Panorama
Lilia Hassaine
Ed Gallimard, 17/08/2023, 240 pages
“Celui
dont la maison est de verre doit se garder de jeter des pierres aux autres.”
C’est ce qu’affirme Courteline et c’est la désormais la loi adoptée par la majorité de cette société française de 2049
qui a aboli les institutions pour parvenir à la démocratie au sens littéral du
terme puisque l’on aura plus recours à des représentants, mais que c’est bien
la société qui se fera juge de toute infraction au code de civilité, chaque
individu sera témoin de la vie des autres puisque chacun devra s’établir dans
une maison de verre et pourra surveiller les actions d’autrui. Le grand maître
sera le dossier de la transparence, lisible par tous, qui indiquera les faits
et gestes des citoyens.
Une telle société est-elle
possible ? Si chacun peut trouver des éléments de réponse, je trouve
regrettable que ce roman ne se consacre pas totalement à cette réflexion. Bien
sûr, on s’apercevra que la transparence peut certainement limiter les méfaits,
mais pas les éradiquer, pour preuve, ce double crime perpétré un assassin qui
ne devrait pas recevoir ce qualificatif et qui s’expose à un jugement exempt de
toute impartialité puisque la loi écrite et ratifiée n’existe plus et qu’elle
est remplacée par le jugement populaire.
C’est la raison pour laquelle
je me sens mitigée : on se retrouve face à une dystopie qui un peu plus
creusée, pouvait aboutir à un descriptif beaucoup plus détaillé de cette
nouvelle société, mais l’autrice a préféré parachuter quelques faits montrant
les travers de ce monde transparent : personnes qui vivent comme dans une
télé-réalité, dictature des réseaux sociaux et perte de l’intimité des individus.
Il y avait de quoi bâtir un roman entièrement basé sur ces faits et dénicher
tous les travers d’un tel fonctionnement, avec des personnages refusant cette
transparence et agissant activement comme le fait George Orwell dans son roman
1984, et il y en a dans le roman, mais montre-t-ils vraiment une résistance
active ?
Le choix de Lilia Hassaine
porte sur une enquête menée par le personnage principal, Hélène qui semble
avoir des difficultés pour affirmer sa personnalité, peut-être parce qu’elle
subit le regard de l’autre, parce que la transparence transforme les individus
en esclaves de cette société désormais aux aguets des moindres faits et geste
de l’autre, parce que la communication n’est plus vraie… Parce qu’officiellement
Hélène accepte ce fonctionnement. Toutefois, il faut lire entre les lignes,
elle expose sa vie, se raconte, donne peu son avis et reste souvent dans le
descriptif, mais est-elle si transparente ?
Je sens à l’écriture de cette
chronique qu’il ne faut pas nécessairement tenir compte de mon avis parce que
personnellement, j’aime les thrillers et l’action, les récits au rythme
soutenu, les rebondissements multiples, les scènes effroyables qui font que le
roman vous capte.
Ce n’est pas le cas dans ce
roman qui cependant, si on aime les récits qui véhiculent un sujet épineux transmis
par la mémoire du personnage principal sous forme d’exposé en laissant le
lecteur être le seul juge avoir eu connaissance des aspects de cette société, on
peut vraiment apprécier cette dystopie.
J’ai tout de même passé un bon
moment de lecture, particulièrement dans la deuxième partie, dans laquelle,
après une sorte d’enlisement de l’enquête, des éléments viennent s’ajouter pour
aboutir au dénouement.
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