Le dernier lapon
Olivier Truc
Ed Point
Je suis partie en voyage sur une terre que je rêvais de visiter, un pays de
neige, ou l’on se déplace en scooter voire en ski, ou l’on s’habille de peau de
rennes, où l’on pratique la langue same, ou le climat rude, transforme parfois votre vie en survie, un pays blanc.
J’ai eu un peu de mal à m’intégrer
dans cette société fermée quoiqu’accueillie dans les gumpis douillets,
capitonnés de peaux de renne, dans la douce chaleur, écoutant les joiks d’un hypothétique
Chaman, le chaman ne disant pas qu’il est chaman, peut être à cause des
persécutions endurées par le passé.
Les joiks semblent encore sonner à mon
oreille, ces chants traditionnels saamis ou samit si on veut bien en respecter
la grammaire, sans lesquels la culture samie se serait éteinte , ces chants
qui racontent la peine, la tristesse, l’amour, le malheur du peuple, transmis
de génération en génération. On m’a raconté que par le passé, les chamanes
entraient en transe en se servant de tambours, véritables œuvres d’art que quelques-uns
excellaient à fabriquer.
Il se trouve que pendant que je m’acclimatais à cette région, le scooter
des neiges, il faut apprendre à le piloter, mon collègue Klemet, un Sami pure
souche, un homme sympathique qui avait agrémenté son lieu de vie d’une tente dans
laquelle il m’a invitée, un sami qui vit en marge de sa culture, ce collègue
donc, nous a emmené chez un éleveur de rennes des plus rustres : la femme ? A ignorer, je n’ai pas pu en placer une, l'alcool, il faut croire que ça
réchauffe… J'ai appris que les éleveurs de rennes vivaient dans des conditions pénible, mais là, l'hygiène semblait avoir quitté ce gumpi depuis belle lurette !
Je n'ai pas voulu y attacher trop d'importance car on avait un problème à résoudre : un tambour sami,
apparemment une pièce de collection avait été dérobée au musée, vol qui risquait
de perturber la conférence de l’ONU qui devait se tenir à Oslo, conférence
durant laquelle les lapons allaient se manifester pour défendre leur culture, amenant les autres partis à riposter…
Finalement j’ai bien été obligé de me fondre dans le folklore ambiant en
raison du crime commis sur le vidda, mystère que nous avons bien eu des difficultés
à élucider, nous la police des rennes à qui l’enquête a été confiée,
heureusement que je faisais équipe avec Klemet qui connaît le moindre recoin du
vidda. Notre enquête a beaucoup pataugé ! certains habitants étaient
détenteurs de secrets jalousement gardés, certains policiers semblaient
sérieusement vouloir faire obstruction à l’enquête, certains individus hors de
tout soupçon n’étaient pas si innocents que ça, et puis il y avait ce français,
drôle de zèbre celui-la, un géologue venu faire on ne sait trop quoi sur le sol
de Laponie, franchement antipathique !
Quand je suis arrivée, il faisait nuit, et la nuit là-bas, ça dure !J'ai
quand même réussi a passer des journées avec quatre à cinq heures d’ensoleillement sur la fin,
bien-sûr, il faut être habitué à vivre dans cette région du globe pour
comprendre ce que c’est de travailler dans la nuit… Pour mon plus grand bonheur,
j’ai pu admirer quelques aurores boréales, m’étonnant de ce que les gens n’y
prêtent pas plus beaucoup attention, ou alors pour évoquer les superstitions liées
à ce déploiement de couleurs .
Je suis prête à retourner dans cette Laponie que je connais un peu mieux à
présent, peut-être pour une autre aventure, qui sait ?
Nina, membre de la police des Rennes.
Voilà, cette lettre de notre héroïne montrera combien son voyage fut riche
en événements, combien le dernier Lapon, tout en narrant une enquête
passionnante, nous offre un documentaire sur un milieu fascinant, tant par son
peuplement que par son ambiance polaire. Une pépite !
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