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jeudi 10 novembre 2022

 

Chien 51

















Laurent Gaudé

Ed ACTE SUD, 17/08/2022, 302 pages



Des dystopies je n’en ai pas lu énormément, mais je peux tout de même affirmer qu’elles excitent ma curiosité et me poussent à poursuivre jusqu’ au dénouement, tout en provoquant chez moi un malaise, sorte d’angoisse que je ne peux contrôler, sans doute parce que, si certains romans développent un scénario peu probable, d’autre m’amènent certainement à envisager l’avenir de l’humanité de façon similaire au récit.

Chien 51 est tout à fait le type de récit qui laisse pensif : la Grèce en faillite, on l’a vu, et qu’un empire financier tout puissant rachète des pays… Pourquoi pas ? L’informatique ayant propulsé l’humanité dans un monde qu’on n’aurait pas imaginé il y a ne serait-ce que trente ans, on pourrait être amené à penser qu’une élite aurait les moyens de prendre le pouvoir et de surveiller chaque individu de la même manière que cela se pratique à Magnapôle, cité ultra moderne, née du rachat de la Grèce, utilisant une technologie de pointe, c’est même plus plausible que la domination de big Brother par écrans interposés.

Et là, on réfléchit, on se demande si cette société décrite dans Chien 51 n’existe pas déjà,  sommes-nous vraiment égaux ? Non bien sûr ! Mais la différence entre ce récit et notre société actuelle, c’est que les inégalités existent naturellement quel que soit le gouvernement d’un pays… Dans chien 51, on cloisonne volontairement la société : les nantis, les travailleurs honnêtes qui méritent qu’on les gratifie de confort supplémentaire, et les autres : chômeurs, petits boulots, pauvreté, précarité… et on veille à ce que ces trois mondes ne se croisent pas !

Autre aspect anxiogène du roman : l’environnement : les pluies acides surviennent sans prévenir, un liquide jaune vous tombe dessus, les furies peuvent se déchaîner et tout emporter sur leur passage, On est bien face à un dérèglement climatique.

On n’oubliera pas l’action : il s’agit bien d’un thriller policier, avec un bon suspense, de la violence, une violence inouïe, avec des enquêteurs qui bien sûr, n’agissent pas en toute liberté et qui passent leur temps à « marcher sur des œufs » dans ce monde où une poignée d’hommes fourbes et assoiffés de pouvoir font leur loi.

Un page-turner efficace et dont la lecture ne manquera pas de rester gravée dans les mémoires.

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