Les gratitudes
Delphine de Vigan
Ed JC Lattès, 6/03/2019, 192 pages,
Ce merveilleux roman m’a happée dès les premières lignes, d’abord
parce qu’il introduit dès le départ la notion de « gratitude »,
ensuite parce que je me suis très rapidement attachée à cette charmante personne,
Michka que l’on a envie de protéger, d’aider, qui, malgré ses difficultés de
communication, transmet son ressenti par le canal du « non-dit » ainsi
que par les opinions qu’elle partage en toute discrétion. Petite violette discrète
au milieu des herbes hautes, elle nous amène à faire plus ample connaissance de
Marie, sa voisine, de Jérôme, orthophoniste.
Les personnages posés, on se retrouve confronté à des
situations que nous avons connues ou que nous connaîtrons : la difficulté
de se voir vieillir, de perdre sa mémoire, et dans le cas de Michka, ses mots,
une difficulté de restitution des idées malgré une tête encore pensante capable
de lire le Monde, capable d’évaluer les épreuves subies par son entourage. Et
puis vient l’épreuve du placement en maison de retraite qui ne peut laisser
indifférent : savoir que la personne va devoir abandonner son milieu de
vie, son confort, devoir faire des concessions, accepter de partager sa vie
avec des personnes qui lui sont étrangères, tout recommencer à un âge ou on ne
devrait pas avoir à s’adapter à nouveau…
Le tout repose sur un lit de gratitudes, comme le dit si bien Delphine de Vigan, car chaque personnage dans cette histoire, réalise le devoir qui est le sien : la reconnaissance : reconnaissance de Marie, à qui Michka a autrefois tendu la main, reconnaissance de Jérôme à l'égard de Michka qui lui suggère d'exprimer ses regrets, reconnaissance de Michka à la recherche de son passé et épaulée par Marie et Jérôme.
Un beau roman où se côtoient, douceur et violence, bonheur et
amertume sur fond d’une belle délicatesse.
Je regrette de n’avoir pas fait plus vite cette magnifique découverte !
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