Les âmes fragmentées
Charlotte Monserrat
Ed Anne Carrière, 3/02/2023, 246 pages
Ce livre nous emmène dans un
monde qui peut faire frémir parce que pas si éloigné que le monde dans lequel
nous vivons. Bien sûr, nous ne sommes pas encore rémunérés en unités carbones,
et nous n’avons absolument pas la possibilité de déflorer la mémoire d’autrui,
mais ce monde décrit par Charlotte Monserrat semble bien être l’aboutissement
de situations comme nous en connaissons aujourd’hui. Ce monde, on le découvre
très progressivement, par informations insérées dans le récit avec parcimonie,
ce qui donne une certaine finesse au roman et brise la monotonie que l’on
pourrait ressentir à la lecture de certains passages, notamment un passage un
peu ésotérique décrivant une cérémonie avec pratique chamanique.
Bienvenue dans ce monde ou, point
positif, l’homophobie n’existe pas, bienvenue dans un monde où la richesse est
plutôt rare, ou la pauvreté est répandue, où manger varié est un luxe.
Et puis il y a une intrigue :
Véro, notre héroïne qui « dérushe » les sphères pour extraire les
mémoires de défunts qu’elles renferment, observe sa propre personne dans des
scènes érotiques avec le docteur Becker, inventeur du procédé qui permet de
capturer les mémoires. Becker, bien que s’étant suicidé, est toujours au cœur des
polémiques. On accompagne donc notre héroïne dans sa recherche de la vérité,
déterminée à élucider les mystères qui portent atteinte à son identité, qui occultent
les raisons qui expliquent certains de ses choix, qui l’empêchent d’être
elle-même. Si l’on constate que les personnages sont plutôt statiques en début
de roman, on constatera que l’action se fait plus rapide voire violente à l’approche
du dénouement.
Ce livre en dit long sur l’importance
de l’identité, sur le non-dit, sur le nécessaire travail de deuil.
Un bon roman qui analyse en
profondeur, les réactions des individus.
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