L'évangile selon Marie-Madeleine
Cristina Fallarás
Ed Hérvé Chopin, 6/02/2022, 251 pages
Un récit édifiant qui, s’il n’avait
pas été considéré comme fiction aurait pu rétablir une vérité historique, d’autant
plus qu’il est inspiré du codex de Berlin dont quelques pages offrent le
témoignage lacunaire de Marie de Magdala, encore nommé la Magdaléenne, plus
connue sous le nom de Marie-Madeleine, considérée d’abord comme une prostituée,
pour être ensuite réhabilitée et mise au rang des apôtres par le pape François en
2016.
L’auteure nous transmet dans ce
roman, le témoignage d’une femme responsable de la conserverie locale qui
faisait conditionner les poissons fournis par la pêche locale, notamment par
Zébédée et ses fils, Jean et Jacques futurs apôtre, une femme révoltée, remplie
de haine à l’égard des Zélotes, violents contestataires qui décapitèrent son
père. Féministe avant l’heure, s’insurgeant
contre le statut donné à la femme, à l’époque, livrée en mariage dès le début
de la puberté, vierge, destinée à engendrer.
Amante du christ qu’elle nomme tout
au long de son témoignage « le Nazaréen », elle sera la première des
apôtres, et celle qui exprimera ses doutes et sa colère face à cet être qui annonce
la bonne nouvelle, Jésus, dépeint ici comme un homme capable de rassembler,
capable de tolérance extrême, et dont le comportement n’était pas celui qui est
généralement admis. Ici le prophète semble bien aimer partager, rire, mais
également se montrer capable de manifester brutalement des émotions contraires.
La Magdaléenne ne sera pas qu’une
apôtre, elle se fera la commentatrice des actions et des paroles du nazaréen,
soulignera sa folie lorsque, parvenu à Jérusalem, il « s’immolera », elle
se révoltera des traitements subis par celui qui s’emportait en s’entendant
nommer « le fils de Dieu », rétablira quelques vérités liées à la
rumeur populaire qui attribue de bien beaux miracles au crucifié et offrira une
autre version de sa résurrection aux lecteurs.
J’ai lu ce livre en imaginant bien la
portée de ce roman et l’accueil qui lui sera fait, particulièrement en Espagne,
Terre d’origine de la romancière. Un roman toutefois documenté, intelligent qui
offre une version plausible des événements survenus au début de ce premier
millénaire.
A lire, avec si possible, un
minimum de connaissance des évangiles, sinon, pas de soucis, les principaux
événements décris font partie du savoir populaire.
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