Le choix
Viola Ardone
Ed Albin Michel, 17 août 2022, 400 pages
Nous sommes dans un petit village de Sicile entre 1960
et 1980. Alors qu’en France, le besoin
de liberté s’est exprimé depuis 1968, et on fait connaissance d’Oliva Denaro,
sans doute fillette sur le point de devenir une adolescente lorsque commence la
narration.
Alors que le début du roman m’a fait sourire, avec les
répliques de cette fillette, ses « je suis pour » ou « je suis
contre », sa vision toute naïve de la vie en début de roman, le ton est
vite donné. On comprend qu’elle doit profiter des derniers instants de liberté,
de la chasse aux escargots, de ses jeux enfantins avec son ami Saro, de son
amour pour les mots et le latin. Je ne suis pas tout à fait d’accord avec la
quatrième de couverture qui mentionne sa rébellion. Contrairement à son amie
Liliana, elle semble bien se plier aux règles régissant la vie des filles dans
cette société et elle accepte d’épouser l’homme désigné par ses parents,
participe à la confection de son trousseau, se met bel et bien en projet de
mariage.
Les autres personnages contribuent à façonner le roman et apportent
leur contribution à sa réussite :
La mère : maîtresse femme qui dicte les règles à suivre
lorsque l’on est une jeune fille « comme il faut », à la fois
distante et à curieusement à l’écoute, marquée par les pratiques ancestrales.
Le père, réfugié dans un certain silence et qui semble sous
le joug de la mère, on découvrira ce personnage et ses facettes tout au long du
récit.
Le frère jumeau d’Oliva, élevé comme un garçon dans ce
milieu.
La sœur, mariée de force, cloîtrée qu’Oliva ne voit pour
ainsi dire jamais, et toutefois omniprésente dans l’esprit de notre héroïne.
S’ajoute à tout ce petit monde, la population du village, de
ce village où les nouvelles voyagent plus vite que le vent, où la rumeur va bon
train, ou quelques communistes mal vus de notre famille s’activent et apportent
des idées nouvelles qui gênent.
Un roman qui fait réfléchir à la condition de la femme, qui
surprend par le côté arriéré des habitudes, qui penserait que dans ces années,
on marie encore les filles à des hommes que parfois, elles ne voient que le
jour de leur mariage, que les femmes libérées sont considérées comme étant des
femmes de mauvaise vie.
La dernière partie, qui peut être considérée comme un
épilogue assez long, est très intéressante car le roman se transforme en roman
choral à l’écriture ciselée et qui donne une idée du tempérament et des idées
des protagonistes.
Je conseille vivement ce roman, cette première lecture d’un
roman de l’autrice me donne vraiment envie de lire le train des enfants.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire