Si c'est un homme
Primo Levi
Ed pocket, Robert Laffont
C’est avec beaucoup d’appréhension que j’ai abordé
ce témoignage devenu un classique. Sensible à la question de la Shoah, j’estimais de mon devoir de
le lire. Le début est certes difficile, Primo Levi arrive dans un milieu qui
lui est étranger, espère encore que son ressenti aura un effet sur les
individus qui l’accueillent, que dis-je, qui l’accueillent : non !
qui le réceptionnent comme un colis, le démunissent des quelques biens qu’il
possède, le privent de toute pudeur, le parquent, refusent d’écouter sa faim,
sa soif, sa douleur morale.
Mais passé ces premiers chapitres insupportables
qui confirment et rappellent combien les actions de ces soldats du troisième
Reich sont à vomir, Primo Lévi se livre à une analyse de la vie du déporté
toute en délicatesse, sans verser dans le pathos et susciter le voyeurisme du
lecteur.
Il se place à la fois en
victime et en témoin, fait très peu allusion aux actions concrètes des SS, des kapos,
ces personnes susceptibles d’apporter souffrance, peine, mort à quiconque ne
respecterait pas les règles et braverait les nombreux interdits.
On dirait qu’il gomme
le sinistre décor pour ne laisser apparaître que ce qui, à ses yeux fut essentiel :
la course à la survie, les combines pour se nourrir, s’habiller, lutter contre
le froid, et garder sa dignité, insistant bien sur ce dernier point en
démontrant que ceux qui avaient plus de chances de s’en sortir étaient les
prisonniers qui, de par leur tempérament, parvenaient à prendre soin de leur
personne, faire preuve de caractère sous peine de déshumanisation totale.
Si l’auteur
est parvenu à éviter d’immerger le lecteur dans cet enfer en apportant
subtilement des informations implicites, cela ne m’a aucunement empêchée de
retenir ma respiration en lisant certains chapitres sur le dispensaire, les
sélections, les privations endurées par les prisonniers, il ne s’agit pas la d’un
simple roman, les faits rapportés sont vrais, c’est bien difficile à imaginer
et à croire !
Ce
témoignage est ce que j’ai lu de plus complet sur l’univers concentrationnaire.
Puisse cet écrit se transmettre de génération en génération, afin de perpétuer
le devoir de mémoire.
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