Cinq petits indiens
Michelle Good
Ed Seuil, 10/03/23, 352 pages
Leurs parents ont été placés en réserves, et eux, les
enfants, on les a kidnappés et enlevés à leur famille, c’est la réalité bien
noire d’un peuple dont on a tenté d’annihiler la culture parce qu’elle était gênante
pour les nouvelles populations canadiennes et américaines. Ce livre raconte la
bien révoltante histoire d’enfants que l’on a essayé de vider de leur culture
pour y semer la foi chrétienne, apparemment la seule possible. On les a voués
au malheur en leur volant leur enfance, en les privant de l’indispensable
nourriture, celle du corps comme celle de l’esprit, en leur infligeant de
mauvais traitements, en les violant, on les a ensuite abandonnés sans aucune
aide quelque part dans la grande ville de Vancouver, livrés à eux même et à la
merci d’employeurs peu scrupuleux. Certains se sont battus pour survivre et
pour tracer leur chemin, d’autres se sont échoués.
C’est ainsi que l’ont fait connaissance de Kenny, Lucy,
Maisy, Howie, Clara, cinq petits indiens qui ne peuvent laisser le lecteur
indifférent. A travers ces personnages, j’ai pu prendre connaissance d’éléments
de culture crie, peuple pacifique, respectueux de la nature, pratiquant un
culte des ancêtres qu’ils perçoivent à travers les rêves, aspect important de
leur pratique religieuse et bien opposé à ce que l’on a tenté de leur
inculquer.
Chacun des personnages fait l’objet de plusieurs chapitre qui
leur sont dédiés et dans lesquels ont observera une évolution différente selon
la personne. Un roman qui révolte quand on observe les difficultés et les épreuves
que chacun rencontre sur sa route et qui apaise quand on se retrouve au contact
de belles personnes capables d’agir pour offrir une paix intérieure aux êtres humains
que l’ont suit tout au long du roman ainsi qu’à a lectrice que je suis.
On n’a aucun mal à imaginer les mauvais traitements subis par
les protagonistes, toutefois l’autrice a vraiment su suggérer les faits sans s’étendre.
La fin est plus qu’apaisante, on y ressent beaucoup de douceur liée à la
culture crie, une culture qu’aucun individu, quelles que soient ses tentatives,
n’est parvenue à éradiquer.
Un magnifique roman à lire absolument.
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