis belle lurette ! 


Je n'ai pas voulu y attacher trop d'importance car on avait un problème à résoudre : un tambour sami, apparemment une pièce de collection avait été dérobée au musée, vol qui risquait de perturber la conférence de l’ONU qui devait se tenir à Oslo, conférence durant laquelle les  lapons allaient se manifester pour défendre leur culture, amenant les autres partis à riposter…


Finalement j’ai bien été obligé de me fondre dans le folklore ambiant en raison du crime commis sur le vidda, mystère que nous avons bien eu des difficultés à élucider, nous la police des rennes à qui l’enquête a été confiée, heureusement que je faisais équipe avec Klemet qui connaît le moindre recoin du vidda. Notre enquête a beaucoup pataugé ! certains habitants étaient détenteurs de secrets jalousement gardés, certains policiers semblaient sérieusement vouloir faire obstruction à l’enquête, certains individus hors de tout soupçon n’étaient pas si innocents que ça, et puis il y avait ce français, drôle de zèbre celui-la, un géologue venu faire on ne sait trop quoi sur le sol de Laponie, franchement antipathique !


Quand je suis arrivée, il faisait nuit, et la nuit là-bas, ça dure !J'ai quand même réussi a passer des journées avec quatre à cinq heures d’ensoleillement sur la fin, bien-sûr, il faut être habitué à vivre dans cette région du globe pour comprendre ce que c’est de travailler dans la nuit… Pour mon plus grand bonheur, j’ai pu admirer quelques aurores boréales, m’étonnant de ce que les gens n’y prêtent pas plus beaucoup attention, ou alors pour évoquer les superstitions liées à ce déploiement de couleurs .


Je suis prête à retourner dans cette Laponie que je connais un peu mieux à présent, peut-être pour une autre aventure, qui sait ?

Nina, membre de la police des Rennes.


Voilà, cette lettre de notre héroïne montrera combien son voyage fut riche en événements, combien le dernier Lapon, tout en narrant une enquête passionnante, nous offre un documentaire sur un milieu fascinant, tant par son peuplement que par son ambiance polaire. Une pépite !


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