La grande escapade
Jean-Philippe Blondel
Ed Buchet-Chastel, Folio
L’école des années
70, une école comme il n’en existe plus. Une bonne et une mauvaise chose à la
fois.
Une bonne chose
parce que c’était le temps où on pouvait encore recevoir des claques et autres châtiments
corporels et heureusement, cela devait évoluer quelques années plus tard, c’était
une époque de balbutiements pédagogiques durant laquelle on a tenté d’inculquer
les maths modernes aux enfants, j’en suis une survivante marquée à vie, où on
apprenait une certaine théorie mathématique sans en cerner les applications,
telles, les histoires d’éléments d’un supposé ensemble de départ qui avait une
image dans l’ensemble d’arrivée, ou le calcul en base qui devait servir à
comprendre mieux la base 10, sauf que quand, en primaire, l’abstraction est
faible... !
Une mauvaise chose
parce les enfants à cette époque bénie, réglaient leurs comptes seuls, sans
faire sans cesse intervenir les adultes, parce qu’ils savaient jouer, construire
des cabanes, utiliser leur imagination, s’organiser socialement en bandes avec
des projets. Certes, beaucoup d’entre eux aujourd’hui en sont encore capables,
heureusement, toutefois les moyens techniques d’aujourd’hui réduisent
considérablement leur imaginaire, on le constate en milieu scolaire et dans les
familles où beaucoup sont victimes de l’addiction aux consoles, PC et autres
tablettes.
L’école présentée
dans ce roman, du fait de ses logements de fonction, devient une véritable
communauté, communauté de familles, microcosme de notre société portée par les
ondes provoquées par le tsunami de mai 68, qui conduisit à l’épanouissement de
la femme, même si le chemin était encore long (et n’a pas abouti pour
certaines), à des possibilités de carrière, qui fit évoluer les mentalités vers
la notion de loisirs, de départ en vacances, les envies d’accession à la
propriété et qui enfin vit naître la mixité dans les école, mixité que l’idée
de supprimer ne nous effleurerait même pas aujourd’hui.
L’auteur présente avec
finesse, la diversité des tempéraments des adultes et nous offre une promenade
dans les coulisses de l’école, dans les coulisses des familles, dans l’esprit
des enfants, étude très intéressante sur des comportements humains d’après 68 :
on y rencontrera des femmes qui ont envie de s’épanouir même si parfois elles
se l’interdisent, des couples illégitimes qui sortent des rangs en secret, des hommes perplexes, des enseignants prêt à
répondre à l’appel de pédagogies alors non suivies en France, ce qui contrarie
fortement un directeur sectaire qui voit d’un mauvais œil tout ce progrès.
Mon regret, qui n’est
que personnel, est de ne pas avoir été invitée plus longtemps dans les classes
de ces enseignants pour me rappeler leur pratique, ni d’observer les
comportements des enfants. Mais bon, cela serait sans doute l’objet d’un autre
roman. Je regrette également que Jean-Philippe Blondel n’ait pas insisté sur la
mode, la musique de l’époque.
Babéliotes des
années 70, ce livre est pour vous, Il est aussi pour les autres babéliotes qui le liront comme un
documentaire sur cette période.
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