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vendredi 18 août 2023

 Auschwitz













Pascal Croci

Ed Emmanuel Proust, 30/09/2015, 64 pages


Je dois avouer que lorsque j’ai reçu cette bande dessinée, j’ai eu peur de l’ouvrir en sachant ce que j’allais y trouver. Mais devoir de mémoire oblige, j’ai fini par m’y plonger pour y trouver des illustrations terribles et effrayantes, certes, mais ô combien réalistes et soignées !

La première planche nous emmène en ex-Yougoslavie en 1993 : Kazik et Cessia se souviennent et racontent l’enfer du camp de concentration. L’arrivée des déportés, la terreur en guise d’accueil, les exécutions pour l’exemple, la façon dont on fait plier ces hommes et ses femmes assimilés à du bétail, Le quotidien du camps qui n’existait pas, on n’était jamais sûr d’être vivant le lendemain, les SS s’arrangeant pour assurer une insécurité permanente en changeant les lieux de travail, comment on fournit un confort tout relatif aux déporté Tchèque en ne séparant pas les familles et en ne prenant pas leur bagages, pour les voir ensuite basculer dans l’horreur, sans omettre une certaine solidarité existant entre déportés.

Côté Allemand, on côtoie des personnages impulsifs et montrant une violence extrême, où pondérés et affichant un certain calme, mais qu’importe, ce sont tous des tortionnaires qui semblent jouir de la souffrance d’autrui.

Cet ouvrage semble bien être le fruit d’un long travail de recherche, l’auteur ayant rencontré des membres de l’amicale d’Auschwitz qui avaient organisé une exposition sur la shoah et qui ont accepté de témoigner, ainsi que certainement un énorme travail d’illustration qui montre parfaitement la terreur et la violence tout en évitant le voyeurisme et qui montre un lieu fermé, au milieu de nulle-part ou le temps semble s’être arrêté, un enfer plongé dans le brouillard.

Le personnage principal, Kazik, personnage de fiction, est né en hommage au principal témoin de Pascal Croci, Mr Kazimierz Kac qui perdra son épouse et sa fille durant leur déportation.

L’auteur établit clairement le lien entre l’ex-Yougoslavie et Auschwitz afin de rappeler que les camps de concentration n’appartiennent pas au passé, des images de la guerre entre 1991 et 2001 lui ont rappelé que ce passé peut ressurgir.

Cet ouvrage n’expose pas seulement un travail parfaitement documenté sous la forme d’une bande dessinée, il comporte une interview très intéressante de l’auteur au sujet de son travail.

Cette bande dessinée devrait passer entre les mains d’une majorité de lecteurs !

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