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dimanche 3 septembre 2023

 

Panorama












Lilia Hassaine

Ed Gallimard, 17/08/2023, 240 pages


Celui dont la maison est de verre doit se garder de jeter des pierres aux autres.” C’est ce qu’affirme Courteline et c’est la désormais la loi adoptée par  la majorité de cette société française de 2049 qui a aboli les institutions pour parvenir à la démocratie au sens littéral du terme puisque l’on aura plus recours à des représentants, mais que c’est bien la société qui se fera juge de toute infraction au code de civilité, chaque individu sera témoin de la vie des autres puisque chacun devra s’établir dans une maison de verre et pourra surveiller les actions d’autrui. Le grand maître sera le dossier de la transparence, lisible par tous, qui indiquera les faits et gestes des citoyens.

Une telle société est-elle possible ? Si chacun peut trouver des éléments de réponse, je trouve regrettable que ce roman ne se consacre pas totalement à cette réflexion. Bien sûr, on s’apercevra que la transparence peut certainement limiter les méfaits, mais pas les éradiquer, pour preuve, ce double crime perpétré un assassin qui ne devrait pas recevoir ce qualificatif et qui s’expose à un jugement exempt de toute impartialité puisque la loi écrite et ratifiée n’existe plus et qu’elle est remplacée par le jugement populaire.

C’est la raison pour laquelle je me sens mitigée : on se retrouve face à une dystopie qui un peu plus creusée, pouvait aboutir à un descriptif beaucoup plus détaillé de cette nouvelle société, mais l’autrice a préféré parachuter quelques faits montrant les travers de ce monde transparent : personnes qui vivent comme dans une télé-réalité, dictature des réseaux sociaux et perte de l’intimité des individus. Il y avait de quoi bâtir un roman entièrement basé sur ces faits et dénicher tous les travers d’un tel fonctionnement, avec des personnages refusant cette transparence et agissant activement comme le fait George Orwell dans son roman 1984, et il y en a dans le roman, mais montre-t-ils vraiment une résistance active ?

Le choix de Lilia Hassaine porte sur une enquête menée par le personnage principal, Hélène qui semble avoir des difficultés pour affirmer sa personnalité, peut-être parce qu’elle subit le regard de l’autre, parce que la transparence transforme les individus en esclaves de cette société désormais aux aguets des moindres faits et geste de l’autre, parce que la communication n’est plus vraie… Parce qu’officiellement Hélène accepte ce fonctionnement. Toutefois, il faut lire entre les lignes, elle expose sa vie, se raconte, donne peu son avis et reste souvent dans le descriptif, mais est-elle si transparente ?

Je sens à l’écriture de cette chronique qu’il ne faut pas nécessairement tenir compte de mon avis parce que personnellement, j’aime les thrillers et l’action, les récits au rythme soutenu, les rebondissements multiples, les scènes effroyables qui font que le roman vous capte.

Ce n’est pas le cas dans ce roman qui cependant, si on aime les récits qui véhiculent un sujet épineux transmis par la mémoire du personnage principal sous forme d’exposé en laissant le lecteur être le seul juge avoir eu connaissance des aspects de cette société, on peut vraiment apprécier cette dystopie.

J’ai tout de même passé un bon moment de lecture, particulièrement dans la deuxième partie, dans laquelle, après une sorte d’enlisement de l’enquête, des éléments viennent s’ajouter pour aboutir au dénouement.

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