Chien 51
Laurent Gaudé
Ed ACTE SUD, 17/08/2022, 302 pages
Des dystopies je n’en ai pas lu énormément, mais je peux tout
de même affirmer qu’elles excitent ma curiosité et me poussent à poursuivre
jusqu’ au dénouement, tout en provoquant chez moi un malaise, sorte d’angoisse
que je ne peux contrôler, sans doute parce que, si certains romans développent
un scénario peu probable, d’autre m’amènent certainement à envisager l’avenir
de l’humanité de façon similaire au récit.
Chien 51 est tout à fait le type de récit qui laisse pensif :
la Grèce en faillite, on l’a vu, et qu’un empire financier tout puissant
rachète des pays… Pourquoi pas ? L’informatique ayant propulsé l’humanité
dans un monde qu’on n’aurait pas imaginé il y a ne serait-ce que trente ans, on
pourrait être amené à penser qu’une élite aurait les moyens de prendre le
pouvoir et de surveiller chaque individu de la même manière que cela se pratique
à Magnapôle, cité ultra moderne, née du rachat de la Grèce, utilisant une
technologie de pointe, c’est même plus plausible que la domination de big
Brother par écrans interposés.
Et là, on réfléchit, on se demande si cette société décrite
dans Chien 51 n’existe pas déjà, sommes-nous
vraiment égaux ? Non bien sûr ! Mais la différence entre ce récit et
notre société actuelle, c’est que les inégalités existent naturellement quel
que soit le gouvernement d’un pays… Dans chien 51, on cloisonne volontairement
la société : les nantis, les travailleurs honnêtes qui méritent qu’on les
gratifie de confort supplémentaire, et les autres : chômeurs, petits
boulots, pauvreté, précarité… et on veille à ce que ces trois mondes ne se
croisent pas !
Autre aspect anxiogène du roman : l’environnement :
les pluies acides surviennent sans prévenir, un liquide jaune vous tombe
dessus, les furies peuvent se déchaîner et tout emporter sur leur passage, On
est bien face à un dérèglement climatique.
On n’oubliera pas l’action : il s’agit bien d’un thriller
policier, avec un bon suspense, de la violence, une violence inouïe, avec des
enquêteurs qui bien sûr, n’agissent pas en toute liberté et qui passent leur
temps à « marcher sur des œufs » dans ce monde où une poignée d’hommes
fourbes et assoiffés de pouvoir font leur loi.
Un page-turner efficace et dont la lecture ne manquera pas de
rester gravée dans les mémoires.
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