Sous les branches de l'udala
Chinelo Okparanta
Ed Belfond
Ijeoma a la malchance d’être née au mauvais endroit au mauvais moment :
son récit commence en 1968, alors que la guerre civile est engagée, que les biafrais
meurent de faim, périssent sous les bombardement, la torture et les exactions.
Le pays est alors peuplé de pas moins de 250 ethnies dont les Igbos, dominants,
favorisés par le régime britannique et christianisés par les missionnaires. Le
père d’Ijeoma est tué lors d’un bombardement et sa mère décide de l’envoyer
chez un couple de ses amis qui l’emploieront comme bonne.
C’est là qu’elle rencontre Amina, une jeune Haoussa qui n’a plus de famille
et qui sera employée pour travailler avec Ijeoma. C’est alors qu’Ijeoma
découvre son homosexualité. Surprise par ses maîtres lors d’ébats avec Amina, elle est
renvoyée chez sa mère. S’ensuit une longue période de morale pour la jeune
fille, par une mère qui brandit la bible et qui l’oblige à retenir les passages
montrant combien l’homosexualité est une « abomination ». I
jeoma est
pourtant certaine de sa préférence pour les femmes. Sa vie sera dominée par
cette orientation et elle devra lutter, se cacher, adopter une attitude
compatible avec la vie en société de cette époque et de ce pays sous peine d’être
sauvagement lynchée.
Un récit que je n’ai pu m’empêcher de parcourir avec les yeux d’une
lectrice de 2019 en France où aujourd’hui, la population dans sa majorité,
admet que l’on peut aimer une personne de sexe identique, admet que ces
situations ont toujours existé, sait que ce n’est ni une maladie ni une « abomination »
comme le précise apparemment la bible que l’on interprète pour faire passer des
idées. d’autres personnages l’analyseront très bien au cours du roman. L’analyse
et le ressenti d’Ijeoma sont passionnants.
Un autre personnage m’a semblé très intéressant : la maman d’Ijeoma :
meurtrie par la guerre, la famine, la perte de son mari, active malgré tout,
anxieuse à l’idée de perdre sa fille en raison de son homosexualité, personnage
formaté qui montre une foi chrétienne à soulever les montagnes, omniprésente, voire
envahissante, et toutefois refuge pour Ijeoma.
Un roman que je recommande !
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