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mercredi 18 août 2021

 La grande escapade












Jean-Philippe Blondel

Ed Buchet-Chastel, Folio


L’école des années 70, une école comme il n’en existe plus. Une bonne et une mauvaise chose à la fois.

Une bonne chose parce que c’était le temps où on pouvait encore recevoir des claques et autres châtiments corporels et heureusement, cela devait évoluer quelques années plus tard, c’était une époque de balbutiements pédagogiques durant laquelle on a tenté d’inculquer les maths modernes aux enfants, j’en suis une survivante marquée à vie, où on apprenait une certaine théorie mathématique sans en cerner les applications, telles, les histoires d’éléments d’un supposé ensemble de départ qui avait une image dans l’ensemble d’arrivée, ou le calcul en base qui devait servir à comprendre mieux la base 10, sauf que quand, en primaire, l’abstraction est faible... !

Une mauvaise chose parce les enfants à cette époque bénie, réglaient leurs comptes seuls, sans faire sans cesse intervenir les adultes, parce qu’ils savaient jouer, construire des cabanes, utiliser leur imagination, s’organiser socialement en bandes avec des projets. Certes, beaucoup d’entre eux aujourd’hui en sont encore capables, heureusement, toutefois les moyens techniques d’aujourd’hui réduisent considérablement leur imaginaire, on le constate en milieu scolaire et dans les familles où beaucoup sont victimes de l’addiction aux consoles, PC et autres tablettes.

L’école présentée dans ce roman, du fait de ses logements de fonction, devient une véritable communauté, communauté de familles, microcosme de notre société portée par les ondes provoquées par le tsunami de mai 68, qui conduisit à l’épanouissement de la femme, même si le chemin était encore long (et n’a pas abouti pour certaines), à des possibilités de carrière, qui fit évoluer les mentalités vers la notion de loisirs, de départ en vacances, les envies d’accession à la propriété et qui enfin vit naître la mixité dans les école, mixité que l’idée de supprimer ne nous effleurerait même pas aujourd’hui.

L’auteur présente avec finesse, la diversité des tempéraments des adultes et nous offre une promenade dans les coulisses de l’école, dans les coulisses des familles, dans l’esprit des enfants, étude très intéressante sur des comportements humains d’après 68 : on y rencontrera des femmes qui ont envie de s’épanouir même si parfois elles se l’interdisent, des couples illégitimes qui sortent des rangs en secret,  des hommes perplexes, des enseignants prêt à répondre à l’appel de pédagogies alors non suivies en France, ce qui contrarie fortement un directeur sectaire qui voit d’un mauvais œil tout ce progrès.

Mon regret, qui n’est que personnel, est de ne pas avoir été invitée plus longtemps dans les classes de ces enseignants pour me rappeler leur pratique, ni d’observer les comportements des enfants. Mais bon, cela serait sans doute l’objet d’un autre roman. Je regrette également que Jean-Philippe Blondel n’ait pas insisté sur la mode, la musique de l’époque.

Babéliotes des années 70, ce livre est pour vous, Il est aussi pour les autres babéliotes qui le liront comme un documentaire sur cette période.

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